L'historique de l'affaire de Glozel 
 
"Jeune homme, je participais souvent à des concours de danse. Et quand on est là, dans ces concours, on va jusqu'au bout, pour gagner. Moi, je dansais à en tomber. Pour danser le dernier. C'est pareil. Glozel est vrai. Et je veux qu'on le dise." 
Emile Fradin
 
 
En puisant dans diverses sources, je me suis efforcé de retracer, de manière aussi complète que possible et d'abord pour mon propre usage, l'historique de l'affaire de Glozel des origines jusqu'au début de l'année 2005. Cette chronologie est assortie de commentaires qui me sont personnels chaque fois que les événements relatés m'en ont inspirés. Les zones sensibles permettent d'accéder à des informations complémentaires plus détaillées situées généralement sur le site du musée de Glozel 


Année 1924 

Le hasard amène la découverte dans un champ par des cultivateurs de ce qui paraît être un gisement préhistorique. Des curieux commencent à l'exploiter de manière désordonnée. Des pièces sont prélevées. 

11 janvier 1924: L'inspecteur d'Académie invite les instituteurs de l'Allier à lui faire connaître, à l'occasion, les richesses archéologiques de leur commune. 

1er mars 1924: Au hameau de Glozel (ou Glozet, Le Glozet ou encore Clozet, c'est-à-dire le clos), dans le champ Duranton (ou Les Duranthons), baptisé plus tard le champ des morts, Claude (le grand-père) (1857-1938) et Émile Fradin (le petit-fils, alors âgé de 16 à 17 ans), défrichent un morceau de terrain jusqu'alors boisé. Émile tient les mancherons de la charrue et Claude conduit l'attelage. Soudain, la charrue butte sur un obstacle et une des vaches qui tirent la charrue tombe. En cherchant à déblayer un trou dans lequel s'est enfoncé le pied de la vache, Émile découvre une fosse ovale qui s'avérera mesurer 2,8 m sur 1 m. Il continue à  fouiller à la pelle et à la pioche ce qui ressemble à une tombe dont les parois auraient été cuites, comme si on y avait fait du feu, et dont le fond est pavé d'un dallage non cuit. Divers objets sont dégagés dont un crâne qui sera ultérieurement égaré. Rien qui fasse penser à un trésor. Le trou est abandonné et on revient à des travaux plus sérieux. Émile Fradin est loin de se douter à ce moment que ce malencontreux coup de soc dans une fosse oubliée va  lui causer de nombreux ennuis jusqu'à l'amener devant la justice, en contrepartie d'une notoriété qu'il ne souhaitait sans doute pas. 

Les curieux ne tardent pas à affluer sur les lieux. D'abord, le curé, l'abbé Naud, puis le docteur Vigier... Le fermier de la Grande Moussière, Claude Becouze, aide à fouiller, avec bien d'autres qui emportent ce qui leur plaît. Outre les personnes déjà citées, on voit paraître l'ancien instituteur d'Émile, Louis Mancier, Auguste Bert et Adrienne Picandet, institutrice à Ferrières-sur-Sichon. 

En explorant le terrain, on est frappé par plusieurs points qui intriguent: l'abondance des objets entassés sans ordre apparent, leur hétérogénéité, l'exiguïté des lieux, leur proximité de la surface du sol, leur état presque parfait de conservation. Surtout, en dehors d'une foule de pièces que l'on retrouve généralement sur les sites préhistoriques, quelques-unes attirent particulièrement l'attention en raison de leur originalité. Il y a d'abord des figures bisexuées dont la jambe droite est généralement plus longue que la gauche. Il y a ensuite des figures mystérieuses dépourvues de bouche qui évoquent le hibou. Il y a enfin des tablettes recouvertes de signes qui font penser à une écriture archaïque lesquels signes se retrouvent aussi sur de nombreux objets exhumés.  
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Vase funéraire au faciès sans bouche  
(source: Adrien Bayet)
Une tablette gravée (source: Adrien Bayet) Idole bisexuée (source: Reinach)
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14 mars 1924: René Dussaud (1868-1958), adjoint au conservateur des Antiquités orientales du Louvre et membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, publie un important mémoire selon lequel les Phéniciens seraient à l'origine des alphabets phonétiques. Son opinion se fonde sur la mise au jour du sarcophage du roi Ahiram de Byblos recouvert d'inscriptions.  

19 mars 1924: Visite du site de Glozel par les élèves de l'école de Ferrières-sur-Sichon accompagnés de leur institutrice, Mlle Picandet. Le hameau de Glozel dépend de la commune de Ferrières-sur-Sichon.  

