Glanures du second semestre 2002

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T. Crassas J. Chatard A. Duhaime A. Lebeau D. Py R. Nadaus A-J Macé B. Throo J. Beaucarne M-F. Lavaur
C. Thomas J. Malrieu B. Gaudy J. Canut G. Fendler Morillon-Carreau Y. Givert J.-M. Riquier C. Viard M. Barbosa
G. Dotoli M. Cosem P. Garrigues L. Zhour Bas de page



Dans le n° 145 de Traces

Jean-Marc Riquier

Volage aux fleurs
Fidèle au vent
Le papillon.
_________________________________
Alain Lebeau

En Bretagne
Les nuages sont là
Pour décorer le ciel
Et la pluie
Pour laver les yeux
De ceux qui doutent
Du soleil

Voir aussi ci-après
_________________________________
Chantal Viard citée par Béatrice Gaudy

Oeil de Phénix (HaïKu)

Éditions Associatives Clapas

Rose du Japon
La danse du papillon
L'esprit du défunt
_________________________________
Miguel Barbosa cité par Jean Chatard

Traduction de Jean-Paul Mestas

Dans ton ventre ma rédemption

Les Presses Littéraires - Collection "Jalons"

... j'ai demandé aux pierres
et aux oiseaux
qu'ils se souviennent
du nid
de nos doigts entrelacés.
________________________________
Michel-François Lavaur

A lo vivo - haïku et autres brefs espagnols - Sur le vif

No me corte / Estoy telefoneando / con mi madre muerte!
Ne coupez pas / Je téléphone / à ma mère morte!

La oruga no sabe/ como volverse mariposa. / Sin embargo lo harà.
La chenille ignore / comment devenir papillon. / Pourtant elle y arrive.

Voir aussi ci-après



Théo Crassas: Chair d'hirondelle

Encres Vives
Collection Encres Blanches
 
Du Poète Mystique 
... 
La légitimité de l'Amour 
j'ai su la recevoir 
de ma chair et de mon âme 
et je n'autorise personne 
à la contester., 
à l'amoindrir, à la bafouer, 
à la ternir. 
... 
Que sait-on des mystiques? 
On dit qu'ils aiment fuir 
la dure pierre de la réalité 
avec leurs ailes géantes 
d'aigles ou de condors! 
Et moi je vous dis 
que le mystique 
est celui 
qui a foi en la Terre, 
en ses montagnes, en ses fleuves, 
en ses mers, 
en son feu interne,  
en ses fruits! 
...
________________________________________________________
Peau d'anthracitE suivi de Chants de PalissandrE

Éditions associatives Clapas
Collection "Mimésis poiétiké"
 
Peau d'anthracitE 
A Une Dame Indigène 
... 
Ce que j'aime 
en toi, 
c'est ton refus 
d'être esclave! 
Car tu ne donnes 
à l'homme 
que pour en faire 
ton vassal! 
... 
A Une Femme Passionnée 
... 
Te boire 
c'est posséder 
toutes les plantations 
de cacao d'Afrique; 
c'est boire le lait 
à même le pis 
de la vache céleste; 
c'est jouir de la sève 
de tous les fruits 
exprimés par tes lèvres; 
c'est se servir 
de la parole multicolore 
des perroquets 
comme logis de son imagination! 
... 
A Une Maure 
... 
Et quand au seuil de ta porte 
tu enlèves ton voile, 
alors, ô charme, ô folie, 
apparaît ton front 
pareil au mur blanc 
qui protège du vent du Désert 
le parc d'agrément 
de ta figure! 
... 
____________________________ 
Chants de PalissandrE 
Congo 
... 
Moi-même 
bien que poète d'Europe, 
je te désire 
de plus en plus, 
esseulé que je suis 
parmi les foules grossières 
ou ternes 
qui hantent les villes 
de ce continent 
abandonné par les fées 
qui se sont toutes 
retirées du reste du monde 
pour se réfugier en toi, 
ô seule Reine Vivante, 
ô seule Femme Véritable 
entourée d'esclaves 
et de zombies, 
ô toi, la Seule de mes soeurs 
qui m'aime et me comprend 
et que je Comprends!



Dans le n° 146 de Traces

Jean Chatard

Compas singuliers
...
On prenait en passant quelque delta soyeux
susceptible d'oubli et capable de tout
...



André Duhaime
 
soleil du matin 
les miettes sur la table 
ont une ombre


Alain Lebeau

Le jour où ma mère s'en alla... 8 février 2002

...
Un dernier soupir expira
Je fermai ses yeux
comme elle avait ouvert les miens
...
Déjà elle était devenue une image
...



