Quelques  repères
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J'ai rédigé ces quelques notes pour m'y retrouver moi-même. N'étant pas un expert, je n'en garantis pas la validité. Il faut les prendre pour ce qu'elles sont, un pense-bête destiné à un non initié. 

Les fondements du bouddhisme tibétain 

Une religion n'apparaît jamais spontanément. D'autres religions, d'autres philosophies la précèdent ou se développent parallèlement. Des influences croisées peuvent naître de leur confrontation. Le bouddhisme tibétain, qualifié autrefois de lamaïsme, ne fait pas exception à cette règle. Il a subi diverses influences.  

Avant le bouddhisme, une autre religion existait aux Indes et s'y maintiendra encore après: l'hindouisme découlant des védas et du brahmanisme aryen. Parmi les doctrines de cette religion, retenons les quatre qualités de Brahma : la pitié, la compassion, l'amour désintéressé pour tous les êtres, l'indifférence et l'égalité d'âme en face de tous les événements. La plupart des notions du bouddhisme sont déjà présentes dans le brahmanisme : la succession des morts et des renaissances (samsara), le lien de causalité qui existe entre les vies successives (karma), le renoncement et la quête de l'illumination, les prières (mantras) qui commencent toujours par la syllabe Om (comme dans Om Mani Padme Oum), considérée par les brahmanes comme le verbe créateur, le fréquent recours au symbolisme de la roue... Bien des formules, des rites, des objets sacrés et des divinités du bouddhisme sont empruntés aux anciennes religions de l'Inde même si celui-ci s'en est écarté pour former une religion spécifique. Remarquons encore qu'Indra, dieu aryen de la guerre, roi de la création, symbole du soleil, tient le tonnerre dans sa main droite sous la forme d'un vajra lequel rappelle aussi le sceptre de Zeus, divinité suprême de la Grèce, dieu du ciel, maître de la foudre et dispensateur de la justice. Par ailleurs, le lotus est une fleur sacrée des bouddhistes, des Hindous mais aussi des anciens Égyptiens. Le bouddhisme naquit en réaction contre les rites devenus trop formels de l'hindouisme et peut-être aussi contre le système des castes. Enfin, presque au même moment, une autre religion vit également le jour en Inde, le jaïnisme, qui croit également en des renaissances successives, tant que l'on n'a pas atteint la pureté en suivant les règles préconisées par les saints; le jaïnisme prône la non violence et le respect de la vie à un point tel que ses adeptes se déplacent pourvus d'un balai pour écarter les êtres vivants qu'ils pourraient écraser et d'un masque de tissu pour éviter d'avaler les minuscules créatures attirées par leur respiration. Nombre d'observateurs du jaïnisme ont insisté sur les points qui le rapprochent du bouddhisme. 
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Indra avec un vajra dans sa main droite
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Antérieurement au bouddhisme, les Tibétains pratiquaient le bön, une religion animiste, imprégnée elle-même du chamanisme sibérien. Le bön serait originaire de Perse. Les bönpos font appel à des pratiques magiques, qu'il s'agisse de magie noire ou blanche. Ils rendent un culte aux forces de la nature. Les prêtres bön jouaient un rôle très importants à l'époque de la monarchie tibétaine primitive, notamment lors des funérailles des rois, qui exigeaient la présence d'un grand nombre de participants et au cours desquelles on procédait à des sacrifices d'animaux et peut-être d'hommes. Pour en savoir plus sur cette religion ancienne, cliquez ici. Enfin, le svastika, originaire probablement de Perse, est un symbole religieux de l'hindouisme aussi bien que du jaïnisme, du bön et du bouddhisme, même s'il n'est pas toujours orienté dans le même sens.    

Par ailleurs, outre le bön et le bouddhisme, persistera longtemps au Tibet une religion populaire, dont les origines se perdent dans la nuit des temps, mais qui est encore bien vivante parmi les simples gens lesquels s'accrochent à leurs croyances ancestrales et se fient aux rites qui sont censés leur permettre de contrôler les êtres et les puissances surnaturelles qui les entourent. Les Tibétains sont persuadés de la présence dans leur environnement d'une multitude d'êtres qui peuvent s'avérer propices ou causer de grands malheurs si on les irrite d'où le nombre prodigieux des divinités de leur panthéon qui ornent les temples, divinités dont il convient d'apaiser le courroux en récitant des formules rituelles, dont peu de fidèles comprennent le sens, en s'adonnant à des pèlerinages dans les lieux sacrés et en soutenant de ses libéralités les oeuvres monastiques. Le chapelet à 108 perles (mala), les drapeaux à prières et biens des rites magiques ou divinatoires seraient des survivances de cette ancienne religion populaire sans nom. 