20 mars 1924: Envoi par Mlle Picandet d'une lettre signalant la découverte du site à l'inspecteur d'Académie de l'Allier, conformément à l'invitation du 11 janvier.  

9 juillet 1924: Visite de l'instituteur de La Guillermie, Mr Clément, envoyé par la Société d'Émulation du Bourbonnais. Il photographie et emprunte aux Fradin quelques objets qu'il emporte. D'autres envoyés de la Société viendront ultérieurement creuser et détériorer la tombe(?). 

28 juillet 1924: Visite impromptue du procureur de la République, Joseph Viple, membre de la Société d'Émulation du Bourbonnais, accompagné d'un photographe, Mr Giron, du comte de Laquarelle et de Mr Clément. On creuse encore et on démolit les murs de la fosse. On emporte un plein panier de ce que l'on trouve et les Fradin commencent à trouver un peu fort que de soi-disant savants empiètent ainsi sur leur propriété. On prend maintenant pour un four ce qui avait été jusqu'à présent tenu pour une sépulture. Joseph Viple, qui ne sait trop que penser des trouvailles, décide d'envoyer des échantillons à Louis Capitan (1854-1929), une des sommités de l'archéologie contemporaine française. Malheureusement, ce dernier étant absent, les échantillons resteront en souffrance plusieurs mois, avant d'être examinés par l'illustre savant! 

D'autres personnes s'intéressent au site et commencent à le fouiller sans respecter les précautions qui s'imposent. Différentes couches sont ainsi mélangées ce qui rendra plus ardue la tâche des spécialistes. C'est pourquoi la première cavité découverte ne sera pas réellement répertoriée. On parlera de tombe ou four zéro, selon l'opinion que l'on en a. 


Année 1925 

Une subvention est refusée, mais le site attire l'attention du docteur Antonin Morlet, médecin thermal à Vichy. Ce praticien est un personnage quelque peu iconoclaste. Sa thèse de doctorat, qui comporte des éléments novateurs en matière d'anatomie, ne fait pas l'unanimité. Elle est cependant reprise dans plusieurs manuels de médecine. Érudit local, le docteur Morlet est un archéologue amateur averti. Il a même découvert un tombeau gallo-romain dans son jardin. Il va se passionner pour le site de Glozel et lui consacrera sa vie. Rapidement la presse et les spécialistes s'emparent du sujet. Personne ne met d'abord en cause l'authenticité d'une découverte jugée importante.  

5 janvier 1925: La Société d'Émulation du Bourbonnais allègue un manque de fonds pour refuser une subvention de 50 francs (!) qui permettrait de poursuivre les fouilles. 

26 avril 1925: Un médecin, Le docteur Morlet, qui a suivi à Clermont-Ferrand les cours de préhistoire du docteur Girod, apprend l'existence de Glozel en lisant le "Bulletin de la Société d'Émulation du Bourbonnais". Il saisit immédiatement l'importance de la découverte au moment où les Fradin, découragés, s'apprêtent à combler les fouilles. Il leur propose de lui louer le champ pour 9 ans afin de poursuivre des recherches. 

Fin mai 1925: La famille Fradin accepte la proposition. Antonin Morlet effectue ses premières fouilles, qu'il poursuivra de façon régulière jusqu'en 1936. Le docteur de Vichy est certainement consciencieux et plein de bonne volonté. Mais il n'est qu'un amateur et on lui reprochera d'avoir brouillé les pistes en n'explorant pas systématiquement le site dans le respect des règles de l'art. Il se défend en précisant qu'il a laissé à dessein des emplacements pour des explorations futures à des fins d'expertise du site. Et, s'il n'a pas tenu de journal des fouilles, c'est que celles-ci n'étaient pas officialisées. Il n'a cependant pas saccagé le site à grand coups de pioche; il creuse le sol au couteau et les objets sont minutieusement dégagés. D'ailleurs, l'état du terrain impose des précautions. Les tablettes sont ramollies par l'humidité et se confondraient facilement avec le sol. Il faut les faire sécher à l'air libre avant de les exploiter. 

4 juin 1925: Morlet fouille avec Capitan qui juge le site exceptionnel. Il demande à Morlet de lui rédiger un rapport. 

23 juillet 1925: Enregistrement au Mayet-de-Montagne du contrat passé entre les Fradin et le docteur Morlet. 

