Le C.H.U. de Bicêtre - Chronologie historique
(Journée du patrimoine 19 septembre 2009)
 
Le Moyen Âge 
Vers 1250: Louis IX (Saint Louis) fait don à une colonie de Chartreux du domaine de la "Grange aux Queues" situé sur le territoire de Gentilly. 
1290: construction d'une forteresse sur des terrains appartenant à l'évêque de Winchester, Jean de Pontys (ou de Pontoise), ambassadeur du roi d'Angleterre Édouard 1er à la Cour de France. 
1301: Jean de Pontoise rachète la forteresse que Philippe le Bel avait confisquée. 
1304: la forteresse est vendue à Amédée IV, comte de Savoie. 
1371: les Anglais brûlent la forteresse. 
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Le château du duc de Berry à l'époque de sa splendeur
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Le duc de Berry (1340-1416) 
1400-1410: édification par le duc Jean de Berry d'un château à l'emplacement de l'ancienne forteresse. 
1410: paix de Winchester à la suite de la querelle entre les Armagnacs et les Bourguignons. 
1411: le château de Bicêtre est incendié au cours d'une émeute populaire (le duc était le chef des Armagnacs, faction détestée par les Parisiens!). 
1416: le duc de Berry cède le château de Bicêtre au chapitre de Notre-Dame de Paris. 

François 1er (1515-1547) 
1520: Le château de Bicêtre revient au domaine royal. François 1er envisage la construction  d'un hôpital pour pestiférés sur son emplacement.
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Les ruines du château du duc de Berry
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Louis XIII (1610-1643) 
1632: Richelieu fait raser les ruines du château de Bicêtre.  
1633: le roi fait construire à Bicêtre des locaux pour une Commanderie de Saint Louis à l'intention des "soldats estropiés, vieux et caducs" sur des plans attribués à Lemercier. La construction sera interrompue à la mort du roi. 

Louis XIV (1643-1715) 
1647-1648: Anne d'Autriche autorise Vincent-de-Paul à loger à Bicêtre des enfants trouvés. La reine fondera la ferme Sainte-Anne, un établissement hospitalier proche de Bicêtre, où l'on emploiera des déments à divers travaux agricoles). 
1656:  création de l'Hôpital Général destiné l'enfermement des vagabonds; Mazarin y rattache Bicêtre;  les hommes iront là et les femmes à la Salpétrière. Les vénériens en sont théoriquement exclus. 
7 mai 1657: ouverture de Bicêtre aux vagabonds. L'établissement s'avère vite insuffisant: des travaux de rénovation et d'agrandissement sont entrepris.
1661: malgré les interdictions règlementaires, Bicêtre compte 250 gâtés (atteints par des maladies vénériennes). 
1668: construction de la Porterie Nord.
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1670: construction des Invalides. 
1670-1680: édification de la chapelle de Bicêtre. 
Début du 18ème siècle: Bicêtre devient une prison. 
1713: construction de La Force et des Cabanons.
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Bicêtre probablement avant la construction de la chapelle
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Louis XV (1715-1774) 
1720: les mendiants valides ne sont plus enfermés à Bicêtre mais envoyés dans les colonies. 
1733-1735: creusement du Grand-Puits et construction de la citerne par Germain Boffrand, élève de Mansart sous Louis XV. 
1757: édification de la Porte des Champs ou Porterie de l'Est. 
1760: construction du logis de l'aumônier. 
1770: invention à Bicêtre de la camisole de force par Guilleret. Malesherbes dénonce au roi la barbarie des cachots noirs.
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La façade nord et l'escalier central au 18ème siècle
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Louis XVI (1774-1792) 
1777-1784: Jean Henry de Latude est incarcéré à Bicêtre. 
1781: 72 détenus remplacent les 12 chevaux pour mouvoir le cabestan du Grand-Puits. 
1785: Jean-Baptiste Pussin, autodidacte, ancien malade, devient "gouverneur de l'emploi de Saint-Prix" autrement dit responsable du service réservé aux fous. Il s'attachera à humaniser les soins qui leur sont donnés. 
1787: l'architecte Ch. F. Viel agrandi le quartier des prisonniers. 
1789: la direction de Bicêtre est confiée à l'économe tandis que la supérieure des officières (infirmière générale) prend la haute main sur les pauvres et le personnel féminin. Les ateliers qui occupaient les pauvres sont progressivement fermés l'achat des objets à l'extérieur s'avérant moins coûteux. 
1791: Mirabeau obtient l'élargissement des prisonniers de Bicêtre incarcérés sans jugement. 
1792: destruction des cachots noirs. Suppression de l'Hôpital Général qui aura pour conséquence la disparition progressive de Bicêtre des prisonniers, des fous et des vénériens pour devenir un lieu de traitement et un asile au sens moderne du terme en n'accueillant plus que des vieillards et des enfants malheureux. 
17 avril 1792: essai de la guillotine à Bicêtre.
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Les massacres de septembre 1792 à Bicêtre