Entre son apparition en Inde et son arrivée au Tibet, plusieurs siècles plus tard, le bouddhisme assimila donc diverses influences religieuses étrangères, perses, grecques et même égyptiennes. Certains auteurs estiment que les funérailles célestes tibétaines viennent de ces anciennes pratiques perses. On a en effet retrouvé, dans une ville néolithique d'Anatolie, Catal Höyük, d'où provenait l'obsidienne, pierre très dure utilisée pour la confection d'outils tranchants, des fresques, datant du 7ème millénaire avant notre ère, sur lesquelles des vautours dépècent des cadavres ainsi que des représentations de prêtres déguisés en vautours qui font penser à ces funérailles. Par ailleurs, les Mazdéens (disciples de Zoroastre), pour éviter de souiller le feu ou l'eau, symboles de purification, interdisaient de jeter les cadavres dans les rivières et les lacs ou de les brûler; ils étaient exposés sur des Tours du silence où ils pourrissaient ou étaient mangés par les oiseaux.  

Des éléments du bön et de la religion populaire, et aussi d'autres religions, sont donc passés dans le bouddhisme tibétain tandis que ce dernier pénétrait également les autres religions traditionnelles du pays en un jeu complexe d'influences croisées.  

Il faut insister sur la grande tolérance dont a su faire preuve le bouddhisme pour s'implanter au Tibet. Bien sûr, il ne s'agit pas d'un renoncement à ses principes fondamentaux, mais de l'acceptation de pratiques religieuses exogènes compatibles avec sa doctrine dans la mesure où il est possible de les rendre favorables.   

Le tantrisme est un courant ésotérique du bouddhisme tardif. Tantra signifie "trame" et désigne l'art de percevoir sans dualité l'univers comme un tissu interdépendant de phénomènes vides et lumineux. Apparu en Inde, et influencé par l'hindouisme, il est introduit en Chine dans la seconde moitié du 8ème siècle par le moine Bukong. Il considère que la bouddhéité réside à l'intérieur de l'homme et que l'éveil peut être atteint par des pratiques magiques ou sexuelles ésotériques. Il connaît une vogue passagère à la cour des Tang, puis disparaît de Chine, et passe au Tibet où il joue un rôle déterminant dans la formation du bouddhisme tibétain. La pratique religieuse du tantrisme est fondée sur des exercices rituels (mantras, visualisations mentales, postures corporelles, yoga...) destinés à opérer une transformation physiologique, psychique et spirituelle du pratiquant, propre à déchirer le voile des illusions et à lui permettre l'accès à la vraie réalité. Il s'agit de provoquer un processus de dissolution purificatrice analogue à celui de la mort pour percevoir et reconnaître la claire lumière. Les sculptures tantriques représentent souvent l'accouplement d'un homme (qui peut être peint en bleu) et d'une femme (qui peut être colorée en rouge); il ne s'agit évidemment pas d'images pornographiques mais du symbole de l'unité retrouvée par le dépassement de la dualité masculine et féminine (yab yum: père mère), l'homme symbolisant le moyen, c'est-à-dire la compassion, et la femme figurant la connaissance. 
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Le tummo, ou hyperpyrexie volontaire, constitue un exemple intéressant des pratiques du yoga. On reconnaît ceux qui s'y adonnent à leur vêtement de coton mince, d'un blanc légèrement teinté, preuve qu'ils peuvent résister aux plus grands froids, en maîtrisant leur chaleur corporelle. Le fondement de la technique est simple : la pensée consciente est transportée par le souffle vital dans deux canaux latéraux, à la droite et à la gauche du corps, qui communiquent par les narines avec le souffle cosmique; il s'agit de l'obliger à prendre le canal du milieu, qui remonte la moelle épinière, et de l'y consumer d'un feu qui détruit l'illusion de la personnalité. Pour y parvenir, on doit se livrer à des exercices répétitifs dont la description détaillée dépasserait le cadre de cette présentation. Ces exercices sont répétés plusieurs jours de suite, après quoi on vérifie que le yogi est capable de résister aux plus grands froids en lui imposant une épreuve, durant une nuit d'hiver, puis en l'amenant à plonger dans une rivière dont on a brisé la glace et en séchant sur son corps un linge trempé dans l'eau glacée. Le yogi qui triomphe de ces épreuves est déclaré digne du port de la robe de coton blanche.
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Le bouddhisme se partage en plusieurs voies ou véhicules (yana): 

Le grand véhicule (Mahayana), ou grande voie, met l'accent sur la compassion et se fonde sur l'idéal du bodhisattva (qui se consacre à guider tous les autres êtres vers la délivrance finale). Cette conception du bouddhisme cherche à sublimer le Bouddha humain de l'ancienne école en lui donnant un caractère divin. Le Mahayana implique donc que l'éveil est accessible aux laïcs, et non aux seuls moines, car la nature de Bouddha est commune à tous. Apparu en Inde au 1er siècle avant notre ère, et répandu depuis en Chine, au Tibet, en Mongolie, en Corée et au Japon, il est appelé aussi bouddhisme du nord. On assiste alors à la multiplication des bouddhas et des divinités. Cette voie est en fait, sensiblement plus proche des conceptions et des rituels de l'hindouisme; elle conduit les êtres à l'Illumination, à l'éveil ultime. 

Le Vajrayana (véhicule de diamant) est tout simplement une adaptation du grand véhicule intégrant le tantrisme. C'est à ce véhicule qu'adhèrent les bouddhistes tibétains. 

En dehors de ces deux courants, il en existe un troisième: le petit véhicule (Hinayana). 

