Saint-Floret 

(63342 - A 11 km d'Issoire, sur la route de Besse, à 14 km de cette ville) 
 

Un premier château fut construit à Saint-Floret au tout début du 13ème siècle (1225), par le dauphin Guillaume d'Auvergne. Appartenant à la branche aînée des comtes de Clermont, ce dernier se trouvait relégué, à la suite d'une querelle familiale, sur le territoire des Puys et Couzes où il édifia plusieurs tours, donjons et forteresses. Ce premier château se dressait sur un rocher à pic de 20 mètres de haut. De cet ensemble seul le donjon subsiste encore aujourd'hui. Il mesurait 11 m de haut et 4,8 m de diamètre. Il était bâti sur plan dit "philippéen" correspondant au schéma royal introduit en Auvergne pendant le premier tiers du 13ème siècle à la suite de la reconquête royale de Philippe Auguste (1213). Sa défense était assurée au niveau d'une galerie en hourds, sous son toit pointu. Il était protégé par une enceinte renforcée de tours crénelées. Tout cela est bien visible sur le dessin de l'Armorial de Revel (1450). Il existe en Auvergne d'autres exemples de donjons "philippéens" à Montpeyroux, Tournoël, Léontoing, Champeix, Grandeyrolles, Vodable, Chalus, La Sauvetat.    
. 
. 
Le dauphin d'Auvergne échangea la terre de Champeix contre celle de Saint-Floret avec René (ou Robert) de Champeix, son vassal, qui fonda la première lignée des seigneurs de Saint-Floret.   
. 
Le blason de Saint-Floret
. 
En 1269, Jambert de Saint-Floret et ses deux frères rendirent hommage au dauphin d'Auvergne pour le château, le village et tout ce qu'ils possédaient dans la paroisse et au Chastel; le Chastel est situé sur une éminence de l'autre côté de la vallée de la Couze Pavin.  

Vers la fin du 13ème siècle, un bâtiment carré et massif commença à être édifié. Une tour en encorbellement à forme de poivrière s'élevait à chacun de ses angles; seule celle du Nord subsiste encore. Le logis de 13 m de long montre l'importance de la fonction résidentielle de cet ensemble fortifié dont la fonction défensive n'était sans doute que secondaire, ce qui n'empêcha pas Richelieu de le faire démanteler, comme bien d'autres forteresses d'Auvergne, dans les années 1630.  

Au bas de ce second ensemble, la Aula (Salle d'Apparat), appelée parfois aussi Salle des Gardes ou Salle des Chevaliers, est l'une des plus belles salles civiles gothiques de France. Cubique, elle mesure 9,6 m à la clef de voûte et sur chacun de ses côtés. Les voûtes, autrefois semé  d'étoiles d'argent en forme d'astéries sont supportées par une douzaine de nervures trilobées peintes aux couleurs de l'arc-en-ciel, dont les bases reposent à un peu plus de 2 m du sol, sur des consoles sculptées, tandis que les sommets se perdent dans une large clef de voûte dont le centre représente un soleil à face humaine d'où partent ses rayons d'or. Toutes ces consoles sont sculptées : à l'angle ouest de la cheminée, c'est une reine souriante, au nord-ouest un abbé mitré courbe la tête sous le fardeau de l'art, au milieu, du côté ouest une large figure joviale, en pendant, au milieu du côté sud, une femme à la physionomie gouailleuse, enfin, à l'angle sud-est, un vieux couple.   

Les murs de la salle sont couvertes de fresques vivement colorées et de textes ayant trait à la légende de Tristan et Yseult très célèbre à cette époque. Combats et amour courtois s'y partagent les scènes qui furent inspirées par les textes de Rusticien de Pise, Meliadus, et Béroul. Athon de Saint-Floret, seigneur des lieux, commanda ce riche décor mural entre 1364 et 1370, lors de l'installation en Auvergne de Jean de Berry, troisième fils de Jean II le Bon. Le thème de l'amour courtois est représenté dans la Rencontre au verger où l'on peut deviner plus qu'on ne les voit vraiment les visages de Tristan et Yseult, surveillés par le roi Marc, caché dans un arbre. Le temps a fait son oeuvre et, sur les multiples scènes originelles (on parle de 24 à 40), il n'en reste guère qu'un peu plus d'une dizaine qui sont encore aujourd'hui à peu près en état. Redécouvert en 1862 par les peintres-restaurateurs Anatole Dauvergne et Antonius Mayoli, ce décor a fait l'objet de relevés, pour partie exposés au musée des Monuments français, actuelle Cité de l'architecture et du patrimoine à Paris.   

Le décor mural et architectural de la Aula revêtait une grande importance puisqu'il avait pour but de refléter la puissance et l'éducation culturelle du seigneur de Saint-Floret. Elle servait aussi de salle de réception; on s'y réunissait pour célébrer des fêtes; on y organisait des festins et des banquets; les réunions étaient agrémentées de danses et de divertissements, entre le service des mets. Elle était enfin aussi utilisée comme salle d'audience; le seigneur y rendit basse, moyenne et haute justice jusqu'au début du 17ème siècle ainsi que l'atteste un texte de 1606. A l'époque des guerres de religion, la Aula aurait aussi servi de temple protestant.  

Au niveau au-dessus se trouve une vaste salle appelée La Chambre. On y accède par un escalier assez raide muni d'une rampe. Cette salle, au sol recouvert de pavés carrés, était la pièce à vivre de la famille seigneuriale qui s'y adonnait à ses diverses occupations: manger, recevoir, écrire, lire, tisser, broder, jouer... La nuit, les membres de la familles y dormaient dans des lits clos de courtines (tentures). Haute de 8 m, elle était voûtée d'ogives, ce qui en faisaient une salle prestigieuse mais au décor plus sobre que celui de la salle du bas. La voûte d'ogives s'est effondrée au 19ème siècle. Attenante à la pièce principale, une petite pièce servait de garde-robe et renfermait les latrines réservées au seigneur et à sa famille.  
. 

 
.
Un poste de guet surveillait le chemin nord-sud, qui vient de Champeix, première capitale des dauphins d'Auvergne, et qui se poursuit au-delà jusqu'à Clermont. Ce chemin était bordé par le ruisseau du Lard qui se jette dans la Couze Pavin.  
. 
. 
On observera que cette disposition architecturale, la aula, ou salle d'audience, en bas, le logement seigneurial, plus intime, au-dessus, et les moyens de défense tout en  haut, est classique dans les châteaux forts.

Saint-Floret présentait un intérêt stratégique indéniable. Il se trouvait en  effet à la jonction de deux routes importantes, celle de Clermont vers Saint-Flour (axe-Nord-Sud), et celle d'Issoire à Besse qui se prolongeait jusqu'en Limousin intégré au domaine royal par Philippe Auguste, en 1213 (axe Est-Ouest).  

Le château de Saint-Floret est classé au titre des monuments historiques depuis 1909. 

.
L'escalier d'accès au Donjon

Renseignements: Rue des remparts - 63320 - Saint-Floret ou à la mairie - Place de la Treille - Tel. : 04 73 71 10 39 

  
Pour en savoir plus sur Saint-Floret, cliquez ici  
 

Pour aller sur le site du château, cliquez ici  
  
Retour 

 
Le donjon 

 
La clef de voûte de la Aula  

 
Un exemple de sculpture des consoles 

 
La fresque centrale 
. 
. 
Le roi Marc dans son arbre 
. 
 
La Chambre 

 
La Tour de Guet 
 

 Naviguez sur l'ensemble des sites de Jean Dif:
Accueil     Logiciels      Textes     Images      Musique