La ville de Nîmes
 
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Les Arènes - La Porte d'Auguste - Le Square Antonin - La Maison Carrée 
La Tour Magne - Le Sanctuaire de la Fontaine et le Temple de Diane

La journée d'aujourd'hui sera consacrée tout entière à la visite de Nîmes. Ce ne sera pas de trop 

Les premiers occupants de Nîmes furent les Volques Arécomiques, peuple celte, originaire d'Europe centrale, installé dans la région plusieurs siècles avant notre ère; parmi d'autres divinités, ils adoraient Nemes, le dieu de la source de la fontaine qui existe encore aujourd'hui; ce dieu donna son nom à la ville. La source, située au pied du mont Cavalier, offrait des conditions convenables de sédentarisation; un premier village vit le jour, au pied de la colline et sur ses pentes, probablement vers l'an 500 avant notre ère. L'axe de communication est-ouest, reliant la vallée du Rhône aux Pyrénées, légendaire voie héracléenne des auteurs anciens, passait à proximité de ce site, ce qui ne pouvaient que renforcer son attrait; bientôt de nombreuses routes en rayonnèrent vers les peuplades voisines (Voconces de Vaison la Romaine, Helviens de l'Ardèche, Arvernes, Gabales de l'Aubrac et rutènes de l'Aveyron). La première agglomération prit la forme classique d'un oppidum. Vers la fin du 4ème siècle et le début du 3ème siècle avant Jésus-Christ, une enceinte fut construite, renforcée par une puissante tour de pierres sèches qui devait constituer le noyau de la Tour Magne. L'enceinte dévalait la pente du mont Cavalier et, en bas, un mur de pierres sèches, d'un mètre d'épaisseur, longé par deux fossés parallèles larges de 6 à 7 m et profonds de 3,5 m, en fermait l'accès du côté de la plaine. La surface englobée dans ce rempart avoisinait les 30 hectares, ce qui faisait de cette cité primitive la plus importante de la région. 

Vers 120 avant notre ère, le Languedoc fut colonisé par les Romains et la ville appartint à la colonie latine de la Narbonnaise. Les magistrats, devenus citoyens romains, transformèrent l'agglomération en une cité digne de l'empire; la plaine se couvrit de monuments publics: forum, théâtre et amphithéâtre, thermes... notamment sous les empereurs Auguste, Agrippa et Hadrien; Rome favorisait le développement d'un art officiel qui se diffusa dans les provinces. Entre 120 et 117 avant J.C., le proconsul Domitius Ahénobarbus fit construire une voie terrestre reliant les Alpes et les Pyrénées et plaça des garnisons dans toute la région afin de protéger les colonies romaines et sécuriser les voies de communication; la route militaire, connue sous le nom de Via Domitia, traversait Nîmes; elle empruntait à peu près le parcours de la mythique voie héracléenne. Rapidement, cette route devint un lieu de passage obligé entre Rome, la Gaule et l'Espagne; les légions, les marchands, les fonctionnaires et les particuliers l'empruntèrent, en voiture pour les plus riches, à pied pour les autres. De nos jours, des tronçons de ce chemin, ainsi que quelques bornes milliaires, subsistent toujours, sur la route de Beaucaire, à Redessan ou au Musée Archéologique de Nîmes.  

En 15 avant J.-C., la ville s'entoura d'un rempart de 7 km de long, ponctué de 80 tours; cette enceinte constituait une exception dans cette période de paix romaine; elle remplissait surtout une fonction de prestige et visait à affirmer la toute puissance de Rome, maîtresse de la contrée. Cette enceinte présentait une grande homogénéité de construction; la courtine entre les tours mesurait 2,1 m d'épaisseur et elle était composée de deux parements en petit appareil régulier. La partie méridionale, visible de loin, était particulièrement imposante. Cette enceinte, englobait la source, point d'eau principal, et délimitait une ère de lotissement urbain de quelques 220 hectares qui ne furent utilisés qu'à moitié. Elle était percée de portes (Porte d'Auguste ou d'Arles, Porte de France, Porte du Cadereau); on suppose que la voie domitienne entrait par la Porte d'Auguste pour ressorti, au sud-ouest, par la Porte du Cadereau. Vers 25 avant J. C., les Romains créèrent autour de la source un sanctuaire monumental. Au culte du dieu celte, devenu Nemausus, s'associa alors celui d'Auguste. Nîmes se dota d'une monnaie de bronze qui devait devenir son emblème: un crocodile enchaîné à une palme, en souvenir de la conquête de l'Égypte par Auguste, après la victoire d'Actium remportée, en 31 avant J. C., sur Antoine et Cléopâtre; l'empereur romain avait en effet récompensé ses lieutenants en leur allouant des terres nîmoises. Au tournant de l'ère, Nîmes était une importante cité de 20000 habitants; ses besoins en eau n'étant plus satisfaits convenablement par les ressources locales, la construction d'un aqueduc fut entreprise, vers l'an 50, pour amener le précieux liquide de la source d'Eure, près d'Uzès, jusqu'au castellum (château d'eau) de la ville, via le Pont du Gard et quantité d'autres ouvrages d'art moins célèbres.  