Le petit véhicule désigne le bouddhisme ancien dont l'idéal est l'arhat (être presque totalement libéré des liens du karma, entré en sainteté, et qui sert d'exemple au commun des croyants). Il met l'accent sur le salut personnel et sur la distinction entre moines, qui seuls peuvent atteindre directement l'état de bouddha, et laïcs destinés à renaître. Cette forme de bouddhisme est aussi appelée Theravada (doctrine des anciens), du nom de la seule de ses branches qui ait survécu de nos jours, ou encore bouddhisme du sud, car il subsiste en Inde du sud, au Sri Lanka, en Birmanie, en Thaïlande et au Cambodge. On dit aussi qu'il correspond aux phases préliminaires de la recherche spirituelle. 

La fable suivante illustre assez bien les différences entre ces trois courants. Une fleur merveilleuse pousse sur le chemin, mais elle porte en elle les trois poisons de l'existence : l'ignorance, le désir et la colère. Un disciple du Hinayana (petit véhicule) vient à passer. Connaissant le danger de la fleur, il l'évite. Le nirvâna lui est promis. Un disciple du Mahayana (grand véhicule) le suit. Il connaît le danger mais, faisant preuve d'altruisme, il la cueille pour révéler aux autres hommes sa nocivité. Il refuse la délivrance pour lui afin de venir en aide à autrui. C'est un bodhisattva. On pourrait traduire bodhisattva par sauveur, avec les réserves d'usage pour ce qui concerne une assimilation à la tradition chrétienne. Le troisième qui vient pratique le Vajrayana (véhicule de diamant). Il reconnaît le danger, il est altruiste, mais grâce aux pouvoirs qu'il tient de ses connaissances en magie, il est capable de transmuer le poison en élixir de vie. Il arrache la fleur, la mange en entier et le mal est ainsi éradiqué de la terre.

Amitaba, Amitabha ou Amitayus, est un bouddha du Grand véhicule et du véhicule de Diamant. Il règne sur la Terre pure occidentale de la Béatitude, monde merveilleux, parfait, dépourvu du mal, de souffrance, lieu de refuge en dehors du cycle des transmigrations, une sorte de réplique du nirvana. Ce bouddha, le bouddha des bouddhas, est très populaire dans plusieurs pays du bouddhisme nordique (Mahayana et Vajrayana). Le paradis d'Amitaba est uniquement peuplé de personnes du sexe masculin. Amitaba est la lumière infinie et le maître du langage. Le Panchem lama est l'une de ses émanations, alors que le Dalaï lama procède d'Avalokitsevara, bouddha de la compassion.

Le Dzogchen s'efforce de surmonter le dualisme entre le nirvâna et le samsara. Aussi appelé Grande Complétude, il fait partie des traditions les plus révérées du Bouddhisme ainsi que du Bön, et son origine se perd dans la nuit des temps. Il repose sur l'état primordial, celui d'éveil total qui constitue l'essence de tous les Bouddhas et de toutes les voies qui conduisent à l'évolution spirituelle. C'est la perfection suprême de la nature de Bouddha qui repose en chaque être et que celui-ci atteint lorsque se dissipe son ignorance. Certains auteurs pensent qu'il constitue en fait une quatrième voie en plus des trois véhicules traditionnels (petit véhicule, grand véhicule et véhicule de diamant). Son principe est l'autolibération spontanée des passions plutôt que leur transformation comme dans le tantrisme. Il présente des analogies avec le chan (bouddhisme chinois) chassé du Tibet lors du concile de Lhassa au profit du bouddhisme hindou. 

Les influences dont s'est nourri le bouddhisme tibétain (bön, chamanisme, tantrisme... et aussi peut-être nestorianisme) en ont fait une religion à part entière dont les rites étranges, magico-religieux, n'ont pas fini de fasciner l'Occident. On attribue aux lamas et aux ermites des pouvoirs magiques et de télépathie acquis après des années d'entraînement. 
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Un tanka du Potala
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Quelques éléments clés du bouddhisme 

Bouddha n'est pas un dieu. C'est un être humain qui s'est éveillé à la connaissance de la loi universelle, qui l'a formulée et qui l'enseigne aux autres êtres. Cette loi comporte des aspects religieux, sociaux, politiques et métaphysiques. C'est l'ordre naturel de tout ce qui est, et qu'un être conscient se doit d'observer. C'est-à-dire le dharma. Celui-ci signifie bien sûr devoir, loi, mais aussi unification de la bonne religion, de la bonne philosophie et de la bonne science.  

