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Philou, le poète ivre
 
Tournez, tournez; 
Musique silencieuse d’une ritournelle, 
Tournez, tournez; 
Nue dans un manteau de renard blanc, 
Tournez, tournez; 
Dans cette danse sauvage, 
Tournez, tournez; 
Dans un manège d’eau ; 
Tournez, tournez ; 
Le froid humide, le froid de glace, 
Tournez, tournez; 
Dans le tintement des molécules; 
Tournez dans le vent; 
Tournez dans le blizzard ; 
Tournez dans un nuage de glace. 
Tournez, tournez 
Le froid liquéfie, 
Le froid donnant vie, 
Tournez, tournez; 
Dans un manège d’eau glacée; 
Tournez, tournez; 
Frères blancs, soeurs blanches; 
Tournez, tournez et... 
Tombez, tombez; 
Sur la terre blanchie de votre danse, de vos corps. 
___________________________________________________________ 
Renaissance de neige  

La neige tourne puis retourne et tombe et l’homme au grand manteau noir pris au milieu les bras en croix tourne, tourne avec les flocons. 

Ses yeux ont le reflet du ciel gris, ses lèvres blanches reflètent l’hiver au fond de son âme. 

Les cierges allumés à la fenêtre attendent son retour, le vent balaye la fumée blanche sur le toit de tôle peinte en rouge. 

La vierge blanche au sourire bleu figé par le froid est posée là, dans sa niche au dessus de la porte, pour une éternité d’homme. 

La neige tombe autour de l’homme au grand manteau noir, ses bras en croix il tourne, tourne sous les flocons. 

Puis le silence de lune entre chien et loup, silence pesant blanc et absurde, silence gelé, seul le vent fait danser les sapins de son sourire blanc. 

(suite ci-contre)

 
(suite) 
Lui gît là, la neige commence à le recouvrir de sa soie blanche, quand une femme brune aux yeux de paix, habillée de rouge l’approche, ses lèvres se pincent, ses mots se bousculent…. 

Elle lui dit : 

Viens je suis là, viens avec moi, viens donne moi la main; là-bas il y a un feu pour nous, un feu qui brûle depuis une éternité d’univers, un feu que seul toi et moi pouvons entretenir. 

Alors l’homme au grand manteau noir se remet debout, devant la lune à son aura, il prend la main de la femme en rouge et tout deux disparaissent pour une autre éternité que celle de l’homme. 

La neige continue depuis-là à tourner, tourner au vent, le vent quand à lui chante la chanson de l’homme en noir et de la femme en rouge tournant maintenant sous les étoiles tournant, tournant et devenant ainsi flocon, flocon blanc recouvrant la terre, la terre qui depuis ce jour tourne, tourne au rythme des neiges dans l’univers éternel…. 

Février 2005 
 

 
 
 


Paquita Rocchia
 
Petite fleur jolie 

Beauté de la prairie, 
La main qui t'a cueillie, 
Pour son propre plaisir, 
Sans jamais réfléchir, 
Que tu vivais ta vie, 
Au coeur de la prairie, 
Unie à tes fleurs amies, 
Pâquerettes et pissenlits. 
Cette main irréfléchie, 
Te serrant avec énergie, 
Par son hyperthermie, 
Finira par t'évanouir,  
Ma mie, oui ma jolie ! 
Tu transpires et tu cries ! 
Tu es en train de périr, 
Sa sueur t'a démunie, 
C'est horrible, tu t'asphyxie ! 
Personne ne te voit souffrir, 
Déshydratée, dans ton agonies 
Hélas ! tu as tout accompli, 
Se comblant de plaisir, 
C'est à toi qu'elle sacrifie, 
Pour t'offrir à ses amies, 
Et garder le beau souvenir, 
De sa balade en prairie. 
Ne t'en fais pas ma jolie !  
Je te laisserais vieillir, 
Jusqu'à que tu sois flétrie, 
Dans ta verte prairie. 
Par des photographies, 
Ou sur ma tapisserie, 
Allongée sur mon lit, 
Avant de m'endormir, 
J'aurais le grand plaisir, 
D'admirer ton harmonie, 
Tes nuances à ma vie, 
Donnent gaieté infinie. 
Mon âme sera ravie, 
De te savoir en prairie, 
Jusqu'à la fin de ta vie, 
" Petite fleur jolie " 
Beauté de mon plaisir, 
Je t'aime à la folie.

Ravissements 

Étoile, toi qui sais éclairer mes nuits sombres, 
Ô ! Lune toi qui sais éclaircir mes pénombres 
Ô ! ciel d'ombre bleutée au soir quand la nuit tombe, 
Ton soleil orangé par sa splendeur m'inonde. 
Ô ! toi, bel arbre altier, tes frais et verts ramages, 
Servent de doux refuge aux oiseaux de passage, 
Et lorsque le vent souffle en sa funeste rage, 
Je sais qu'alors pour eux tu peines, tu souffres. 
Ô ! toi la fleur champêtre aux beaux jours du printemps, 
Ô ! jolie pâquerette tu es cette fine princesse 
Qui éblouit mes yeux, ma vue et mon regard, 
Je suis toujours en extase devant ta joliesse 
Ô ! toi beau rossignol qui as la voix des anges, 
Lorsque à l'aurore tu m'éveilles par ta mélodie 
Je me crois au Paradis entourée d'archanges 
Dont tu serais le "Saint-Bonheur" toute ma vie. 
Ô ! mer majestueuse tes vagues déferlantes 
Me font peur à jamais, et à jamais m'enchantent 
Et malgré ta beauté je m'écarte, méfiante 
Sirène effarouchée d'une peur que je chante. 
Ô ! toi poésie qui sait si bien embellir ma vie, 
Comme une douce fleur odorante et jolie, 
Qui embaume mes jours et parfume mes nuits, 
Mon âme est jalouse quand loin de moi tu fuis. 
Reste tout près de moi, ma Muse, je t'en prie ! 
Une nuit sans toi, et voici les cauchemars 
Car tes si doux messages sont mes ravissements.



Saca
 


Sophie Roïck
 
Delphes: le nombril du monde 
 
 
 
 
 
 


Figurations intérieures
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Roger Mercier
 
 
Ces photos représentent le grand-père de Roger Mercier, Baptiste Chossidière, maréchal-ferrant à Benaud, commune de Laps, dans les environs de Busséol. Elles m'ont été aimablement envoyées après une visite de ma page Châteaux en Auvergne. Elles constituent un émouvant témoignage de la vie rurale au milieu du vingtième siècle. Elles datent des années qui ont immédiatement suivi la seconde guerre mondiale.
 


Patrick Guallino
 
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Üzeyir Lokman Çayci
EHALÝL ÝBRAHÝM GÖCEK 

Sa mère : 
"Tu es ma fleur " lui disait-elle. 
C'est de Yozgat 
Qu'il est venu en France… 
Il a porté de l'amour et de l'espoir 
Dans son coeur 
Avec la nostalgie… 

Il a été mineur de fond pendant des années 
Il a respiré les poussières de charbon 
Il a emmené la fatigue à sa maison… 
Ses enfants 
L'ont attendu 
Devant les fenêtres. 

A Forbach 
Un jour 
La mauvaise nouvelle est arrivée à sa maison 
Halil Ibrahim GÖCEK 
Était mort en morceaux 
Dans la galerie minière… 
Les larmes 
Se sont jointes aux cris… 
L'amour qu'on avait pour lui 
Est devenu profond dans les coeurs. 

Ses souvenirs 
Ont été envoyé par-ci par-là 
Sous forme de charbon, 
Ils se sont brûlés 
Ils sont devenus cendres 
Comme lui… 

Sa mère : 
"Tu es ma fleur" lui disait-elle. 
C'est de France 
Qu'il est parti pour Yozgat. 