Au 3ème siècle, la ville fut évangélisée par Saint Baudile. Avec la décadence de l'empire romain, les remparts furent progressivement abandonnés. Nîmes fut ravagée par les invasions barbares et Charles Martel fit le siège des arènes qu'il incendia. Une nouvelle enceinte, plus petite que l'enceinte romaine, fut édifiée au 12ème siècle. Siège d'un évêché, Nîmes était administré par son évêque et des vicomtes, vassaux des comtes de Toulouse. Elle fut une étape des pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Elle fut incorporée à la France en 1229, à la suite de la croisades contre les Albigeois. Elle accueillit la Réforme avec faveur et, en 1567, les protestants y massacrèrent un grand nombre de catholiques; la ville se soumit à Louis XIII après la prise de La Rochelle; de nouveaux troubles l'agitèrent pourtant à l'époque de la révolte des Camisards. Son enceinte subit de nouvelles modifications au cours du temps, notamment au 17ème siècle.  

Aujourd'hui, Nîmes, chef-lieu du département du Gard, est une importante cité de près de 150000 habitants, située à une altitude moyenne d'une trentaine de mètres, à l'exception des collines qui culminent au nord à 215 m. Elle fut la patrie de plusieurs personnages illustres: Saint Castor, Titus Aurelius Fulvius, grand-père paternel de l'empereur romain Antonin le Pieux, Jean Nicot, Rabaut-Saint-Etienne, le général Donnadieu, François Guizot, Alphonse Daudet, Henry Bataille, André Chamson, Marc Bernard, Berbard Lazare, Jean Paulhan, le poète occitan Bigot, la pianiste Marguerite Long, les écrivains Élisabeth Barbier et Jean Carrière, le sociologue Roger Bastide, la comédienne Bernadette Lafont et une foule d'autres. De nombreux vestiges des fortifications romaines y sont visibles (porte de France, porte d'Auguste), même si les boulevards de la ville en  occupent le tracé, et l'héritage antique se retrouve dans de multiples détails architecturaux, tels que la statue de la louve de Rémus et Romulus sculptée dans la pierre des Arènes, le square d'Antonin, le Temple de Diane ou dans le somptueux décor de la Maison Carrée.  

Les Nîmois étaient qualifiés autrefois de "mangeurs de morue" (manjo merlusso). 
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Un plan de Nîmes est ici
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Les Arènes (les photos sont  ici ) 

Comme nous voulons commencer notre visite par les Arènes, nous nous dirigeons vers l'Esplanade Charles de Gaulle, dans l'espoir d'y découvrir une place pour nous garer. Mais, c'est en vain. Nous nous rabattons alors vers le quartier de l'Hôtel de Ville, où nous finissons par trouver un emplacement vacant dans une petite rue, et nous regagnons à pied l'entrée des Arènes. En faisant le tour de l'édifice, pour en avoir une vue d'ensemble, nous découvrons la statue de Christian Montcouquiol dit "Nimeño II", un célèbre matador français; ce personnage n'est pas natif de Nîmes, mais de Spire, en Allemagne, où il a vu le jour le 10 mars 1954, mais c'est probablement grâce à ses exploits dans le midi qu'il doit sa notoriété; il était le frère d'un autre toréador surnommé "Nimeño I". Au cours d'une corrida, le 10 septembre 1989, à Arles, il est projeté en l'air par son second taureau. Grièvement blessé aux cervicales, les chirurgiens de Marseille le sauveront miraculeusement mais il restera paralysé. Il luttera courageusement en vain, pendant plus d'un an, pour retrouver toutes ses capacités motrices. Désespéré, il mettra volontairement fin à ses jours, dans son garage, à Caveirac (Gard), par pendaison, le 25 novembre 1991. Il était âgé de 37 ans. 
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La statue de Nimeño II
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Sur le sol, devant les Arènes, on remarque un dessin, gris foncé sur fond blanc, qui matérialise l'emplacement d'une courtine et des tours des fortifications romaines (ou du Moyen Âge?) dont les fondations ont été mises à jour lors de travaux en 2006. 

Les Arènes, furent construites vers la fin du 1er siècle de notre ère, près du rempart sud-est de la ville gallo-romaine. Moins grandes que le Colisée de Rome (188 m sur 156 m) leurs dimensions sont tout de même impressionnantes (133,38 m sur 101,4 m); cet amphithéâtre de forme elliptique comporte une façade haute de 21 m à deux rangs de 60 arcades. Les deux étages sont séparés par une forte corniche et sont surmontés d'un attique où l'on aperçoit des consoles destinées à recevoir les mâts d'un velum. Chaque travée est constituée d'une superposition d'arcades en plein cintre de dimensions identiques. Le décor a été conçus pour établir un contraste entre les niveaux dotés de pilastres et de demi-colonnes. La structure interne du bâtiments combine l'emploi d'éléments en grand appareil et de murs en blocage à parements de petits moellons; elle est agencée pour faciliter la circulation des spectateurs; ceux-ci pouvaient se rendre à des vomitoires proches de leur place en empruntant l'une des cinq galeries voûtées concentriques, situées à différents niveaux, reliées entre elles par des escaliers rayonnants et des galeries transversales. Parmi les facilités dont était doté l'édifice, on note le dispositif d'évacuation des eaux fluviales et des effluents des latrines; un égout circulaire, aménagé sous les premiers rangs des gradins, était accessible par des baies ouvertes dans le mur de la galerie du rez-de-chaussée.  

