1812
Un fantassin wurtembergeois en Russie
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Les mémoires de Jakob Walter
 
 
Les mémoires de Jakob Walter constituent un récit vivant, fourmillant d’anecdotes et de détails pittoresques, qui se lit comme un roman. A ce titre, ces mémoires sont susceptibles d’intéresser un large public. Pourtant, il ne s’agit pas d’une œuvre de fiction. Leur auteur a réellement participé aux événements qu’il relate. Les nombreux recoupements réalisés avec d’autres témoignages apportent la preuve de leur authenticité. Ils satisferont donc surtout la curiosité des amateurs d’histoire, particulièrement ceux qui s’intéressent à l’épopée napoléonienne. Les historiens et les chercheurs spécialisés sur cette période de notre histoire y trouveront des informations inédites qui compléteront leurs connaissances sur la campagne de Russie et sur la place qu’y tinrent les troupes allemandes. Ces informations sont d’autant plus intéressantes qu’elles proviennent d’un soldat wurtembergeois et que les témoignages d’hommes de troupe de la Confédération du Rhin sont plutôt rares. Des index faciliteront le travail des chercheurs.  

Les mémoires sont accompagnés d’un important appareil critique qui permet de se faire une idée précise de la campagne et du rôle qu’y jouèrent les fantassins wurtembergeois. Les amateurs d'illustrations trouveront dans cet ouvrage plusieurs gravures relatives aux péripéties de la campagne décrites par Jakob Walter ainsi que des planches des uniformes portés par les troupes wurtembergeoises sous l'Empire. Ces planches ont été  rarement reproduites.  

Cet ouvrage a été publié aux Éditions Historiques Teissèdre - 14, rue Séguier - 75006 - Paris - France 

Tél. 01 53 10 35 10 - Fax: 01 53 10 35 11  
Email: editions.teissedre@noos.fr

 
Extraits 

De l'avant-propos
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Certes, il existe d'autres témoignages provenant de militaires de la Confédération du Rhin. Mais leurs auteurs sont la plupart du temps des officiers et le point de vue du simple soldat en est presque toujours absent. Chez Jakob Walter, fantassin de base, on ne trouve naturellement ni considérations politiques, ni descriptions de savantes manoeuvres, ni tentative de justification. Il se contente de nous renseigner, avec une émouvante sincérité, sur les difficultés quotidiennes, la misère, les espoirs, les sentiments et le comportement de la grande masse des soldats allemands, surtout préoccupés de survivre, qui partageaient le sort de leurs camarades français sans avoir les mêmes raisons qu'eux de s'enthousiasmer pour le grand capitaine qui les conduisait. C'est ce qui rend son témoignage si précieux. 

Ces mémoires ont été tirés de l'oubli d'une manière curieuse qui mérite d'être rapportée. En 1932, un étudiant américain signala à son professeur d'histoire Frank E. Melvin l'existence, dans une ferme du Kansas, d'un manuscrit relatant des campagnes du premier empire. Ce document, examiné par le professeur, piqua sa curiosité. Il le fit traduire par un spécialiste des dialectes germaniques et  s'efforça d'en vérifier l'authenticité. Avec l'aide de l'ambassade d'Allemagne, il retrouva la trace du narrateur, dans les archives de la guerre à Stuttgart. Celui-ci avait bien participé aux campagnes qu'il relatait.  

Voici, d'après les informations recueillies alors, quelle fut la vie, sommairement rapportée, de Jakob Walter. Il naquit en 1788, dans le village de Rosenberg, près d'Ellwangen. En 1812, il était donc âgé de 24 ans. Il était le fils de Johann Walter, de Rosenberg, et d'Eva Dietz, de Bartenstein. Il se maria, le 11 février 1817. Dix enfants naquirent de cette union. Cinq d'entre eux décédèrent avant 1856, date à laquelle il écrivit à l'un de ses fils une lettre qui a été retrouvée avec le manuscrit des mémoires. Il mourut en 1864 après avoir perdu une fille en 1858 et un garçon en 1861. Il exerça jusqu'à un âge avancé sa profession de tailleur de pierres. Sa femme, plus jeune que lui de onze ans, lui survécut jusqu'en 1873.  

(...) 

Les mémoires de Jakob Walter portent sur trois campagnes. Celle de 1806-1807, celle de 1809 et celle de 1812. Le récit des deux premières campagnes est très succinct et ne présente qu'un médiocre intérêt. Au contraire, celui de la campagne de Russie, occupe une large place dans le manuscrit et il est beaucoup plus détaillé. J'ai donc délibérément pris le parti d'écarter les deux premières campagnes et de borner ma traduction à la campagne de Russie. (...) 

J'ai recoupé les dires de Jakob Walter avec de nombreux autres témoignages, notamment ceux de trois officiers de l'armée wurtembergeoise: Faber du Faur, de Suckow et de Roos. Ces recoupements permettent de vérifier l'exactitude des faits rapportés. De nombreuses notes accompagnent la traduction. Elles éclairent certains points du récit et renforcent sa crédibilité. 

(...) 
 