C'EST L’EPOQUE DES CONCOMBRES 

Je l'ai toujours dit : 
"Une porte que quatre personne n’ont pu ouvrir… 
Un chien l'ouvre 
Avec le bout de son nez 
Et s'en va…" 
Personne 
Ne s'en étonne… 
C'est l’époque des concombres… 

La machine 
Lave le linge, 
L'homme ne trouve pas le temps 
De se laver… 
Dans certaines têtes chauves 
Se trouve tout 
Hormis les poils 
Mais 
Il n'y a pas d’humanité… 

Dans les châteaux 
Les vers à bois, 
Et non les sultans, 
Vivent comme des rois 
Personne 
Ne s'en étonne… 
C'est l’époque des concombres… 

Üzeyir Lokman Çayci est un poète turc contemporain qui vit actuellement en France. Il a été publié dans de nombreuses revues, tant dans son pays qu'à l'étranger. Les deux poèmes proposés ici ont été traduits par Yakup Yurt. On peut trouver davantage d'informations sur Üzeyir Lokman Çayci en allant sur les sites ci-après (en Anglais, en Turc et en Français): 

-Site en Anglais et Turc 
 
 



Cécile Benedic

Amour déchu

Au plus profond de mon coeur brûlait une flamme
Mais la pluie de mes larmes l'a éteinte à tout jamais
Car en brisant mon cœur, mon âme tu as déchiré
Et en mon être tu as enfoncé la lame,

La lame de ta cruauté, qui en mon âme
Abîmée restera plantée à tout jamais.
Cette lame engendre la cascade de mes
Pleurs qui noient l'amour que j'ai pour toi et  condamnent

Tes actes qui ont cause la mort de mon cœur
Et la perte de l'amour que je te portais,
Ainsi que l'écroulement de tout mon bonheur.
 

En me trompant tu as détruit toute ma vie,
et dorénavant je te hais a tout jamais!
Va-t-en, que tu puisses tomber dans mon Oubli.



Dominique Gelay
 
La vie, l'amour, la mort  

C'est le babil de l'aurore sur les larmes de la nuit,  
La rosée s'arc-en-cielle,  
L'espoir nouveau s'élabore sur un Paradis enfui;  
C'est un vol d'hirondelles (1) 
Joueuses,  
Ivres de parfums, de terres, de plantes (2),  
Charmeuses,  
Elfes du festin de l'aube naissante ;  
La musique est un appel, un guide, un onguent  
Et roule la mer.  

C'est l'hymne de la cigale pour son amant aux doigts d'or (3),  
Ciel et terre s'embrassent,  
Le vent déploie ses rafales pour voiler leurs corps à corps ;  
Des colombes (4) qui jasent  
Vigiles  
D'un sanctuaire paré de fleurs mauves (5),  
Tranquilles,  
Une source éclatante pour alcôve ;  
C'est la vague où l'été se voluptuose ;  
La musique est un feu, une île (6), une rose (7) 
Et roule la mer.  

C'est le murmure du cyprès en un doux mirologue,  
Le jour s'enchrysalide,  
Tout abjure en de noirs apprêts pour un morne épilogue ;  
Le rossignol candide,  
Obstiné,  
En ses trilles module sa souffrance,  
Forcené,  
Il ranime la torche (8) d'espérance ;  
C'est une vague où l'hiver vif s'apaisante (9) ;  
La musique est un seuil, de la myrrhe (10), l'acanthe (11) 
Et roule la mer.  

Juillet 1990 - Mai 1993.

1 : l'hirondelle est la messagère du printemps. 

2 : les plantes, attributs de Perséphone, premiers degrés de la vie, 
symbolisent la naissance perpétuelle, le flux incessant de l'énergie vitale. 

3 : le soleil, attribut d'Apollon, est considéré comme fécondateur mais il peut aussi brûler et tuer. 

4 : la colombe, attribut d'Aphrodite, déesse de l'amour. 

5 : le violet est la couleur de la tempérance, de la lucidité et de l'action réfléchie. 

6 : l'île est symboliquement un lieu d'élection, de science et de paix. 

7: la rose symbolise la coupe de vie, l'âme, le cœur, l'amour. 

8 : la torche est symbole de purification par le feu et d'illumination. Elle est la lumière qui éclaire la traversée des Enfers et les chemins de l'initiation. La mère de Perséphone rechercha sa fille en ayant en mains des torches ardentes. Perséphone symbolise le candidat à l'initiation qui passe par la mort pour renaître, par les Enfers pour accéder au Ciel. 

9 : apaisanter : apaiser, calmer (mot d'ancien français). 

10 : la myrrhe a une dimension prophétique ; les mages ont apporté de la myrrhe à l'enfant Jésus. 

11: l'acanthe est utilisée dans l'architecture funéraire pour indiquer que les épreuves de la vie et de la mort symbolisées par les piquants de la plante sont victorieusement surmontées.



Gisèle Grana



Léa Didier (Léa Didier a écrit ces poèmes a 15 ans)
 
Délicate naissance 

D'une érosion tarie 
Naquit une femme oiseau 
Son profil exquis cherchait à s'envoler 
De ce repaire brûlant 
Elle agitait ses ailes d'une merveilleuse beauté  
Sans parvenir pourtant à s'élever  
Au-dessus du cratère  
Elle aurait désiré  
Se trouver sur la lune, voir plus haut 
Ses pensés s'égaraient au niveau du soleil 
Elle en oublia son corps embrasé  
Qui s'éleva alors délicatement, lentement 
Elle comprit que le feu sur ses ailes 
Avait fait merveille et soudain  
Dans le ciel, une ombre assez  grande pour cacher  
Tous les astres du monde  
Animée de petits battements d'ailes 
Et qui se retrouva bientôt au niveau de la belle, 
Cette dernière put s'apercevoir  
Que c'est là que des milliers de bêtes à plumes 
S'étaient regroupées pour traverser le monde, 
Tous les oiseaux du ciel vinrent lui offrir une aile 
Afin de parfaire son costume  
Elle était au terme de la traversée  
Et avait atterri sur la Lune. 
 

En toute simplicité 

Un enfant dans toute sa nudité  
Se trouvait planté au seuil  
D'une papeterie 
Il regardait sans doute les feuilles quadrillées  
Du moins était ce que pensaient les flâneurs derrière lui 
Mais, lui, n'avait pas l'air plus gêné  
en sentant ces regards que s'il avait été habillé  
d'un vêtement convenable 
Il devait songer qu'après tout, 
On était en été, que donc il faisait chaud  
Et qu'il ne voyait pas pourquoi il s'embêterait à 
porter des habits 
Les passants changeaient au fur et à mesure  
Et les heures s'écoulaient 
Mais moi je restais là à le regarder sourire 
Et puis, je m'avançais et lui demandais ce qu'il faisait 
Et il me répondit qu'il s'amusait bien.



Guillaume Vivier
Laé 

Elle libérait mon enfance 
Convulsée sur mon histoire 
Ses cordes frottaient mon âme 
Loin de la messe des rats 
Galopant 
Dans la beauté du drame 
Dansant éjectés de la camisole 
Sur le fumier du monde 
Traversant gouffres et fortunes 

Fleur éclatée sous mes aspirations 
Ses yeux fermés attrapent la vie 
Oublient le rôle  
 

Jadis demain 

La foule aveugle se mouche 
Dans nos rêves abusés 
Nos anciennes peurs, nos forêts d’enfance 
Dans la fente profonde de l’espoir 
La trace secrète du futur 
« ..... » 
La résistance cherche la clarté 
Pour attendre 
Le mot qui délivre 

Des proches et des absents, déserts et absolus 

Se débarrasser de ses dernières chaînes 
Pour lever les voiles 

Écrire le manifeste de la soif de vie 
Faire souffler la tempête  

Aller à la quête des sources cachées  
Bleues, 
Noires, 
Perdues dans les pierres 
 

Méditation 

Elle est de l’harmonie des beautés 
Dont la force remonte au temps des rêves 
Sa langue flotte à tout corps 
Butinage authentique 
Pétrie des sens de l’univers 
Elle vient d’un passé qui gomme les rides 
Comme le plus clair de moi-même ! 
On a sourit à notre expérience 
Primitifs, histrions, témoins 
Comme d’autres avant ! 
D’autres après 
Dans les secrets du mouvement du temps 
L’encre apporte une autre histoire 
Dans un coin d’ombre marine 
Assez forte pour me supporter 
L’encre coule quand je distingue à nouveau son visage 
Dialoguant avec le vice 
Sous son manteau de poil 
 

Un air de large 

L’oeil bleu, d’abondants cheveux noirs  perdus dans son émotion 
Un sourire de regard, vague de mer et de malice 
Assise sur une pierre 
Elle n’est plus un être 
Mais l’harmonie de lune 
Le bercement galbé 
La chaude échancrure 
La fatalité veille sur la pierre 
Tout est en ordre 
J’écoute dans l’oreille de l’espace 
L’embryon de l’éternité 
 

Guillaume Vivier est l'auteur de trois ouvrages traduits 
à l’étranger et d'une bonne centaine de collaborations  
dans des revues comme Alexandre, Cahier du sens,  
l’Arche d’Ouveze etc... Il est  le président de l’association  
Henry Miller.  
 


