Le lac bleu (Kokonor)
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Le Lac Bleu (Kokonor) est situé à l'ouest de Xining. Sa superficie de 4583 kilomètres carrés en fait le plus grand lac de Chine; il s'étend à 3200 m d'altitude; son eau est salée et il est très poissonneux. Dans l'Île aux Oiseaux, un sanctuaire ornithologique, à l'ouest du lac, prospèrent des milliers d'oies sauvages, de mouettes, de cormorans, de bécasseaux, de grues à col noir extrêmement rares, d'oies à tête barrée, de canards à taches rouges et beaucoup d'autres espèces de volatiles aquatiques. Au 19ème siècle, Shabkar (1781-1851), un maître bouddhiste réputé, qui revivifia la région de Tongren (Repkong), après avoir longtemps bourlingué et médité, y fit une retraite sur  l'île Tsonying, au milieu des eaux, où il expérimenta plusieurs visions de gourous et de divinités; cette île est maintenant un sanctuaire bouddhiste. 
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Le lac Kokonor vu de satellite (source: Nasa)
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Lorsque Alexandra David-Néel visita ces lieux, en 1919, la rive du lac était nue et inhabitée. Aujourd'hui, quelques petites communautés de diverses ethnies y sont établies. Dans la seconde moitié du 20ème siècle, des colons chinois sont venus tenter d'y développer des cultures et de l'élevage; ils ont utilisé l'eau de la rivière Buh, un affluent du lac, à des fins d'irrigation et pour abreuver leur bétail; maintenant, l'eau de cette rivière ne parvient que très parcimonieusement jusqu'au lac; le nombre de têtes de bétail, qui aurait dû être limité à moins de deux millions, dépasse les trois millions, ce qui est manifestement excessif. De 1959 à 1982, le niveau du lac a décliné de 10 cm par an; les scientifiques incriminent la sécheresse et la désertification qui sévissent depuis 8000 ans dans la région, mais l'utilisation intensive des ressources a probablement accéléré le processus. De 1983 à 1989, le gouvernement a pris des mesures pour remédier à cette situation et remettre le lac en eau; malheureusement, depuis le début du 21ème siècle cet effort n'est plus poursuivi et la construction d'une route autour du lac a même été prévue. 

Un camp de travail exista autrefois à Gangca, au nord du lac; ses installations auraient été démantelées. Sur 1170 kilomètres carrés d'une zone sablonneuse, s'est aussi élevé le centre de recherches nucléaires de Haiyan, appelée "9ème Académie" ou encore "Usine 221", où fut conçue et réalisée la force de frappe chinoise; même si le gouvernement chinois affirme que nul n'est mort de radiations sur le site, il est à peu près certain que de nombreux déchets radioactifs y ont été ensevelis, durant les années 80, et y sont encore présents. En sacrifiant les endroits sacrés des populations locales aux besoins de son développement économique, la Chine a imité les puissances occidentales avec les conséquences désastreuses que l'on connaît sur le plan écologique; on peut le regretter, mais il est difficile de lui jeter la pierre, après avoir nous-mêmes donné le mauvais exemple. 

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