Les hommes-oiseaux
 
 
Le mythe des hommes-oiseaux se retrouve dans plusieurs cultures.  

Dans l'Antiquité, Plutarque croyait déjà à l'existence d'être vivant entre le monde des humains mortels et celui des dieux immortels; ces êtres, dotés de pouvoirs supérieurs à ceux des humains, n'en étaient pas moins mortels; ils se déplaçaient dans le ciel sur des nefs aériennes. 

A l'époque carolingienne, les habitants de l'empire croyaient que les phénomènes naturels, comme l'orage et la grêle, étaient le fait d'êtres qui vivaient au niveau des nuages, dans une contrée céleste appelée Magonie. Ces Magoniens se déplaçaient dans des navires aériens et ils avaient la faculté de déclencher des intempéries désastreuses pour les récoltes. Les auteurs de ces catastrophes étaient supposés se partager les fruits touchés et les animaux foudroyés avec des sorciers humains baptisés "tempestaires" qui passaient avec eux un pacte diabolique. Pour se prémunir contre ces calamités, les paysans dressaient dans leurs champs de grands mâts chargés de formules magiques. Charlemagne lutta contre ces pratiques superstitieuses qui n'en demeurèrent pas moins en usage. Plus tard, l'archevêque de Lyon, Agobard (779?-840), tenta également de détacher ses fidèles de ces croyances impies. La foule ne lui avait-elle pas amené un jour trois hommes et une femme accusés d'appartenir à la race malfaisante des voyageurs aériens qu'elle se proposait de lyncher. Certains disent que ces malheureux furent sauvés par le prélat, mais d'autres affirment qu'ils furent attachés à des planches lestées et précipités dans le Rhône où ils se noyèrent; 

A partir du 9ème siècle, on voit apparaître dans les églises des sculptures représentant des oiseaux à tête humaine. Ce sont les oiseaux sirènes qui symbolisent les âmes en route pour le ciel ou le purgatoire. Ces représentations n'ont donc rien de diabolique, au contraire (voir Morienval). 

Plusieurs textes du haut Moyen-Âge font état d'incident survenus au nord de l'Europe. C'est ainsi que l'ancre d'un vaisseau aérien, qui traînait le long du sol, se serait prise entre deux rochers; un homme-oiseau serait alors descendu, en nageant dans les airs, pour tenter de la décrocher; la foule accourue menaçant de l'écharper, l'homme-oiseau aurait rapidement regagné son vaisseau qui se serait éloigné, la corde ayant été opportunément coupée.  
. 

Les hommes-oiseaux - Gravure du 19ème siècle 
source: Bibliothèque Nationale
. 
Au début du 13ème siècle, un auteur anglais, Gervaise de Tilbury, dans ses "Divertissements pour l'empereur", raconte une histoire similaire à la précédente avec une fin plus tragique, le plongeur aérien étant mort dans l'aventure. 

Au 16ème siècle, un auteur français, Montfaucon de Villars, relate une anecdote qu'il fait remonter aux premiers temps de l'ère carolingienne. Il prétend que des créatures intermédiaires entre les hommes et Dieu, les Sylphes, décidèrent alors de venir sur la terre afin de montrer aux humains qu'ils étaient innocents des crimes que ces derniers leur imputaient. Malheureusement, Charlemagne puis Louis le Pieux édictèrent que tout être se disant venir du ciel qui serait capturé serait puni. Pour convaincre les Terriens de leurs bonnes intentions, les Sylphes enlevèrent quelques humains pour les emmener dans leur merveilleuse contrée, avant de les ramener sur terre où, pris pour des sorciers, ils furent arrêtés, torturés puis exécutés. 

Au 18ème siècle, un auteur anglais s'empare du mythe pour en faire le thème d'un roman. Ce sont "La vie et les aventures de Peter Wilkins", dues à la plume de Robert Paltock. Mais, dans cette fiction, les hommes volants vivent dans une contrée souterraine, sont quasiment aveugles et leurs ailes dépourvues de plumes, qui sont membraneuses comme celles d'une chauve-souris, leur permettent aussi d'aller sur l'eau (voir ici). 

Toutes ces faits ressortiraient des légendes de l'histoire ancienne si une aventure étrange, rapportée par la presse de l'époque, n'était pas survenue le 26 avril 1897, à Merkel, au Texas. Un énigmatique vaisseau aérien serait alors apparu dans le ciel; son ancre se serait accidentellement accrochée au sol et un nageur aérien serait descendu pour la libérer! 

On trouve d'autres allusions aux hommes-oiseaux chez les aborigènes d'Australie. Mais c'est à l'Île de Pâques que ce mythe a trouvé son développement le plus important en se transformant en un véritable culte. Privé des arbres nécessaires à la confection des barques qui leur auraient permis de s'évader de leur île, les Pascuans s'y seraient trouvés prisonniers. La vue des oiseaux qui migrent les auraient alors amener à imaginer une religion libératrice, celle de l'homme-oiseau, qui donnait lieu à une cérémonie annuelle au cours de laquelle les jeunes gens se jetaient du haut d'une falaise pour aller quérir sur un îlot voisin l'oeuf magique qui ferait de son propriétaire le pontife de l'année.

 

Vers: Australie (légendes)      Île de Pâques (notes)     Île de Pâques (photos)

Naviguez sur l'ensemble du site de Jean Dif:
Accueil     Logiciels     Textes     Images     Musique