Au nord du Chili (novembre 1991)
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Arica: La ville de l'éternel printemps. 

Le sous-sol de la cité est riche en vestiges archéologiques. Des momies chinchorros y ont été découvertes à la faveur de travaux de voirie. Les Chinchorros étaient un peuple de pêcheurs. S'il faut en croire les experts, ces momies, recouvertes d'une sorte de masque d'argile, n'étaient pas ensevelies. Elles servaient d'intermédiaires entre le monde des vivants et celui des esprits. Elles étaient donc conservées auprès de leurs proches pour être utilisées comme médiatrices lors des cérémonies religieuses. 

Excursion à la vallée d'Azapa, un oasis au milieu d'une région désertique. Cultures: oliviers, tomates... Visite du musée: momies chinchorros, témoignages divers de la culture des anciens habitants. Géoglyphes de Las Maïtas obtenus en disposant des pierres sur le sol à flanc de colline. Dans un climat aussi sec, ces manifestations d'art primitif n'ont pas changées depuis des siècles. 

L'église San Marcos d'Arica a été construite par Eiffel à l'épreuve des tremblements de terre. Sa structure métallique évoque les pavillons Baltard des anciennes Halles de Paris. 

El Morro, conquis par les Chiliens sur les Péruviens pendant la guerre du Pacifique. Visite du musée dédié au souvenir de ce conflit. 

Visite du port: marché aux poissons, pélicans et loups de mer. Une flotte de pêche relativement importante est à l'ancre dans le bassin. 

Passage devant l'ancienne douane, toute blanche. Visite de la gare de Bolivie. Arica est l'une des portes de la Bolivie depuis que ce pays a été privé de débouché sur la mer par suite de sa défaite militaire pendant la guerre du Pacifique. Les Boliviens restent très marqués par ce conflit; une fête commémore chaque année, le 23 mars, le général Eduardo Abaroa, qui a refusé de se rendre aux Chiliens, et est mort à la tête de ses troupes. Un train relie Arica à la Paz  (ce train a cessé d'exister quelques temps après le voyage, voir  ici).  

Un peu plus loin que l'hôtel, sur la route qui conduit à une fabrique de farine de poisson, des dessins muraux relatent des épisodes de l'histoire du pays. On remarque le blason du Chili avec sa devise: Par la raison ou par la force! 

Entre Arica et Pica: 
Départ en voiture de bon matin en direction du sud. Traversée d'un immense désert montagneux à la terre de couleur ocre: Pampa Chaca, Pampa de Camerones, Pampa de Chiza... 

Géoglyphes faits de pierres posées sur le sol (animaux, hommes, tridents, dessins géométriques...). Tiliviche? Halte en milieu de journée pour déjeuner auprès d'un minuscule point d'eau entouré de joncs. Apéritif: un verre de pisco. Repas arrosé de vin rouge du Chili. J'en renverse sur mon pantalon! 

A nouveau le désert. Arrêt dans un village sur la route (Huara?). 

Visite de l'ancienne mine de salpêtre Humberstone: L'exploitation a pris fin au milieu du vingtième siècle, par suite de l'invention des poudres synthétiques. C'est maintenant un village fantôme. Il y a pourtant un habitant, peut-être un gardien, puisqu'un pot de géranium fleurit une fenêtre. Les ouvriers n'étaient pas payés, mais nourris et logés à raison d'une famille dans une pièce de 9 m2. Ils ne pouvaient pas s'en aller. Ils bénéficiaient pourtant de certains avantages: piscine, théâtre, église... Les grèves étaient réprimées avec brutalité. De nombreuses personnes furent massacrées. Les actionnaires étaient étrangers: Anglais, Français... Les bâtiments qui subsistent font davantage penser à un camp de concentration qu'à un complexe industriel. 

Passage devant le sanctuaire de La Tirana: Selon la légende, une princesse indienne tomba amoureuse d'un chrétien. Elle fut mise à mort par son peuple. L'église, dédiée à la Virgen del Carmen, est maintenant un lieu de pèlerinage très fréquenté. On rencontre dans ce culte un mélange de paganisme et de catholicisme. Il a cependant été reconnu par le Vatican. 