Les enseignements du Bouddha sont comparés à une roue qui se déplace de pays en pays s'adaptant à l’environnement et aux inclinations de leurs habitants; elle tourne afin de propager l'enseignement. Cette roue du dharma, symbole de la doctrine, décrit comment celle-ci forme un tout immense, cohérent, n'ayant ni commencement ni fin. Elle se compose d'un moyeu, de rayons et d'une jante. Le moyeu représente l'exercice de la discipline éthique, les rayons l'application de la sagesse, la jante l'exercice de la concentration. Les rayons sont au nombre de huit; ils symbolisent les huit chemins de justice: vue juste, pensée juste, parole juste, effort juste, moyens de subsistance justes, attention juste, absorption juste, action juste. La présence des deux gazelles au pied de la roue rappelle le premier sermon donné par le Bouddha à ses compagnons en présence de deux de ces animaux, près de Bénarès.  
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Une roue du dharma au sommet du monastère du Karmapa en exil, à Rumtek (Sikkim), en 1981  
Photographie de Francesca Saturnia-Caroutch  
Le livre de la Licorne (Pardès, 1989)
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Pour le bouddhisme, la vraie réalité est le non créé. Les phénomènes ne sont que des apparences qui s'enchaînent en cycles sans fin. L'idée d'une fin brutale, apocalyptique, d'un jugement dernier, lui est étrangère. D'ailleurs, il n'existe pas de juge des bonnes et des mauvaises actions. Celles-ci doivent s'équilibrer au cours de multiples vies pour que l'on atteigne l'idéal, le nirvâna, et que l'on devienne un Bouddha. On n'efface pas une faute. On la compense par de bonnes actions. Aucune damnation ne condamne le fautif à la géhenne éternelle. La punition est dans la vie. La faute entraîne inévitablement sa contrepartie dans cette existence ou dans une autre. 

La mort ne met pas fin aux tribulations d'un individu. Il n'y a pas d'enfer ni de paradis éternels. L'âme du défunt n'est pas définitivement pesée dans la balance du bien et du mal pour être récompensée, en prenant place parmi les élus, ou punie indéfiniment, en tombant chez les damnés. Il n'y a pas non plus de limbes pour les enfants. Et les animaux ont aussi leur place dans la chaîne des vies qui conduisent au nirvâna; les hommes ne doivent pas les tuer parce qu'ils représentent au même titre qu'eux l'une des manières d'être et qu'ils ont eux aussi vocation à parvenir à la perfection à la fin des tribulations que leur a mérité leur karma; ce n'est pas la répulsion ressenti à l'encontre de la souffrance qui conduit au respect de la vie mais le sentiment que tout être vivant participe à la chaîne des existences; tuer un animal, qui a pu être dans une autre vie un de nos ancêtres, est par conséquent plus répréhensible que d'infliger les pires sévices à un criminel qui l'a mérité; la religion n'exclut nullement de terribles châtiments corporels mais il ne sont que transitoires.  

Si la notion de jugement dernier est étrangère au bouddhisme, celui-ci admet cependant la possibilité de catastrophes. Par suite de la mauvaise conduite des êtres, une période peut se clore. Une nouvelle période s'ouvre alors. Un nouveau Bouddha apparaît et l'enseignement reprend. C'est pourquoi, il existe plusieurs Bouddhas : le Bouddha du passé qui correspond à une période antérieure; le Bouddha du présent, Sakyamuni, et le Bouddha du futur, Maitreya, qui relancera le perfectionnement des êtres lorsque le monde actuel sera devenu tellement mauvais qu'il se détruira. Après lui, des milliers d'autres Bouddhas viendront encore. 

Le bouddhisme pressent la pluralité des mondes. Tout ce qui existe ici existe aussi ailleurs. Tout ce qui est absent ici est aussi absent ailleurs. Il n'est pas opposé à l'évolution. On passe par tous les stades, la germination de la graine, la naissance par l'oeuf avant l'étape du mammifère. Tous les êtres, et non seulement les hommes, on l'a dit, peuvent atteindre l'état de Bouddha. 

La renaissance (et la réincarnation) s'impose d'elle-même comme une conséquence de ce qui précède. Mais il ne s'agit pas de la transmigration d'une âme dans un autre corps. La renaissance (et la réincarnation) peut être celle du corps, celle de la parole, celle de l'esprit, celle de la qualité ou celle de l'activité du disparu ou aussi, selon d'autres exégètes, la plus claire lumière de la conscience. En fait, le bouddhisme admet l'existence de principes élémentaires fondant un être qui se séparent lors de la mort et se recomposent à la renaissance. Plusieurs êtres revenus à la vie peuvent correspondre à un même défunt. Un être humain peut revenir en animal et celui-ci en être humain. Il faut souligner la différence fondamentale qui existe entre la réincarnation et la renaissance: un boddhisattva se réincarne volontairement, un individu ordinaire renaît obligatoirement tant qu'il n'est pas libéré du samsara. 

Lorsqu'une personne meurt, elle traverse une période transitoire comparable au sommeil, le bardo, avant de renaître sous une ou plusieurs autres formes. La maîtrise des rêves permet de traverser cette période transitoire sans perdre le souvenir des vies antérieures; autrement, celles-ci sont oubliées. La renaissance n'est pas une récompense mais une punition. Elle intervient pour permettre au mort de se racheter dans une autre vie. Elle sera d'autant plus pénible que le réincarné a beaucoup de mauvaises actions à contrebalancer. En fait, le terme bardo signifie état intermédiaire; le bouddhisme tibétain identifie six bardos: celui de la naissance, celui du rêve, celui de la méditation, celui de l'instant de la mort, celui de la réalité absolue et celui du devenir; les trois derniers bardos recouvrent la période qui s'écoule entre la mort et la renaissance, c'est à eux que l'on se réfère ci-dessus.  

