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Ruines d'Olympie
Olympie. L'aube. Déjà
le printemps.
Lente, la lumière du jour oint son
corps
d'une huile très tiède,
comme une jeune déesse
éprise d'un athlète mortel.
Ce peu de choses que je vois:
un olivier, la rosée sur le marbre
et l'aspect humain de la terre
c'est la vie.
Ce poème figure dans
un numéro de la revue Arquitrave
Un autre poème de
cet auteur figure ici
Une vidéopoème
sur cette traduction est ici
et ici
Portes
Cette cendre grise
qui envahit les objets,
cette main échouée au milieu
de la table
dans l'attente de ta main,
cette latitude sans voix
des photos,
ces miroirs qui ignorent
ce que nous fûmes,
cette plume dépourvue de sang
dans les veines,
ce feuillet blanc
comme la mer des morts,
ce rire sans toi,
ce jour de pleine lune.
Tout ceci et tant d'autres choses;
les années fracassées contre
les roches,
la saveur des portes
qui se ferment.
Ce poème est
extrait de l'ouvrage "Diccionario de derrotas"
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Candela Vizcaíno
Le
feu
et le voyageur dit
du désert un jour je sortis
au désert où je suis né
je retournerai pour mourir
les dernières braises
de ce qui fut un jour
le feu de la vérité
je l'apporte au creux de mes mains
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Antonio Lorente Solano
Maintenant
Chasse moi de ta mémoire, si maintenant
tu le peux
alors que je devrais être le mot qui
t'ancre
et le parfum le tremblement le saisissement
Comment pourras-tu m'oublier
quand une forêt aura poussé dans
ta main
et que la mer sera sans labour la fenêtre
basse
Chasse moi maintenant, enfuis-toi,
oublie
que je sois friche, mot, forêt
que je sois l'heure
qui ne finit jamais
Le site d'Antonio Lorente
Solano est ici
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Carlos Penelas
Princesse,
dans les marges de l'aube,
tu déplaces le vent et le rêve
avec le tremblement de la rose invisible.
Passionné, éloigné, en
respirant l'haleine des pins.
Avec les paupières baissées
oh, coeur irrémédiable!
nous descendons dans le jardin rebelle
dans le détachement du tumulte.
Le crépuscule rouge est transparent
sous ces nuages.
Carlos Penelas est un poète
argentin
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Antonio Redondo
Cède à la pente
Le paysage affolé se retourne:
un corps nu,
les vagues se heurtant furieuses,
la forêt incendiée,
l'herbe fatiguée
et la brise ondulée
sur la pâle figure écolière.
Regarde! La terre se remet à gémir:
un avortement de bras,
avec une face uniforme,
des lèvres mutilées.
Le baiser derrière les cristaux
le visage attristé de la neige.
Oui, je sais que tout est loin,
que tout est resté enterré
dans une vallée renversée.
Le vent fredonne, avec moi, une chanson commune.
Il suit la pente,
laisse-toi conduire par elle...
Oh, de nouveau, captif de la même misère!
Ce poème est
extrait de l'ouvrage "Memoria de la soledad arrebatada"
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Aurelio
González Ovies
Qu'en serait-il du temps
sans son futur aigu?
Qu'est-ce qui surgirait de la fumée
sans sa portion
de temps.
La nuit asphyxierait
ses planètes
si nul
à jamais déjà
ne venait à les adorer.
Le
jour
serait
si
court
si nous étions miroir.
Toute
la
route
jusqu'à
demain
serait de glace.
Les années se dilateraient
sous l'embrasement d'un baiser.
Les antilopes
la musique
l'arc-en-ciel
les heures, la chaleur
la faim
sauteraient de joie
si je devenais l'initiateur d'un siècle.
Serait-il plus convenable de mourir un jour plus tôt?
Ce poème est
extrait de l'ouvrage "Tocata y fuga"
Une vidéopoème
sur cette traduction est ici
et ici
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Jose
Luis Piquero
Quatre
"Fais l'amour avec tout ce
que tu sais. "
Jaime Sabines
Ce soir à quatre
nous nous donnons librement, comme des cadeaux.
Nous ne sommes déjà plus des
couples et formons
un cercle parfait.
Un plaisir sans paroles,
quelque chose comme un jeu de chaleur,
avec les mêmes ruses
que l'amour entre deux.
Et le frôlement des mains et des bouches
avec son langage de soif:
en chaque endroit où elles se posent
un coeur palpitant sous la peau.