Judith
La Haine, ce sentiment 
Si dur, si angoissant 
Faut-il, jours après jours 
Le laisser remplacer l’amour ? 

Discrimination, exclusion 
Ces mots si pleins de sens 
Enlevez les de votre existence 
Leur place, jamais ils ne l’auront 

Vivre, vivre, vivre 
Voilà la liberté ! 
Et pourquoi ne pas devenir ivre 
De joie et de gaieté ! 

La vie c’est l’insouciance, 
L’insouciance c’est la vie  
Profitez de cette chance, 
Cette chance d’être en vie !

L'auteur du poème ci-contre avait treize  
ans lors de son envoi. Vous pouvez  
l'encourager en lui envoyant un message  
à l'adresse suivante qu'elle m'a demandé  
de vous communiquer:  

ditju@wanadoo.fr



Mohamed El-ouahed
APHRODITE 

Mes songes sont sur tes lèvres vermeilles 
Je délecte le doux parfum de ta peau 
Mes mains caressent ton corps qui s'éveille 
Traînant sur les dédales de ton dos. 

Tes longs cheveux, crinière de l'alezan 
Tombent sur ta nuque, divin refuge 
Où ma bouche lambine, en embrasant 
La passion d'un volcan, crachant le déluge. 

L'éclat de tes dents, nargue le soleil 
Donnant à ton sourire l'envie d'aimer 
Tandis que tes yeux, d'un vert sans pareil 
Calme mes ardeurs et me laissent rêver. 

Mes doigts gambadent sur tes hanches 
Dont le galbe enflamme mes désirs 
Source limpide de ma soif qui s'étanche 
Dans le creux de ton ventre qui soupire. 

De mes nuits que tu hantes si souvent 
La lumière de ton ombre me taquine 
Frôle mon visage de son air insolent 
Murmurant des paroles en sourdines

BACCHANALE 

Coule le bon vin à l'ombre de la treille 
Mon hanap rempli du breuvage des dieux 
Couleur de tes labres, luisant au soleil 
Je bois ma ribote, sur ton corps délicieux 

Perle sur ta bouche, ce nectar ténu 
Dont l'arôme divin, inspire les poètes 
Disciples de Bacchus, louant ses vertus 
Qui nous guident, vers l'ivresse céleste 

Le soir tombe sur ta gorge épanouie 
Que le nimbe de la lune réverbère 
Offrant plus d'éclat à ta grâce infinie 
Où se cache mon spleen éphémère 

Blotti contre toi, je frissonne de bonheur 
Mes yeux s'abîment sur ton être éthéré 
Que mes mains frôlent d'une absolue douceur 
S'embrasent dans la nuit, nos passions révérées 

Buvons ce vin suave jusqu'à la folie 
Que son effluve perpétue la ferveur 
Bercé à jamais d'une douce mélodie 
Où ton amour gît, dans l'écrin de mon coeur 
 



André  Labrosse  (Epervier)
 
LA  PENDERIE 

Une chambre soyeuse aux draperies fleurdelisées, 
Des murs accueillants, des tapisseries invoquant l’amour; 
De la chaleur, de l’intimité dans un espace esseulé : 
Ma Fleur des champs s’est envolée au lointain de l’azur. 

Regard  pénible d’un meuble chaleureux en particulier. 
Mes yeux humides ne peuvent retenir l’émotion grandissante. 
J’ouvre les portes du passé d’une main blessée. 
Le coeur se déchire, l’image se fixe…robes scintillantes!!! 

Je les caresse doucement, j’hume encore son parfum indélébile. 
L’euphorie est à son comble!   Je tremble!!!  De beaux souvenirs 
Se glissent dans ma mémoire ineffaçable des plus crédibles. 
Je réfléchis aux images d’antan, ses lèvres douces pour m’éblouir… 

Sur un cintre, robe flamboyante d’un bleu immaculé. 
Une plage où la lune témoigne de nos ébats incalculables. 
Des baisers encore des baisers dans une brise calculée. 
Nos corps étendus, éperdus se chatouillant sur le sable. 

Et maintenant mes yeux admirent cette robe rouge d’admiration. 
Une soirée entre amis où son corps se moulait divinement. 
On l’enviait! Les mâles se regroupaient avec décision. 
J’étais là, fier de ma compagne, de son immense perfection. 

Par après , une robe blanche d’une pureté évangélique. 
Le prêtre , dans sa dignité, confirme notre union indéfectible. 
Le voyage…  Venise avec ses gondoles dans un décor mirifique. 
L’apothéose de nos désirs, les serments d’amour à peine audibles. 

Et voilà que mes doigts touchent cette robe rose à peine effeuillée. 
Des champs, de la lumière, de la vie, un bonheur délectable. 
Nous dansons l’extase, l'ivresse de nos esprits comblés. 
Un moment savouré dans un silence friable. 

D’autres robes frôlent mon bras dans une affection grandissante. 
Une robe verte tombe par terre. Je la regarde avec compassion. 
Une soirée, de la musique, de la danse; tout m’enchante… 
C’était l’amour!!!  Un lit accueillant nos belles actions. 

La terrible robe noire enveloppe nos bras chancelants. 
La mort incroyable!!!  Le feu brûlant sa chair doucereuse… 
Comme partage, une mémoire vive  de nos gestes aimants. 
Je ferme la porte de ce trésor.  Fin de mes joies heureuses…

MON PAUVRE AMI 

Un jour, je t’ai transporté sur mon terrain : 
Chétif, démesuré, tes bras difformes et maladifs. 
Je t’ai encouragé, je t’ai parlé  en doux refrain. 
Je caressais tes aiguilles, je te savais tardif. 

L’été, le soleil pointait ta faible structure. 
Tu étais seul au milieu de cette étendue. 
Mes pas se dirigeaient vers ton armure 
Où je ressentais un mal de te voir si déçu. 

Le vent balayait ta carcasse handicapée. 
Je te savais malheureux, rempli de laideur. 
Je te confiais mes blessures, mes larmes non desséchées. 
Parfois tu frissonnais pour me dire de ne plus avoir peur. 

Avec les années d’encouragement et d’une voix sincère, 
Tu es devenu ma fierté car ton ramage est splendeur. 
Ton habit verdâtre embellit mon coeur et ma chair. 
Tu es confident silencieux, entouré de chaleur. 

Cet été, mon esprit bafoué, je t’ai délaissé avec regret. 
Mes douleurs intenses ont parsemé un terrible oubli. 
Dans ta fierté, tu as effacé tes immenses plaies. 
Tu es devenu mon ami; ne lâche pas, je t’en prie! 

Les gens ricanent quand je te parle avec sincérité. 
Croyance infuse mais je sais que tu me comprends. 
Tu es ma consolation et j’ai hâte à cet été! 
Tu seras une merveille de la nature et du vent. 

Et dire que je voulais t’arracher à ta terre nourricière 
Car tu semblais si désespéré, un mal de vivre que je connais. 
Soudainement, je fus ébloui et exaucé par mes prières 
Tu es beau dans ta sagesse, ton esprit me plaît!!! 

De ta petitesse resplendit ta grandeur déployée. 
Je t’admire et je te respecte avec émotion. 
Je veux être comme toi :  survivre dans la fierté. 
Je te salue et je te remercie de ces douces leçons… 
 

André Labrosse est un poète québécois. 