Jean Dif 


Du récit de Walter: le passage de la Bérésina
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(...) 
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A la pointe de l'aube, nous nous trouvions près de la marée humaine, approximativement à mille pas des deux ponts de bois jetés côte à côte sur la rivière. Ces ponts étaient en dos d'âne, suspendus comme des chevalets sur des piles peu profondément enfoncées. Là dessus avaient été disposées de longues traverses sommairement liées entre elles. On ne pouvait pas bien détailler ces ponts en raison de la foule des hommes, des chevaux et des voitures qui bouchaient la vue. Tout le monde se pressait en une masse compacte et nulle part on n'apercevait d'issue.  
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De l'aurore  jusqu'à la nuit, nous restâmes sans protection sous les boulets et les grenades que les Russes nous lançaient des deux côtés. A chaque impact, trois à cinq hommes étaient précipités au sol et personne ne pouvait faire un pas pour se mettre à l'abri. Nous ne pouvions progresser qu'en occupant le vide créé par ces projectiles. Des voitures chargées de poudre se trouvaient au milieu de la foule. Des grenades mirent le feu à plusieurs d'entre elles et les firent exploser tuant les centaines d'hommes et de chevaux qui se trouvaient autour. 
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J'avais un cheval de monte et un autre de main. Je fus bientôt obligé de laisser aller le second et je dûs serrer les genoux contre les flancs du premier pour protéger mes pieds car la foule était si dense qu'il fallait une heure pour avancer de quatre ou cinq pas. Les piétons n'avaient pratiquement aucune chance de s'en tirer. Et ceux qui ne disposaient pas d'un bon cheval ne pouvaient éviter la chute sous la masse des bêtes et des hommes. Les malheureux jetés à terre hurlaient sous les pieds des chevaux et l'on entendait de toutes parts retentir les cris de ceux qui imploraient qu'on les achève d'une balle ou d'un coup de sabre. Les chevaux affalés ruaient et faisaient chuter ceux qui étaient encore debout. C'est vraiment par miracle que quelques-uns d'entre nous en réchappèrent. 
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Dans la cohue, le commandant et moi, nous nous efforcions de rester l'un près de l'autre en avançant aussi vite et aussi loin que possible. Je devais maîtriser mon cheval qui avait tendance à gagner de l'avance. Je m'émerveillais de l'intelligence avec laquelle cet animal s'y prenait pour nous tirer d'affaire. Le soir  vint et le désespoir s'accrut encore. Des milliers d'individus tentèrent de passer la rivière à la nage sur leurs chevaux, mais aucun n'atteignit l'autre bord. Des milliers d'autres, qui se trouvaient sur la berge, furent jetés à l'eau. La rivière reproduisait le moutonnement d'un troupeau. Les têtes d'hommes et de chevaux faisaient surface et disparaissaient tour à tour sous les flots pour finir par sombrer définitivement. 
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Finalement, vers quatre heures du matin, alors qu'il faisait presque sombre, j'arrivai près du pont. Je n'en vis qu'un, le second ayant été détruit. Aujourd'hui ce n'est pas sans horreur que je me souviens des tas d'hommes et de chevaux qui gisaient empilés sur son tablier. Mais alors, je les regardais sans émotion, d'un oeil indifférent, presque frappé de stupidité. Avancer droit devant moi et au milieu du pont était la seule voie de salut. En dessous, il n'y avait qu'une tombe d'eau froide et, par derrière, une vie de misère. De ce pont seul pouvait venir la délivrance. Je m'efforçai de demeurer constamment au milieu. Le commandant et moi, nous pûmes nous aider mutuellement et ainsi, sous une pluie de coups de sabre, nous atteignîmes le pont dont on ne voyait plus les planches. Elles étaient  cachées sous des cadavres d'hommes et de chevaux. Tous les  trente pas (23 mètres) des gens tombaient soit à droite soit à gauche. Malgré cela nous n'en parvînmes pas moins à rejoindre la terre ferme. 
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Les hommes et les chevaux morts qui encombraient le pont n'avaient pas péri victimes des coups portés par l'ennemi. Ils étaient tombés à cause des défectuosités de cet ouvrage. Ses attaches n'étaient pas assez fermes. Les bois se déplaçaient.  Les pieds des chevaux se prenaient entre les traverses, s'y entravaient et ils finissaient par chuter. Et tout cela continua jusqu'à ce que le poids des corps fût suffisant pour empêcher les planches de bouger. Tant qu'une poutre était encore branlante, la chute d'un cheval venait la consolider et préparer un passage pour le cheval suivant. On peut affirmer que le poids des morts assura notre salut car, sans lui, la canonnade aurait jeté le pont à bas bien plus tôt. 
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Le passage de la Bérésina par Adam (figure dans le livre) Le passage de la Bérésina par Guesse (ne figure pas dans le livre)
 
Portrait de Walter d'après l'édition anglaise des mémoires Et tel que je l'ai imaginé sous l'uniforme wurtembergeois
La retraite (d'après une gravure allemande du temps) Des soldats le 2 décembre 1812 (d'après Faber du Faur)
 