La surélévation des gradins n'était pas suffisante pour protéger les spectateurs des fauves, par ailleurs, l'amphithéâtre n'était pas adapté pour l'organisation de naumachies (combats navals); on suppose donc que les jeux qui s'y déroulaient étaient des venationes (chasses) et surtout des combats de gladiateurs; la découverte, aux limites de la ville, de 14 stèles funéraires de gladiateurs renforce cette hypothèse. On entrait sur la piste (69,14 m x 38,34 m) par deux larges passages, aux deux extrémités du grand axe, ainsi que par deux petites portes qui s'ouvraient sur le petit axe, et aussi par des trappes communiquant avec le sous-sol; ce dernier était aménagé sur toute la superficie de la piste; il comportait à l'est (et peut-être aussi à l'ouest) une galerie d'accès sans doute dotée d'un monte-charges; on pense néanmoins que les aménagements du sous-sol furent tardifs et qu'ils n'existaient pas au début de l'utilisation du cirque.  
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L'emplacement des fortifications matérialisé sur le sol 
(source: revue l'Archéologue)
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La piste est aujourd'hui arrangée pour des spectacles modernes; elle est pourvue d'un éclairage nocturne; mais, à la différence des arènes d'Arles, il ne semble pas que l'agencement ait été conçu pour des courses camarguaises: lors de notre visite, on ne voyait pas de barrière et, vu des gradins, le sol paraissait asphalté. Du haut de la muraille qui ceinture l'édifice, on jouit d'une belle vue sur la ville, ses toits de tuiles creuses et ses églises; on aperçoit la Tour Magne, qui se découpe blanche sur le bleu du ciel, au sommet du mont Cavalier, par delà les frondaisons vertes des arbres, et je crois aussi découvrir le clocher carré de la cathédrale Saint-Castor construite au 11ème  (1096?), sur l'emplacement d'un église mérovingienne. Enfin, avec beaucoup d'attention et en sachant où ils se trouvent, on peut  découvrir sur les murs, au hasard du cheminement, des bas reliefs intéressants, notamment celui de la louve allaitant Romus et Rémulus. 

Notre visite achevée, il est l'heure d'aller déjeuner. Un Restaurant nous tend les bras, juste en face de l'entrée (ou de la sortie) des Arènes. C'est la Grande Bourse de Nîmes. Nous y ferons bonne chère, mais je ne saurai pas s'il existe réellement une bourse à Nîmes et ce que l'on y traite: le serveur me répondra qu'à la bourse, j'y suis! Après le déjeuner, nous regagnons notre voiture, en flânant à travers les rues de la ville. A la sortie du restaurant, sur la gauche, nous jetons un coup d'oeil à une curieuse statue encastrée dans un mur, celle de l'homme à quatre jambes, probablement un Gaulois, si j'en juge à sa mine; mais cette statue pourrait bien être constituée de pièces rapportées et rien ne prouve que la tête à été conçue pour aller sur les jambes; ce groupe se trouve à l'angle du boulevard des Arènes et de la rue de l'Aspic, ce qui stimule ma langue de vipère.  

En route vers le second monument du jour: la Maison Carrée. 
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La Porte d'Auguste 
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Nous empruntons les boulevards construits sur l'ancienne enceinte qui font le tour de la cité médiévale. Ceci nous amène à passer devant la Porte d'Auguste. 
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La Porte d'Auguste autrefois La Porte d'Auguste aujourd'hui
(source: images Google)
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A l'époque romaine, la porte d'Auguste consistait en un ensemble monumental, évoquant un arc de triomphe. Elle ne s'élève pas à plus de 8,7 m, mais la reconstitution de sa partie supérieure aujourd'hui disparue (corniche, galerie de circulation percée d'arcades, architrave et frise) laisse supposer qu'elle devait atteindre plus de 14 m de hauteur, pour une largeur de près de 40 m. Elle fut construite en pierres de Barutel et de Roquemaillère. Elle comportait deux ample passages centraux, de 6 m de haut et 3,6 m de large, pour les voitures et deux passages latéraux plus étroits, de 4 m de haut et 1,93 m de large, pour les piétons; ces passages étaient surmontés d'une voûte; les passages centraux étaient équipés de portes à double ventail et d'un système de herse; les passages latéraux étaient pourvus d'un vantail unique. L'ensemble était flanqué de deux puissantes tours dont le tracé est encore partiellement visible boulevard Amiral Courbet. Les voûtes des arches centrales était surmontées d'un avant-train de taureau maintenant très érodé; une colonne ionique les séparait; on a longtemps pensé que cette colonne était la borne milliaire initiale de la Via Domitia; mais on croit désormais que cette voie partait de l'intérieur de la cité antique, à la jonction des rues Nationale et Xavier Sigalon. Des pilastres à chapiteaux corinthiens encadraient les passages latéraux surmontés de niches, désormais vides, qui abritaient des statues. La cour, située derrière la porte, le cavaedium, était protégée par le prolongements des passages couverts, de façon à faciliter la surveillance, dans cet espace de transition entre l'extérieur et l'intérieur de la cité; un sas de sécurité permettait peut-être de prélever des taxes ou des droits de péage. De larges dalles polygonales assuraient le pavement. L'accès est aujourd'hui fermé par une barrière mais l'on peut apercevoir, par delà les baies, un bronze de l'empereur Auguste le bras tendu, don du régime fasciste italien entre les deux guerres. 
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La statue de l'empereur Auguste vue  
à travers une baie de la porte
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On pense que la porte Cadereau, détruite sans doute sous l'Antiquité, était construite sur le même modèle que la porte d'Auguste. Quant à la porte de France, ou porte d'Espagne, elle ne comportait qu'une seule arche surmontée d'une arcature aveugle à pilastres toscans; elle était défendue par deux grosses tours dont une est partiellement conservée. 
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La Porte de France autrefois  
(source: B. N.)
La Porte de France aujourd'hui  
(source: images Google)
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Le Square Antonin  
  