 



Stéphane Patou
 
DERRIÈRE LES MOTS 

Qui y’a t’il derrière les mots, 
Mis bout à bout. 
Qui y’a t’il derrière tes mots, 
Tout le monde s’en fout. 
(Et soudain d’étranges pensées envahissent mon cerveau) bis 

Qui y’a t’il derrière les cris, 
D’enfants affolés. 
Qui y’a t’il derrière les cris, 
D’enfants sacrifiés. 
(Et soudain d’étranges pensées envahissent mon cerveau) bis 

Qui y’a t’il derrière un peuple, 
Qui ne sait que ramper. 
Qui y’a t’il derrière un peuple, 
Tout entier massacré. 
(Et soudain d’étranges pensées envahissent mon cerveau) bis 
 

Qui y’a t’il derrière ces portes, 
A jamais refermées. 
Qui y’a t’il derrière ces portes, 
Peut-être la vérité. 
(Et soudain d’étranges pensées envahissent mon cerveau) bis 
 

Et au bout de ce tunnel, 
Que vais-je donc trouver. 
Et au bout de ce tunnel, 
Un ange s’est envolé. 
(Et soudain de nouvelles pensées, ou le moche devient beau) 
(Et soudain de bien belles pensées envahissent mon cerveau) bis 
 
 

Cette chanson a été écrite le 7/3/2002



Marine
 
Reflets 

Dans l'eau des rivières se reflètent tous les blés, 
Gorgée de soleil l'eau fait l'amour à la terre. 
Les pailles d' azur frissonnantes se sont enfermées 
Dans la tendresse d'un ciel que jalousent les mers. 
 

Hier les blés ondoyaient sous les baisers du vent 
Demain ils seront gourmandises dans les bouches. 
Ces croquantes beautés mourront en chantant 
Et l'hiver aux portes des neiges déjà les touche. 
 

Rosé, le petit chemin conduit vers un Éden 
Un paradis retrouvé pour des amants jaloux. 
Et sous l'onde des sentiments cachés dans le gluten 
Les courts artichauts se mangeront sous l'août.  
 

Dans les champs privés de ses belles richesses 
Les hiers oubliés et les demains seront rêvés. 
Douceurs, caresses ils seront tendres princesses 
Pour le Roi de l ' hiver qui s'éveille en plein été. 
 

Puis s'endormant en corps à cours des quatre saisons  
Pâle, il rejoindra les royales beautés de la lune. 
Les frênes engourdis se profileront avec passion, 
Et l'hirondelle, se jouant de l'air, se lissera les plumes. 

11/10/2002



Gérard Marché
 
Les photos de Gérard Marché sont  ici


Frédéric Jaudon
 
Laissez-nous exister pour la cité ! 

Hélépole à susurrer  

Cette machine de paix se lance à l'assaut des murailles des gens d'en haut pour leur rappeler leurs devoirs citoyens. La tour mobile a 6 mètres de haut de cartons d'emballages "bleu, blanc, rouge". Ils représentent la diversitée citoyenne et sont traversés par un tube acoustique. Trois extrémités de ce réseau permettent de communiquer, entre l'avant et l'arrière ou entre le bas et le sommet de l'instalation. 

Hélépole: du grecque "helepolis", de helein "prendre", et polis "ville". Machine de guerre en forme de tour mobile, pour  s'élever jusqu'a la hauteur des remparts. 

www.cyclebi.com/humus 

Frédéric Jaudon - Paris 
humus@cyclebi.com 
 



Arnaud  Florent
 


Laurence Galand
 
 
 


Christophe Lacampagne
 
JULIETTE 

Tard dans la nuit 
elle tourne des pages 
des pages électroniques 
elle dessine un oeuf 
se déguise en lapine 
poursuit le rêve fou 
d'aimer toujours sa voisine 
à cheval 
en France 
ou en Californie. 
________________________________________ 
CLAUDIA, AU PORTUGAL 
  
Tu as dix ans, petite libellule; 
habilement métisse, 
tu souris déjà comme les grands! 
Tu parles un peu l'anglais, 
tu fermes souvent le gaz, 
et tu fais sauter les plombs, 
près de Lisboa, 
la ville du 25 avril, 
la ville aux 7 collines, 
le mystère. 
Mais, parfois, tu comptes encore les moutons 
et tu te demandes s'il y en aura d'autres. 
  
Fleur rose, tu prépares le retour de Vasco de Gama; 
et tu explores les tubes, les bulles, 
les machines couvertes d'oliviers, 
les vieilles couvertures, 
la vaisselle d'Angola, 
les cailloux verts, 
les pigeons idiots pour la vie... 
  
Quand déboule l'hiver, par abandon, 
du haut de ton armoire, entre l'Océan et le Tage, 
avec tes deux beaux yeux noirs 
et les jumelles de papa, 
tu regardes le béton qui coule sur ton histoire: 
trop de chocolat froid, 
sur ta longue chevelure noire. 
Un tombeau de pierre, 
le bout du monde, les cadeaux de Pâques; 
puis comme tous les soirs, 
tu sors acheter le pain 
avant le retour des parents, 
et tu laisses quelques larmes dans l'ascenseur, 
pour qu'ils ne t'oublient pas.

DES MILLIONS DE BRIQUETS QUI S'ALLUMENT 

On savait qu'un jour 
on entendrait tes grelots 
tes clochettes 
que tu nous laisserais tes paroles 
tes musiques 
dans nos têtes 
dans nos cheveux 
avec des frissons sur la peau 
et quelques dessins 
à l'encre de Chine. 

On a du mal à croire que ce jour 
il vient d'arriver 
toi qui as su comprendre le miroir 
de toutes les générations 
c'est pour ça que ce samedi soir 
en France ou en Jamaique 
on pense à Bonnie 
à la Harley dans le garage 
à cette dépression qui passe 
au-dessus de nos jardins 
difficile de retenir nos larmes 
beaucoup d'émotion sur nos claviers 
en voyant tous ces lutins 
qui branchent ton Live 
qui frappent dans les mains 
qui allument une dernière fois 
des millions de briquets 
et qui chantent très fort " La Javanaise" 
Love On The Beat 
pour dire au revoir 
au Grand Serge. 
 



Laudith
La brume 

La brume est arrivée 
Doucement sur la ville 
Couvrant d'un long baiser 
La rivière tranquille 
Dans son voile blanchâtre 
Elle erre le long des rues 
Les amants l'idolâtrent 
Disparaissent dans les nues 
Dans son manteau ouaté 
On devine les ombres 
Des spectres éparpillés 
Qui recherchent leurs tombes 
Lorsqu'elle disparaît 
Elle laisse en chemin 
Ses perles de rosées 
Qui décorent le matin 
 

L'aube se dérobe   

L'aube se dérobe et laisse entrevoir les prémices du jour 
Emporte avec elle les brumes de la nuit en soupirs d'amour 
Ton regard se cache derrière tes grands cils doux comme la soie 
Perdu dans tes rêves tu souris aux anges entends-tu ma voix 
Mes yeux qui caressent ton corps dénudé brusquement s'inondent  
Laissent s'échapper toutes les émotions qui soudain abondent 
Je n'ose bouger ni même respirer le coeur en mal être 
De ses doux moments tellement intenses prêt à disparaître 

L'aube se dérobe comme je vais le faire de notre liaison 
Gravant dans mon coeur en lettres de sang notre folle passion 
Tu sais bien mon ange cette chienne de vie ne fait pas de cadeau 
Le mien c'était toi mais notre aventure nous met dos à dos  
Aussi je m'en vais sur la pointe des pieds tel un ange gracile 
Dont le corps s'enfuit mais laisse près de toi son âme fragile

Moment d'amour 

La musique n'égale pas, dans ce moment béni 
Le doux bruit de ton souffle qui caresse ma peau 
Devant ton abandon, causé par la fatigue 
Je me sens envahie de milliers d'émotions 
 
Je n'ose pas bouger, de peur de t'éveiller 
Mon bras est engourdi par le poids de ton corps 
Pour rien au monde, je ne voudrais troubler 
Le sommeil qui soudain, vint t'enlever à moi 
 
