Histoire de la Guyane française
 
Chronologie historique de la Guyane française 

Période précolombienne  

-6000 : des amérindiens nomades vivant de cueillette, de chasse et de pêche ont laissé de nombreux témoignages de leur savoir faire : poteries, gravures rupestres, polissoirs, haches, pointes de flèches, burins. Ces ancêtres probables des Emerillons et des Wayampis commencent à mettre en valeur des sols naturels peu favorables qu’ils transformeront progressivement en terres plus fertiles ce qui permettra un certain essor démographique.  

Fin du 3ème siècle : des envahisseurs venus de l’ouest et du sud, vraisemblablement de la région amazonienne, les Arawaks et les Palikurs, qui parlent des langues issues de l’arawak, chassent les premiers habitants.  

Fin du 8ème siècle : des Caraïbes, les Kali’nas (ou Galibis) et les Wayanas, de langue caribe, s’installent sur le littoral est.  
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Couple de chasseurs kali’nas (source : Wikipédia) 
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D’autres mouvements de nations amérindiennes vont avoir lieu au cours des siècles suivants.  

De Christophe Colomb au 17ème siècle  

1494 : le Traité de Tordesillas, qui partage les terres sud-américaines entre le Portugal et l’Espagne, laisse de côté la Guyane.  

5 août 1498 : lors de son troisième voyage, Christophe Colomb longe les côtes de Guyane.  

Eté 1500 : une tempête jette sur un banc de sable le navire de Vicente Yanez Pinson, un capitaine de Colomb lors de son premier voyage. Pinson descend sur le sol guyanais et explore la côte jusqu’à l’Orénoque. A l’époque, la Guyane française aurait compté une population d’environ 30000 personnes. Vers la fin du siècle, elle ne compterait plus que 25000 habitants.  

1503: un premier groupe de colons français se serait installé pour quelques années dans l’île de Cayenne.  

1604 : le capitaine Daniel de La Touche, seigneur de la Ravardière, mandaté par Henry IV, est le premier Français à procéder à une reconnaissance de la Guyane. Mais les Portugais empêchent toute tentative d’établissement de réussir.  

1624 : Louis XIII installe en Guyane quelques colons originaires de Normandie.  

1626 : Richelieu autorise la colonisation de la Guyane.   

1630 : une colonie est créée à Sinnamary sous la direction de Constant d’Aubigné, père de la future duchesse de Maintenon.  

1635 : la Guyane, officiellement rattachée à la France, devient une colonie française d’Amérique.   

1638 : le capitaine Bontemps est chargé par Richelieu d’accélérer la colonisation de la Guyane avec 1200 nouveaux colons français.  

1643 : Charles Poncet de Brétigny, de la Compagnie de Rouen, rejoint la colonie avec 400 autres colons. Il achète aux Galibis une colline à l’embouchure de la rivière Cayenne et la baptise "Mont Cépérou", du nom du chef indien. Il y édifie un village protégé par un fort. Cayenne vient de naître. Mais Brétigny introduit aussi l’esclavage et persécute les Indiens qui se révoltent.  

1648 : les colons français ne sont plus que 25 !  

1652 : le 29 septembre, les «douze seigneurs» de la Compagnie de la France équinoxiale débarquent à la pointe Mahury avec 800 hommes qui se joignent aux rescapés de la Compagnie de Rouen qui sont alors sous les ordres de Huet de Navarre. Les premiers esclaves africains arrivent. En octobre, le capitaine de navire Duplessis s’empare d’un bâtiment transportant "14 nègres" enlevés à Pernambouc. Fondation de Rémire par Vertaumon. Un gentilhomme normand, Balthazar Le Roux de Royville, amène 650 colons de plus ; mais son expédition, mal préparée, est décimée par les Indiens et par les fièvres.  

1653 : les survivants de l’équipée de Le Roux de Royville se réfugient en décembre au Surinam.  

1654 : après leur expulsion par les Portugais du Brésil néerlandais, des Hollandais et des Juifs se réfugient à Cayenne. Ils y découvrent les établissements abandonnés par les Français et décident de s’y fixer. Mais la Guyane tombe bientôt aux mains des Anglais.  

