L'époque gallo-romaine:

A l'époque gauloise, antérieure à la conquête romaine, l'Auvergne, où les Celtes ont progressivement remplacé les populations précédentes (Ibères et Ligures), devient l'une des provinces majeures des Gaules au point qu'elle impose à plusieurs reprises son hégémonie à ses voisins. Sa puissance est favorisée par sa position géographique centrale mais aussi par l'occupation d'un massif montagneux, relativement facile à défendre, qui dispose de ressources abondantes en bois, en eau et en fer, d'une démographie importante, d'une agriculture prospère, d'une grande vitalité religieuse, d'une certaine avance technologique et d'une incontestable suprématie militaire. La maîtrise de la poterie et de la métallurgie, ainsi que l'exportation des fromages, fournissent des exemples de ce qui vient d'être avancé. Les Arvernes furent l'un des premiers peuples de la Gaule à se doter d'une monnaie. Il n'est donc pas étonnant que les velléités d'organisation monarchique des Gaulois et la résistance à Rome se soient incarnées dans cette région. Au 2ème siècle avant notre ère, l'habitat y est déjà organisé en gros villages assez étendus et rapprochés les uns des autres, les oppida, souvent édifiés sur une hauteur, comme Corent, Gondole et Gergovie.
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L'agriculture gauloise était très développée et techniquement plus avancée que celle de Rome. Les traces qu'elle a laissées sont encore visibles dans notre paysage et certains des outils qu'elle nous a légués étaient encore en usage au lendemain de la Seconde guerre mondiale dans nos campagnes, comme le montrent les exemples ci-dessous, sans parler des nombreux mots gaulois de notre langue touchant au monde rural, le mot alouette, par exemple.
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En haut : joug gaulois trouvé en Suisse. En bas : joug en usage à Saint-Sandoux au lendemain de la Seconde guerre mondiale A gauche : roue gauloise trouvée en Suisse - A droite : roue d'une charrette en usage au lendemain de la Seconde guerre mondiale
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Saint-Sandoux s'appelait autrefois Maismac. Maismac est  un toponyme gallo-romain. D'ailleurs, plusieurs appellations de lieux du territoire de Saint-Sandoux laissent supposer une origine gallo-romaine. C'est, par exemple,  le cas de Paulagnat (ou Polagnat) qui pourrait provenir de l'existence à cet endroit d'une villa romaine appartenant à un certain Polonius; des restes d'une ancienne voie romaine auraient d'ailleurs été retrouvés à proximité du domaine. Pressat, sur le versant du Puy qui regarde Ludesse, serait également un toponyme d'origine gallo-romaine, ainsi que Biat et aussi Esporsac (Saint-Georges). Enfin, à l'intérieur même de Saint-Sandoux, le quartier des Pédats, pourrait être d'origine gallo-romaine; en effet, son nom viendrait du latin "peda", signifiant vestige, empreinte de pied. André-Georges Manry, dans son Histoire d'Auvergne - Éditions Volcans - 1965, affirme d'ailleurs que  les noms auvergnats de lieux qui finissent par at sont d'origine gallo-romaine.

Maismac ne se serait pas trouvé là où s'élève aujourd'hui Saint-Sandoux, mais beaucoup plus bas. Ses habitants l'auraient déserté par suite d'une épidémie pour s'établir à un endroit qu'ils jugeaient plus favorable. Le village actuel est en effet situé au sommet du col qui sépare le Puy qui porte son nom de la montagne de Pierres Noires, donc en un lieu bien aéré et particulièrement sain. L'appellation de Maismac est attestée par d'anciens documents. Quant au déplacement du village, il est hypothétique. Entre les deux guerres mondiales, l'architecte Dionnet, qui conçut les plans du Musée Bargoin de Clermont-Ferrand, visita Saint-Sandoux comme touriste, avant que sa famille ne s'y établisse, au lendemain de  la Seconde guerre mondiale, derrière la fontaine du Marmelet. Lors de ses premières excursions, il aurait photographié les restes d'une colonne d'origine gallo-romaine au voisinage de la chapelle Notre-Dame-des-Prés. On pense qu'un temple gallo-romain aurait pu s'y élever et qu'il aurait ensuite cédé la place à un monastère médiéval, comme on le verra plus loin.
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Le domaine de Polagnat au début du 21ème siècle
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Pendant la période romaine, l'Auvergne jouit d'une grande prospérité. S'il a fait étranglé Vercingétorix pour illustrer son triomphe, César s'est bien gardé d'humilier les vaincus. Il s'est au contraire appuyé sur la fraction de l'aristocratie arverne favorable à Rome et a laissé l'Auvergne s'administrer elle-même par une assemblée de notables issus de ses rangs avant qu'elle ne soit intégrée, au début de notre ère, à la province romaine d'Aquitaine, laquelle s'étendait à peu près, d'ouest en est de l'Atlantique à l'est de Clermont-Ferrant, et du nord au sud de la Loire aux Pyrénées. La paix romaine est facteur de tranquillité. Les changements ne font sentir que très progressivement leurs effets. Peu à peu les Arvernes se romanisent, parlent latin, mais seulement vers la fin de l'empire, et adoptent les dieux romains, parfois assimilés à des divinités autochtones, avant de se convertir au christianisme vers la fin du 3ème siècle et le début du 4ème, sous la houlette de leur premier évêque: Saint Austremoine. L'avènement du christianisme est malheureusement presque contemporain des premières incursions germaniques. L'Auvergne souffrira énormément du passage des barbares qui ne viennent d'abord que pour piller avant de s'en retourner dans leurs tribus.