Soudain un gros soupir s'échappe de tes lèvres 
Doucement tes paupières apprivoisent le jour 
Un sourire coquin se dessine sur tes lèvres 
Tu me prends dans tes bras, pour un moment d'amour 
 
 

Tu es poussière d'étoile 

Tu es poussière d'étoile dans ce monde infini 
Face à la grande toile que l'on appelle la vie 
Ici dans ce désert toi la douce oasis 
Avec tes beaux yeux verts tes lèvres couleur cassis 
Tu attends patiemment sans te voiler la face 
Qu'arrive le moment de regarder la glace 
Traverser le miroir pour enfin pénétrer 
Dans un lieu où le noir est banni à jamais 
Et tu souris aux anges aussi douce que la soie 
Aimant le mot étrange qui te donne des émois 
Tu avances prudemment sur la pointe de pieds 
Toujours en évitant tous les fils barbelés 
Qui accrochent au passage juste pour te retarder 
Le délicat voilage dont tu t'es enveloppée 
Et le coeur débordant dans un infini amour 
Tu t'en vas droit devant là où pointe le jour



Alain Aghan
 


Colette Cohen-Abbate
 
Le site de Colette Cohen-Abbate est ici

Agamemnon 
 
Le départ  

C'est la fraîche odeur de la menthe 
       qui l'a éveillée 
Et doucement, toute tremblante 
       elle s'est levée 

L'aube naissante projetait ses rayons dorés 
Faisant resplendir ses cheveux 
Que le vent, avec souplesse,  soulevait 
Révélant ainsi la couleur de ses yeux 

Avançant délicatement ses pieds 
Elle foule l'herbe verte avec douceur 
Encore humide des pleurs de la rosée, 
Elle l'invite à écouter son coeur 

Cheminant au milieu de la clairière illuminée 
Par l'éclat d'une étoile naissante 
Elle n'a plus peur, elle sait qu'il va venir la chercher 
Et doucement, de sa voix d'or, elle chante... 
 



Fran Lebrun
 


Louis Runemberg
 
Né le 25 mars 1969, Louis RUNEMBERG entre aux Beaux-Arts de ROUEN à l'âge de 15 ans sous la direction de François LAGIS, il étudie pendant 3 années le dessin et les techniques graphiques. 

Il entre à l'âge de 18 ans à L 'ACADÉMIE DE PEINTURE DES BEAUX-ARTS DE ROUEN sous la direction de Christian Sauvé. Il étudie aussi le modelage dans l'atelier de Armelle Normand en 1998. 

En 1999, Il devient peintre de l'ARMADA DE ROUEN. 

En novembre 2003, il figure dans le dictionnaire des artistes modernes et contemporains CHEZ DROUOT COTATION édité par LAROUSSE. 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 



Lionel Morello
 
poème 

étonnement d’un regard 
posé sur tes lèvres 
 

et flamme ressuscitée 
à la dimension des étoiles 
 

aux cris bleus des rives 
l’exigence des miroirs 
éblouis de mystère  
 
 
 
 
 
 
 

Le site de Lionel Morello: POEMIER est   ici 
 
 

poème  

ton pas  
ambre de ton corps 
sève de ton esprit 

................. 

la pensée  
est une immensité 
plus étendue que le monde  
 

elle ira plus loin que l’œil 
surprendre l’obscurité des lumières 
chercher les astres qui t’illuminent 
en dedans 
en dehors  
loin des apparences 
 

derrière ton miroir 
l’esprit des sèves 
la source 
où vient boire 
toute la mer 



Bruno Noventa
 
   Hurlement  
Survolant l'océan 
. 
. 
 


Josyane de Jesus-Bergey

Afrique

Pour Tanella Boni

Les ombres sur ta peau
marquent nos frontières
et le noir résiste
d’une chanson
depuis longtemps jetée en pâture
inutile cries-tu
et tu avances à pas
de somnambule
ne sachant où poser
les pieds d’un sol
écartelé
aurais-tu mal de
ces formes qui se confondent
à la nuit ?
les pierres debout tombent
la terre fait silence
comme le font les oiseaux
je reconnais ton cri
mêlé au vent
je mets des noms
sur ta peau
pendant que tu refermes
une à une
les pages de ton livre.

extrait de: "Le façonnement des choses" - Inédit



Daniel Brochard
 
Né le 11 mai 1974 à Parthenay (Deux-Sèvres), Daniel Brochard fut un élève attentif qui se tourna vers la poésie dès l'adolescence. De sensibilité artistique, il n'a cessé de faire naître des images dans ses poèmes. Il a étudié la philosophie à Poitiers, puis a suivi une formation sur les "métiers du livre" à Bordeaux. Sa poésie retrace un certain état du monde; il essaie de retranscrire les états intérieurs afin de traquer où elle se cache une "certaine vérité", une authenticité. Il vit actuellement aux Sables d'Olonne, un lieu qui lui est cher depuis l'enfance. 

  
Titre paru : « L'Arbre et l'écorce » chez Encres Vives, 2002. 

En revues : Comme en Poésie, Rétroviseur, L'arbre à paroles, Les brèves littéraires du petit pavé, l'Echappée belle. 

A paraître : « Clefs des songes » chez Encres Vives, « Magie noire » chez Clàpas.



Christian
 
Christus 

C’est un vieux Christ de bois sur les falaises hautes, 
la mer coule à ses pieds des hymnes douloureux 
comme pour implorer du pâle dieu des dieux 
le sublime pardon d’impardonnables fautes. 
Dans le geste d’horreur qui fait saillir ses côtes, 
il semble, ses deux bras sanglants levés aux cieux, 
bénir dans un appel à lui silencieux 
l’azur serein, les champs fleuris, les blanches cotes. 
Et dans le soir qui vient, le soleil qui descend 
paraît faire couler plus rouge encore le sang 
sur ses yeux éperdus que la souffrance creuse. 
Mais lui, toujours plus las, se penche comme pour 
faire entrer dans son cœur plein d’un divin amour 
le sanglot éternel de la grande pleureuse.



Janine Loisel
 
Automnales 
 
Au temps où l'arbre s'effeuille 
Sur les branches, subsistent les oiseaux. 
Fini! Le temps où l'on cueille, 
Le vent dénude les ormeaux. 

Parée d'or blond, une tresse ondoyante, 
Une adolescente au teint sans fard, 
Retient sa jupe virevoltante, 
D'une main diaphane, ajuste son foulard. 

Le crépuscule s'endort dans la vallée, 
Jette son manteau gris sur la source isolée, 
Les feuilles jonchent les sols jaunis, 
Là, où passent les chasseurs démunis. 
 

Le vagabond 

Un voyageur le coeur plein d'espoir 
Hésite avant d'entrer aux portes de la ville 
Il cherche un toit, un asile 
En humant les odeurs du soir. 

D'ici, il voit la vie à travers un nuage, 
Il remonte dans l'ombre du passé. 
De sa triste vie, lui restent les images, 
De ses amours, au réveil un songe effacé. 

De ses pieds il secoue la poussière 
Comme pour chasser le noir à jamais. 
Le stress l'envahit, il cherche surtout la paix 
De quoi subsister, avoir une vie sociale en être fier. 

Suit, le jour dans le ciel, puis l'ombre sur la terre. 
Enfin les rayons de l'astre du mystère! 
Il fait jour, il y voit plus clair 
Mon Dieu que c'est long même quand on espère!

Cruels souvenirs 

J'ai cherché dans l'absence un remède à mes maux 
En fuyant lieux charmants qu'embellit l'infidèle.  
J'ai trouvé, certes, silence, mais jamais le repos. 
Peine en moi s'incruste, souvenir éternel! 
Par les sombres détours d'une région inconnue 
Errant par-ci par-là aux détours d'une rue 
Qui, dans l'azur des cieux est au loin confondue. 
Un volcan d'émotions évoque un lieu sauvage 
Où la pierre calcinée témoigne de ses ravages. 
Tout se tait, tout est mort 
Mourez, importuns souvenirs 
Mourez, impétueux désirs 
Qui retracez l'infidèle 
Ne cherchons pas qui a eu tort 
Peut-être lui, peut-être elle. 
 