Sur cette place est descendu le monde,
la lumière intacte de la vie fugace
nous enveloppe ensemble
tandis qu'au dehors la nuit dure et qu'il
pleut.
Je ne serai plus jamais seul.
Après avoir ainsi aimé, la mort
ne saura pas me prendre.
Ce poème est
extrait de l'ouvrage "Autopsie" qui a valu à J.-L. Piquero le prix
"El Ojo Crítico" de RNE
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Marietta
Morales Rodriguez
L'amour aux temps de la désespérance
Au théâtre des marionnettes
le fracas de Puccini
vient mourir dans tes oreilles.
C'est le tourbillon
qui te noie entre bâtiments et seringues
à la chute du jour,
dans les mélodies de la clarinette
mêlées au café qui s'évapore.
Tu cherches la vie dans une boîte d'allumettes
entre les toilettes et la cuisine.
Dans la cantine au coin de la rue
le son des fouets
annonçait la dernière espièglerie
de l'ange égaré.
Au son d'Armstrong,
qui tombe comme la pluie des réclames
dans les rues humides,
la photographie
d'une fin de siècles
qui fait tressaillir les aurores du monde.
Ce poème du poète
chilien Marietta Morales Rodriguez est extrait des "Cartas Abiertas a Serguei"
(Antofagasta, 2000)
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Javier
García Cellino
Une relation plus proche de la
nostalgie
Tu avais dans les yeux
le coeur entêté
des amants,
cette manière différente
d'être au monde,
de traverser les rengaines
des statues
quand vient septembre
avec sa lumière sentinelle.
La ville prenait alors
la couleur jaunâtre des jours,
une coïncidence de clartés impérieuses
tandis que nous jouions la vie
(corps à corps)
dans la chambre d'un hôtel quelconque.
Parce que tu choisis toujours
le moment du bonheur.
Et que moi je te propose une relation
plus proche de la nostalgie.
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Juan
Ignacio González
Une fille contre l'Égypte
J'aurais donné un monde de lumières
en échange de tes nuits,
et dans les pointes de tes seins de sable
se seraient levés les bourgeons
de mes doigts
tuniques séditieuses au point
de te pianoter le ventre.
Le séduisant sphinx bleu
sur le chemin de Thèbes,
prétendait t'emporter dans ces yeux
et quelqu'un le put (pardonne-moi pour lui)
mieux que ma soif de sables,
près du lac blanc de Pamukkale.
Les deux poèmes ci-dessus
sont extraits de "La vieja música" (Gijon, Groupe Nord, 2004), livre
à deux voix écrit par Javier García Cellino et Juan
Ignacio González.
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Miguel
Mingotes
Du soleil
l'âge
avancé.
Vieux
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Il n'y a pas d'espaces entre les pensées
seulement
je pense
en toi.
Mère
Ces deux poèmes sont
extraits de "Poésie" (Gijon, Éditions Trea, 2004)
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Waldo
Santos
De la montagne elles descendent,
de la montagne,
les peines torves pleuvent
de la montagne.
De la terre d'en bas
de celle de la plaine,
s'élèvent peu à peu
la peine et le travail.
Oh, si j'avais la force,
du fond de ma cabane
de faire face aux peines
avec un peu d'espoir.
Mais comment le pourrais-je
enfant abandonné,
qui se meurt de peur
avec l'oeillet de sang
parmi les buissons secs
Waldo Santos nous a quitté
le 14 décembre dernier. Qu'il vive par ses poèmes dans le
souvenir de ses amis...
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Javier
Bou
Poème Visuel
.
Jamais ce qui me consume
Ne me laisse de répit
A chaque instant se reforme
La flamme qui me bâtit
Feu sans âtre, bois ni vent
Brasier sans douceur de cendres,
Flamboiement que n'alimente
Qu'un don de soi violent.
Les Hommes sans Épaules
- 1997
Ne t'en va pas!
J'aurai des mains d'enfant qu'on mène
au cirque
Et le nez barbouille de crème à
douze sous
Comme autrefois.
Toi tu seras celui que je n'ai pas compris
Collectionneur de chants d'oiseaux
Ermite au sommet des matins
Pâtre à houlette à pèlerine
Des troupeaux d'arbres endormis
Gardien des bijoux de l'étang les soirs
de lune
Celui qu'on eût trouvé maçon
de cathédrale
Quand la foi bâtissait
Celui qui ne comprenait pas
De quel côté tournent les hommes
Et les mots qui les font tourner
Toi qui tournais à contre-sens.
Tu m'as faite si pareille a toi!
Recommençons
Ne t'en va pas!