Un être dont les fautes et les bonnes actions s'équilibrent, et qui s'est éveillé à la connaissance de la vanité des phénomènes, connaît la félicité du nirvâna, du non créé. Il ne se réincarne pas, sauf s'il le souhaite, par altruisme, pour aider les autres, jusqu'à ce que tous puissent atteindre la perfection. Dans ce cas il devient un bodhisattva. Les bodhisattvas constituent l'un des éléments les plus importants du bouddhisme tibétain. On voit le rôle que la compassion y joue. Mais cette compassion n'est pas, comme en Occident, le produit de la sensibilité. Elle découle de la connaissance de la place occupée par chaque être, du plus infime vermisseau à l'homme, dans la chaîne des renaissances successives qui conduisent à l'éveil. C'est donc plutôt une sorte de solidarité fraternelle. 

On appelle samsara, ou migration, la suite des renaissances au sein des différentes conditions d'existence auxquelles un individu ne peut se dérober tant qu'il n'a pas obtenu la délivrance. L'enchaînement au samsara est la conséquence des trois racines du mal : la haine, le désir et l'ignorance. Les conditions de la renaissance sont conditionnées par le karma de chacun. 
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La roue de l'existence se retrouve dans presque tous les sanctuaires. Yama (Chos-rgyal en tibétain), le seigneur de la mort, la tient entre ses griffes; rien ne saurait le fléchir ni le corrompre, pas plus la puissance que la richesse; tout ce qu'on pourrait lui offrir, il le possède déjà! Cette roue est constituée de trois cercles concentriques. Celui du milieu contient trois animaux qui symbolisent les racines du mal : le sanglier (l'ignorance), le serpent (la haine ou la colère) et le coq (le désir); on triomphe de l'ignorance par la connaissance acquise grâce à l'expérience, la haine ou la colère par le refus des partis pris, le désir par le renoncement à soi, c'est-à-dire la prise de conscience que notre individualité n'est qu'une illusion; trois vers de Milarepa sont significatifs à cet égard: "La notion de vacuité engendre la Compassion/ La Compassion efface la distinction entre le moi et les autres/ L'Unité indistincte de soi et des autres rend le service des autres effectif". Le cercle intermédiaire se divise en six cases qui représentent les six états de l'existence : le monde des dieux; celui des titans et des assura; celui des preta, avares déchirés par la faim et la soif; celui des enfers (certains disent celui des hôtes du purgatoire); celui des animaux et celui des humains; aucun des êtres figurant dans ces six cases n'est immortel, les dieux sont dotés de pouvoirs supérieurs à ceux des hommes et vivent plus longtemps, mais ils connaissent également la décrépitude et la mort; la notion d'un dieu éternel créateur du monde est étrangère au bouddhisme; tous les êtres ne sont cependant pas placés à égalité face à l'acquisition des mérites nécessaire pour sortir du cycle des renaissances : les animaux, obligés de tuer pour se nourrir, sont ainsi défavorisés par rapport aux humains. Le cercle extérieur illustre l'enchaînement des causes interdépendantes de renaissance qu'il faut briser, grâce à l'enseignement bouddhiste, pour parvenir au nirvâna. On y trouve : l'ignorance primordiale (un aveugle); les impulsions mentales (des potiers symboles de malléabilité); la conscience instable (des singes); la personnalité (deux hommes dans une barque); les six sens (six maisons vides); le contact (deux amoureux); la sensation aveugle (deux flèches dans les yeux); la soif (un buveur); l'appropriation (un singe attrapant des fruits); le devenir (une femme enceinte); la naissance (un accouchement); la vieillesse et la mort (un homme portant un cadavre); ces différents stades s'engendrent les uns les autres; les six états de l'existence et les douze causes de renaissance font évidemment partie du domaine de l'illusion la seule réalité étant la vacuité; pour un être ayant atteint l'état de bouddha, ils s'évanouissent définitivement. Les deux derniers cercles s'explorent dans le sens des aiguilles d'une montre en partant du haut, sous la tête de Yama à gauche. Pour sortir définitivement du cycle des renaissances et atteindre l'état de Bouddha, il faut suivre la voie des huit perfections enseignée par Sakyamuni : la vision parfaite, la réflexion parfaite, le langage parfait, l'action parfaite, les moyens d'existence parfaits, l'effort parfait, la mémoire ou prise de conscience parfaite, la contemplation parfaite. 
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"Quelle est pensez-vous, ô disciples, la masse des eaux du grand océan ou celle des larmes que vous avez versées au cours de votre long pèlerinage, allant perpétuellement vers de nouvelles naissances et de nouvelles morts, unis à ce que vous haïssez, séparés de ce que vous aimez? Sans commencement et sans fin est cette ronde. Inconnaissable est le commencement des êtres enveloppés dans l'ignorance qui, poussés par le désir, sont conduits vers des renaissances, poursuivant cette ronde de renaissances. Ainsi, depuis longtemps avez-vous souffert les douleurs physiques et les douleurs morales. Vous avez engraissé le sol des cimetières assez longtemps pour être dégoûtés de cette existence, assez longtemps pour vous détourner, pour vous en libérer." 
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Samyutta Nikâva (sage hindou), Commentaire sur le Bardo.
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L'être libéré du cycle des renaissances atteint le nirvâna; il ne faut pas confondre cet état avec le néant; seuls des bouddhas sont capables de le définir; faute de mieux, on parle parfois d'illumination, ou de délivrance, pour caractériser une notion qui, par nature, échappe à l'entendement des simples mortels.  