Nous empruntons le boulevard Gambetta, où est située la maison natale d'Alphonse Daudet, qui nous conduit au square Antonin, où se dresse la statue blanche de l'empereur, au milieu de la verdure qui l'entoure en un cercle presque parfait. Notre bonne étoile nous a réservé là une place libre où nous nous garons. 

Antonin le Pieux (septembre 86 - mars 161), n'est pas né à Nîmes, mais sa famille en était originaire; son grand-père, Titus Aurelius Flavius, était nîmois. Il commença sa carrière dans l'administration civile, puis devint questeur, préteur et consul en 120. Il manifesta des talents d'administrateur à la tête d'un district d'Italie et comme proconsul en Asie. Neveu d'Hadrien, par son mariage avec la nièce de la femme de l'empereur, ce dernier l'adopta et en fit son successeur sous la condition qu'Antonin adopterait à son tour Marcus Aurelius Antonius, le futur Marc Aurèle, ainsi que Lucius Vérus. Antonin, ayant respecté les exigences de son père adoptif, devint empereur et pendant régna 23 ans, probablement plus longtemps que ne l'avait imaginé Hadrien.  
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Le Square Antonin
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Le Sénat lui décerna le surnom de "Pieux",  non parce qu'il fréquentait assidûment les temples, en particulier celui de Mithra, dont il avait introduit le culte à Rome, mais en raison de sa dévotion filiale. Son règne marqua une pause dans l'expansion de l'empire; plutôt que de se lancer dans de nouvelles conquêtes, Antonin s'efforça de consolider l'acquit et d'en assurer la défense; il fit ériger le mur qui porte son nom en Grande-Bretagne, ce mur doublant celui d'Hadrien. Sous son règne, l'empire romain à son apogée connut une période de paix extérieure et de tranquillité intérieure. Mais ce repos, cette politique attentiste et défensive, annonçait aussi son déclin; faute de ressources financières et militaires suffisantes, il allait bientôt entrer en décadence.  

Antonin le Pieux abrogea les lois d'Hadrien qui interdisaient la religion juive, tout en s'opposant à toute forme de prosélytisme de la part de ses adeptes; cette politique favorisa l'expansion du christianisme, lequel s'était franchement séparé du judaïsme, après l'écrasement de la dernière révolte juive, en 136; jusqu'à cette époque, le christianisme avait beaucoup souffert de la concurrence du judaïsme.  
 

La Maison Carrée (les photos sont  ici )   
  
Du square Antonin, nous nous rendons à pied à la Maison Carrée, qui n'est pas très éloignée.  