Ce poème figure dans le tome 3 de l'Anthologie poétique 2008 de Flammes Vives 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 

Pour lire un autre poème de Janine Loisel illustré 
d'images et de musique, cliquez ici  ou  ici 
 
 
 
 



Nathalie Billecocq
 
L'emmuré 
  
Ils ont mis de la mousse 
Sur les murs 
Où je cogne ma tête  
  
Moi 
  
Je veux juste  
Dessiner des fenêtres 
Les dessiner 
Pour les ouvrir 
Et m'en aller
D'autres poèmes de Nathalie Billecocq sont  ici


Denis Heudré
 
choisir les mot 
comme preuve de lumière 

peindre leur envol 
et ne plus les quitter 
___________________________ 

pouls du temps 
de la même patrie que le coeur 

charpente du temps 
ou cordage du vent 

une aiguille de montre 
nettoie les débris de mémoire 
___________________________ 

lâcheté 
du temps qui passe 

combat inégal 
entre l'homme et les secondes 

séïsme 
de l'aube renouvelée

la mer  
devient la complainte  
du crépuscule  

un doux parfum  
se déshabille  
timidement  

la fortune de cet instant  
est l'occasion d'un poème 
__________________________ 

abandonnées  
les dentelles de l'hiver  

l'aurore  
se déshabille dans les broussailles  

le crachin  
brode de nouvelles heures  

le poète  
fouille dans la lumière 

Le blog de Denis Heudré est  ici



Paul Cosquer
 
Le cri  
. 
Il fait un ciel à battre des ailes. 
Soudain je veux créer, 
soudain je veux crier. 

Sur les bords de mon sang, je lève un cri. 
Mon cri est si fort que le ciel en est blessé d'exister. 
 . 
. 
Pas vaincus 
. 
Ils sont venus les poètes. 
Désespérés mais pas vaincus. 
Ils ont l'Emeute irréprochable. 
A la table des Eclairés, ils sont d'une impatience terrible. 
En ces temps sans appui, les mots sont leur piste d'envol. 

Le site de Paul Cosquer est  ici

Le ciel se rompt  
. 
Le silence est en forme d'oiseau. 
La  nuit se roule dans les courbures du langage. 
Chaque mot originel en sa graine est heureux. 
Le ciel est en amour. Il a des pensées nues, des pensées bien naïves. 
Et moi je me déplie. 
. 
. 
D'abord 
. 
D'abord vous volerez mes mains. 
Puis vous volerez mon sang. 

Quand je n'aurai plus que la citadelle de mes os, 
votre appétit n'en sera pas satisfait. 
Alors vous pillerez mes mots. 
. 
 



Jean-Marc Roth

Au Diapason
 
Théâtre de ma ville,
Très bas au-dessous de moi
Confluent les lignes océanes de l'eau.
Au diapason
Affluent dans mes veines anonymes
Les tambours de la houle partagée

Gorge de ma ville,
Ta caravane de vent me traverse
Buissonnière
Comme le chant des pistes contraires,
A la clef des mondes
En contrepoint du temps,
Je pince tes cordes,  j’embouche tes cuivres

Choeur de ma ville,
Résonance des sources murées
Je te donne ma voix, rue sans impatience
Echo de tes ciels plombés
Je m’élève au pic des tours
Point d’orgue où se grattent les nuées



Sarah Gastard

Le coeur

J'écrivais pour que tu me lises
maintenant j'écris pour être avec toi
au plus profond du coeur

trou dans la poitrine et puits de joie
chanson époumonée
et petits cris d'oiseaux

tu m'emmènes
vers un ailleurs
extraordinaire
et lumineux
un gouffre
spacieux une grotte
une crevasse
où nous nous réfugierons.



Kamel Yahiaoui
.
pinceau contre couteau 
 

le ciel hébété prend un gris pâle 
le couteau envahit le pinceau 
la main sursaute se débat contre l'occupant 

le pinceau se révolte s'adressant au couteau 
ôte ton fil de ma toile 
pourquoi as-tu tranché ma couleur 
et scié mes châssis 

je suis sous les ordres de tes frères 
s'exclame le coupe-fusain 
qui sème le vermillon sur du noir 
et égorge tous les reflets jeunes du clair obscur 

es-tu conscient du lien de parenté 
entre ces pigments désenchantés 
par la sécheresse du sol damné 
répondit l'éboueur indigène 

oui troubadour de l'orient désorienté 
ma lame est si aiguisée qu'elle pénètre 
les ventres de l'outre mer pour le bien de l'humanité 

et toi manche touffus ami des blancs de zinc 
pourquoi salis-tu les fleurs avec ton encre de chine 
à la lumière du jour 

pauvre poids ferreux c'est pour signaler le danger 
aux bouchers qui te portent à la gauche de ton chemin 
toi qui confonds la chair rose 
et l'os en plastique du chien 

poil de cochon n'es tu pas en train de m'insulter 
moi qui t'ai secouru de la gueule du soleil 
qui t'ai aveuglé d'illuminations étoilées 

porte malheurs dis à mes frangins 
de me rendre l'astre solaire 
et libère les étoiles 
notre terre mère meurt de chagrins

A Bnat Fadhma n’Soumer, 
 

j'entends le couvercle natal 
jouer une percussion moderne 
venant tout droit du coeur à rythmique 
qui bat aussi fort que le désert subissant le vent 

j'entends des voix aigües résonner 
dans les couloirs de la justice 
le palais ivre buvant les deuils du peuple au goulot 
jugeant des moins urgents 
les enfants privés d'amour parental 
ou les parents à cours de caresses filiales 

j'entends les portes des prisons qui s'ouvrent 
à la brume encastrée dans sa grisaille 
fière d'avoir ôter le souffle au ciel 
pendant que l'ombre marchande la lumière 
avec la cinquième saison 
qui ignore le chant du printemps 

j'entends les robes des mères se froisser 
les femmes victimes de leur féminité 
dorment dans les rues du rêve justicier 
même le pardon a pris parti contre elles 

j'entends les pages refusant de se tourner 
avant d'êtres écrites en bonne et due forme 
pour que les enfants de demain sachent 
où est enterrée leur enfance 

j'entends les visages noircis de tristesses 
exprimant des grimaces révoltées 
appeler au secours la grâce des cieux 
photographes des déchirures incommensurables 

j'entends les morts qui manifestent 
en otages suppliant la terre 
de peser sur les plateaux de la balance 
le poids de la vie et la mort 
 



George Proscanu

l’attente

prendre le pied et l’écraser en petits morceaux seulement pour avoir la main qui rie,
dans un arbre, sur une branche demeurait un fil de cheveu serré entre deux doigts,
des  épines avec leurs bouches ouvertes tout en attendant,
des nuages en verre s’écrasant lentement, un petit cercle touchait doucement le tout,
des lambeaux avides d’une peau humide qui se trouve sous l’arbre,
un débris perçant l’arbre dans toutes les directions,
une vague restait au sommet d’une tasse.



Nicole Barrière
 
Sagesse 

Est partout la facette secrète du diamant  
L'impossible vérité 
Intime du souffle  
L'encre figée sur le papier. 
La présence du silence 
A l'instant de mourir, 
Etrangers  
De se perdre dans le tourment d'une antique parole 
j’ai rêvé de l'émerveillement du soleil sur une pierre blanche 
et de l’eau de lune enveloppée de la nuit 
sur le carreau du temps bourdonne une libellule 
devenir 
le silence 
le repos 
le passage 
l'exil  
l'ombre commune 
le malheur commun 
l'errance  
la soif  
l'absolu  
le désert de l'âme 
la source de la joie 
L’amer  
L'infini  
Le grain de sable  
L’étoile  
Les mots, corps célestes  
Une interrogation éternelle delà de la mort 
Absence du visage  
Avec pour exil, le même mot 
Avec pour voyage  le regard de  la même eau 
Avec pour bagage l’amour du même feu. 