Le karma, ou acte volontaire, est le lien de causalité en vertu duquel le futur des êtres (soit dans cette vie, soit lors d'existences postérieures) est déterminé par la qualité, bonne ou mauvaise, de leurs actions présentes et passées. On pourrait traduire ce terme par "chaîne des actions" mais, à défaut d'un concept similaire dans les traditions occidentales, toute tentative de ce genre est sujette à caution et peut susciter de fausses interprétations. Il est essentiel d'avoir un bon karma. Mais celui-ci n'est pas le fruit du hasard, ni celui d'une volonté divine qui présiderait à la destinée. Il ne dépend que de chacun et des circonstances dans lesquelles il se trouve. 

La prière n'est pas exclue du bouddhisme. Mais elle est plus adressée à soi-même qu'à un dieu. Elle prend la forme de répétition de formules sacrées, les mantras ou instruments de pensée, que l'on peut éventuellement murmurer en égrenant un rosaire. Le mot mantra signifie "protéger l'esprit". La récitation de la formule empêche de s'égarer dans des pensées vulgaires. Agiter un moulin à prières contenant un mantra, jeter en l'air des chevaux du vent, morceaux de papier sur lesquels sont écrits des mantras, disposer dans le vent des drapeaux de prières... ont la même vertu que de prononcer les mantras. Toutes ces actions, comme les pèlerinages accompagnés de prosternations, visent à l'acquisition de mérites pour contrebalancer l'influence d'un karma négatif. Le mantra le plus célèbre est celui d'Avalokiteshvara: Om Mani Padme Hum.  
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Le mantra d'Avalokiteshvara: 
Om Mani Padme Hum
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La traduction de la formule Om Mani Padme Hum la plus courante est celle-ci: "Ô, joyau dans la fleur de lotus, ainsi soit-il." Mais il existe de nombreuses traductions alternatives. Par exemple: "Le phallus dans la vulve" (sens shivaïste), "L'enfant dans le ventre de la mère", "L'amour dans le coeur", "La lumière dans l'esprit", "Le coeur illuminé dans le cosmos", "Je suis l'univers dans l'union des principes masculins et féminins"... Un autre courant considère le mantra comme une prière adressée à une divinité. Ce fut le cas des traductions anciennes proposées par des missionnaires catholiques lesquels estimaient qu'il s'agissait d'une invocation à un dieu Manipe qui semble n'avoir jamais existé que dans leur imagination. Les interprétations: "Ô Joyau-Lotus", "Ô toi dont le lotus est un joyau", "Salut au précieux nénuphar" du père Huc... s'inscrivent dans cette tradition. Certains y voient aussi l'union du masculin et du féminin mettant l'accent sur un universalisme cosmique : "Je suis l'univers dans l'union des principes masculin et féminin". D'après le Dalaï lama, la formule signifierait l'union de la compassion et de la sagesse qui permet d'atteindre l'état de bouddha. Il paraît que les lamas peuvent gloser pendant des heures sur le sens de ce mantra que la plupart des Tibétains psalmodient sans en connaître la signification. Celle-ci a probablement été oubliée depuis longtemps, ce qui conduit à penser que chacun peut y mettre ce qui lui convient. D'ailleurs qu'importe la signification de ces six syllabes (symbolisant les six mondes de la renaissance ?) si leur répétition apporte les bienfaits que l'on en attend.  

Le fait que la simple action de mouvoir un moulin à prière contenant un mantra soit productive de rachat interpellera bien des esprits rationnels. Voici pourtant une tentative de justification de cette croyance. La reproduction et la lecture des prières, sont tenues, au Tibet comme en Occident, pour des actes méritoires. Mais les nombreux illettrés étaient évidemment dans l'incapacité d'acquérir des grâces par ces moyens. Le moulin à prière serait une ingénieuse solution apportée à ce problème.  

Il convient enfin de rappeler que la première syllabe Om, orthographiée Aum, est aussi une syllabe sacrée de l'hindouisme comme symbole de l'Absolu. Chacune de ses trois lettres représente alors l'une des divinités: Brahma, le créateur, Vishnu, le protecteur et Shiva, le destructeur, à travers lesquelles se manifeste l'énergie créatrice, mais également conservatrice et destructrice, de la nature, c'est-à-dire l'Absolu dont elles sont la personnification. 

Le bouddhisme tibétain, on l'a vu, met en exergue la compassion. Il faut oublier son moi pour se consacrer entièrement à autrui. Il prône la charité. Celui qui nourrit un pieux ermite accomplit un acte méritoire qui lui permet de rompre partiellement le cycle des renaissances. La sainteté de l'ermite ne profite pas seulement à lui. Elle se répand aussi comme une grâce sur le monde. C'est pourquoi on tient le moine et l'ermite comme des acteurs les plus utiles de la société.  