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La République et l'empire (1792-1815) 
2 au 7 septembre 1792: massacres dans les prisons de Paris, dont Bicêtre. 
1793: le personnel médical comprend un chirurgien en chef, un chirurgien en second et cinq élèves de chirurgie; le premier médecin permanent sera Philippe Pinel. 
25 août 1793: Philippe Pinel est nommé médecin des aliénés de Bicêtre. Il observe le traitement moral de ces derniers mis en oeuvre par Pussin, lequel prend en compte la part intacte de la raison des déments. Pussin, bienveillant à l'égard de ses patients, a déjà supprimé les chaînes à Bicêtre. 
10 septembre 1793: départ de Bicêtre de la première chaîne de 150 forçats pour Brest. 
Sous le Consulat: restauration et aménagement des bâtiments pour les rendre conforme aux nouvelles fonctions de l'établissement suite à la suppression de l'Hôpital Général. 
1801: l'administration de Bicêtre est confiée au Conseil Général de la Seine. 
15 décembre 1801 (13 vendémaire an X): l'hospice de Bicêtre est réservé aux indigents. 
1802: des buvettes et cabarets sont installés un peu partout dans les cours fréquentées par des marchands ambulants à l'intention des pensionnaires de l'hospice Bicêtre. Mais le règlement interdit la présence d'animaux, de filles de mauvaise vie, les jeux d'argent et l'abus de boisson. Les contrevenants sont privés de sortie (deux ou trois fois par mois) ou condamnés à deux ou trois jours de salle de discipline.
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Bicêtre en 1813 (on aperçoit au centre le clocher de la chapelle)
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Le 19ème siècle 
1817: l'hôpital de Bicêtre compte 2120 lits répartis en deux catégories: les bons pauvres et les infirmes; les paralytiques et les cancéreux sont admis sur demande adressée au Préfet de Police. L'aménagement intérieur des bâtiments est pratiquement achevé.  
1er quart du 19ème siècle: constructions des loges pour aliénés. Ils n'y seront pas enfermés et les curieux viendront même les voir déambuler comme des bêtes curieuses! 
1833: les enfants, jusqu'alors mêlés aux adultes dans les sections réservées aux fous, sont regroupés dans un local particulier. 
1836: La Force est désaffectée. Ses détenus sont transférés à la Roquette. Les déments et épileptiques remplacent les prisonniers pour mouvoir le cabestan du Grand-Puits. 
19 octobre 1836: départ de la dernière chaîne de forçats de Bicêtre. 
1837: disparition des auges à gâteux, couchettes de pierre complétées d'un bac en zinc au fond muni d'un entonnoir et d'un robinet avec un tuyau adapté pour conduire dans une gouttière les déjections des malades à l'air libre. Un infirmier jette de temps à autres de l'eau pour entraîner les excréments. Le gâteux est placé au-dessus de l'auge sur un matelas percé garni d'une toile cirée. 
1841: les pensionnaires de Bicêtre, logés en dortoirs de 20 à 100 lits de fer, vêtus d'un uniforme de drap bleu en hiver, de toile grise en été, mangent dans un réfectoire commun géré par l'administration. Les marchands ambulants sont interdits. Des fanfares et orphéons distraient les pensionnaires. 
1845: construction du quartier circulaire de la Sûreté destiné aux aliénés criminels (malgré son nom, certains parviendront à s'en échapper). 
1846: les fous cessent d'être utilisés à divers travaux à la ferme Saint-Anne fondée par Anne d'Autriche 
1847: démolition du vieux château. 
Sous la seconde République: l'administration de Bicêtre est confiée à l'Assistance Publique de Paris qui vient d'être créée. 
1847-1858: campagne de travaux d'agrandissement et de rehaussement des bâtiments. 
1858: introduction timide de l'éclairage au gaz. Les lampes à l'huile demeurent le principal moyen d'éclairage. 
1879: Désiré Bourneville devient le médecin-chef de la section des enfants arriérés créée pendant l'année. On s'emploie à leur inculquer des notions de propreté, de gymnastique ainsi que des rudiments d'enseignement primaire et professionnel. 
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Exercices de gymnastique enseignés aux enfants arriérés
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1880: des services de médecine et de chirurgie ont vu le jour et se développent à Bicêtre. Les pensionnaires de l'hospice jouissent d'une permission de sortie permanente et les visites sont autorisées les jeudis et dimanches. 
1883-1886: construction d'un ensemble pavillonnaire en briques avec soubassement de meulière de deux à trois étages conçu par l'architecte Jean Rochet. 
1886-1889: construction du quartier des enfants idiots par l'architecte Imard. 
1890: l'hospice de Bicêtre compte 1800 pensionnaires. Les ateliers ayant été réintroduits, plus de 400 pensionnaires travaillent aux bâtiments ainsi qu'à d'autres professions (tapissier, tailleur, imprimeur...) 
13 décembre 1896: le Kremlin-Bicêtre est séparé de Gentilly. 
Fin du 19 ème siècle: les indigents et incurables sont répartis en quatre quartiers ou divisions, la cinquième étant consacrée aux aliénés jusqu'en 1922.
 