1659 : envoi de nouveaux Juifs vers Cayenne, cette fois-ci depuis l’Europe. Une partie, par suite des péripéties du voyage, n’arrivera jamais et s’établira à Tobago pour y cultiver le cacao. Le 12 septembre, la Compagnie hollandaise des Indes occidentales passe contrat avec David Cohen Nassi, un ancien du Brésil néerlandais, propriétaire des moulins hydrauliques d’une fabrique de sucre à Rémire. Le père Labat, missionnaire français, décrit les lieux en ces termes : "un fort, une synagogue, une plantation de cannes à sucre, quelques très bons moulins à sucre et entre 300 et 400 Juifs".  

1662 : retour de la "Compagnie des Douze seigneurs" avec 800 nouveaux colons. Cette nouvelle tentative tourne court.  

1663 : les Hollandais reprennent la place laissée une fois de plus libre par les Français.  

1664 : la Guyane redevient française. Elle est prise par une flotte de cinq vaisseaux qui amène 1200 colons. Les Hollandais se rendent sans combattre mais réclament la liberté d’opinion religieuse pour les Juifs. Nombre de ceux-ci vont préférer s’en aller au Surinam alors anglais. La colonie française va se développer grâce à l’exportation des ressources locales (roucou, indigo, coton, sucre, café, vanille, épices, bois exotiques…)  

1667 : le capitaine anglais John Harmon, sous les ordres du général Henry Willoughby, envahit la Guyane française. Rémire est détruite. Les guerres opposant les Anglais aux Hollandais se soldent, le 31 juillet, par le Traité de Breda selon lequel New-Amsterdam, devenu New-York, revient à l’Angleterre et le Surinam à la Hollande.  

1676 : les Hollandais s’emparent provisoirement des établissements français de Guyane. Dans la nuit du 20 décembre, le vice-amiral comte Jean d’Estrée reprend le fort Cépérou et chasse les Hollandais du territoire.  
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Le vice-amiral comte Jean d’Estrée 
Source: Wikipédia
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Vers la fin du siècle, des explorations françaises organisées depuis la Guyane découvrent le territoire de l'Araguary, aujourd'hui brésilien.     
  
Le 18ème siècle  

Plus d’une dizaine de grandes tribus amérindiennes sont encore présentes sur le territoire de la Guyane française.  

1712 : Le flibustier français amiral Cassard attaque Paramaribo et menace de brûler la ville si les colons ne s’empressent pas de verser une contribution par esclave. Pour éviter la ruine, les colons demandent à leurs hommes de confiance de s’enfuir dans la forêt avec une partie de leurs esclaves. Mais, une fois l’ennemi reparti, les esclaves refusent de revenir dans les plantations. Ainsi se forment les premiers groupes de bushi ningué qui quitteront ultérieurement le Surinam pour venir en Guyane française.  

1713 : par le traité d'Utrecht, le fleuve Maroni devient la frontière ouest de la Guyane française. Louis XIV abandonne le bassin de l'Amazone aux Portugais, mais la difficulté à fixer les frontières géographiques en Amazonie va être la source de disputes pendant deux siècles, les deux nations antagonistes ne cessant de rechercher l'extension de leur territoire, par l'installation de postes militaires, de missions religieuses et de comptoirs commerciaux.  
     
1720 : des Wayampis, qui occupaient les rives du rio Xingu, au sud de l’Amazone, remontent par vagues successives vers la Guyane.  

1750 : de nombreux Amérindiens s'installent en Guyane.  

1762 : Louis XV fait expulser les Jésuites de Guyane. Choiseul va relancer la colonisation en envoyant de France de nombreux colons. Faute d’une préparation suffisante, cette nouvelle tentative échouera.  

1764 : quinze mille Français, pour la plupart originaires d’Alsace et de Lorraine, arrivent à Kourou, où ils ont été attirés par une intense propagande présentant la Guyane comme une terre promise, en pleine saison des pluies, sur un terrain marécageux. Douze mille meurent rapidement du paludisme, de la dysenterie, de la fièvre jaune, de la syphilis et autres maladies. Les survivants, une soixantaine de familles, se réfugient sur un archipel voisin de Kourou, auquel ils attribuent ce nom évocateur : "îles du Salut", avant de revenir en France.  

