Dallet et Mezel
.
.
Un plan est accessible  ici

Dallet, situé sur la rive droite de l'Allier, est dominé par le Puy de Mur qui surplombe le bourg de ses 601 mètres. L'histoire de la bourgade commence au début de l'âge du bronze, il y a 4000 ans, comme en témoignent les vestiges retrouvés à Machal (poteries, outils, silos...) Au 4ème siècle, le futur Saint Alyre y naquit. Il devint évêque et confesseur, édifiant son village par sa grande piété et ses talents d'exorciste; il mourut en 381. Au Moyen Âge, l'insécurité générale obligea les habitants à se protéger des bandits de grand chemin. En 1446, ils reçurent du roi Charles VII, l'autorisation de construire des remparts dont il ne reste plus que des traces (tour et rue des remparts). Les gens de Dallet vivaient alors à l'ombre d'un puissant château du 12ème siècle comportant 9 tours qui fut démoli au 18ème siècle. Une chapelle, Notre Dame de la Nativité (16ème siècle), se trouvait au coeur du village. Seul subsiste aujourd'hui son clocher devenu la tour de l'Horloge. Par héritage, le fief de Dallet demeura dans la maison de Mezel jusqu'au 12ème siècle avant de passer aux familles de Langeac puis d'être vendu, en 1758, à Philippe de Montboissier de Beaufort Canillac. 
. 

. 
Autrefois affluaient à Dallet, de toute l'Auvergne et du Forez, des malades atteints des écrouelles (abcès d'origine tuberculeuse). Ils venaient y chercher la guérison auprès d'un enfant désigné comme "l'enfant roi". De Pâques à la Fête-Dieu, son père devait jeûner et pratiquer les bonnes oeuvres. Le dernier jour, il amenait son fils à l'église pour que celui-ci touche les malades, conduisant la main de l'enfant et disant: "le roi te touche, Dieu te guérisse". Cette coutume disparut à la veille de la Révolution. 

L'Allier a marqué la vie de Dallet avec son port et ses eaux poissonneuses. On vient encore y manger la friture et c'est même la raison de notre présence. Les poissons nobles, les saumons en particulier, y abondaient, retenus par une sorte de digue dite "perlière". Le droit de pêche revenait au comte de Dallet, lequel en expédiait généralement le produit au marché de Lyon. Une année, par temps de forte canicule, la chaleur et les délais de route menaçant d'altérer la qualité du poisson, le seigneur fit installer un petit fumoir. Le port de Dallet, qui offrait un refuge aux eaux calmes, voyait passer les lourdes sapinières ou les futreaux chargés de céréales, de charbon, de pierres, de fruits et de fromages, sans oublier les tonneaux de vin. Ces sorte de chalands rudimentaires dépourvus de quille amenaient leur chargement jusqu'à Paris où on les démontait pour vendre leur bois; les bateliers revenaient à pied en portant l'ancre. On chargea encore 46 bateaux avec du vin en 1840. Une halte à l'auberge ou à l'hôtellerie permettait de refaire les forces des vigoureux bateliers. A la fin du second empire, l'arrivée du chemin de fer sonna le glas de la navigation sur l'Allier. 

Pour accéder à leurs propriétés qui se trouvaient de l'autre côté de la rivière, les habitants de Dallet traversaient l'Allier par un bac appelé Nau. C'était une grande barque à fond plat d'une longueur de 17 mètres pouvant transporter jusqu'à 4 voitures attelées. Il était guidé par une traille: grosse corde de chanvre tendue depuis le quai maçonné de la rive droite, le perré, jusqu'à un gros arbre de la rive gauche. Lorsqu'une sapinière annonçait son arrivée par le son d'une corne de brume, le batelier devait prestement relever la traille pour éviter un accident. Si cet avertissement n'était pas entendu, le marinier coupait la corde d'un rapide coup de hache. Le bac était la propriété des habitants de Dallet qui l'affermaient à un batelier. Celui-ci devait faire traverser gratuitement jour et nuit les habitants du village. Par contre, les étrangers venus des divers villages de la rive droite devaient acquitter une taxe pour les personnes et pour les voitures. Très utilisé au 18ème siècle, la fréquentation du bac diminua après la construction du pont de Pont-du-Château, en 1773. La traversée était souvent périlleuse, en particulier pendant les périodes de crues. Et la patience pouvait être mise à rude épreuve: lors de certaines vendanges, on dénombra jusqu'à 80 voitures lourdement chargées dans la file d'attente! La Nau devant être renouvelée environ tous les cinq ans, la charge financière était lourde pour la commune et les revenus faibles pour le batelier. Dès 1862, une pétition fut adressée à l'Empereur en vue d'obtenir la création d'un pont. Il fallut trente ans de démarches et de négociations avant que les habitants de Dallet ne soient consultés par référendum, en 1893, pour faire connaître leur avis sur un sujet qui engageait lourdement les finances de la commune. Massivement, ils se prononcèrent pour le pont; il n'y eut qu'une seule opposition. Le 30 juillet 1899, un pont de fer de style Eiffel fut donc inauguré au cours d'une grande fête. A l'entrée du 20ème siècle, les deux rives du village étaient enfin réunies. Les Dalletous fêtèrent le centenaire et la restauration du pont en septembre 1999.

