A Santiago et au nord (mars-avril 2002)
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Me voici à nouveau au Chili.  

Mon tour traditionnel au centre ville de Santiago. La Place d'Armes a retrouvé son aspect habituel. Le trou qui la défigurait a été comblé. Les échafaudage ont disparu. La statue de Pedro de Valdivia a retrouvé sa place, ou à peu près. Il me semble qu'elle n'est pas tout à fait au même endroit qu'avant et que son orientation n'est pas la même. Les photos prises à différentes époques me permettront de faire le point. Une nouveauté: un nouveau moyen de transport écologique a fait son apparition autour de la place. Une sorte de cyclo-pousse. De nombreux engins au repos rutilent sous le soleil à proximité de la poste centrale. Il y a aussi des pigeons que je n'avais pas remarqué jusqu'à présent. 

Autre nouveauté: le cheval de Botero devant le musée des Beaux Arts. 

Déjeuner au marché aux poissons (marché central). Toujours dans la tradition de mes voyages antérieurs. Lors d'un précédent passage j'y ai goûté le piure, une sorte de gros oursin, à forte saveur iodée, dont la chair, dit-on, a la pouvoir d'affoler la libido des jeunes femmes. Cette fois-ci, je me contenterai d'un pejerey, un poisson local apprécié. Pas très loin, je me souviens avoir goûté à la chicha, une boisson de fruits faiblement alcoolisée, dans un estaminet au sol de terre battu fréquenté par les habitants peu fortunés des poblaciones. 

Fin de semaine prolongée à Buenos Ayres. La crise argentine attire les Chiliens qui peuvent y faire des emplettes à bon compte. Mais les stocks commencent à s'épuiser. Et le cours du change varie du simple au double en deux jours. On change la monnaie dans la rue et dans les boutiques. La monnaie locale brûle les doigts des Argentins. Ils cherchent à se procurer des dollars à n'importe quel prix. L'instauration d'un taux de change fixe entre le peso argentin et la monnaie américaine a jugulé l'inflation, mais au prix de l'asphyxie de l'économie locale. Un article lu dans le journal dépeint bien la situation. Un camion chargé de bovins a été accidenté auprès d'un village. Le chauffeur est allé cherché du secours. Lorsqu'il est revenu, toutes les bêtes avaient été tuées et débitées par les habitants du village qui avaient emporté la viande! 

Avec l'amie qui m'héberge à Santiago, nous partons pour le nord du Chili qu'elle ne connaît pas encore. Je vais retrouver des lieux déjà parcouru une dizaine d'années plus tôt en compagnie de ses parents. 

Arica. Nous logeons dans le même hôtel qu'en 1991, par hasard. Problème: la chambre est envahie par de minuscules insectes. Il nous faut déménager. Visite de l'église, d'El Morro: une haute statue du Christ s'élève au sommet de la butte; elle n'y était pas en 1991. Départ pour la vallée d'Azapa. Le musée a été rénové. Les collections sont sensiblement mieux présentées. 

Le lendemain matin, excursion dans le parc de Lauca. Pétroglyphes sur les montagnes, trop éloignés pour être bien visibles. Arrêt à Poconchile. Il y avait autrefois une gare ferroviaire sur la ligne Arica La Paz. Mais cette ligne n'est plus en exploitation depuis quelques années. L'église a été construite en 1777. Elle dépendait de la cure de Belen. Un cimetière la jouxte. Alentour, c'est le désert de sable ocre. 

Arrêt pour photographier des cactus cierges, la seule végétation de cette terre peu hospitalière. 

Arrêt au Pukara de Copaquilla, une ancienne forteresse inca dont il ne reste que quelques murs de pierres sèches au sommet d'une butte commandant une vallée. Dans la vallée verdoie, autour d'un point d'eau, un charmant petit oasis. 

Passage auprès du village de Putre blotti dans une vallée relativement fertile. Nous le visiterons au retour. 

La route s'élève et des sommets enneigés apparaissent. Le guide nous apprend quelques mouvements respiratoires pour éviter de souffrir du mal des hauteurs. Dans un petit café situé au bord de la route, nous buvons une tasse de coca dans le même but. Autrefois, on exploitait dans le voisinage des mines de bore. Je ne sais pas si elles sont encore ouvertes. 

Arrêt auprès d'une sorte de campement. J'achète des gâteaux pour satisfaire la gourmandise de quelques lamas qui s'y trouvent. Un chien jaloux vient me réclamer sa part. 

Apparitions à l'horizon des Payachatas. Ce sont les majestueux volcans jumeaux Pomerape et Parinacota qui se dressent, dans leur manteau de neige blanche, au delà de la pampa d'herbe sèche. Nous atteignons le lac Chungara, à 4517 m d'altitude. On ne voit plus que le Parinacota, derrière le lac. Un lama paît tranquillement l'herbe rare au premier plan. Le lac est situé à la frontière de la Bolivie. Des gélines aquatiques, de couleur sombre, s'y ébattent en liberté. Malheureusement, sous les effets du réchauffement climatique, cette belle nappe d'eau est en train de rétrécir comme une peau de chagrin; elle s'en trouve de plus en plus chargée en sel et il est probable qu'elle sera un jour désertée par la faune qui la hante, pour cause d'excès de salinité; combien de temps encore les visiteurs pourront-ils jouir du merveilleux paysage qui s'étend sous nos yeux? 
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Le volcan Parinacota et la llareta - Source : Exposition du Sénat
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Retour vers la vallée. Des nappes d'eau peu profondes s'étendent quasi miraculeusement au milieu des sables roux au pied des pics neigeux. Bel effet. Sur les rochers foisonne une espèce de mousse qui semble à première vue souple et accueillante; son vert insolent la déguise en un moelleux tapis de mousse, mais sous la main la llareta (ou azorella compacta) se montre rèche comme une pierre ponce; ses petites feuilles coriaces ainsi que ses branches en rangs serrés résistent au froid, à la sècheresse et aux radiations intenses du soleil. Les premiers végétaux terrestres furent des mousses adaptées aux milieux humides; ces mousses apparurent il y a 480 millions d'années; conditionnées par leur mode de reproduction aquatique, elles mirent longtemps à s'affranchir de l'humidité.  