Un aristocrate arverne Avitus, est proclamé empereur en 455. Mais il ne régnera qu'à peine plus d'un an, avant de tomber sous les coups des barbares. L'Auvergne, qui continue à se reconnaître dépendante de Rome, est encerclée et menacée à l'est par les Burgondes et à l'ouest par les Wisigoths, maîtres d'une grande partie de l'Aquitaine. Vers la fin du 5ème siècle, les Wisigoths déferlent sur la région et, malgré la belle défense de son 11ème évêque, Sidoine Apollinaire, aidé par un fils d'Avitus, l'Auvergne, trahie et vendue par l'empereur Julius Nepos, est livrée aux envahisseurs. La région cesse alors définitivement d'être romaine; elle fait désormais partie d'un vaste royaume wisigoth qui s'étend sur le sud-ouest de la France, sa côte méditerranéenne et la majeure partie de l'Espagne. Mais elle ne restera cependant qu'une trentaine d'années dans la mouvance de ce royaume. Dès le début du 6ème siècle, en 507, le roi Alaric est battu à Vouillé par les Francs, qui font un grand carnage de guerriers arvernes, et l'Auvergne passe sous la domination franque de Clovis.

A la mort de Clovis, son royaume est partagé entre ses héritiers. Assez curieusement, l'Auvergne est rattaché à l'Austrasie de Thierry 1er, royaume du nord-est de la Gaule. Les héritiers de Clovis se font la guerre dans l'espoir de reconstituer le royaume franc de leur père et cela n'arrange évidemment pas les affaires de leurs sujets. Vers la fin du 7ème siècle, ou au début du 8ème, l'Auvergne passe sous l'autorité du duc d'Aquitaine qui érige bientôt son fief en royaume et cherche à s'émanciper de la tutelle franque. Pendant cette période, d'autant plus troublée que l'Auvergne connaît aussi des incursions sarrasines puis normandes, ainsi que de nombreuses épidémies, les évêques prennent l'habitude de s'occuper des affaires de la cité pour suppléer aux carences du pouvoir civil. Par deux fois, en 761 et 767, Pépin le Bref, ravage l'Auvergne pour tenter de soumettre le duc d'Aquitaine Waifre. Mais le pouvoir central finit néanmoins par s'effacer sous les carolingiens et la province se couvre de châteaux forts repaires de seigneurs locaux en guerres perpétuelles les uns contre les autres.

A quoi jouaient les enfants à cette époque reculée? Sans doute d'abord à imiter leurs parents en reproduisant, tant bien que mal, à une échelle réduite, les outils qu'ils utilisaient, pratique proche de l'apprentissage qui devait subsister longtemps. Les archéologues nous apprennent que la toupie était connue de l'antiquité égyptienne. Elle s'est perpétuée jusqu'à nos jours. Les enfants gallo-romains disposaient déjà d'un grand nombre de jeux encore en usage au 20ème siècle: le hochet, la poupée, la balançoire, les osselets, les dés, la balle, la marelle (écho du labyrinthe), le jeu de l'oie, inventé par les Grecs et qui aurait une fonction initiatique, le yoyo qui devait d'ailleurs être oublié pour ne réapparaître qu'au 18ème siècle, après un détour par la Chine. Ils jouaient aussi à cache-cache et on leur faisait cadeau parfois d'une tire-lire contenant des pièces ou de menus objets (allusion au cheval de Troie). Il n'est bien sûr pas dit que tous ces amusements pénétrèrent d'emblée jusqu'au fond de nos campagnes.

Terminons cette rapide chronique gallo-romaine en signalant que le chat était sans doute inconnu des Gaulois. Pour protéger les récoltes des souris, il est probable que, comme les Grecs, nos ancêtres utilisaient d'autres prédateurs: furets, belettes... Les Romains amenèrent le chat d'Égypte, où cet animal était si vénéré qu'on l'y a retrouvé embaumé, mais il fallut attendre la fin de l'empire pour qu'il se répande en Gaule. Au Moyen Âge, on attribua au chat tous les défauts: gourmand, paresseux, sournois, symbole de luxure... Le chat ayant eu en Égypte un caractère sacré, l'Église l'associa à la sorcellerie, pour lutter contre le paganisme; une bulle papale de 1233 stipula que les chats noirs étaient les serviteurs du démon; l'Inquisition les fit brûler vifs avec les sorcières. On les soupçonna d'être responsables de la peste et leur massacre favorisa l'expansion de cette maladie transmise par les rats!


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