Le monachisme revêt une importance particulière dans le bouddhisme tibétain. Dans l'ancien Tibet, les monastères étaient nombreux et ils abritaient beaucoup de moines; chaque famille possédant plusieurs enfants devait fournir un novice au monastère. Ces derniers étaient censés gagner des mérites pour l'ensemble de la population qui travaillaient pour eux ou qui les aidaient par ses offrandes, en argent, en farine d'orge ou en beurre de yak pour les lampes. Les monastères possédaient une partie importante de la propriété foncière du pays et se livraient parfois à des activités lucratives, ce qui n'allait pas sans entraîner une certaine perversion de leur règle. Ils jouaient le rôle d'universités en dispensant un enseignement bouddhiste orienté sur la mémorisation des textes sacrés mais aussi sur leur expérimentation par la méditation. Le contrôle des connaissances s'effectuait sous la forme d'un débat favorable au développement de la logique et de l'art oratoire. Les études pour l'obtention du titre de geshe (doctorat) se déroulaient sur des dizaines d'années. A côté des monastères, et pour ainsi dire en complément, s'élevaient dans les montagnes des cellules où les ermites s'isolaient pour méditer, parfois jusqu'à leur mort; certains ermites faisant murer l'entrée de leur retraite, celle-ci prenant alors les apparences d'un tombeau. Outre ces mystiques solitaires, il existait également des mystiques itinérants, qui parcouraient le monde en vivant de mendicité. Des moines mendiants sollicitaient également les fidèles pour améliorer les ressources de leurs monastères. Les principaux monastères sont d'importants lieux de pèlerinage, où l'on se rend encore en foule aujourd'hui, souvent en s'allongeant sur le sol pour toucher de son front la terre.  
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Voici quelques définitions complémentaires: 

Une tara (celle qui aide) est une entité spirituelle féminine du bouddhisme Mahayana, la contrepartie du bodhisattva de la compassion, Avalokitesvara. Le bouddhisme tibétain vénère 21 taras. Les plus importantes sont Tara la Blanche, qui incarne le Verbe, et Tara la Verte, symbole de la délivrance. Ces deux divinités sont parfois confondues avec l'épouse chinoise et l'épouse népalaise de Songtsen Gampo. Les femmes vertueuses sont considérées comme étant des taras. 

Un lama: il ne faut pas confondre, comme on le fait parfois en Occident, un lama et un moine. Tous les moines tibétains ne sont pas des lamas, loin de là. Même si la signification du mot change quelque peu selon les écoles, la meilleure définition que l'on peut donner d'un lama est celle d'un maître capable de dispenser l'enseignement bouddhiste.  

Un tulkou est une émanation du Bouddha sous forme humaine. Au Tibet, ce terme s'applique aux lamas réincarnés. Une traduction plus ancienne et moins précise était Bouddha vivant. Les dignitaires des écoles du bouddhisme peuvent avoir plusieurs tulkou. Ce fut le cas de quelques Karmapas. Cette multiplication des réincarnations a engendré parfois des querelles successorales. Si les tulkou sont tous des réincarnations, c'est-à-dire des êtres capables de maîtriser la naissance et la mort, ils ne sont pas nécessairement tous au même niveau de réalisation intérieure. Les plus élevés sont perçus comme des manifestations humaines de qualités spirituelles, comme la compassion, par exemple, pour ce qui concerne le Dalaï lama. Si l'existence des tulkou est reconnue depuis les origines du bouddhisme, au Tibet leur institutionnalisation a profondément marqué la religion et la vie politique du pays. Traditionnellement, les lignées de tulkou coexistent parallèlement à la succession des princes locaux parvenant ainsi à un subtil partage du pouvoir. On comprend pourquoi le pouvoir politique, aujourd'hui la République populaire de Chine comme hier l'empire mandchou, s'est efforcé d'influencer le choix des tulkou, celui-ci n'ayant d'ailleurs pas toujours été exempt de manipulations, comme le montre une lecture attentive de l'histoire du Tibet. Le choix d'un tulkou rejaillit sur sa famille qui est ennoblie. L'enfant est soumis très jeune à une éducation très poussée et tout est mis en oeuvre pour atteindre le but recherché. Pendant sa minorité, un régent, souvent lui-même tulkou d'une autre lignée, assure l'interrègne. Certains régents ont été soupçonnés d'avoir oeuvré pour conserver le pouvoir qu'ils détenaient, quitte à abréger la vie de leur jeune maître. 