La Maison carrée est un exemple très réussi de l'architecture religieuse de la Rome antique et elle est aussi un des rares lieux du culte aussi bien conservé. Elle a été construite à l'image des temples de la Rome d'Auguste et sa décoration est inspirée des cartons élaborés pour la capitale de l'empire qui circulaient dans les provinces. Le concepteur de la Maison Carrée était-il un Romain ou un homme de la Gaule narbonnaise? Les avis sont partagés. Certes, le maître d'oeuvre connaissait très bien les schémas de l'architecture officielle latine et sans doute s'était-il formé sur les chantiers de Rome. Cependant, il restait attaché à des traditions locales, comme en témoignent des particularismes dans l'exécution de l'édifice; l'étude des détails de l'ornementation laisse supposer que ceux-ci n'ont pas été conçus par un transalpin; le décor sculpté n'a certainement pas été non plus réalisé par des artisans venus d'Italie mais plutôt par des équipes locales. Le travail était très hiérarchisé sur le chantier; on distinguait les sculptores des lapidarii, les premiers chargés de l'exécution des chapiteaux, les seconds des parties du décor (moulures sur les corniches, architraves).  
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Les sculptures des chapiteaux
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La Maison Carrée est un temple corinthien entouré de colonnes engagées (pseudopériptère). Il mesure 25 m de long sur 12 m de large; on compte 6 colonnes en façade et 11 colonnes sur les côtés. Ce temple romain classique, consacré au culte impérial, se compose d'un vestibule (pronaos) délimité par une colonnade libre et d'une salle cultuelle rectangulaire (cella) de 16 m de long, qui devait abriter la statue de la divinité, c'est-à-dire celle de l'empereur et aussi celles de membres de la famille impériale. Conformément à la tradition architecturale religieuse romaine, le temple est érigé sur un podium rectangulaire, haut de 2,82 m, accessible par un large escalier préliminaire et se définit par son axialité et sa frontalité. Son entablement est caractérisé par une remarquable frise de rinceaux d'acanthes et une corniche à modillons. La frise revêt un caractère éminemment symbolique et témoigne des apports positifs du Prince (Auguste) aux peuples conquis. Pierre Gros et Robert Amy, auteurs d'une monographie sur la Maison Carrée, publiée en 1979, estiment que cette frise est "l'exemple le plus accompli d'un type de décor symbolique directement lié au culte dynastique." Ce riche décor sculpté s'inspire de celui du temple de Mars Ultor à Rome. La frise se déroule au-dessus des chapiteaux corinthiens et elle est faite de feuilles d'acanthe habitée par de petits oiseaux introduits dans les efflorescences des rinceaux, initiative sans doute due à la fantaisie des sculpteurs car il est impossible de distinguer ces détails depuis le sol. Le plafond du vestibule est décoré de caissons carrés sculptés de motifs floraux. La toiture est composée de tegulae (tuiles plates) et d'imbrices (couvre-joints); quelques antéfixes, tuiles de rive décorées, placées aux extrémités des rangées d'imbrices, ont été conservées. 
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La frise avec un oiseau
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La Maison Carrée a été construite dans la première décennie du 1er siècle de notre ère (ans 2 à 4); cette date a pu être reconstituée avec précision grâce à la lecture des inscriptions en lettres de bronze qui ornaient son fronton (A Caius Caesar, fils d'Auguste, consul et à Lucius Caesar, fils d'Auguste, consul désigné. Aux princes de la Jeunesse); ces lettres avaient disparu mais le texte original de la dédicace a pu être reconstitué, par J.-F. Séguier, en observant soigneusement les groupes de trous d'ancrage des caractères dans la pierre; la Maison Carré a donc près d'un siècle de plus que l'Amphithéâtre des arènes. L'édifice trouve place parmi les créations de la fin de la République et du début de l'Empire; il représente l'une des premières manifestations de la diffusion du corinthien romain dans la Province narbonnaise. On observe une évolution dans le traitement de l'acanthe sur ses chapiteaux: une dissymétrie est introduite dans le dessin des feuilles et les chapiteaux sont traités de façon beaucoup plus naturalistes qu'antérieurement. La Maison Carrée faisait partie d'un vaste programme monumental mis en oeuvre par l'empereur Auguste pour doter le chef-lieu de la cité de Nemausus des édifices publics indispensables au développement harmonieux d'une colonie. Seul monument du forum conservé en élévation, le temple, bâti sur une plate-forme, dominait la place publique depuis son extrémité sud. La curie, lieu de réunion du Sénat local, devait lui faire face, sur le côté nord du forum. L'ensemble monumental était entouré de portiques, matérialisés au sol lors des derniers aménagements du site. La population se réunissait sur le forum pour assister aux cérémonies, tandis que l'accès au temple était réservé aux prêtres. Les vestiges de plusieurs autres bâtiments publics ont été découverts dans le quartier; ils sont trop mal conservés pour être identifiables; citons les fondations de deux édifices rectangulaires à l'emplacement du Carré d'Art et un bâtiment allongé mis au jour lors des fouilles préalables à la construction du parking souterrain de la place d'Assas. 
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La Maison Carrée à l'époque romaine
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La Maison Carrée a été bâtie avec des roches calcaires d'origine locale. Les carrières qui ont servi à construire les monuments romains nîmois sont bien connues. Elles se situent au nord, à l'est et à l'ouest de la ville, et certaines sont encore exploitées de nos jour. Les carrières de Canteduc et de Roquemaillère, englobées aujourd'hui dans l'agglomération, produisent de la pierre dure et froide. Celle de Roquemaillère a fourni la pierre du podium et de l'escalier de la Maison Carrée. Le calcaire de Barutel, extrait à 9 km de la ville, sur la route d'Alès, une roche dure et homogène, a servi à réaliser les grandes dalles du stylobate (soubassement qui porte des colonnes). Pour exécuter les décors (chapiteaux et frises) et certains éléments architectoniques (colonnes, bases, architraves, corniches), les bâtisseurs romains sont allés chercher, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de la cité, la pierre du Bois de Lens (Montagnac), ferme et blanche, au grain fin, particulièrement bien adaptée à la sculpture. Enfin, dans les fondations du monument et dans les murs de la cella, on observe des calcaires tendres de la région de Sernhac et de Beaucaire, à l'est de Nîmes. Une observation attentive laisse deviner le travail de plusieurs mains d'habiletés variables dans la frise à rinceau et on peut voir à quel endroit se produisit le changement d'équipe. On trouve une mention des sculpteurs (marmorarii) et des tailleurs de pierre (lapidarii) dans une dédicace à Jupiter et à Nemausus découverte près de la source de la Fontaine qui est conservée au Musée archéologique: "Titus Flavius Hermès, surveillant des travaux de la basilique, les sculpteurs et les tailleurs de pierre accomplissent le voeu qu'ils avaient fait à Jupiter et à Nemausus." 
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La dédicace à Jupiter et Nemausus
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Des fouilles réalisées autour de la Maison Carrée vers la fin du 20ème siècle, notamment à l'emplacement de l'ancien théâtre, ont révélé l'existence d'un quartier d'habitations antérieur au forum qui remonterait au deuxième quart du premier siècle avant Jésus-Christ. Délimité par deux voies, l'une est-ouest, l'autre nord-sud, ce quartier comportait au moins trois unités d'habitations. La mosaïque ornée d'une frise de nageurs et dauphins actuellement présentée à la Maison Carrée provient d'une des demeures de ce quartier détruit lors de l'ouverture du forum; elle témoigne d'une précoce romanisation de l'habitat. Le forum semble s'être mis en place en deux temps; pendant le dernier quart du 1er siècle avant Jésus-Christ, un premier projet comprenant une place publique encadrée de portiques, avec un grand monument, est vraisemblablement demeuré inachevé. La décision de construire un lieu du culte dynastique est probablement à l'origine de la modification du projet initial, au moment du changement d'ère. A l'origine, le temple n'était pas entouré de portiques sur trois côtés, mais seulement sur les côtés est et ouest; la présence d'une rue de l'époque précédente entraîna cependant la construction au sud d'un mur aveugle orné de pilastres formant exèdre (pierre de forme semi-circulaire). 
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La Maison Carrée dans son environnement d'origine
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La Maison Carrée servit à divers usage au cours des siècles. Son histoire est mal connue de la fin de l'Antiquité aux premiers siècles du Moyen Âge. Au 11ème siècle, une chapelle est accolée à sa façade nord; elle porte le vocable de Saint-Etienne du Cadueil ou Cap d'Oeil, dans lequel on reconnaît le mot "Capitole". On a, en effet, longtemps identifié le temple nîmois avec un capitole, avant que ne soit déchiffrée sa dédicace; cette chapelle fut détruite pendant les guerres de religion. Au Moyen Âge, la Maison Carrée devint la maison commune où siégèrent les consuls de la ville; elle subit alors les plus graves déprédations de sa longue histoire; elle fut compartimentée, pour être transformée en logis et même un temps en écurie. Son nom  remonte à la Renaissance, époque où le mot carré désignait une figure à quatre côtés et quatre angles droits; en ancien français un rectangle était appelé carré long. En 1673, les moines augustins prirent possession de l'ancien temple et édifièrent leur couvent à l'ouest du monument, à une vingtaine de mètres de la façade nord; ils furent autorisés par Colbert à installer leur église à l'intérieur de la cella, à condition de ne pas altérer les murs antiques; on possède des gravures montrant la coupe de ce sanctuaire chrétien établi dans un temple païen; les moines firent également creuser une nécropole dans le sous-sol du temple, à l'extrémité sud de la cella. La Révolution mit fin à cette occupation monastique et le bâtiment servit pendant quelques temps d'entrepôt ou de grenier à blé avant d'être vendu comme bien national en 1791. Par la suite, après avoir abrité la première préfecture du Gard et accueilli les archives, la Maison Carrée fut transformée en musée; celui-ci ouvrit ses portes en 1823, sous le nom de "Musée Marie-Thérèse"; pendant tout le 19ème siècle, des collections archéologiques et surtout des peintures modernes y furent exposées; des expositions d'artistes locaux s'y succédèrent; après la création du Musée des Beaux Arts, rue Cité Foulc, et l'installation d'un nouveau Musée Archéologique, dans l'ancien Collège des Jésuites, boulevard Amiral Courbet, la Maison Carrée ne conserva plus qu'un nombre réduit de sculptures, mosaïques et fragments d'architecture de l'antiquité romaine. 
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L'intérieur de la Maison Carrée (1823-1830)
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La Maison Carrée n'a été dégagée des édifices qui parasitaient ses abords qu'au début du 19ème siècle. Cette opération fut l'ouvre de Victor Stanislas Grangent, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du Gard. Elle consista en une campagne de restauration de l'édifice, en une restructuration du quartier, ainsi qu'en la création d'une plate-forme et d'une place du côté occidental. Le projet imposait une uniformité aux façades des nouveaux immeubles. On démolit les bâtiments du couvent des Augustins, on perça une rue dans l'axe nord-sud de la Maison Carrée, l'actuelle Rue Auguste, et on réalisa une place régulière à l'emplacement des anciens remparts et des fossés. La dernière partie du projet, qui préconisait un alignement de façades identiques, ne fut que partiellement réalisé. Dès 1800, un grand théâtre fut construit à l'ouest de la Maison Carrée; sa façade, demeurée inachevée jusqu'en 1826, fut alors pourvue d'une imposante colonnade néoclassique. Pendant la dernière décennie du 20ème siècle, d'importants travaux modifièrent l'aspect du quartier, avec la création du "Carré d'Art", oeuvre de l'architecte anglais Sir Norman Foster; cet édifice abrite le site central de la Bibliothèque municipale de Nîmes et le Musée d'Art Contemporain. La place de la Maison Carrée a bénéficié d'un réaménagement qui signale nettement l'emprise des portiques sur le sol, rendant à l'espace une lisibilité qui avait été perdue du fait des transformations urbaines intervenues au cours des siècles. 
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Une mosaïque découverte à Nîmes par l'INRAP 
(source: AFP - La Montagne: 30 janvier 2008)
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A l'intérieur de la Maison Carrée, la visite est agrémentée d'un film en relief consacré à l'histoire des "Héros de Nîmes". De nombreux panneaux explicatifs, dans lesquels j'ai largement puisé pour réaliser cette page, permettent aux touristes de situer l'édifice dans son époque, d'en goûter la perfection architecturale et d'en saisir l'utilité. Un cheminement  parmi les dégagements qui l'entourent s'impose pour en avoir une vue d'ensemble et retrouver sur le sol l'empreinte des constructions aujourd'hui démolies qui s'y dressaient à l'époque romaine. 
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La Tour Magne (les photos sont  ici ) 

