Preah Khan
 
Preah Khan (L'épée sacrée) 

Seconde moitié du 12 ème siècle: 
Roi constructeur: Jayavarman VII dont le nom posthume est Mahâ paramasangata pada. 
Culte bouddhique. 

On remarquera: 

1°)- L'enfilade des galeries typique des temples khmers. 

2°)- L'oiseau Garuda, monture de Vishnu, chevauchant le serpent Naga à trois têtes. Selon la légende, le peuple khmer serait issu du mariage d'un prince hindou avec une femme-serpent fille du nâgarâja souverain du pays. 

3°)- Les frises de gracieuses danseuses, les apsaras. 

4°)- Le fromager rétif. J.-P. Groslier, un Français ami de Norodom Sihanouk, qui était conservateur d'Angkor avant la victoire des Khmers rouges, tenta de détruire un fromager en sciant ses racines. Le fromager a survécu à ses blessures. J.-P. Groslier est mort. Les cicatrices, encore bien visibles, témoignent de la vigueur de l'arbre. 

Au cours de la visite du site, nous avons rencontré une jeune fille portant un enfant dans ses bras. Nous lui donnions généreusement douze ans et nous pensions qu'elle s'occupait de son petit frère. Renseignement pris, elle avait vingt ans et était la mère de l'enfant! 

Cet important complexe religieux fut dédié à la mémoire du père de Jayavarman VII. Il s'élèverait à l'endroit d'une victoire décisive du roi constructeur sur les troupes cham. Son nom, l'épée sacrée, dériverait d'ailleurs du nom original sanskrit, Nagara Jayasri, c'est-à-dire: le lieu sacré de la victoire. L'ensemble, entouré d'une douve de quarante mètres de largeur, couvre l'imposante superficie de cinquante-six hectares et ne comporte pas moins de quatre enceintes concentriques. On y parvient en suivant une allée monumentale bordée de bouddhas défigurés à coups de marteau lors de la réaction hindouiste sous Jayavarman VIII. La douve est franchie sur une chaussée flanquée d'une rangée de devas (divinités) et d'asuras (démons) portant un naga (serpent mythique) géant, qui évoque le barattage de la mer de lait pour obtenir la liqueur d'immortalité. L'enceinte extérieure, en latérite, constitue une exception à Angkor par la décoration monumentale qu'elle offre de représentations de Garuda, l'aigle de Vishnou, sculptées dans le grès rose. Certaines de ces statues ont cinq mètres de haut. Le premier gopura (porte monumentale) renfermait une statue de la Prajnaparamita (sagesse transcendante) aujourd'hui au musée Guimet. Du vaste espace entre la quatrième et la troisième enceinte, où se tenait autrefois un dharmasala (gîte pour les voyageurs et les pèlerins), il ne reste que des ruines. On pense qu'une véritable petite ville, construite en matériaux périssables, où vivaient près de 98000 personnes, nourrissant quelques 15000 moines, professeurs et étudiants, s'y élevait jadis. Le gopura de la troisième enceinte est gardé par un lion. Il était décoré de petits bouddhas qui ont été maladroitement travestis sous de piteux burins en ascètes barbus. Devant l'entrée du sanctuaire principal, un édifice cruciforme, qualifié de hall de danse, en souvenir des temples hindous, est entouré de galeries sur piliers à décoration d'apsaras (nymphes célestes). Comme cet édifice diffère des autres on y a vu l'influence grecque venue via l'Inde de l'ancien empire d'Asie centrale d'Alexandre le Grand. La dernière enceinte, longue de 220 mètres et large de 70 mètres, renferme le temple cruciforme principal, accompagné de petites cours, avec ses niches et sa galerie qui en fait le tour. La statue du père de Jayavarman VII y a été remplacée au 15ème siècle par un stupa (tumulus, chorten ou dagoba). Le prasat (palais, château) central est encadré par deux petits temples dédiés à Shiva et à Vishnou. La cour de cette dernière enceinte contient également de nombreux sanctuaires de moindre importance dédiés à des ancêtres royaux ou à des divinités secondaires ayant prêté leurs noms aux dignitaires défunts. Ce temple marque une étape significative dans l'architecture angkorienne car son édification témoigne de la réforme religieuse tolérante qui introduisit au Cambodge le bouddhisme sans rejeter totalement l'hindouisme. 

 
L'allée monumentale qui conduit au temple
Une étrange sculpture: le serpent Naga?
L'enfilade des galeries
L'oiseau Garuda et le serpent Naga
Les apsaras
Le fromager rétif et ses cicatrices
 

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