Des moulins dont les roues étaient mues par l'eau de la rivière étaient autrefois en activité. Il étaient alimentés par des barrages qui détournaient l'eau de l'Allier; on appelait ces barrages des pélières. Les plus anciens remontaient au Moyen Âge. Ils étaient de bons rapports pour le seigneur qui en tirait des revenus substantiels mais n'étaient pas du goût des mariniers. Une crue de 1790 en eut raison, mais il en reste encore quelques vestiges.

La vigne constitua longtemps l'une des richesses du bourg et il convenait de la protéger. C'est ainsi qu'en 1660, les consuls de Dallet organisèrent une garde de jour et de nuit des vignobles avant les vendanges. Autrefois, les vignes couvraient les pentes du Puy de Mur. Son gamay était réputé et les vignerons jouirent d'une grande prospérité durant la seconde moitié du 19ème siècle, tandis que le phylloxéra ravageait le vignoble français hors d'Auvergne, à partir des années soixante. Malheureusement, vers la fin du siècle, ce fut au tour de notre région de succomber à ce fléau. A Dallet, la crise passée, on restaura une cinquantaine d'hectares, soit à peine le dixième de la superficie antérieurement consacrée à la vigne. Beaucoup de vignerons modestes n'avaient pas pu vivre six ans en attendant que la bourrasque passe. Ils s'étaient résigner à renoncer à leur culture traditionnel pour aller gagner leur vie à l'usine ou à la mine. La vigne s'est toutefois maintenue à Dallet grâce à la ténacité des habitants. Longtemps le vin de Dallet approvisionna les cafés de Clermont et de Thiers. Ce vin, fruité et léger, faisait dit-on les délices des gourmets. Aujourd'hui on trouve encore quelques vignobles sur le bas du versant du Puy de Mur, mais la majeure partie des pentes est en friche; le retour des moutons et des chevaux devrait permettre de préserver des prairies sèches naturelles riches en orchidées.  

La mine des Roys constituait une autre richesse de la commune. Elle fut exploité pendant des dizaines d'années avant sa fermeture survenue par épuisement en 1983. On y retirait le bitume suintant du calcaire sur la rive gauche de l'Allier. Le minerai extrait des galeries était convoyé par un petit train jusqu'à Pont-du-Château. Il était broyé en poudre et le bitume en était extrait pour être utilisé notamment dans le revêtement des trottoirs parisiens. La mine aujourd'hui endormie recèle, outre le matériel d'exploitation qui y a été abandonné, d'intéressants gisements minéralogiques. 

Une carrière dont l'on extrayait le basalte pour les routes et les constructions existait également. Elle est aujourd'hui fermée. 

Le vieux Dallet était resserré autour du château. Il s'est donné depuis du large. Des constructions espacées sont apparues au milieu des années 70 du siècle dernier sur les flancs du Puy de Mur. Une zone a été aménagée par la commune en terrain de loisir. Plusieurs manifestations y sont organisées chaque année. Nous nous y rendons une fois restaurés. Des panneaux y fournissent d'intéressants renseignement. notamment sur le traitement des eaux.  

En France, chaque personne utilise environ 150 litres d'eau par jour. Non épurées, les eaux usées perturberaient le cycle naturel de l'eau et en empêcheraient l'usage (boisson, pêche...). Après leur utilisation, il est donc indispensable de traiter les eaux usées dans une station d'épuration avant de les rejeter dans les rivières. L'eau provenant des égouts passe par plusieurs phases: le dégrillage et le dégraissage, le dessablage, le traitement biologique au cours duquel des hélices oxygènent le bassin pour favoriser la digestion par les bactéries de la pollution et des germes pathogènes, la décantation dans un bassin où les boues s'accumulent au fond tandis que l'eau "débarbouillée" reste en surface. Cette eau propre est ensuite restituée à la rivière. 

Un rideau d'arbres (saules, peupliers, aubépines...) marque un ancien lit de la rivière qui passait autrefois beaucoup plus près du village. Une rue porte d'ailleurs encore le nom de "Quai de la Nef". Le lit de l'Allier est très bas en été. Mais, en période de crue, l'eau peut monter jusqu'aux maisons du vieux bourg. 

Après cette courte visite à Dallet, nous passons jeter un coup d'oeil au château de Mezel qui est voisin.

 
Une tour vestige de l'ancien château Le Puy de Mur
La fontaine aux escargots (1) La fontaine aux escargots (2)
L'église et le château de Mezel Une ancienne croix à Mezel
Une tour du château de Mezel Une fontaine à Mezel
Une page sur le château de Mezel est  ici

Retour

Naviguez sur l'ensemble du site de Jean Dif:
Accueil    Logiciels    Textes     Images     Musique