La visite de la Maison Carrée achevée, nous regagnons notre voiture. Nous empruntons le quai de la Fontaine, longeant un canal aux eaux verdâtres, dans l'intention de nous rendre à la Tour Magne. Mais celle-ci s'élève au sommet du mont Cavalier et nous ne parvenons pas à trouver la route qui y mène. Nous revenons donc nous garer, là où nous trouvons une place, à proximité de la boursouflure sud-ouest du canal, qui ceinture le Jardin de la Fontaine pour le transformer en île, pas très loin de la base du mont Cavalier; on communique avec cette île par un pont. Nous longeons le canal jusqu'au Temple de Diane, auquel nous n'accordons qu'un bref coup d'oeil, réservant sa visite pour le retour, et nous gravissons gaillardement la colline, par les chemins ombragés de pins et autres essences végétales qui s'étalent sur les pentes jusqu'à la tour. Cet exercice est agréable et point trop fatigant, dans la tiédeur d'une journée ensoleillée tamisée par les feuillages tandis que le chant des cigales accrochées aux troncs fait vibrer l'air de ses accents de crécelle. 
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La Tour Magne ou Grande Tour, d'après un dessin de Daubigny 
(source: Bibliothèque Nationale)
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L'existence de la Tour Magne remonte à une époque très reculée puisqu'elle faisait partie de l'enceinte de protection du village celte qui s'élevait sur les pentes du mont Cavalier.  

