L'industrie sucrière
 
La culture de la canne à sucre s'est développée à la Réunion à partir des années 1820. Antérieurement, la culture principale était celle du caféier. Mais, suite à des conditions atmosphériques exceptionnellement défavorables, cette culture avait été pratiquement anéantie. La canne à sucre est aujourd'hui la principale activité agricole de l'île. La récolte des cannes s'effectue de juin à décembre. Elle est mécanisée au moins pour les parcelles les plus importantes. La canne coupée repousse pour la campagne suivante. Cependant, au bout de quatre ou cinq ans, elle perd de sa qualité et les champs doivent être replantés. La canne à sucre est dotée d'organes sexuels. Elle s'orne en fin de croissance d'un élégant panache de fleurs qui peuvent s'interféconder et donner des semences. Mais ces semences germent difficilement en milieu naturel. Aussi la reproduction s'effectue-t-elle par bouturage. 

Les chargements de canne, livrés par les producteurs dans d'imposants véhicules appelés cachalots, sont pesés et échantillonnés par un centre technique indépendant (la balance) pour déterminer la richesse en sucre du chargement. Poids et richesse déterminent le prix d'achat. La canne est déchargée sous des ponts roulants ou directement sur des tables latérales pour alimenter la chaîne de traitement. Elle passe ensuite dans le défibreur, un  appareil constitué de marteaux montés sur un arbre. Ces marteaux brisent la canne en la frappant sur une enclume. La canne défibrée, répartie en une couche régulière de 1,6 m, passe alors lentement dans un diffuseur où elle est arrosée d'eau à  95°. Par percolation, l'eau en extrait le saccharose. Après quinze passages sur toute la longueur du dispositif de diffusion, le jus brut est stocké et réchauffé. La matière fibreuse, appelée mégasse, est transférée vers des moulins de répression qui ramènent son taux d'humidité de 80% à environ 47%. On obtient ainsi la bagasse. Cette bagasse est transportée vers une centrale thermique pour y être brûlée et fabriquer de la vapeur d'eau sous pression. La vapeur actionne des turboalternateurs qui produisent de l'électricité. La vapeur est également utilisée pour réchauffer, évaporer et cristalliser le jus extrait des cannes. Ce jus, une fois réchauffé à 105°, est chaulé pour stabiliser son Ph aux environs de 7,5. Il est envoyé ensuite dans un vase d'expansion dans lequel sont évacuées les bulles de vapeur formées au moment de l'ébullition. Une phase de décantation permet d'éliminer les matières organiques indésirables qu'il contient. Cette décantation, réalisée à 98°, est améliorée grâce à l'adjonction de floculant. Il en ressort un jus clair. Les résidus récupérés sont mélangés avec du bagacillo (fines de bagasse) pour être épuisés en saccharose sur un filtre rotatif sous vide. Le jus qui en est extrait est recyclé avec du jus brut. Les résidus de filtration ou écumes, riches en phosphates, sont restitués aux producteurs qui s'en servent comme d'engrais. Le jus clair, réchauffé à 120°, entre dans une station d'évaporation dans laquelle il se concentre en sirop. L'eau de condensation est récupérée pour la centrale thermique et l'alimentation du dispositif de diffusion. Le sirop passe par un cuiseur où l'on obtient une masse cristallisée. Cette masse est pétrie dans un malaxeur pour favoriser le processus de cristallisation et augmenter le volume des cristaux. Les cristaux sont séparés de la liqueur mère dans une centrifugeuse. On améliore la qualité du cristal par un lavage (clairçage) à la vapeur qui nettoie le cristal de la liqueur mère qui l'entoure. La liqueur mère est recyclée pour en extraire le maximum de saccharose. Les cycles de cuisson, malaxage et centrifugation sont répétés trois fois à la suite de quoi la liqueur se transforme en mélasse transférée à la distillerie pour la production de rhum. Un transporteur vibrant recueille le sucre roux brut et le dirige vers un sécheur refroidisseur. Le sucre blanc est obtenu par décoloration et filtrage. Le processus décrit ci-dessus est adapté suivant les caractéristiques et la qualité du produit que l'on souhaite obtenir. 

L'industrie sucrière, a connu des alternances de périodes de prospérité et de crise. Au milieu du 19ème siècle, la canne a pâti de la concurrence de la betterave. Avec la première guerre mondiale, cette concurrence est devenue moins vive, les champs de betteraves étant en grande partie situés dans la zone des combats. Entre les deux guerres, il a fallu lutter contre les maladies en sélectionnant les variétés les plus résistantes. Avec le second conflit mondial, la Réunion a été coupée de la métropole occupée et l'activité économique de l'île en a été évidemment fortement affectée. Avec la fin du conflit, l'industrie sucrière a repris son développement. Aujourd'hui, elle s'est concentrée et il ne subsiste plus que quelques unités de production. Le tonnage produit n'a cependant jamais été aussi élevé et il est sans doute encore appelé à croître. 

(Les informations ci-dessus ont été recueillies lors de la visite de la distillerie de rhum Savanna)

 
Des sucres de différentes qualités et couleurs

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