03/01/2006

La vague 

Le soleil 
Le soleil d’où naît le jour 
La vague, longue nostalgie de la lune 
Un temps de femme solitaire 
Eblouie 

La joie 
La vague abrite l’inquiétude de la lune 
Et l’essor de l’hirondelle du levant 
Les ondes vibrent entre les fils 
Sur les poteaux électriques, une rangée d’oiseaux 
Inspirent le vent 

Le vent,  la chaleur de l’été vibre 
Et la femme à son cadran d’argent  
Joue à l’ombre d’un nuage. 

26/05/2005 
 

Résonances 

Sentiment d’être toujours cela 
Un paysage accordé au ciel 
La phrase de la source que consent le nuage  
Au large un saule amorce l’horizon 
Prairies des savoirs que contemple l’effraie 
Le feuillage d’un cri 
L’air devient semblable 

08/08/2005 

Le blog de Nicole Barrière est  ici 
 



Hamid Tibouchi  (Travail réalisé pour la Biennale des lions de 2006 / Lyon-Turin: lions-nous!)
 


Consolata Radicati
 
D'autres oeuvres de Consolata Radicati sont exposées sur le site Arte Contemporanea 
 
 
 
 


Patricia Laranco
 
Moments fragiles, 
inconsistants 
sable glissant 
dans une main 
vous nous bercez, 
nous balancez; 
avec nous 
vous ne faites qu’un, 
vous nous faites ainsi : plumeux, 
sans cesse emportés par un vent 
qui rend vains les attachements 
et les soucis  
d’éternité 
puisqu’il balaie toujours ainsi 
la fine poudre du présent, 
sa poussière sans couleur 
au travers de laquelle 
on voit. 
 
 
 
 
 

16-01/18-01/2006.

Scruter, scruter intensément 
l’objet 
jusqu’à entrer en lui, 
jusqu’à se fondre avec lui, 
avec son silence caillé. 
Le capter, 
se l’apprivoiser, 
en somme, entrer en collision 
avec lui, par le regard 
comme si un ange passait… 

Scruter…jusqu’à l’abolition 
des frontières entre lui et vous, 
immobiliser le regard 
sur sa substance, à un tel point 
qu’un bloc d’épaisseur vous unit 
toutes distances annihilées 

ç’en devient impressionnant 
de densité, d’intensité, 
de fixité qui se mue en 
une gangue 
où s’englue le temps. 

23/01/2006.



ne Rollat Salvetat
.
DES PIEDS ET DES MAINS 

Que dire sur les mains, 
Ces instruments de notre vie ? 
Pour écrire une poésie,  
Il faut des pieds, 
Pour former des vers,  
Mais aussi des mains, 
Pour écrire ces vers. 
Pourtant les vers n’ont pas de pieds, 
Ils rampent... 
Mais les pieds forment des vers. 
Les vers n’ont pas de mains, 
Mais les mains écrivent des vers. 
Puis il faut aussi des mots, 
Et les mots, sur les mains, 
Ne sortent pas de mon cerveau. 
Mes mains ne me soufflent pas mot… 
Un mot, 
Deux mots, trois mots… 
Pour parler d’elles, 
Et qui me donneraient des ailes, 
Pour écrire un vers,  
Deux vers, trois vers… 
Des vers pour faire une poésie, 
Qui parlerait des mains. 

Alors je fais des pieds et des mains, 
Pour les trouver… ces mots, 
Qui formeront des vers,  
Qui auront de beaux pieds, 
Et que j’écrirais à la main… 
Peut-être demain !

LE JACQUEMART DE ST ALAIN 
 
 

Sous l’azur vauréen offert à tous les temps, 
L’automate en bois peint, là-haut dans sa tourelle, 
Rythme le jour, la nuit, voit passer l’hirondelle, 
L’hiver, la feuille morte et le tendre printemps. 
 

Accolé tendrement à cette cathédrale, 
Il domine les toits près du jardin fleuri. 
Des attraits de la ville il est mon favori… 
Les pigeons quelquefois viennent y faire escale. 
 

Le touriste et l’enfant s’interrogent souvent : 
« Sonnera-t-il au quart ou bien à la demie ? » 
D’un regard attentif et avec bonhomie, 
Ils attendent le coup du robot sous l’auvent. 
 

Dessous, la belle horloge aux aiguilles vernies, 
Indiquera sous peu la minute en question. 
Le jacquemart alors, remplira sa mission, 
Donnant à ces badauds des expressions ravies. 
 

Pantin du Moyen Age équivoque parfois, 
Régisseur attitré de la fuite de l’heure, 
Toi qu’aucun état d’âme ou sentiment n’effleure, 
Tu fais naître en nos cœurs des frissons d’autrefois. 
 

 
BRETAGNE  

Des rochers gris aux formes douces,  
Ornés de lichens roux et blonds  
Et tout échevelés de mousse,  
Changent de look chaque saison.  

Un phare au regard de lumière,  
Fait des clins d’œil à l’horizon,  
Pour annoncer le Finistère,   
Aux bateaux d’ailleurs, ou Bretons.  

Dans l’air parfumé, des fragrances   
De goémon, d’embruns salés,  
A travers la lande s’élancent,   
Par le Galerne, stimulés.  

C’est une très belle région,  
Aux paysages variés,  
Aux séculaires traditions  
Qui sait toujours faire rêver.  
 

ORADOUR SUR GLANE 

D’abord, c’est le silence... Un silence poignant.  
Et dès les premiers pas, quelque chose nous hante,  
On est interpellés par les âmes vivantes.  
Ce village figé hurle au monde son sang.  

En ce mois de juin, la vie suivait sa route,  
« L’Avenir musical », l’été et ses atours,  
Les foires et le foot agrémentaient les jours.  
Chacun rêvait encore malgré l’état de doute.  
.............................................................................  

...Un tramway, quelques fils électriques, un jouet...  
L’enfer s’est abattu sur les rues, sur l’école.  
Les noms des habitants, font partie du symbole,  
Qui nous porte hors du temps, impuissants et muets.  

Le vent court sur la rouille et le noir de ces ruines,  
Chantant une complainte en hommage aux martyrs.  
Qui sans savoir pourquoi ont dû vite partir ;  
Innocents condamnés qu’une erreur extermine.  

Hélène Rollat-Salvetat a publié en 2009 "Arc-en-ciel 
à la Société des Écrivains de Paris. 





Carole Marie Doucet
 
Elle saigne 
Femme-plaie 
Dans son ventre 
La passion 
Tous sens à la dérive 
Il l'enivre 
Simplement 
Par ce qu'il est 
Dans ses yeux 
L’homme  
L'Aqua-Vita 
Dans ses yeux 
Un lointain printemps 
Inassouvi 
Entre des fleurs folles 
Et avides d'amour 
Tout finit par ternir 
Mais l'âme 
Elle 
reste fidèle à la lumière 
 
 
Lovina, Bali, 5 février 2005
La houle au coeur 
L'âme à raz de peau 
Baptême de la vie 
Les pores revitalisées 
Tout vibre a nouveau 
Je sens le rythme 
Le pouls 
Au creux de mon sexe 
Le pouls 
Au fond de ma nuque 
Libre cours à mon être 
Retrouvé 
Et, comme une haleine fragile 
Comme un souffle languide 
Le vent de ce pays 
Tout doux 
Me grise 
Et je me souviens 
De qui je suis 
 
 
 
Sanur, Bali, 19 février 2005
La fleur du mal
.
Comme un coup de couteau au coeur du temps 
Ça déchire le beau, ça détraque les sangs 
Moi je suis la fleur du mal 

La corolle séchée, les pétales trop fins 
L'amour qui s'est fané du jour au lendemain 
Moi je suis la fleur du mal 

La trop mal aimée, la trop souvent butée 
celle qui vous enlace, celle aussi qui se lasse 
Moi je suis la fleur du mal 

Quand le charme est rompu, que le vide se creuse 
que les âmes s'abîment en chansons douloureuses 
Moi je suis la fleur du mal 

Chaque deuil à son tour réanime les autres 
Mon chemin de retour ne croise plus le vôtre 
Moi je suis la fleur du temps 
 
Mai 2005

.
Camadou (Carole Marie Doucet)
 
Les chansons d'une québécoise interprétées par elle-même. Vous pouvez en écouter des extraits en cliquant ici


Philippe Dagorne
 
Hasard 

Imaginer l’avenir,  
Comme possible horizon? 
A perte de vue, l’océan, 
Le mystère, dessiné dans le ciel, 
Les étoiles, inquisitrices, 
Veilleuses permanentes, 
Yeux brillants, s’amusant, 
De ces poussières d’humains… 

Planète, bleue, vivante, 
Couverte d’eau encore 
Mais pour combien de temps? 
Pour ressembler à Mars, 
Qui donc alors, dis-moi, 
Pourra se souvenir, 
Que j’ai écrit ces mots…?