Les quatre images ci-dessus ne figurent pas dans le livre. Elles sont reproduites ici à titre de complément. On trouvera dans le livre un cahier d'illustrations de seize pages comprenant, outre l'estampe d'Adam sur le passage la Bérésina, deux cartes dont une ayant servi à Napoléon pendant la campagne annotée de sa main, trois  gravures allemandes du temps, quatre dessins de Faber du Faur pris sur le vif et onze planches d'uniformes wurtembergeois en couleurs rarement publiées. L'estampe d'Adam et les planches d'uniformes sont en pleine page.
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Quelques extraits de critiques 

Forum Napoléon - Lu pour vous 
Je viens de terminer la lecture de ce témoignage émanant d'un fantassin wurtembergeois attaché à la 25° division du 3° corps (Ney) de la Grande-Armée durant la campagne de Russie. Les amateurs connaissaient parmi les compatriotes de Jakob, Suckow, Roos, ou encore Faber du Faur. Ce témoignage inédit jusqu'alors en français vient les compléter utilement. Le fantassin Jakob n'épargne aucun détail au lecteur, du coup son récit se lit d'une traite ! L'éditeur a complété ce texte par plusieurs autres extraits des témoignages de Suckow, Roos, Faber et plusieurs illustrations. ...les excellentes notes de Jean Dif se trouvent en fin de volume. ...Un livre à découvrir. - Christophe - Membre du Souvenir Napoléonien et de la Société Royale Belge d'Études Napoléoniennes. 

Catalogue de la librairie La Vouivre 
...Outre la traduction à partir de l’édition anglaise du texte, l’ouvrage contient d’importantes annexes reprenant les divers itinéraires et des lettres relatives au contingent wurtembourgeois. Un très intéressant travail. 

"Les bonnes lectures de la vieille moustache" 
...il n'y avait pas que des Français dans la Grande Armée. Les Allemands furent aussi nos alliés, et, chez "Soldats Napoléoniens", on a coeur à se rappeler ces compagnons de gloire et aussi d'infortune. Chapeau bas, donc, pour cette première édition en français des mémoires de Jakob Walter, édités par Jean Dif aux Éditions Teissèdre. ...ces mémoires sont un très grand classique en anglais depuis leur découverte dans une ferme du Kansas dans les années 1930. Walter, simple fantassin de l'armée wurtembergeoise a fait les campagnes de 1806, 1807, 1809 et surtout celle de 1812. Il a laissé un témoignage sur la Russie qui égale, voire dépasse celui de Bourgogne et d'autres mémorialistes plus connus de l'amateur francophone. ...Bref, compte tenu des qualités des publications réalisées par les Éditions Teissèdre jusqu'à présent, c'est avec confiance qu'on peut conseiller à l'amateur de mémoires qui n'aurait pas déjà découvert Walter dans la langue de notre plus perfide ennemie de se précipiter pour le lire. - Yves Martin 

Commentaires de lecteurs de la FNAC 
Emouvant de sincérité. Retraite de Russie se lit d'un trait. 

Un livre très intéressant qui doit être conseillé à tous les amateurs d'histoire, spécialement à ceux qui s'intéressent au Premier Empire. 

Les mémoires de Jakob Walter sont désormais disponibles en Espagnol 
DIARIO DE UN SOLDADO DE NAPOLEÓN  
Jakob WALTER - Edición de Marc Raeff 
ISBN 84-350-3995-1 
Trad. de Petunia Díaz 
Páginas : 216 - Formato : 15 x 23,3 cms. 
Encuadernación : Tapa dura con sobrecubierta 

Voici la traduction de la présentation de cet ouvrage: 

"Bien que le journal de Walter couvre trois campagnes militaires, il n'est pas douteux qu'il doit sa renommée à la troisième, la campagne de Russie, la plus importante de celles auxquelles il a pris part. Son récit se distingue des autres par le fait que le point de vue d'un simple soldat s'y exprime, qu'il y raconte les difficultés extrêmes auxquelles il a dû  faire face, sa condition de chair à canon mal nourrie, mal préparée au froid, soumise à des marches forcées, victime enfin des divisions qui minaient l'armée dont il faisait partie. Publiée à l'origine il y a déjà plusieurs années, dans une revue spécialisée, grâce à l'édition de Marc Raeff (qui comprend une importante introduction, un texte de l'historien Frank Melvin, six lettres de soldats et une abondante sélection de gravures de l'époque) ce texte bref et intéressant a été traduit en plusieurs langues.  Par sa singularité, il s'est transformé en ouvrage incontournable pour tous ceux qui étudient l'époque napoléonienne." 

Rappelons que la version française présentée sur cette page n'est pas une simple traduction de la publication anglaise. Elle comporte en effet une abondante documentation qui lui est propre (cartes, gravures, uniformes, notes et commentaires, index).  Cette documentation éclaire le récit de Walter en le complétant et en le replaçant dans son contexte.

Un extrait des mémoires de Jakob Walter relatifs à la campagne de 1806 (en anglais) est  ici

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