Santiago (novembre 1992)
 
 
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Me voici de retour à Santiago. Je retrouve mes amis et j'en connais d'autres. 

Une anecdote qui en dit long sur les difficultés rencontrées par les étrangers qui viennent travailler ici. Des exploitants forestiers, d'origine française, ont acheté à un Chilien une forêt dans le sud du pays. Les titres de propriétés étaient en règle. Rien ne paraissait devoir faire obstacle à l'exploitation. Mais voilà, des indiens Mapuches étaient dans la forêt et s'y opposèrent. Ils n'avaient aucun titre de propriété légale mais étaient résolus à employer tous les moyens pour empêcher que l'on touche aux arbres. La force publique fut requise. Deux policiers furent tués au cours d'affrontements armés. Les propriétaires légitimes, au regard de la loi chilienne, ont dû renoncer à leur projet d'exploitation.  
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Les cerros dans les environs de Santiago
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Cette année pas de grand voyage. Je resterai à Santiago et dans les environs. 

La vie nocturne est toujours aussi faible dans la capitale ce qui suscite mon étonnement. On m'explique qu'après dix sept années de régime militaire, dont certaines furent soumises au couvre-feu, les boîtes de nuit ont été contraintes à la fermeture et les Chiliens ont désappris à s'amuser après le coucher du soleil. 

Un fait notable: Place d'Armes, une nouvelle statue a été érigée depuis l'an dernier. Elle est dédiée à l'indigénat. 

Le général Contreras, ancien chef de la Dina, l'ancienne police politique, a maille à partir avec la justice. Mais Pinochet est toujours sénateur à vie et son influence sur la vie publique demeure importante, malgré le changement de régime. Lorsque l'on croise plusieurs voitures aux rideaux tirés encadrées par des motards, on peut être assuré que, dans l'une d'entre elles, est assis Pinochet ou l'un des militaires qui lui furent proches. Les militants d'extrême gauche commettent contre eux des attentats de temps à autre. La maison d'un ancien ministre a été plastiquée. Il n'habitait plus là et ce sont les nouveaux occupants qui furent les victimes de l'explosion. 

Visite de la maison de Pablo Neruda, au flanc du cerro San Cristobal. Après la mort du poète, au lendemain du coup d'État qui porta Pinochet au pouvoir, la maison a été fermée. Elle été rouverte depuis la fin du régime militaire et convertie en Musée. Plutôt qu'une maison, il s'agit d'un ensemble de bâtiments dispersés sur la pente de la colline, au milieu des arbres. Chaque bâtiment remplit une fonction bien déterminée. Le premier, dont la façade s'élève dans une impasse, évoque un peu la forme d'un navire. C'est un salon avec bar où Neruda, grand collectionneur, a stocké de la vaisselle et de nombreuses carafes dénichées à travers le monde. Je reconnais un service de table de facture mexicaine semblable à celui de mon fils et une carafe qui est la réplique de celle de mes grands parents. La bibliothèques est à droite en regardant la colline. On y trouve des ouvrages en Espagnol, en Russe, en Français et en Italien. Neruda, qui était diplomate, parlait couramment ces langues. Je me souviens avoir vu, entre autres, des livres de Maïakovski et les mémoires de Sanson, l'exécuteur des hautes oeuvres sous la Révolution française et aussi, bien sûr, des recueils de poèmes du propriétaire des lieux. N'oublions pas que ce dernier était communiste. De l'autre côté, sont situées la chambre à coucher où est mort le poète et la salle de bains. Dans la chambre on peut voir un tableau de Diego Rivera et, dans la salle de bains, les poupées en compagnie desquelles Neruda aimait à se baigner. J'achète une carte postale sur laquelle figure un très beau poème. Je compte le traduire, si je le retrouve car, pour l'instant, je l'ai égaré. 

Visite de la foire artisanale, très colorée, en compagnie d'une amie chilienne rencontrée l'an dernier, au cours de la croisière sur le Skorpios, à la lagune de San Rafael. J'achète un papillon en crin tressé. Je m'arrête devant le stand des instruments de musique mapuches. Il y a un cor fabriqué avec un tuyau d'arrosage et une corne de vache. En dehors de cela les stands qui ont le plus fixé mon attention sont ceux du Pérou, de l'île de Pâques et de la sylviculture chilienne. 
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Le stand du Pérou à la foire artisanale
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Avec l'amie qui m'héberge à Santiago, nous allons passer la fin de semaine sur la plage de Quintay. Cette plage est très en pente et, à quelques mètres du bord, on ne voit plus le fond. C'est les abysses du Pacifique. Aussi la nage est-elle interdite aux quelques personnes peu nombreuses qui sont là. Des policiers viennent le leur rappeler. On peut juste tremper ses pieds dans la mer sur le bord et lézarder au soleil. C'est ce que nous faisons. Pour ma part, je protège autant que possible ma peau sensible des rayons qui risqueraient de la brûler. 

Le reste du temps, je le passerai avec des amis et leurs enfants à Santiago.

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