Revue Io - 14/05/1951
Ballade de l'Âne
Je venais de nulle part et j'allais ailleurs.
Je me suis arrêté n'importe où.
J'ai parlé de n'importe quoi avec n'importe
qui.
Comme si quelqu'un pouvait changer quelque
chose à mon état d'âne.
"Poèmes fantaisistes"-
Parterre Verbal N° 15 - septembre 1995
Fondation littéraire
fleur de lys
44, rue Chabot,
Lévis, Québec, Canada. G6V 5M6
Adresse électronique
: info@manuscritdepot.com
Site Internet :
www.manuscritdepot.com
...nous devons nous tenir prêts afin
d’être toujours en état de reconnaître le mot qui cheminait
vers nous pour l’accueillir...
...Partout dans le monde des prisonniers sont
encore battus à mort pour avoir commis le délit d’introduire
un stylo dans leur cellule...
...Même si l’on sait que l’exil est
multiple, on ne peut témoigner qu’à l’intérieur du
sien...
...notre mémoire s’est vidée
de ce que contiennent les tiroirs...
...Il avait joué avec un obus de la
dernière guerre les doigts encore pleins de confiture...
...Rien à dire n’est pas différent
de personne à qui parler...
...Nous avons tous un frère mort le
jour de notre naissance.
...Il est des anesthésies dont on ne
se réveille pas...
...Le ballon de football cache le soleil au
peuple...
...Là où poussent les derniers
mousserons, en suivant la trace des fées...
...L’écriture crie grâce mais
ne trouve pas l’absolution pour tout ce qu’il lui faut écarter chaque
fois qu’elle se choisit un lieu...
...j’étais réellement et ai
probablement voulu me mettre au monde par mes propres moyens. Accoucher
de moi-même en donnant naissance au texte de ma vie...
...Faire son chemin égare certainement
moins que suivre les sentiers battus...
...Notre époque où l’on parle
tellement de communication – remplacement de la marchandise par l’étiquette...
...la vénération est montée
en nous comme une prière...
...l’image d’un arrosoir abandonné
parmi les haricots réveille les jardins de la mémoire...
...il est une force encore plus redoutable
que celle de la cravache et des bottes parce qu’on ne s’en méfie
pas...
...Nous avons mal à notre planète
sérieusement malade dans son corps des maladies de nos âmes...
...Qu’a donc mon écriture, qu’elle
ne descend pas de sa tour ? – je devrais dire : qu’elle ne condescend pas
! Il y a de l’insecte qui fait le mort là-dedans et aussi quelque
chose du chat qui guette sa proie...
...La conscience est devenue si vive... que
le coeur s’y blesse...
...Le pont qui enjambe le vide du silence
et permettra peut-être de le franchir...
...Chaque matin nous nous demandons de quelle
pierre le sang a été tiré pour donner encore de la
rosée...
...on porte les sacs à main sur le
dos...
...nous sommes tous en deuil les uns des autres
et de nous-même...
...tout tient sur un disque qui peut être
emporté dans la poche et ce disque est peut-être la métaphore
de l’urne qui aurait pu contenir nos cendres...
...il suffit de donner à comprendre
à quelqu’un que l’on n’a pas d’argent pour ne plus en entendre parler...
L'intégralité
du long récit poétique dont sont extraites ces quelques phrases
est accessible ici
Journal d'avril
Le soir, le vent se glisse au bas des portes
et, sur les terrasses, les vêtements
dansent la musique triste de l'automne.
Je vois deux adolescents se caresser sur un
banc de la gare,
elle a les yeux bleus et il la serre contre
sa poitrine.
Ensuite, chercheront-ils une chambre
pour s'y dénuder l'un l'autre en silence,
dans la lumière d'une lampe?
Qu'est-ce que le vent? Qui m'appelle par mon
nom de voyageur?
Que suis-je, qui suis-je à me regarder
dans le miroir sans me reconnaître?
Et la réponse qui tarde à arriver,
et mon fils qui dort son rêve d'invertébré
dans le ventre d'une inconnue,
maintenant que je suis seul, en automne, sans
aucun oiseau qui ne me survole.
Carlos Barbarito est un poète
argentin dont le site est accessible en cliquant
ici
Que m'arrive-t-il
En ce blanc matin
Je suis comme une île
Qui défait son lien
Déjà je dérive
Dans le soleil fou
Qui vivra verra
Moi j'ai déjà vu
Je te reconnais
Près de l'autre rive
Où tu m'attendras
Pendant cent mille ans
Où je suis venue
Avant d'être née
Quand tu m'as donné
La vie que j'aurai
Dans le blanc matin
De la délivrance
Quand j'aurai rejoint
Mon lieu de naissance
Au secret du coeur
En toi confondue.