Le 20ème siècle 
1900: un rapport souligne l'absence d'hygiène (manque de lavabos, de serviettes, latrines infectes, pas de tout à l'égout...) la salubrité était assurée par quatre salles de bains dans lesquelles se côtoyaient 7 à 21 baignoires capables de fournir des bains alcalins, sulfureux ou d'amidon; une salle de pédiluve complétait cet ensemble. Bicêtre est toujours qualifié d'hospice, non évocateur. Il compte 2953 lits dont 1750 lits d'hospice, c'est-à-dire de long séjour; il rassemble 3000 malades, vieillards, infirmes, épileptiques chroniques, aliénés, enfants arriérés; nombre de ces pensionnaires se livrent à de menues tâches (épluchage des légumes, travaux de vannerie...). Il vit quasiment en autarcie ce qui justifie la présence de plusieurs corps de métiers (charrons, menuisiers, serruriers, cordonniers...). Le personnel administratif se limite à un directeur, un économe et huit commis. Le personnel médical comprend six médecins (dont cinq aliénistes); le personnel paramédical comprenait 363 personnes (dont un maître de chant!) et le personnel technique 141 personnes (dont 1 jardinier et 656 buandières secondées par des aliénés pour laver 200000 pièces par mois). On note la présence d'une ébauche d'école d'infirmières. Le service de médecine ne compte que 115 lits; à ce service sont rattachées 8 salles de grands infirmes et 5 salles de gâteux et aveugles.
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Les anciens ateliers de Bicêtre
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1903: le Grand-Puits cesse d'être utilisé. 
1904: pose de canalisations d'eau.
1924: création d'un service d'électrocardiologie.
1914: mise en place progressive de l'éclairage électrique.
1919: édification de constructions légères pour augmenter les capacités de Bicêtre.
1927: démolition de la chapelle édifiée sous Louis XIV suivie de la disparition progressive de 4000 volumes de la bibliothèque et de la perte d'anciens dossiers médicaux, alors que M. Le Brigand est directeur (sic). 
1932: construction d'une salle des fêtes à l'emplacement de l'ancienne chapelle.
1944: soins des blessés des bombardements et des combats de la Libération. La population de base de Bicêtre s'élève alors à 1200 malades et 1500 aliénés.
Mai 1945: ouverture de 316 lits pour l'accueil des prisonniers et déportés malades; 772 les occuperont et 50 y mourront. Les épidémies consécutives à la guerre entraînent l'ouverture de 54 lits d'oreillons, 48 lits de scarlatine et 50 lits de rougeole sans augmentation de personnel, à l'exception de 10 éplucheuses de légumes supplémentaires. De la première guerre mondiale à la fin de la seconde, le service de médecine a été détriplé, un des services étant affecté aux tuberculeux. 
1950: départ programmé des pensionnaires d'hospice. La vocation médicale de Bicêtre s'affirme. De nouvelles constructions légères s'ajoutent à celles de 1919, les pavillons de secours ou pavillons légers. 
1952: ouverture de l'hôpital d'enfants, dans des bâtiments construits en 1882, pour abriter les aliénés dans des conditions décentes. 
1957: ouverture à Bicêtre du premier service de cardiologie infantile en France dans un bâtiment préfabriqué; une aile est réservée à l'angiographie cardiaque.
Au début des années soixante: dédoublement du service de chirurgie en un service de chirurgie vasculaire et un service de chirurgie générale.
1962: Bicêtre devient la quatrième section du C.H.U. de Paris.
1964: création de la première unité européenne d'hépatologie infantile.
1966: création d'une école d'infirmières et projet de construction d'un nouvel hôpital. 
1968: Bicêtre devient le siège de l'U.E.R. de médecine du Kremlin-Bicêtre, dans le cadre de la sectorisation de la Faculté de Médecine de Paris. 