Nature morte… 

Aujourd’hui, le silence s’est invité, 
Allongé, presque palpable, 
Coloré de rayons 
Où danse la poussière… 
Passent les nuages aux larmes retenues… 
Les bandes de canards 
Obscurcissent le ciel. 
Puis, soudain, venu de l’ouest 
L’angélus annonce la nuit… 
 

Le blog de Philippe Dagorne est  ici 
 
 
 



Michel Savelieff
 


Ahmed El Inani
 
Ton enfance 
Étoile qui ne cesse de briller 
Dans le ciel de ta vie 
Ton enfance paradis à jamais perdu 
Ton enfance permanente nostalgie 
Ton enfance rêve doux dur à remémorer 
Ton enfance 
Fleur qui sans cesse flétrit 
Ton enfance sourire éteint 
Qu'en vain tu ranimes 
Ton enfance étoile filante 
Ton enfance feu gisant 
Sous les cendres des ans 
Ton enfance 
Projet à jamais ajourné 
Ton enfance petit nid 
D'où en dépit de toi, tu es sorti 
Ton enfance … 
"Oiseaux assassinés" 
Arc-en-ciel en éclats 
Ton enfance songe volatilisé 
Rêves doux jamais réalisé
Ton enfance vers 
Écrits sur une vitre brisée 
Ton enfance 
Beau songe médusé … 
Souvenances cristallisées 
Ton enfance poème rêvé 
Parsemé d'images, orné de mots 
Ton enfance 
Éternelle nostalgie, permanente fuite... 
Ton enfance 
Étoile filante dans le ciel gris 
De ta vie… 
 

Ahmed el Inani est un poète marocain 
 
 
 
 
 
 
 



Charlotte O'Streack
 
Il nous reste  
Quatre murs  
Qui furent  
Un jour  
Si beaux  
Habillés  
De nos péchés  
Faits avec  
Tant d'amour  

Il nous reste  
Quatre chaises  
Qui craquaient  
A la fin  
Des repas  
Où le meilleur  
Plat  
Etait tes yeux  

Il nous reste  
Quelques tapis  
Qui reçurent  
Nos étreintes  

Il nous reste  
Un lit  
Qui semble  
Ne se souvenir  
Que de la tristesse  
Des dernières semaines  
Où tu dormis  
Seule

La vague  
N'en finit plus 
De déferler 
Et me jette dans 
Les étoiles 
D'une vision 
Emerveillée 

Je ne flotte plus 
Je ne vole plus 
Je jubile 
Buvant la vie 
A grands traits 
Ininterrompus 
Avec la certitude 
De ne rien savoir 
D'important 
Mais que là  
N'est pas la gravité  
De l'existence 
 
 
 
 
 



Ahcène Mariche
 
JE DEVIENDRAI TON OMBRE 

Mon pas emboîtera ton pas 
Ton ombre, désormais sera moi 
Tu marches et je te suis 
Tu t’assoies et je me plie 
Je ne te quitterai plus, c’est écrit 
Jusqu’à ce que fonde la nuit 
Tu me retrouveras au même endroit 
Dès que le premier rayon te transpercera 
Si tu donnes du dos au soleil 
Je me dresserai penché devant ton œil 
Si tu l’affrontes de face 
Derrière toi, tel un fidèle chien de race 
Quand il se pointera au zénith 
Tu me croiras disparu bien vite 
Soulagée, tu me penseras rentré au gîte 
Mais tant que le soleil est là, moi je demeure 
Et quand tu te sentiras étourdie par la chaleur 
Regarde à tes pieds, je suis là te rendant les honneurs 

Je hais la tombée de la nuit 
Celle qui me sépare de toi 
Elle m’apporte angoisse et ennuis 
Elle laisse une place vide, sans moi 
Je suis impatient ô aube de te voir enfin là 
Apparaissant, je regagne mon statut et ma joie 
C’est la petite lueur qui vient à mon secours 
Me ressuscitant la nuit venue m’accordant un second tour 
Ayant besoin de cette clarté vascillante 
Pour enfiler le fil dans son aiguille fuyante 
Et sans qu’elle s’en rende compte 
Je lui apparaîtrai sur le mur, ombre géante 

Je rallongerai le jour et lui ajouterai de l’âge 
Tel qu’il est, il ne peut suffire, c’est dommage 
Au soleil je dresserai un barrage 
Pour que celui-ci ne se couche pas 
Les ténèbres, j’en monterai un vigile qui ne dort pas 
Pour arrêter leur avance et freiner leur pas 
Ainsi, toi et moi, nous profiterons l’un de l’autre 
Car la vie est éphémère et rien d’autre.

PRISONNIER DE TOI 

Va, conseilles moi ou mènes-moi à ma perte 
Moi, je suis prisonnier de tes mains terribles 
Que tu me cajoles ou que tu m’irrites ! 
Moi, je suis devenu insensible 
Que tu me soignes ou que tu m’anéantisses ! 
Moi, je me suis retrouvé sur une pente abrupte 
Je suis devenu transi et je ne ressens plus rien 
Inanimé vivant, mort conscient 
Je suis devenu telle une bûche sans lien 
Juste bon pour faire un bon feu crépitant 
Et quand la tête sur les flammes tient bien 
Point de fumée qui s’en va en montant 
Il arrive que  je me sente refroidi et tout gelé 
En  mon cœur, il neige des flocons 
Même si la chaleur m’enveloppant 
Et combien même, le feu prenne et donne du son 
Moi je me sens toujours froid et glacé 
Tout ce qui est rouge me paraît  blanc 
Va, tranche et déchiquette moi en morceaux 
Je ne te concéderais pas une goûte de sang 
Brûle moi et écorche-moi vif et en lambeaux 
Moi, je ne sentirais rien, et je resterais de plomb 
Et coupant ma langue en tronçons 
Moi, je n’émettrais pas un son 
Va, crève-moi donc les yeux 
Trop tard, ta beauté est prisonnière en moi 
Tu  peux amputer mes pieds creux 
Trop tard, j’ai couru vers toi 
Passe donc les menottes à mes doigts noueux 
Trop tard que de lettres couchées pour toi 

Je n’ai pas choisi cette condition intense 
Je  ne sais comment en suis je l’élu, quel sens ! 
O mon amie que mon souci est immense ! 
Il  m’emboîtait le pas depuis mon enfance 
Qui sait si tel est mon destin, j’y pense ! 
Ou  peut être que le sort me jettera une chance 
 

 



Jean-Jacques Dorio
 
 LES AUTRES FORMENT L’HOMME… 

                            Pour Jean Dif 
  
                                    Les autres forment l’homme 
                                    Je le récite et en représente un particulier 
                                    bien mal formé… 
                                                   Montaigne    Les Essais  (Livre III Ch II) 
                  
    Quand les autres voulant définir l’homme 
l’enferment 
    dans leur petite boîte à musique 
grinçante 
   je le récite et je m’extasie 
je recopie ses diverses stases 
   ses façons de dire et de faire 
ses jeux énigmatiques 
   car pour moi bien mal formé 
je cherche et ne me tiens 
   à aucune définitive vérité 
je suis l’eau et le feu 
   la pluie sur les fumerolles 
le rêve éveillé 
   et la marche sous les vents étésiens 
   
   et en particulier 
cette nuit de décembre 
   de l’an deux mille neuf 
je suis dans le suspens de ces lignes 
qui s’oublient à peine achevées… 
                
   Nous jaserons demain

Le blog de Jean-Jacques Dorio est ici

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