______________________________________
Liska
Soleil:
Grain de
Beauté
Du ciel
Dans le
Décolleté
Bien échancré
Du jour
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Patrice
Maltaverne
...
Bientôt le marbre
Cherche à nous capturer
...
______________________________________
Alain
Lebeau
...
Le monde est fou de dieu
et porte la mort en sautoir
...
______________________________________
Michel-François
Lavaur
A jamais la femme / veuve noire ou dame blanche / hante nos légendes.
Et, ci-dessous, une de ses
mail-art
.
Max Alhau: Horizons et autres lieux
A Jean Rousselot
Une voix que la radio extrait du silence et du temps. Celui à qui elle appartient a disparu. On a peine à imaginer que la mort a radié la vie en ces instants et que cette voix est à jamais déraciné de son corps. On décèle dans cette voix la marque des années, mais on ne parvient pas à admettre qu'elle flotte ainsi, ne survivant que par elle-même.
Comment accepter qu'elle constitue l'unique
témoignage d'une présence fragmentaire, "une voix sans personne"
qui répétera les mêmes paroles, tournoyant dans l'espace,
dernière preuve qui s'acharne à résister à
l'oubli, à l'absence, trace seulement audible. Voix d'outre-tombe,
pourrait-on dire.
Entre deux nuits défaites
le soleil marche vers le blanc
qu'enveloppe un cocon dans les branches
qui tendent leurs bras verts
aux oiseaux en pèlerinage
saisis dans le filet des vents contraires
ou chassés par un courant sans se débattre.
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Daniel
Lefèvre
Dans la lumière tremblante de l'instant
qui passe
Dans chaque jour gagné sur la mort
quotidienne
Dans le parfum de l'herbre écrasée
par l'orage
Un espoir insensé
Nous lance son défi
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Marie
Noëlle Agniau
Je suis comme une fille trop grande pour la balançoire...
(Es-tu mon expérience?)
...
(le vent dans ta capuche est une otite)
...
Il y a toujours une tache de lait sur ma jupe.
Des taches de quoi? Taches de toi. Enfant. Jadis mes cheveux se sont pris
dans une boucle d'oreille...
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Gyslaine
Leloup
...
Ce matin tu as vu que la nuit et l'océan
s'étaient encore aimés
Ils avaient oublié une étoile
sur la plage
...
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Franck
Bouyssou
Outremer, les vent bivouaquent sur les seuils
invisibles des océans. Ils attendent, côte à côte,
la dernière aurore et jonglent avec les pluies.
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Romain
Fustier
... la lune est une bougie, les lampadaires
sont des bougies... étoiles de proximité...
...
...le cerisier dehors, la vapeur au travers
sur la vitre dessinée, et le globe du salon qui tourne au milieu
du jardin.
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Danielle
Allain Guesdon
Passe une vie
étrange jeu de l'oie
des séjours en prison
d'où soudain
s'éclipse toute lumière
le recul de plusieurs cases
régression désespoir
et la brusque propulsion
vers d'autres avancées
Mais jamais retourner
à la case départ
____________________________________
Marie
France Subra-Soutchkov
...
La nuit luisait douce d'étoiles
...
Comment dire les grands express européens
Les trains de banlieue
Tous les trains
La fraternité
...
banquettes métalliques où chacun
dort assis
...
Béatrice Libert: Litanie pour un doute
Quelle mouche a piqué ce poème?
Il bourdonne contre la vitre
pensant qu'ailleurs est son salut
Je l'épingle de ma plume
En jaillit une goutte de sang
Le voilà lettres mortes
pour bourreaux de compagnie
Le poème
toujours inachevé
tourne sept fois sa langue
dans la bouche de l'oracle
Il promet l'infini
aux flambeurs du nouveau
Le poème
dort dans la fourrure du chat
dort dans le chat lui-même
Le poème est un chat
qui dort dans la fourrure
d'un poème
Le poème
a dénoué son cri dans ma gorge
...
Jean Joubert: Reflet du ciel au fond d'un puits
Et si dans le creux de l'hiver
l'aube n'allait pas se lever
comme un enfant lourd de sommeil
qui dans le noir encore ouvre les yeux,
baîlle puis se retourne et se rendort,
si enfin triomphante
la nuit allait serrer la gorge des collines,
tordre la terre entre ses bras cruels,
étouffer dans la suie l'oeuf rouge
du soleil,
...