Daniel Py

Au-dessus du col / colonie de papillons / lavande proche



Roland Nadaus
...
Tous les animaux de Noé et tous les autres
qui attendaient
de naître maintenant te regardent!

Maintenant que tu vas mourir sous leurs yeux
émerveillés
qu'un Vivant-Debout meure couché!
...

Un autre extrait de cet auteur est ici



A-J Macé
 
Dans le cimetière 
Les morts où sont-ils passés 
Il n'y a que dalles


Bernadette Throo citée par Béatrice Gaudy

Une Flambée de Jours

Éditions Cahiers Froissart

J'ai vécu à la dérobée
de tout absente
sauf de cette lumière
qui se cherchait en moi
et dont le règne éblouissant
m'efface



Julos Beaucarne cité par Michel-François Lavaur

Ton Christ est juif,
Ta voiture est japonaise,
Ta pizza est italienne
Et ton couscous algérien.
Ta démocratie est grecque,
Ton café est brésilien,
Ta montre est suisse,
Ta chemise est indienne,
Ta radio est coréenne,
Tes vacances sont turques,
Tunisiennes ou marocaines.
Tes chiffres sont arabes,
Ton écriture est latine,
Et... tu reproches à ton voisin
        d'être un étranger!

Ce texte a été édité sous forme de carte postale par les Citoyens du Monde
(15 rue Victor Duruy - 75015 - Paris).



Michel-François Lavaur

Chaperon rouge / le pivert ne / craint pas le loup.

Voir aussi ci-après



Charles Thomas

Sous l'hiver

Sous l'hiver sont des villages
comme des caillots de sang
des bêtes à l'oeil absent
en rêves de pâturages
sont d'énormes ossements
et des débris d'enfants sages

Par des chemins casse-cou
des soleils de honte
sont menés on ne sait où
quand du fond des bois remontent
des détresses de caillou

Sous l'hiver sont des passages
de vieux marchands de malheur
aux trous des serrures
chaque clé grince de peur

Au fur et à mesure
que le gel s'éprend
de son tas d'ordures
un chien pleure doucement
et la nuit met des ferrures
aux ailes du vent.

(extrait d'un recueil publié aux éditions Traces
Sanguèze - 44330 - Le Pallet)



Jean Malrieu (1915-1976)

Extraits d'une lettre adressée à P. Landreau

Penne du Tarn                         Le 12 septembre1975

"...En attendant, tout ayant disparu, il reste encore la poésie. Cela vous fera peut-être sourire. Non pas l'acte d'écrire, mais la vie en poésie. La poésie est la dernière religion pour celui qui n'en a plus. Le poème est la dernière morale. Je m'explique. La feuille de papier blanc qui est devant vous est un miroir. Vous allez vous pencher sur elle et quoique vous écriviez, qu'importe le sujet, vous allez décrire votre visage, votre vrai visage. (Dans le choix même du sujet: choisir c'est se définir). Personne ne vous a demandé cela. Personne ne le lira même peut-être. Mais ce que vous allez écrire est sans complaisance. Il s'agit d'être acculé à son âme. Ce que vous allez dire et faire engage votre vie, votre manière de vivre, votre morale. Votre poème est devenu un serment de fer. Vous ne pouvez plus vous tromper vous même, vous leurrer, tromper les autres sous peine de forfaiture. Ainsi sur ce chemin austère on avance. C'est cela vivre aussi peut-être. L'écriture est un bûcher. Élaguez tout ce qui est faux, artificiel, joli, trop joli. Gardez l'essentiel et avancez.

Avec ma main amie."

Jean Malrieu
______________________________________________________
TERRE

Terre, encore une fois
une fois encore et toujours une fois
pour fixer
pour retenir
terre merveilleuse
j'ose apparaître comme le spectateur monterait
en scène

Je ne serai qu'un long regard
un intense regard--comme il en faut parfois--
par la lucarne insensée, je verrai
je serai voir
respirerai
je suis là depuis le début du monde
les mains pleines de divinités
comme celles du potier
qui éclairent un peuple de formes
je ne comprends rien à ses lois,
mais l'intelligence n'est pas en jeu
je ne sais voir que les courroies célestes
qui retiennent les astres
que m'étonner du brin d'herbe parfait et accompli
du ciel entre le ciel
écouter l'alphabet des naissances, des rumeurs
et transcrire