Halte au village de Parinacota. Visite de son église au clocher blanc, séparé du bâtiment principal, ce qui est assez fréquent au Chili. Visite de Putre. Un couple décide d'y rester et de rentrer plus tard par ses propres moyen. Des transports en commun y passent. 

Retour à Arica. 

Départ pour Iquique, la ville du salpêtre, bâtie en bord de mer sur les pentes de collines de sable. En 2010, un tremblemebnt de terre accompagné d'un tsunami y causera de lourds dégâts. 

Visite de la mine Humberstone déjà vue en 1991. Peu de choses ont changé. Mais je ne retrouve pas l'habitant des lieux et son pot de géranium rouge. 

Passage aux Cerros Pintados. Je les ai déjà visités en 1991. Ils sont éternels et c'est émouvant de les revoir dix ans après. 

Oasis de Matilla. On y fabrique un vin réputé, mais rare. L'église a été restaurée depuis 1991. 

Oasis de Pica, célèbre pour ses citrons irremplaçables pour confectionner un bon pisco sour chilien. Là aussi, je constate de notables changements. La voie qui mène à la source d'eau chaude était presque déserte en 1991. Maintenant, elle est bordée de petits étalages où l'on propose aux visiteurs les produits de la région, notamment des fruits tropicaux dont de délicieuses petites mangues. La piscine naturelle de la source était naguère à peu près vide. En 1991, nous étions les seuls à nous y baigner. Elle est maintenant si encombrée que l'idée ne nous vient même pas d'aller nous y tremper. Les cabines de bois antiques où l'on se dévêtait jadis ont été démolies. Des bâtiments modernes les remplacent. Elles étaient sur la droite en arrivant, ils sont sur la gauche. Bref, le site a bien changé. 

Le sanctuaire de La Tirana est égal à lui même. 

Iquique. La ville dut sa prospérité aux mines de salpêtre dont elle assurait le débouché sur la mer comme Antofagasta assure celui du cuivre. Elle a depuis quelque peu déchu. Mais elle garde une apparence pimpante, surtout au voisinage de la place principale ceinturée de bâtiments coloniaux aux teintes claires. J'y remarque une sorte de club aux allures mauresques. Nous effectuons quelques emplettes dans un magasin d'artisanat. J'achète des produits de la pharmacopée inca: une tisane pour lutter contre l'excès de cholestérol, des feuilles de coca... Nous nous promenons dans les avenues anciennes bordées de belles maisons du temps de la prospérité minière. Elles sont bien entretenues et des travaux d'aménagement des voies sont en cours.  

Pendant que mon amie se dore sur une longue et belle plage peu encombrée, je traite mon courrier sur Internet au centre des affaires de l'hôtel. Le soir, au dîner, je goûte à la viande de lama. Ce met ne mérite pas le détour. 

Visite aux chutes d'Igaçu. 

Retour à Santiago. Des compagnies d'oiseaux locaux, un peu plus gros que des perdrix, de couleur grise, viennent gratter la pelouse devant la maison de mon amie, à la recherche de quelques graines. Jusqu'à présent, je savais les lieux fréquentés par des lapins mais je n'avais encore jamais vu ces oiseaux. 

Visite de la Moneda. Une statue de Salvador Allende a été érigée à deux pas de l'endroit où il a perdu la vie en 1973. Dans un souci d'équilibre, esthétique autant que politique, la statue de son prédécesseur, Eduardo Frei, se dresse de l'autre côté de la place. J'observe que les portraits du président socialiste victime du coup d'État militaire de 1973 sont de moins en moins nombreux dans les kiosques depuis 1991. Ces événement sont maintenant lointains et la réhabilitation posthume du leader socialiste a certainement donné satisfaction à ses partisans. 

Mon passage au centre ville se soldera pour moi par une perte sèche de plus de 600 dollars. En effet, un habile prestidigitateur m'a subtilisé le portefeuille enfoui pourtant au fond de la poche de ma veste. Je l'avais acheté quelques jours plus tôt. Il s'est envolé avec son contenu: des billets et une carte de crédit. Je fais opposition dès que je m'aperçois du larcin, c'est-à-dire le lendemain matin. Heureusement, mes papiers étaient dans une autre poche ainsi qu'une autre carte de crédit et j'avais pris la précaution de diviser mes devises. Depuis le temps que l'on m'avait mis en garde contre les voleurs, je n'y croyais plus. Cet incident me rappelle à la réalité. Santiago n'est pas plus sûr que la plupart des autres grandes ville. L'est-il moins? 

Autre observation: dans les bureaux de change, on continue à coter les anciennes monnaies européennes: franc, deutsche-mark... 

Ultime dîner au bord du rio, un nouveau quartier, en compagnie d'un couple franco-chilien qui vit à Santiago.

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