Le  testament  du  13ème  Dalaï lama
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"Arrivé à mon âge, mieux vaudrait renoncer au pouvoir ecclésiastique et temporel pour consacrer le bref temps qui m'est encore imparti dans cette vie à la dévotion religieuse. Nombreuses sont mes vies futures, et j'aimerais pouvoir me vouer entièrement aux choses spirituelles. Jusqu'ici, j'ai accompli ma tâche au mieux de mes capacités, mais j'aurais bientôt cinquante-huit ans, il me sera alors plus difficile de continuer à mener de front mes activités religieuses et profanes, qui ne le comprendrait pas? 

Le gouvernement de l'Inde nous est proche, et il dispose d'une grande armée. Le gouvernement de la Chine a lui aussi une grande armée. En conséquence, nous devons fermement maintenir l'amitié avec les deux pays, ils sont tous deux puissants (...) 

En outre, les temps sont aujourd'hui aux cinq sortes de dégénérescences dans tous les pays. La plus grave, c'est la manière de faire parmi les Rouges. Ils ne permettent pas de mener les recherches pour trouver la nouvelle incarnation du Grand Lama d'Ourga. Ils se sont saisis et emparés de tous les objets sacrés des monastères. Ils ont obligé les moines à devenir soldats. Ils ont brisé la religion, de façon à ce que jusqu’à son nom soit effacé. Avez-vous entendu toutes ces choses qui se sont passées à Ourga ? Et elles continuent. Il se peut qu'un jour, ici, au cœur du Tibet, la religion et l'administration séculière soient attaquées simultanément de l'intérieur et de l'extérieur. A moins de sauvegarder nous-mêmes notre pays, il arrivera que les Dalaï lamas et les Panchen lamas, le père et le fils, les dépositaires de la Foi, les glorieuses Réincarnations, seront jetés à terre et leurs noms voués à l'oubli. Les communautés monastiques et le clergé verront leurs propriétés détruites. Les us administratifs des Trois Grands Souverains religieux seront abolis. Les fonctionnaires ecclésiastiques et séculiers verront leurs domaines saisis et leurs autres bien confisqués. Ils seront eux-mêmes réduits en servitude par l'ennemi, ou contraint à l'errance comme des vagabonds. Tous les êtres vivants sombreront dans la misère et la terreur, et la nuit tombera lentement sur la souffrance du monde. 

Ne soyez pas traître à la Foi ni à l'État en travaillant pour un autre pays que le vôtre. Aujourd'hui, le Tibet est heureux et connaît un certain bien-être. Le reste repose entre vos mains. Tout doit être organisé en connaissance de cause. Œuvrez en harmonie l'un avec l'autre, ne prétendez pas faire ce que vous ne pouvez pas. 

Considérez ce qu'il convient de faire ou de ne pas faire, et accomplissez votre tâche sans douter, à la manière voulue par le Maître Omniscient, comme si toute chose se déroulait sous son regard. Agissez dans cet esprit, et tout ira bien (...), Ceux qui se détournent de la Loi et de la tradition pour emprunter une voie mauvaise, ceux qui ne se préoccupent que de leurs propres intérêts en aidant uniquement ceux qui leur plaisent et pas les autres, ceux qui indignes de confiance aujourd'hui ne s’astreignent pas au bien, ceux-là n'atteindront pas leurs buts et seront châtiés par les Protecteurs. Réfléchissez sérieusement à ce que j'écris, rejetez irrévocablement le mal et conformez-vous au bien." 

Le testament du Grand Treizième n'est pas le seul signe prémonitoire de la tourmente. Au beau milieu de la saison sèche en 1948, alors qu'il ne tombait pas la moindre goutte de pluie, une gargouille dorée du Jokhang se mit à goutter. La nuit, plusieurs semaines durant, une comète étincela dans le ciel. Les vieux Lhasséens se souvinrent, qu'en 1910, la veille d'une intervention chinoise un phénomène analogue s'était produit. Des naissances monstrueuses furent enregistrées. Pendant une nuit le chapiteau d'une antique colonne de pierre datant de l'an 763 s'abattit au pied du Potala. Il ne faut pas oublier le terrible tremblement de terre qui secoua le Tibet en juin 1950. Des dizaines de villages furent engloutis. Des vallées et des montagnes furent déplacées. Le cours du Brahmapoutre (Tsang-po) en fut modifié. L'impression fut très forte et fut interprétée comme un très mauvais présage par les Tibétains.


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