1776 : les premiers bushi ningué s’installent en Guyane. On distinguera les communautés suivantes : Alukus (Bonis), Aucaners (Djukas), Paramacas, Saramacas. Ces descendants d’esclaves africains venus du Surinam existent encore aujourd’hui.  
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Pierre-Victor Malouet (1740-1814)
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1776-1778 : un administrateur d’origine auvergnate, planteur de sucre à Saint-Domingue, puis commissaire général de la Marine, Pierre-Victor Malouet, est ordonnateur en Guyane. Avec l’aide de l’ingénieur suisse Joseph Guisan, il entreprend d’aménager les terres cultivables et de réformer l’agriculture. Les résultats sont prometteurs. Mais ils seront compromis par la Révolution française.   
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Le général Pichegru - Source : Wikipédia
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1792 : la Guyane devient un lieu de déportation des prêtres réfractaires puis des adversaires politiques des différents pouvoirs qui se succédent jusqu’à l’Empire. A Sinnamary, premier lieu de déportation, qualifié de guillotine sèche, vont ainsi se retrouver des prêtres, des modérés, des terroristes… bref, des adversaires de la veille qui vont devoir cohabiter dans l’adversité. Voici un petit échantillon de cette communauté hétéroclite : parmi les prêtres, citons l'abbé Brottier et un certain Fournier, natif de mon village natal : Saint-Sandoux ; pour ce qui est des royalistes ou supposés tels, le chansonnier Ange Pitou, les généraux Pichegru et Ramel, les hommes politiques Barbé-Marbois, Tronson Ducoudray, Laffont Ladébat, Murinais; voici enfin quelques montagnards, anciens membres du Comité de Salut Public terroriste, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois. Cette petite colonie de personnes mal assorties, vivait chichement dans des sortes de cabanes appelées carbets. Collot d'Herbois mourut à Sinammary; il y fut inhumé si hâtivement que des cochons le déterrèrent pour le manger.  
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La reconstitution d'un carbet L'enterrement d'un proscrit en Guyane sous la Révolution française
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1794 : l’esclavage est aboli par la Convention.  

Le 19ème siècle  

1802 :  le Consulat rétablit l’esclavage. Les Noirs s’enfuient en forêt privant la colonie de main d’œuvre. Les fuyards, appelés marrons, terme inspiré du mot espagnol cimarron (animal domestique qui redevient sauvage), s’installent au bord du Maroni qui doit peut-être son nom à cette circonstance.  

1809 : les Portugais, soutenus par l’Angleterre, occupent la Guyane en représailles de l’invasion de leur pays par les troupes de Napoléon.  

1814 : l’abdication de Napoléon est suivie par le retrait des Portugais dont la présence n’a d’ailleurs pas beaucoup perturbé la vie des Guyanais.  

1817 : Le plan de développement de Malouet et de Guisan est repris. L’économie guyanaise se redresse.  

1828 : Anne-Marie Javouhey, et l'ordre des sœurs de Saint-Joseph de Cluny qu'elle a fondé,  libèrent des esclaves en les rachetant et en leur offrant un travail dans les environs de Mana. Victor Schœlcher, député de la Martinique, encourage leur initiative.  
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Pendant les années 1840, en France, la concentration des forçats dans quelques arsenaux métropolitains est jugée dangereuse et coûteuse pour l'Etat. On envisage leur éloignement. 

1848 : en octobre, la Seconde République abolit l’esclavage sur les territoires sous domination française. La fin de l’esclavage, libère 13000 personnes sur les 19000 que compte le territoire. Il emporte deux conséquences, l’une intérieure et l’autre extérieure. Les Noirs libérés refusent désormais de travailler dans les plantations et l’économie guyanaise s’effondre. Nombre d’esclaves du Brésil, avides de liberté, s’affranchissent en gagnant la Guyane. C’est l’occasion de nouvelles difficultés avec ce voisin issu de la colonisation portugaise.  

1851 : en mai, les Brésiliens, entrent en Guyane, à Mapa, dans le dessein de récupérer 200 esclaves marrons. Le problème des frontières de la Guyane française est à nouveau posé de manière aigüe.  

1852 : Napoléon III décide de remplacer les esclaves libérés par des forçats. Le 25 mars, l’envoi de 2000 forçats est décrété. Le 25 avril, le premier convoi quitte Brest ; il est composé de 30 condamnés politiques, 240 forçats libérés et 360 forçats en cours de peine. Ces premières expériences échouent. Les bagnards envoyés dans des lieux malsains sont décimés.  

