(Saloth Sar ). Homme
politique cambodgien (province de Kompong Thom, 1928 - près d'Anlong
Veng, nord du Cambodge, 1998 ). . Fils de paysans aisés, Saloth Sar vient,
en 1949, étudier en France. Il abandonne alors sa foi bouddhiste
pour le communisme, à l'époque sous l'influence de Staline.
Rentré au Cambodge en 1953, il milite, à Phnom Penh, au sein
du Parti révolutionnaire du peuple cambodgien (PRPK ), clandestin,
qui prône une politique internationaliste de lutte commune contre
les puissances coloniales; nombre de ses militants s'engagent alors dans
le Viêt-minh. Représentant une tendance nationaliste, Saloth
Sar s'oppose au fondateur du parti, Tou Samouth; en 1962, celui -ci est
assassiné soit par la police du roi Norodom Sihanouk, soit par des
partisans de Saloth Sar. Quoi qu'il en soit, le PRPK devient alors le Parti
des travailleurs du Kampuchéa et suit désormais la ligne
nationaliste. . Saloth Sar prend le maquis afin d'échapper
à la police. De nombreux réfugiés qui fuient les bombardements
américains – la guerre du Viêt-nam s'est alors étendue
au Cambodge – viennent grossir les rangs du maquis; ils s'appellent eux-mêmes
Khmers rondoms ("libres"), mais Sihanouk les baptise Khmers "rouges" (en
utilisant le vocable français ). Sihanouk est renversé par
le maréchal Lon Nol le 18 mars 1970, mais, réfugié
à Pékin, il est convaincu par ses hôtes chinois, qui
approvisionnent les Khmers rouges, que seule une alliance avec Pol Pot
lui permettra de rentrer à Phnom Penh. Le retrait américain
du Viêt-nam ouvre la voie à une victoire communiste sur l'ensemble
des États de l'ex-Indochine. Dès la chute de Phnom Penh,
le 17 avril 1975, Pol Pot impose un régime dictatorial et met aussitôt
en place les mécanismes de déportation de la population;
les Khmers rouges jettent sur les routes les malades des hôpitaux
et séparent les familles. La République démocratique
du Kampuchéa, dont Pol Pot devient le Premier ministre, est proclamée
en 1976. .
. "Le monstre à la face
de lune" . Le 31 décembre 1977, le Cambodge rompt
ses relations avec le Viêt-nam, à la suite de violents accrochages
frontaliers; les troupes de Pol Pot attaquent le Viêt-nam en juin
1978. Alimenté par un ultranationalisme, exacerbé par le
racisme et la paranoïa, le régime de Pol Pot multiplie les
purges dans ses propres rangs; des milliers de "traîtres" sont assassinés,
accusés d'être à la solde de l'étranger, que
ce soit la CIA, le KGB, le régime communiste vietnamien, les "colonialistes"
français ou encore les "réactionnaires" thaïlandais.
Le 7 janvier 1979, les militaires de Hanoi chassent les Khmers rouges de
Phnom Penh, mais, en moins de quatre ans, on estime qu'entre 1,7 et 2 millions
de personnes ont trouvé la mort du fait de la politique de Pol Pot.
Les Cambodgiens. le surnomment "le monstre à la face de lune", mais
lui se fait appeler le "Cambodgien authentique", "Ban Pol" ou encore "Lamoth";
pour les Khmers rouges, il est le dirigeant suprême du parti ("l'Angkar",
soit "l'organisation"), le Frère numéro 1, l'Oncle numéro
1, mais on le désigne aussi tout simplement sous son numéro
de code, 87. . À partir de 1980, les États-Unis
financent la reconstruction de l'armée de Pol Pot dans le but de
chasser les Vietnamiens du Cambodge. Bien que Pol Pot soit condamné
à mort par contumace à Phnom Penh au début des années
1980, il reste insaisissable. Après le retrait des Vietnamiens en
1991 et après avoir boycotté les élections organisées
par l'ONU en 1993, les hommes de Pol Pot sont de plus en plus isolés,
déclarés hors la loi, en juillet 1994, par l'Assemblée
nationale. Ils se replient dans le nord du pays, près de la frontière
avec la Thaïlande. En juillet 1997, un tribunal khmer rouge condamne
Pol Pot à la prison à vie pour l'assassinat d'un autre dirigeant.
Ta Mok lui succède alors à la tête de l'Angkar, avant
d'être à son tour arrêté en mars 1999. . Pol Pot, atteint de paludisme, vivait retiré
avec une femme dont il a eu deux enfants. .
Sources: Encyclopédie Hachette HistoireSommaireUne lettre de Phnom PenhNotes complémentaires