Au début du 3ème siècle avant Jésus-Christ, des envahisseurs menaçant la région, les habitants se replièrent vers les hauteurs et fortifièrent les oppida déjà existants. Les enceintes furent renforcées par des murs de plusieurs mètres d'épaisseur; la Tour Magne s'inscrivit dans ce dispositif; elle consolidait le rempart qui protégeait l'agglomération existante; elle mesurait 18 à 19 mètres de haut pour une base de 12,7 sur 17,2 m; des vestiges de cette construction sont encore visibles dans le soubassement de la tour actuelle.  

Plus tard, vers l'an 15 avant Jésus-Christ, les Romains reconstruisirent la Tour Magne en englobant les restes de la tour celtique à l'aide de pierres sèches et de terre. La nouvelle tour fut alors incluse dans les remparts de Nîmes; elle s'élevait à environ 42 mètres de haut; son soubassement octogonal mesurait 22,6 à 23,5 m pour une hauteur de 12,8 m; l'intérieur était plein et on montait par l'extérieur en empruntant une rampe de 70 mètres de long; la rampe aboutissait au chemin de ronde qui parcourait le premier étage; de là, on accédait à la courtine située au même niveau, au nord et à l'ouest; au dessus de cet étage, une tour polygonale, complètement aveugle, pourvue d'un  escalier intérieur, était surmontée d'une terrasse; les deux derniers niveaux étaient décorés de pilastres toscans ou de colonnes engagés, les niveaux du haut se trouvant en retrait par rapport à ceux du bas.  