            La même année, création d'une unité de réanimation médicale, puis d'un service de psychiatrie à côté du service de neurologie. Le nombre de lits est voisin des 2000.
            Dédoublement du service de pharmacie par la création d'un service de biochimie.
1969: consultation de stérilité masculine.
1970: démolition du quartier de la Sûreté pour céder la place aux cuisines et au restaurant. 
1970-1971: construction d'un bâtiment regroupant 8 unités de recherche de l'I.N.S.E.R.M.
1971: étude d'un programme de restructuration de l'établissement comportant la constitution d'un nouveau bâtiment étape importante dans le processus de médicalisation de Bicêtre.
1973: création de la première banque française de sperme.
1974: création d'un service de médecine nucléaire, puis d'un service de virologie et de parasitologie.
1980: le nombre de lits est réduit à 1035.
1981:  construction d'un hôpital moderne de type polybloc, avec des bâtiments à 7 étages à structure en béton armé, par les architectes Bourdon et Deguest, sur d'anciens potagers.
Dans les années 80:  Pour ce qui concerne pédiatrie: transfert dans les nouveaux bâtiments du service de réanimation infantile et ouverture d'in hôpital d'enfants de 200 lits. Création de services de neuropédiatrie, de médecine des adolescents et de chirurgie viscérale. Pour ce qui concerne la médecine pour adultes, les lits sont contractés dans un service de moins de 100 lits orienté vers les disciplines manquantes (diabétologie, hématologie,  sida), ce service étant maintenus dans les anciens bâtiments (secteur Pierre Marie - voir plan). Dans les nouveaux bâtiments (secteur Paul Broca - voir plan) voient le jour un service de cardiologie complété par un laboratoire d'hémodynamique et de coronarographie, un étage de pathologie osseuse avec son centre de polytraumatisés géré par un département d'anesthésie-réanimation, un service de gastro-entérologie appuyé sur un service de chirurgie viscérale, un service de néphrologie associé à un service d'urologie, un service d'endocrinologie associé à un service d'hormonologie et un laboratoire central d'hématologie.
1985: ouverture d'une maison de l'enfant et d'une maison des parents.
Dans les années 90: création d'un centre de gérontologie pourvu de 200 lits.
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Bicêtre vu de Gentilly probablement vers la fin du 18ème siècle
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Le 21ème siècle
2000: ouverture de l'Unité de Chirurgie Ambulatoire (U.C.A.), la première unité de ce genre de l'Assistance Publiquez - Hôpitaux de Paris.
           Le bâtiment qui abrite le Centre d'Orthogénie et les consultations d'Ophtalmologie, d'Oto-Rhino-Laringologie et de Stomatologie porte le nom de Pierre Testas (1925-2002)
           fervent défenseur du projet.
2005: début de la construction d'une maternité sur les plans de l'architecte Emmanuelle Colboc à l'emplacement des anciens bâtiments Muller, Robin, Les Diablotins (voir plan). 
Fin janvier 2007: ouverture de l'Unité de Gériatrie Aiguë (U.G.A.) comportant 15 lits.
18 mai 2009: ouverture de la maternité comportant 75 lits de gynéco-obstétrique et 30 lits de néonatalogie. On prévoit 3000 à 3500 accouchements par an dont 300 grossesses à risque.


Pour en savoir plus vous pouvez consulter les ouvrages suivants:
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- P. Bru: Histoire de Bicêtre, accessible ici
- Bourneville: Histoire de la section des enfants de bicêtre (1879 - 1892), accessible ici
- Arrault: Abrégé historique de l'établissement de l'hôpital des enfants trouvés à Paris, accessible ici

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