1853 : toujours dans l’intention de remplacer les anciens esclaves, des coolies en provenance des Indes et de Chine sont recrutés sous contrat.  
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1854 : la loi de la transportation du 31 mai est adoptée. Des bagnes sont ouverts à Cayenne, à l’île du Diable, à Saint-Laurent-du-Maroni, pour ne citer que les plus importants, il y en eut bien d'autres. Les bagnes de Guyane vont remplacer ceux de métropole (Toulon, Brest, Rochefort, Île de Ré). Saint-Laurent-du-Maroni devient le centre administratif de cet ensemble qui recevra au cours du temps  90000 hommes et 2000 femmes. Les bagnards se subdivisaient en catégories qui ne subissaient pas exactement le même traitement. On distinguait:  

1°)- Les déportés politiques non soumis en principe aux travaux forcés. 
2°)- Les transportés condamnés aux travaux forcés pour une durée minimum de cinq ans, lesquels étaient astreints au doublage, c'est-à-dire à l'obligation de rester dans la colonie, après avoir purgé leur peine, pendant un temps équivalent, pour ceux dont la condamnation était inférieure à huit ans. Les autres, condamnés à huit ans et plus, étaient assignés à résidence jusqu'à leur mort. 
3°)- Les relégués, c'est-à-dire les multi-récidivistes, qui étaient exilés à perpétuité. 
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L'accouplement
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Outre l'éloignement, l'insalubrité, la promiscuité, les brimades, la tyrannie des détenus les plus puissants sur les plus faibles, les risques des intrigues avec les gardiens et leurs épouses, la mise au cachot, les fers aux pieds, la perspective d'avoir la tête coupée, car le bagne possédait, tout comme la société d'où venaient les forçats, ses tribunaux et son bourreau, la pénibilité des travaux effectués sous un climat ardent..., l'un des pires supplices des forçats était un mauvais accouplement. L'accouplement consistait à attacher l'un à l'autre deux bagnards par des chaînes de fer; gare à celui qui tombait sur un compagnon de chaîne, irascible, coléreux, bagarreur et surtout plus fort que lui! On comprend que, dans de telles conditions, l'espérance de vie des forçats était plus réduite que celle de leurs contemporains en liberté. Plus du tiers devait décéder sur place victime des conditions terribles qui régnaient dans ces lieux de confinement marqués par la corruption et la loi du plus fort.   
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Le débarquement des forçats à Saint-Laurent-du-Maroni 
D'autres tableaux de la vie au bagne de Francis Lagrange sont ici
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1855 : Félix Couy découvre un site aurifère sur un affluent de l’Approuague. C’est le début de la ruée vers l’or qui va attirer beaucoup d’immigrants venus principalement des Antilles.  

1860 : la liberté de navigation sur le Maroni est reconnue.  

1861 : la France et la Hollande se disputent le riche territoire aurifère du cours supérieur de Maroni.   

1873 : la France connaissant une période de dépression jusqu’en 1892, des chercheurs d’or quittent la Guyane. De 1873 à 1938, le bagne de l'Île de Ré sera le point de départ des bagnes de Guyane et de Nouvelle-Calédonie. 
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1886 : la découverte des gisements aurifères a exacerbé les rivalités coloniales. Une république de Couani est autoproclamée par la population travaillée par des aventuriers français au sud de la Guyane.  

1889 : Pierre Huguet, natif de Clermont-Ferrand, est condamné à 20 ans de bagne pour vol avec effraction.  

1891 : le tsar de Russie arbitre le différend entre la France et la Hollande au profit du second pays. La frontière est fixée sur le Maroni. La Guyane française perd les richesses aurifères d’une zone de 25000 km2. Mais cet arbitrage, qui s’appuie sur le cours des rivières, demeure contestable compte tenu des lacunes qui subsistent dans la connaissance du terrain comme dans son interprétation. 
  
Le capitaine Rajane, qui représentait les intérêts français à Couani, est enlevé et emmené à Mapa où il est gardé en otage. La France, qui soupçonne le Brésil d'être derrière cet enlèvement, envoie un aviso avec une petite troupe d'infanterie de marine à Mapa, village situé en territoire contesté. Les militaires français tombent dans une embuscade tendue par le gouverneur brésilien autoproclamé de la région, le capitaine Francisco Xavier da Veiga Cabral. Le capitaine Lunier, chef de l'expédition française, est tué ainsi que six de ses hommes. Mais des renforts français arrivent de l'aviso et une soixantaine de Brésiliens mordent la poussière. Le village de Mapa est brûlé par les soldats français. 
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Le plafond de l'église d'Iracoubo peint par Huguet
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1893 (date vraisemblable mais incertaine) : Pierre Huguet commence à décorer de fresques naïves très fouillées l’église d’Iracoubo. Il fera durer ce travail, qui lui assure une position privilégiée, aussi longtemps que possible. On ne sait pas ce qu’il devint après. Il aurait tenté la belle. A-t-il réussi ? Certains pensent qu’il a péri en mer.   