Un tulpa est la matérialisation d'une forme mentale. Selon les croyances tibétaines, il arrive que des êtres humains, dotés d'une forte puissance de concentration mentale, parviennent à matérialiser le produit de leur pensée. Celui-ci prend alors une forme naturelle, visible et palpable. Généralement, cette créature disparaît à la fin de l'expérience; mais il arrive aussi qu'elle échappe au contrôle de son créateur pour suivre sa propre voie, ce qui ne manque pas d'être inquiétant. Alexandra David-Neel témoigne d'expériences de ce type auxquelles elle aurait participé. On peut qualifier les tulpa d'hallucinations, mais ce qui est intéressant c'est que ces hallucinations sont parfois visibles par d'autres personnes que leur auteur. 
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Bol à musique et gantha
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Les dakinis sont des divinités de nature féminine qui dansent dans les airs. Démones buveuses de sang dans la mythologie brahmaniste, elles sont, dans le bouddhisme tibétain, des divinités protectrices parfois représentées avec des têtes d'animaux; ces divinités occupent un état intermédiaire entre les hommes, les démons et les bouddhas et jouent un rôle important dans les rituels et les pratiques tantriques; elles se repaissent de chair et s'abreuvent de sang humain. Mais elles sont aussi le symbole de la sagesse au féminin (voir ici). 
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Dakinis - Source: Wikipédia
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Le vajra est une arme de jet assimilée à l'éclair. Dans le culte bouddhiste tibétain, il symbolise le diamant, c'est-à-dire ce qui reste une fois les apparences évanouies. 

Le dordjé est un vajra utilisé dans le culte bouddhiste tibétain sous sa forme simple ou sous sa forme double; double, il ressemble à une croix. Il représente l'organe géniteur masculin et symbolise les forces spirituelles et la fermeté de l'esprit. Il est  presque toujours associé au gantha. 

Le gantha ou dilbu est une clochette, emblême du sexe féminin et aussi de la fleur de Lotus. Il représente l'impermanence, l'éphémère. 

La réunion du dordjé et du gantha symbolise l'alliance de la sagesse et de la méthode, préalable nécessaire à l'illumination. 

Le tanka (ou la t'hanka) est un art pictural propre au Tibet. Les dessins sont peints ou brodés sur de la toile, de la soie ou du papier. Accroché au mur d’un monastère, d’une salle de Bouddha ou de la résidence de fidèles, ce tableau qui s'enroule est à la fois l’emblème de la croyance bouddhique et un objet de culte. Il peut prendre de nombreuses formes. Pour le réaliser, on recourt aux techniques de la peinture, de l’impression, mais aussi de la broderie, du tissage, du collage, du patchwork… On trouve même des tankas de perles. Le plus souvent, les tankas sont des portraits de Bouddha, mais il en existe aussi ayant pour thème les récits historiques ou les mœurs populaires du Tibet. Les tankas glorifient la religion. Les artistes doivent les réaliser selon un rituel précis et compliqué. Ils n’y apposent pas leur signature. Ils écrivent seulement quelques sutras ou incantations au dos. Il existe des tankas de toutes les dimensions; les grands tankas de cérémonie que l'on déroule sur les murs prévus à cet effet des monastères sont immenses.  

Le mandala est un diagramme symbolique qui sert de support de méditation. Le terme mandala signifie cercle en sanscrit, et, par extension, sphère, environnement, communauté; la plupart des mandalas sont donc de forme circulaire; ils peuvent être des peintures, des sculptures, des tracés de sable coloré sur le sol voire de simples constructions mentales; il en exite à deux ou trois dimensions; les représentations, codifiées et très élaborées, sont à mi chemin du figuratif et de l'abstrait, ou encore un subtil mélange des deux; certains mandalas sont très richement ornés. La réalisation d'un mandala peut-être conçue comme un moyen de se perfectionner. 

Le naldjorpa est un être qui a rompu totalement avec tout ce qui appartient à l'existence organisée, y compris la vie monastique, afin de se libérer des impulsions profanes et de se livrer à la contemplation intérieure sans se laisser distraire par quoi que ce soit. Dégagé de tout devoir, mais aussi de tout droit, il peut regarder objectivement le monde des apparences pour découvrir la véritable réalité; au-delà de la souffrance comme de la joie, il a trouvé la sérénité. Le naldjorpa n'est pas considéré comme quelqu'un d'inutile, au contraire, il contribue au salut du monde. 

Le yoga désigne toute méthode ayant pour but de libérer la connaissance unitive latente inscrite dans le coeur de l'homme en maîtrisant la tendance à la dispersion du mental et du corps. Ce mot, qui signifie littéralement union, a la même racine que le mot français joug et le mot anglais yoke. Un yogi est un praticien accompli de ce genre de méthode. 

Le terme Kalachakra signifie la Roue du Temps. D'après le Dalaï lama, kala, ou temps, représente la félicité et, chakra, la roue, représente la vacuité. Kalachakra peut donc être aussi traduit par félicité-vacuité. Le tantra de Kalachakra constitue une initiation à la félicité-vacuité. 

Le terme Tukdam se réfère à un état spirituel rare réalisable après la mort. Une personne capable de rester en méditation dans la position du Sutra de lotus pendant plus de  
trois semaines, ce qui est exceptionnel, voit son corps se rétrécir progressivement jusqu'à ce qu'il ne reste d'elle que ses cheveux, ses ongles et ses vêtements. Les gens qui vivent dans son entourage voient alors un arc-en-ciel briller dans le ciel pendant plusieurs jours. Cela signifie que la personne en méditation a atteint un corps arc-en-ciel, à savoir l'état spirituel le plus élevé, proche de celui de Bouddha; si le méditant peut continuer à rester dans cet état, il peut devenir un bodhisattva et se réincarner pour revenir aider les autres; dans cette perspective, tous les gens qui le connaissent ne peuvent qu'éprouver un profond sentiment de joie. 

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