Le Parc National des Galápagos  

 
1934  Première loi transformant certaines îles inhabitées en Parc National. 
1959  Le gouvernement équatorien décrète l'archipel Parc National dans sa totalité. 
Création de la fondation Charles Darwin pour récolter des fonds en vue d'améliorer la conservation de l'écosystème et développer la recherche scientifique. 
1960  Ouverture de la Station Darwin sous le haut patronage de l'UNESCO. 
1968  L'état équatorien fonde le SPNG: Servicio Parque National Galápagos. 
1974  Détermination stricte des zones ouvertes au tourisme. 
1980  Une centaine de permanents travaillent au SPNG. Création de l'INGALA: organisme équatorien responsable du tourisme dans l'archipel. 
1983  "El Niño", phénomène climatique, provoque une catastrophe écologique. 
1986  Création d'une réserve marine de 70000 km2. 
1987  Réglementation de la plongée sous-marine visant à renforcer la sécurité des plongeurs en imposant un encadrement professionnel. 
1990  45000 touristes ont visité le parc national cette année là. 
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Un ajout personnel. En 1997, je me suis enfin rendu dans l'archipel, avec un voyage de groupe. J'avais déjà envisagé une visite les années précédentes en individuel. Depuis Paris, cela s'est avéré un peu compliqué, la préférence étant donnée aux groupes. La faune et la flore des îles sont protégées. Les visiteurs, toujours accompagnés de guides très compétents, ne doivent pas être trop nombreux et ils sont invités à respecter l'environnement. Il est interdit de se déplacer en dehors des sentiers balisés et quiconque marche sur un brin d'herbe est aussitôt rappelé à l'ordre. Les espèces des Galápagos sont précieuses et méritent d'être préservées. Elles n'ont déjà que trop pâti du contact des humains - Voir ici. 
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Le site du Parc national des Galápagos est  ici
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Les espèces des Galápagos sont-elles aujourd'hui menacées? S'il faut en croire un article publié en l'an 2000 par "Science et Vie", la réponse est oui. Cet article fut rédigé peu de temps après qu'un pétrolier ne s'échoue, heureusement sans gravité, sur un banc de sable de San Cristobal.  
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D'après la revue, les invasions d'espèces nuisibles, la flambée du tourisme, l'explosion du braconnage, les assassinats d'animaux et l'exploitation intensive des ressources halieutiques risquent de faire disparaître l'image de sanctuaire du monde vivant qui s'attachait jusqu'à présent à l'archipel. Voici quelles sont les six plaies des Galápagos, selon l'énumération de la revue:  

1°)- La croissances démographique: au début du 20ème siècle, l'archipel ne comptait que quelques centaines d'habitants. Il y en avait 2000 en 1960 et près de 18000 au début du 21ème siècle.   

2°)- La pollution: pour faire marcher les bateaux de croisière et de pêche, pour satisfaire les besoins d'une population en augmentation, il faut apporter aux îles de l'essence et du pétrole, d'où le risque de pollution illustré par l'incident rapporté plus haut. 
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Un chien mangeant un iguane
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3°)- Les prédateurs: l'homme a amené avec lui le chien qui tue un reptile unique au monde, l'iguane terrestre, par jeu ou pour se nourrir.  

4°)- L'exploitation intensive des ressources halieutiques: l'espadon, le thon, le requin, le concombre de mer (holothurie, bêche de mer ou biche de mer)  sont pêchés sans retenue dans la réserve marine de 130000 km2 qui entoure les îles pour garnir les assiettes asiatiques malgré la législation qui interdit la pêche industrielle depuis 1986.  

5°)- L'introduction d'animaux domestiques redevenus sauvages: sur l'île d'Isabela, plus de 50000 chèvres redevenues sauvages disputent leur nourriture aux tortues géantes et aux iguanes. Sur l'ensemble des treize îles, on dénombrerait plus de 150000 chèvres: dix fois plus que de tortues, de telle sorte que la seule manière efficace de protéger ces dernières semble être le massacre des caprins!  

6°)- Le tourisme: le nombre des touristes est passé de 4000 au début des années 1970 à plus de 60000 à l'orée du 21ème siècle. Les animaux des Galápagos sont peu farouches et se laissent approcher facilement. Heureusement, les guides sont là pour éviter tout débordement des touristes, mais ces guides sont trop peu nombreux pour les tâches multiples qui leur incombent, notamment la chasse aux espèces nuisibles. L'afflux des visiteurs que déversent bateaux et avions présente un autre danger. Ces touristes amènent avec eux, volontairement ou non, des espèces du continent mieux aguerries que celles des îles. Ces dernières ont en effet vécu à l'écart du monde, jusqu'à la découverte des îles en 1535 par le navigateur espagnol Tomas de Berlanga. Elles ne sont donc pas préparées à affronter la lutte pour la vie à armes égales avec leurs nouveaux concurrents.   

Avant 1998, aucun système de quarantaine n'existait pour réduire les risques inhérents à ce genre de situation. Or, là où n'apparaissait autrefois qu'une espèce nouvelle moyenne tous les sept mille ans, amenée du continent par le vent ou sur des radeaux végétaux, dans les années 1940 une trentaine de plantes furent introduites sur les îles et, rien qu'en 1995, plus de 440. On y dénombre aujourd'hui plus de 800 espèces nouvelles (475 plantes, 300 invertébrés et 24 vertébrés) à rapprocher des quelques 5000 espèces animales et végétales d'origine.  
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Les chèvres des Galápagos (source: Science et Vie)
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Dans l'île de Santa Cruz, la chichona ou arbre à quinine, colonise ainsi les aires de la scalesia, un arbuste unique au monde. Un parasite du coton, venu d'Australie, faute d'autre chose, s'en est pris à plusieurs dizaines de plantes locales. Parmi les animaux, la chèvre et le chien déjà cités, l'âne, le porc, le chat, le rat et la souris, la fourmi et la guêpe disputent l'espace aux animaux endémiques. L'île de Santiago compterait plus de 100000 chèvres, celle d'Isabela plus de 50000. Les cochons défoncent le sol et se gavent d'oeufs de tortues. Les rats, les chiens et les chats s'en prennent aux reptiles et aux oiseaux. Les ânes piétinent les nids d'iguanes. Une fourmi à feu est en train de supplanter par endroits les insectes locaux. Trois des quatorze espèces de tortues ont disparu; on estime, qu'entre le 17ème et le 19ème siècle, pirates et chasseurs de baleines en ont tué plus de 100000.   

La création du Parc national des Galápagos a soulevé de nouveaux problèmes. La population des îles, insuffisamment associée au projet, s'oppose parfois aux scientifiques, perçus comme des intrus qui viennent leur imposer des contraintes. Les réactions se sont révélées parfois très brutales. C'est ainsi qu'à Isabela, en 1994, quatre-vingt-quatre tortues ont été égorgées pour l'exemple! Le budget de l'État consacré aux Galápagos privilégie le développement des infrastructures touristiques (88%) au détriment de la conservation de la nature (12%). Certains pensent pourtant qu'il serait préférable de restreindre de moitié le nombre des visiteurs quitte à ce que ceux-ci restent plus longtemps sur place. L'économie n'y perdrait rien et l'écologie y gagnerait beaucoup. Il faudrait aussi que des mesures efficaces soient prises pour faire respecter la loi en matière de pêche. En 1995, l'UNESCO s'est demandé s'il ne convenait pas de faire passer les Galápagos de la liste du patrimoine mondial de l'humanité, où elles ont été inscrites en 1979, à celle du patrimoine mondial en péril.  
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Une éruption volcanique aux Galápagos (source: La Montagne)