1895-1899 : le capitaine Dreyfus, condamné à tort pour trahison, est  déporté à l’île du Diable où il restera jusqu’à la révision de son procès devant la Cour de Cassation. Pendant sa détention, il a été l’objet d’un luxe de surveillance, de mesures vexatoires et de précautions inutiles qui ont altéré sa santé.  
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Vers la fin du siècle, des Libanais et des Chinois de Taiwan, de Singapour et du continent, s’installent en Guyane.  

Le 20ème siècle  

1900 : la Suisse arbitre le litige frontalier entre la France et le Brésil, au profit de ce dernier. La frontière est délimitée par le cours de l’Oyapock. La Guyane française perd une zone de 260000 km2, dont le village de Mapa! La diplomatie française s’est montrée moins habile que la diplomatie brésilienne menée par le baron de Rio Branco, et peut-être aussi moins motivée face à de puissants intérêts internationaux agissant en coulisses.  

Victime de la ruée vers l’or, au commencement du siècle, la population amérindienne ne compte plus que 1500 personnes.  

1902 : le 8 mai, l’éruption de la Montagne Pelée détruit la ville de Saint-Pierre, en Martinique. Les victimes se comptent par milliers. De nombreux Martiniquais apeurés se réfugient en Guyane.  

La querelle frontalière entre la France et la Hollande recommence à propos du cours supérieur du Lawa.  

1910-1930 : La ruée vers l’or reprend de plus belle. Plus de 10000 chercheurs d’or écument la forêt et les cours d’eau guyanais. Le commerce local en profite, mais les grandes plantations d’antan disparaissent.  

1923 : le grand reporter Albert Londres, après une visite du bagne, entreprend une campagne pour dénoncer les conditions d’existence des bagnards en Guyane. Son combat est relayé par d’autres journalistes et des hommes politiques, dont le député de la Guyane, Gaston Monnerville. 
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1924 : le 4 novembre, la Cour d’assises du Finistère condamne Guillaume Seznec aux travaux forcés à perpétuité pour le meurtre de Pierre Quéméneur, conseiller général du Finistère. Seznec est déporté à l’île Royale, où il bénéficie de conditions relativement favorables en travaillant à la maison du Sémaphore, ce qui laisse supposer qu'on ne le croyait pas aussi coupable que ceux qui l'avaient jugé. Libéré, il rentre en France en 1947, n’ayant jamais cessé de clamer son innocence.  

1931 : Francis Lagrange, natif de Nantes, peintre devenu faux monnayeur, est condamné à une dizaine d’années de bagne suivies de la relégation à vie. Il tente l’évasion en 1938, mais échoue. Cependant, grâce à son talent de peintre, il finit par obtenir des conditions de détention bien meilleures que ses codétenus. Il laisse une œuvre recherchée, moins d’ailleurs pour ses qualités que pour les conditions dans lesquelles elle a été réalisées et pour l’image qu’elle donne de la vie au bagne. Il meurt  libre, âgé de 70 ans, en 1964, en Martinique.  
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Le 28 octobre, Henri Antonin Charrière est condamné aux travaux forcés à perpétuité pour le meurtre d’un souteneur, officiellement charcutier, Roland Legrand, meurtre que le condamné n’a jamais reconnu. Déporté à Saint-Laurent-du-Maroni, il tentera plusieurs fois de s’évader avant de réussir et de s’installer au Venezuela, en 1945. En 1968, de retour en France, après la prescription de sa peine, il écrit un ouvrage, Papillon, qui relate son histoire de manière très romancée et dont certaines aventures sont empruntées à d’autres récits. Cet ouvrage, vendu à des millions d’exemplaires dans le monde lui vaudra la célébrité ; un film en sera tiré. Charrière, alias Papillon, meurt à Madrid, d’un cancer de la gorge, en 1973.  
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Henri Charrière dit Papillon
Pour en savoir plus sur Papillon, cliquez ici
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1935 : la querelle frontalière entre la France et la Hollande est réglée par un accord. La Guyane française récupère une zone de 6000 km2 riche en ressources aurifères.  