Ces textes ont été repris de la liste de poésie



Dans le n° 147 de Traces

Béatrice Gaudy

Batteries

...
C'est une machine
paisible herbivore
qui rumine de la viande
une vache à qui l'homme
a transmis sa folie
...
_________________________________
Jacques Canut

Un roquet, un parapluie
se soulagent
au pied de l'escalier
_________________________________
Ghislaine Fendler

Si un chat
me prêtait sa queue
pour remplacer
ma natte de cheveux,
Apprivoisant le noir,
je crois que je verrais le monde
avec d'autres yeux.
__________________________________
Martine Morillon-Carreau citée par Jean-Claude Coiffard

Plein Cintre et La Source et les Roseaux

Éditions Sac à mots

...
et même ton sourire
est un reflet qui meurt
...

Je colle mon oreille
à la porte du livre

une voix dans la marge
parle pour d'autres voix

...
____________________________________
Yvon Givert cité par Jean Chatard

Soudain ce fut Dimanche

Éditions de l'Acanthe

La chambre était froide
la fenêtre basse
le matin pouvait l'enjamber sans élan
_____________________________________
Michel-François Lavaur

La fred jos l'ala - 103 haïku occitans et autres brefs -Le froid sous l'aile (extraits)

Los escurols dins l'escurota / quo èra la poësia / davant de saber legir.
Écureuils dans la grange / c'était la poésie / avant de savoir lire.

Volam o podet / la luna poncha / lo tech d'un pigeonnier.
Faucille ou serpe / la lune taille en pointe / le toit d'un pigeonnier.



Michel-François Lavaur

Deux minis: (haïku senryû et autres brefs) - dessins de l'auteur

Éditions Traces
Sanguèze
44330 - Le Pallet (France
TREIZE A LA DOUZAINE  PRIMUM  VIVERE
De charmants petits ouvrages qui feront la joie des bibliophiles



Giovanni Dotoli: Traces de parole

N° 287 d'Encres Vives

...
Chambres noires de l'attente
La main cherche la cime
Où est l'étoile de la parole
Sa demeure du silence?

...
Une étoile naît de la fontaine
Sous le figuier d'enfance
Un renard passe et sourit
L'azur est derrière

...
J'appelle les arbres
Sur la ligne de l'île
Ils viennent à la fontaine
Comme des traces
...



Michel Cosem: Le cygne sauvage est le seul à rêver

N° 288 d'Encres Vives

Le bois mystérieux et sauvage laisse entrer le chemin blanc. S'y lisent les traces des légendes et des êtres sauvages. Quelques cerisiers servent de fanal. On interroge. On explique. On interprète le crépitement de la pluie et les chants de l'âme. On savoure du vin doux tandis que la rivière comme un lourd miroir emporte peurs et vertiges. On est prêt à emprunter la direction des orages et des inhumaines clartés, l'onde d'un labour et les ultimes témoignages.

(Paysage du Nord, vu du train)

Un recueil de notes prises au hasard des voyages. La rencontre du réel, des légendes et de l'imaginaire...



Pierre Garrigues: Sonnets tunisiens

N° 289 d'Encres Vives
 
Blanche était déjà la lumière 
à midi, lumière d'été 
aveuglante, et la voie tracée 
entre les lacs, jusqu'à la mer,  
semblait devoir brûler dans l'air 
immobile. Puis plus léger 
plus bleu, plus pur, mais condamné 
aux ténèbres devient l'éther, 
d'où sourd la nostalgie, poignant 
de notre âme tous les élans... 
A cette heure que les Grecs nomment 
royauté du soleil, le vent 
du jasmin les parfums épand: 
dans mon néant ils cherchent l'homme.



Leila Zhour

Les mots sont le territoire de nos devenirs
Abîmes, ils sont les gouffres et les échelles de nos pensées
Ils les avalent
Les travestissent
Puis nous trahissent
Nous révèlent

Je dis
Je te dis ces mots
Ils me contiennent et me dépassent déjà
À peine nés, d'un songe peut-être,
Qu'ils outrepassent
Déjà
Est-ce là leur nature?

L'informulé paraît
Nul mieux que les mots ne dit ce qui ne se trouve pas dans les mots
Ils puisent à une fontaine dont l'œil du cœur s'empare
Et ils expriment jusqu'à l'assèchement
L'au-delà de nos pensées
Loin, très loin des frontières du sens

décembre 2002

Ce poème sans titre est extrait de la liste de poésie



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