Lanzarote (1).
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Lanzarote est située à environ 500 km au nord-est de Tenerife et à quelques 100 km des côtes africaines. On la rejoint en avion. Cette île est très propre, coquette avec ses petites maisons blanches. L'eau, dessalée, provenant de la mer, y est potable. L'énergie est fournie par des éoliennes construites sur une colline. Les plages sont bien plus belles qu'à Tenerife et beaucoup moins encombrées. On trouve de tout à Lanzarote, mais en faible quantité. Comme les saisons ne sont pas très marquées, c'est presque toujours le temps de semer et aussi celui de récolter. C'est ainsi que l'on procède trois fois dans l'année à l'arrachage des pommes de terre. A notre arrivée, un bel arc-en-ciel colorait le ciel comme un diadème posé sur l'horizon. Cet arc-en-ciel ne doit pas faire illusion; il ne pleut presque jamais à Lanzarote; ses montagnes, qui dépassent rarement 600 m ne sont pas assez hautes pour arrêter les nuages. Les paysans de l'île luttent contre la sécheresse en recouvrant leurs champs d'une terre volcanique noire qui intercepte les rayons du soleil et stocke l'humidité. Cette opération doit être renouvelée tous les quatre ans, la terre volcanique perdant ses qualités en se mélangeant au sol primitif. 
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En pénétrant dans le parc de Timanfaya nous entrons dans un monde quasi lunaire. Ce parc a d'ailleurs pour emblème un diable. Sous son sol de cendres encore tièdes, il suffit de prendre un peu de terre dans ses mains pour s'en convaincre, le feu n'est jamais bien loin. Plusieurs expériences permettent de constater à quel point le brasier central de notre planète est ici proche de la surface. En faisant couler un peu d'eau dans un trou creusé dans le sol, on en fait jaillir un geyser de vapeur et il existe même un puits au-dessus duquel on a installé une espèce de barbecue. En certains endroits, les coulées de laves ont été étonnement conservées. Sur certaines parois on peut apercevoir des sortes de stalactites formées par des gouttelettes de roches en fusion. L'éruption la plus importante s'est produite au 18ème siècle. Elle a duré six mois et a complètement enseveli les terres auparavant les plus fertiles de l'île transformées depuis en désert. Une autre éruption, moins violente, a eu lieu en 1823. Ce territoire vierge offre aux scientifiques un terrain d'expérience pour observer dans quelles conditions et au bout de combien de temps la vie réapparaît spontanément sur les laves, d'abord sous forme de lichens et de mousses grises. Les collines sont donc interdites aux touristes; ils sont simplement autorisés à en gravir une à dos de chameau. Les laves, mélangées à d'autres matériaux, fournissent des moyens de construction qui gardent les maisons fraîches et les préservent de l'humidité. Los Hervideros (les bouillonnements) est l'endroit où les laves tombèrent dans la mer. 
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Dans une partie de l'île, on aperçoit à perte de vue d'étranges plantations qui sont des vignobles. Les pieds de vignes sont plantés dans des sortes d'entonnoirs, creusés dans la terre noire, à une profondeur variable qui peu dépasser un mètre. Les ceps croissent sans tuteur; chacun d'entre eux est protégé des vents alizés par un petit muret de pierres sèches en demi cercle. La production est de faible quantité mais certains vins sont de qualité. 

Dans l'une des régions de Lanzarote, on rencontre de nombreux champs de cactus. Sur cette plante, on élève une espèce de puceron: la cochenille. On extrait de la cochenille une substance pourpre dont on se sert comme colorant en particulier dans la confection des rouges à lèvres. Nous nous arrêtons devant un cactus de tôle peinte, sculpture de César Manrique (1919-1992). Au hasard des promenades dans l'île, on peut voir plusieurs oeuvres de cet artiste peintre, sculpteur et architecte, notamment des mobiles agités par le vent. César Manrique s'est battu pour préserver le caractère de Lanzarote. Il a pu obtenir que les hôtels ne dépassent pas quatre étages. Il s'est tué, à l'âge de 73 ans, dans un accident d'automobile. 

Si les volcans de Timanfaya ont à peine plus de deux siècles, ceux du nord sont vieux de cinq mille ans. Dans une grotte de cette région, on a découvert, sous les laves, un petit lac dans lequel vivent de minuscules crustacés décolorés et aveugles. On a transformé en auditorium une autre grotte en raison de ses qualités acoustiques. Au même endroit, on trouve également un jardin botanique et un musée consacré en particulier à la vulcanologie. 
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La nuit commence à tomber alors que nous apercevons au large les îles Graciosa et Montaña Clara. Il va nous falloir songer au retour. Au cours de notre bref séjour à Lanzarote, nous avons pu mesurer combien la vie sur cette île exigeait des bras solides. C'est la raison pour laquelle la population aborigène, avant l'arrivée des Espagnols, tuait systématiquement les petites filles, dès leur naissance, tant qu'il n'y avait pas un garçon dans la famille. Il en résultait nécessairement un déficit féminin auquel on remédiait en pratiquant la polyandrie. Chaque femme avait trois hommes. 
 
Des palmiers et des cactus Un arc-en-ciel qui ne doit pas faire illusion: la pluie est rare à Lanzarote
Des champs recouverts de terre volcanique noire Le parc de Timanfaya
Le feu près de la surface du sol Une expérience: l'eau versée dans le sol se transforme en geyser
 
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