1938 : une loi interdit tout nouveau transport de bagnards, les peines de travaux forcés sont abolies.  

Une commission franco-hollando-brésilienne détermine le point des trois jonctions marquant la séparation entre les territoires français, surinamais et brésilien.  

1940 : la Guyane reste sous l’autorité du gouvernement de Vichy jusqu’en 1943. Isolé, le territoire sombre dans un état sanitaire déplorable. Les bagnards meurent de faim et de maladies.  

1946 : la Guyane obtient le statut de département français. Mais son économie, très peu compétitive, est en berne et sa balance commerciale fortement déficitaire.  

Le bagne, qui rappelle dans l’opinion publique les camps de concentration nazis, est définitivement fermé. La disparition du bagne entraîne des répercussions négatives sur l’économie et la démographie guyanaises. Beaucoup de gens abandonnent le territoire.  

1953 : le dernier forçat quitte la Guyane le 1er avril.  
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Artisanat Mhong de Cacao - Scènes de guerre et d'exode
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Le départ de la France d’Indochine, entraîne celui des minorités qui refusent la soumission au régime communiste. Certaines d’entre elles trouvent un nouvel asile en Guyane (Laos - chrétiens d’ethnie Mhong de Cacao).  

1961 : la population guyanaise s’élève à 33000 habitants.  

1963 : la perte de l’Algérie et du Sahara pose pour la France le problème de l’installation d’un nouveau centre de tir de fusées aussi proche que possible de l’équateur.  

1964 : le général de Gaulle prend la décision de construire le nouveau centre spatial français en Guyane, un endroit qui remplit parfaitement les conditions requises.  
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1965 : la construction du Centre spatial guyanais est commencée.  

1968 : le 9 avril, le tir de la première fusée-sonde «Véronique» est effectué.  

Années 1970 : le Surinam, héritier de la Guyane hollandaise, conteste à son tour le frontière.  

1979 : le 24 décembre a lieu le premier tir de la fusée "Ariane".  

1982 : les lois sur la décentralisation du gouvernement socialiste transfèrent une partie des compétences de l’Etat aux  collectivités territoriales.  

1986-1991 : une guerre civile ravage le Surinam qui renonce pour un temps à ses revendications territoriales.  

1988 : le 15 juin, est lancé le premier exemplaire de la fusée "Ariane 4".  

Au cours de la décennie 1990, la Guyane française est intégrée à l’Union européenne. Son attraction sur les populations pauvres des pays environnants, Haïti, Brésil et surtout Surinam en est accru. De nombreuses futures mamans de ce dernier pays traversent le Maroni pour accoucher en Guyane française.  

1996 : le 4 juin, est lancé le premier exemplaire de la fusée "Ariane 5".  

1999 : le 10 décembre, a lieu le premier vol commercial de la fusée "Ariane 5".  

A la fin du siècle, la population guyanaise s’élève officiellement à 160000 habitants. En réalité, elle est bien supérieure et probablement voisine des 200000 !  

Le 21ème siècle 

2008 :  la Guyane est bloquée par des barrages routiers dressés pour protester contre le prix des carburants. Le port de commerce et l’aéroport international Rochambeau sont fermés par décision de la Chambre de commerce et d’industrie de Guyane, ainsi que l’annonce son président, Jean-Paul Le Pelletier. L’attractivité du territoire sur des populations encore plus démunies ne doit pas occulter les problèmes qui se posent à la Guyane française, comme d’ailleurs à d’autres départements d’outre-mer.  

 2012 : la population guyanaise est évaluée à 239000 habitants. Les Amérindiens seraient au nombre de 9000. Ils vivent majoritairement dans des zones protégées. On retrouve les Kali’nas (Galibis) et les Wayanas, de langue caribe ; les Palikurs et les Arawaks, de langue arawak, les Wayampis (Oyampis) et les Tekos (Emerillons), de langue tupi. 

2017 : une grève générale très dure immobilise le département en pleine campagne présidentielle et amène à composition un gouvernement qui va bientôt être remplacé.  
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Le bagne : une case - Vie intime du forçat

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