Homme sombre,
semeur de suie,
complice des brouillards,
retourne-toi plutôt.
Regarde.
Tu vois alors venir vers toi la jeune fille,
sa chevelure dénouée,
un livre ouvert entre les mains,
venir vers toi (invisible pour elle)
te traverser comme une douce pluie d'avril
S'inscrire dans l'herbe. Sa mémoire
est douce. L'empreinte d'un nid. Non plus. Laisser les épis se relever.
Jour après jour. Même si la trace du corps.
Jean-Louis
Bernard
...
les barques se sont tues
dans la passe des pluies
ce soir nous rêverons
aux rides qui s'érodent
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Sylvie
Le Scouarnec
...
ta soif est le berceau du rêve
...
_______________________________
Carl
Magnan (Eric Lemieux)
La lumière est sèche
La lumière est sèche
Les feuilles tourbillonnent
Presque l'odeur des citrouilles
Une femme lance un bout de bois
Le labrador accourt, tout enjoué
Les humains pressent le pas
On se prépare à hiberner
...
Le site de Carl Magnan "Saisons
en Amérique" est ici
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Éric
Brogniet
Le marché aux citrons voisine avec le
Kino
Le long d'une avenue bordée de platanes
Et la banlieue allonge ses immeubles de béton
Gris et roses hérités du temps
de Tito
Avant que le ciel époumoné de
bleu
Où tremblent des vapeurs de diesel
Ne s'engouffre au fond de la rue
Comme un estran que bordent au loin les monts
Qui nous disent du paysage la puissante pulsation
Où tremblent avec les éclats
de la lumière tardive
La voix des contes, des enchantements et des
terreurs
Venues du fond de l'enfance et des siècles
anciens
_____________________________
Annie
Briet
...tes songes faisaient pousser les pierres
...
Tu taillais ton écorce
dans le chant des oiseaux
...
Longtemps encore tu espéreras les cris
des oiseaux migrateurs
dans les ciels de novembre
l'herbe du printemps avec des flaques de bleu
dans une lumière d'avoine
longtemps encore les primevères pousseront
au pied
de tes bouleaux à l'écorce de
neige
...
...
et les sapins demeurent
esclaves de leur cri
même quand midi s'éclaire
d'une odeur de scierie
de sèves sublimées
...
___________________________
Jean
Michel Guillaumond
les geais partis
l'écureuil se met à voler...
les noisettes
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Jean-Paul
Giraux
Aphorismes et faits divers
A la clinique du docteur X un bébé est né avec une dent. On ne sait pas contre qui.
Un hameau est un petit village dont on ne se souvient jamais s'il a une ou deux bosses.
Une bonne climatisation n'a jamais empêché
les secrets de transpirer.
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Jean-Louis
Bouzou
Poireautant
près d'un panier à salade
deux aubergines.
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Jean-Michel
Bongiraud
... on condamne plus souvent
qu'on témoigne
__________________________
Denise
Godoy
...
Mon amour pour toi
est aussi bon
que l'eau bue
un jour de chaleur.
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Maria
Helena Chein
Densité
Je garde ton corps
dans la mémoire
de mon corps.
...
Denise Godoy et Maria Helena
Chein sont brésiliennes.
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Haïlji
cité par Jean Chatard
Ouvrir le tiroir c'est fermer le tiroir.
Nicher dans le tiroir c'est ouvrir le tiroir.
Fermer le tiroir c'est nicher dans le tiroir.
Fermer le tiroir c'est élever des hirondelles.
Haïlji est né
en Corée du Sud.
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Odile
Caradec
...
Ma main contient toutes les sources de mon
coeur
elle guide mon cerveau dans les sentes obscures
...
Collection Encres
Blanches
Éditions
Encres Vives
2 Allée des
Allobroges
31770 - Colomiers
...
tendre et infini d'une tendresse d'agneau dans le ventre de la mère ... ... esclaves blanches, aux joues fraîches comme les plaisirs de l'esprit! ... Quand tu t'approches de moi, en balançant tes fesses, je deviens une colonne de porphyre, de par la stupéfaction des yeux de mon âme, ... Ô toi qui hésites encore à te donner, ne sais-tu pas que donner, en langue arabe, signifie s'enrichir? ... Or, se châtrer, c'est tuer Dieu en nous! ... Car aimer c'est se dilater jusqu'à comprendre la terre ... Ignorez-vous que j'ai fait l'ascension de la montagne fabuleuse des diamants, d'où on ne peut revenir aux vallées basses? ... |