Ultérieurement, lorsque le Mont Cavalier fut déserté, la Tour Magne continua à jouer un rôle militaire; pendant la guerre de Cent Ans, elle fut utilisée pour se défendre contre les Anglais; lors des guerres de religions, elle fut comprise dans un petit fort démoli après la paix d'Alès, en 1629. En 1601, Michel de Notre-Dame, dit Nostradamus, médecin de Charles IX, prédit qu'un jardinier trouverait un jour un trésor gaulois à l'intérieur de la tour; François Traucat, jardinier nîmois, envoya une lettre au roi Henri IV afin d'obtenir le droit de la vider; le roi accorda son autorisation sous la réserve que le jardinier financerait lui-même les travaux et verserait les deux tiers de ce qu'il trouverait au Trésor royal; le jardinier fouilla en vain, il ne découvrit que pierres et poussière; mais il affaiblit les structures du bâtiment dont le haut finit par s'effondrer.  
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La Tour Magne d'après un cliché ancien 
(source: Bibliothèque Nationale)
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En 1832, la Tour Magne devint un relais de télégraphe optique selon le système Chappe, premier système télégraphique exploité en France. Elle fit partie de la toute nouvelle ligne Bordeaux-Toulon, qui traversait le Var, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, le Gard, l'Hérault et l'Aude, puis se séparait d'un côté vers les Pyrénées Orientales et de l'autre vers la Haute Garonne et la Gironde. La mise en place du télégraphe électrique mit un terme à l'exploitation du système Chappe; le système Morse fut implanté en 1853, avant d'être remplacé, à la fin du 19ème siècle, par le système Baudot, procédé utilisé en France jusqu'en 1950. Le télégraphe était si important pour la région, pendant la première moitié du 20ème siècle, que le langage télégraphique fut enseigné dans des écoles primaires du Gard. Aujourd'hui, La Tour Magne amputée ne mesure plus que 32,5 et a l'allure d'une ruine; mais, même sous cette apparence vétuste, après plus de vingt siècles de guerres, de démolition, de transformations... elle n'en conserve pas moins un aspect imposant. 

Comme partout ailleurs à Nîmes, le site est abondamment documenté; les panneaux explicatifs n'y manquent pas et ils dispensent une foule de renseignements aux visiteurs. Un escalier en colimaçon permet d'accéder en haut du monument, d'où l'on jouit d'une très belle vue sur la ville. Des panneaux et des tables d'orientation fournissent toutes les informations nécessaires pour se repérer et retrouver les principaux sites de la cité gallo-romaine; on peut ainsi la reconstituer mentalement. 
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Le Sanctuaire de la Fontaine et le Temple de Diane (les photos sont  ici ) 

Nous quittons la Tour Magne et redescendons à travers les pinèdes en reprenant le chemin par lequel nous sommes montés. Nous passons à côté d'un bac, alimenté sans doute par la source de la Fontaine, dans lequel fleurissent des nénuphars blancs. Puis nous nous retrouvons au pied du bassin qui étale son eau verte devant un escalier monumental. Nous sommes sur le site de la Fontaine. 

La Fontaine constitue le berceau de la ville de Nîmes. On y rendait un culte à Nemausus. Mais cette divinité n'était certainement seule à y être vénérée. On a retrouvé en effet, auprès de la source, une dédicace aux déesses mères nîmoises et, au 1er siècle avant notre ère, un lieu du culte romain, dédié à l'empereur Auguste, y fut édifié. Le décor du Jardin de la Fontaine, tel qu'on peut l'admirer aujourd'hui, avec son vaste bassin et son escalier monumental, date du milieu du 18ème siècle. Au cours des travaux de creusement du bassin et de construction de l'escalier, de nombreux vestiges antiques ont été dégagés. Le lieu du culte romain se composait d'un ensemble architectural qui comprenait, près de la source, un nymphée au centre duquel se trouvait l'autel du culte impérial, un édifice voûté, qualifié de Temple de Diane, et un théâtre. Le nymphée était approximativement situé entre le bassin et la partie nord du canal qui encercle le Jardin, à la hauteur du Temple de Diane. Cet ensemble architectural était fermé au nord par la colline et, sur les autres points cardinaux, par trois portiques reliant entre eux les principaux bâtiments. Au centre du portique méridional, une entrée monumentale reliait le complexe à la ville. Une double dédicace à Auguste, découverte derrière le bassin de la source, permet d'estimer que ces constructions remontaient à l'an 25 avant Jésus-Christ. 
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Temple de Diane - Reconstitution par A. Simil - 1874 
(source: panneau touristique - cliché Patrick Cedet)
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Le Temple de Diane se composait d'une salle principale, la cella, couverte d'une voûte et flanquée de couloirs. Des plans inclinés dans les couloirs conduisaient aux niveaux supérieurs aujourd'hui disparus. De cet édifice ne subsiste plus que le couloir nord, une partie de la cella et la façade. Le couloir nord possède une voûte originale faite d'une succession de portions de voûtes juxtaposées, situées à des niveaux différents, qui permettaient à la lumière de passer à travers les ouvertures et d'éclairer l'intérieur. Le mur nord de la cella est pourvu de grandes niches creusées dans la maçonnerie, flanquées de colonnes corinthiennes et surmontées de frontons triangulaires et curvilignes. En dépit du nom qui est resté attaché à ce monument, sa consécration à Diane, déesse de la chasse, s'est avérée sans fondement historique. Intégré à l'Augusteum, sanctuaire consacré à l'empereur et à sa famille, le temple jouait sans doute un rôle dans les célébrations du culte dynastique. Les grandes niches ornées de frontons de la cella font penser à une possible bibliothèque, de sorte que la fonction réelle de cet édifice reste mystérieuse. 

Avec la Maison Carrée et le Sanctuaire de la Fontaine, Nîmes est l'une des rares villes gallo-romaines où se rencontrent deux lieux de culte dynastique. 

Notre visite de la ville s'achève ici. Nous jetons un dernier regard sur les ruines émouvantes du Temple de Diane et nous regagnons notre voiture, pour prendre la route du retour. 

Un site intéressant sur l'histoire de Nîmes est ici

 
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