Traversée d'une région de salines (Salar de Pintados). La terre, saturée de sel, est impropre à la culture. On tente de boiser. Les arbres sont plantés au fond d'espèces d'entonnoirs creusés dans le sol pour atteindre la couche de terre plus fertile. 

Oasis de Matilla: église espagnole: représentation de la Cène en statues de bois peint. Ce point était autrefois une halte de l'armée espagnole qui descendait du Pérou. Des magasins de l'intendance y étaient installés. Le vin de Matilla était apprécié, mais on n'en fait plus. On y trouve des vergers, comme à Pica, le village voisin. 

Oasis de Pica: halte pour la nuit. Les citrons du lieu sont réputés pour la fabrication du pisco sour, l'apéritif local. Le lendemain matin, avant de partir, baignade dans la piscine naturelle d'eau tiède de Pica. L'eau sort du sol à l'intérieur d'une grotte dans laquelle on peut pénétrer. A part notre chauffeur, notre guide et nous trois, il n'y a personne. On ne se bouscule pas! Après la baignade, départ en voiture pour poursuivre notre route. Dans le voisinage de Pica, on peut voir des traces de dinosaures. Mais nous n'irons pas. 

Los Cerros Pintados: Sur plusieurs kilomètres, 355 géoglyphes, obtenus par grattage du sol, ornent les collines. On distingue 137 figures géométriques, 97 dessins d'animaux (camélidés, oiseaux, poissons) et 121 représentations d'être humains (chasseurs?). La croix de Tihuanaco, symbole religieux panandin, est bien entendu présente. Avec un peu d'imagination, on peut même retrouver des fusées interplanétaires! Il paraît que ces signes étaient un langage codé destiné à guider les caravanes dans le désert. En prêtant l'oreille, on entend craquer le sel du sol, sous l'effet de la chaleur (On trouve d'autres sites comparables ailleurs en Amérique, voir  ici). 

Poursuite de notre route à travers le désert. Dans le lointain, les scories d'une mine de cuivre. Le minerai de ce métal est exploité dans la région depuis une époque très reculée, bien antérieure à l'arrivée des Espagnols.  

Coucher "au bout du bois". A l'hôtel, on s'éclaire la nuit à la bougie. 

Le lendemain, panne dans le désert. Il nous faudrait un tournevis, mais le chauffeur n'en a pas. Nous cherchons en vain, dans le sable, un objet quelconque qui pourrait le remplacer. Heureusement, le passage d'un camion nous tire d'embarras. Au loin, on aperçoit les fumerolles de la pollution causée par la mine de cuivre. 

Une chaîne de volcans apparaît à l'horizon, presque bleue sur l'ocre de la pampa. 

La Vallée de la Lune: située en bordure de l'immense salar d'Atacama, cette vaste étendue désertique au sol de sel, de sable et de gypse, le tout bousculé lors de la surrection des Andes, est dominée par le volcan Licancabur. Le soulèvement de la plaque tectonique continentale sud-américaine est à l'origine de l'érection du plus grand relief tectonique connu. Un dénivelé de 14 kilomètres sépare les sommets de la chaîne andine de ses racines plongeant à 7000 mètres dans la fosse océanique. La Vallée de la Lune, à une altitude intermédiaire, offre à ses visiteurs un lieu superbe où se combinent toutes les nuances du gris, de l'ocre, du noir et du blanc, sous un ciel bleu vif. Un enchantement pour les yeux. Mais attention! Il ne faut pas s'y aventurer à bord d'une voiture de tourisme. Des imprudents se sont ensablés devant nous et, pour les doubler, nous avons été obligés de passer à flanc de ravin, à nos risques et périls. Heureusement, tout se termina bien. Quant aux ensablés, espérons qu'ils avaient de quoi se tirer d'affaire! 
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La Vallée de la Lune et le volcan Licancabur (source : Exposition du Sénat)


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