23 septembre 1925: Morlet, se doutant que Capitan veut le doubler, publie le premier fascicule de "Nouvelle station néolithique". Capitan, qui aurait souhaité passer pour le découvreur du site, est furieux. Il exige que Morlet substitue son nom à celui d'Émile Fradin, que le docteur à joint au sien pour signer l'ouvrage. Comment le praticien de Vichy pourrait-il associer son nom à celui d'un simple paysan, tout juste pourvu du certificat d'études, de préférence à celui d'un savant réputé de la capitale? Pourtant, Morlet refuse. Capitan deviendra plus tard l'allié des adversaires de Glozel. On peut penser que sa déconvenue n'est pas étrangère à ce revirement d'opinion. Dans cette affaire, il ne sera pas le seul à se montrer plus soucieux de sa carrière et de sa réputation que de rigueur scientifique. Mais pour être juste, il convient de reconnaître que Morlet a aussi fait preuve de susceptibilité et d'agressivité envers certains représentants de la science officielle. Si la méfiance dont il fit montre était peut-être justifiée, il n'en demeure pas moins qu'elle n'était pas de nature à faciliter un échange serein des points de vue. 

5 octobre 1925: Au cours d'une séance de la Société d'Émulation du Bourbonnais, le lieutenant-colonel de Saint-Hillier propose une traduction d'une inscription relevée sur un objet trouvé à Glozel. Il pense qu'il s'agit d'une écriture phénicienne. Ces inscriptions ne vont pas cesser d'intriguer. Elles seront, comme on le verra, à l'origine de la principale opposition des adversaires du site. 

23 et 24 octobre 1925: Le journal "Le Matin" accueille les premiers articles de presse sur Glozel (le premier est dû au lieutenant-colonel de Saint-Hillier). Au cours du temps, ils se multiplieront dans la presse nationale et régionale, comme dans les revues spécialisées. Les archives du musée de Glozel comportent plus de 2600 articles publiés essentiellement entre les deux guerres. 

7 novembre 1925: Morlet est à Paris sur l'invitation d'Arnold van Gennep, spécialiste de l'ethnographie et du folklore. Il y rencontre Marcellin Boule (1861-1942), un paléontologiste réputé, l'abbé Henri Breuil (1877-1961), une sommité de l'archéologie spécialiste du paléolithique, Benoît Champion, responsable des ateliers du musée de Saint-Germain-en-Laye, Camille Jullian (1859-1933), professeur au Collège de France et académicien, René Dussaud, Adrien de Mortillet, Salomon Reinach (1858-1932), conservateur en chef du Musée des Antiquités nationales. 

9 novembre 1925: Nouvelle tentative de décryptage du langage de Glozel par le lieutenant-colonel de Saint-Hillier devant la Société d'Émulation du Bourbonnais. Voici ce qu'il croit avoir lu sur plusieurs objets. Premier exemple: "Deux couples de Phéniciens / Cinq Lybiens / A moins qu'ils ne fassent du mal / --- / Que les neuf dorment / En paix et passent / Partout". Second exemple: "/ -- / Elle a cessé la bonne foi / Du Cyrien. / Qu'il soit maudit! / Et pourquoi? / La puissance du mal / Est sur / lui". Troisième exemple: "Glissent / l'exemple / A l'obéissance. / Les ouvriers de la justice / s'appuient / sur les Dieux". Arrêtons là les citations. Ne croirait-on pas lire des poèmes surréalistes?  

1er décembre 1925: Glozel est évoqué par le "Mercure de France" sous la signature de van Gennep. C'est le premier d'une longue série d'articles. Une rubrique sera même consacrée au site. Pendant la dizaine d'années qui va suivre, plus de 150 numéros aborderons le sujet. La revue sera le principal défenseur de Glozel et de ses inventeurs. On citera ci-après quelques-uns des thèmes abordés. Il est évidemment impossible de les présenter tous. La liste complète est accessible en cliquant ici. 

3 décembre 1925: Dans un article du Dr de Brinon, publié dans le "Bulletin de la Société d'Émulation", la découverte de Glozel est attribuée à Clément. Les tentatives d'appropriation de l'invention du site continuent. Elles suscitent à bon droit la méfiance des véritables inventeurs. Ce même bulletin apporte un essai fantaisiste de traduction des textes.  

1925: V. Gordon Childe (1892-1957), publie "The dawn of European civilization", qui théorise le diffusionnisme oriental. La découverte de Glozel ne cadre pas avec cette thèse qui situe en Orient les origines de notre civilisation. 



Année 1926 

Glozel devient connu et attire la visite de plusieurs célébrités. Mais des scientifiques commencent à exprimer des doutes. Certaines particularités des pièces trouvées sur le site sont en effet incompatibles avec les théories officiellement admises. La plupart des spécialistes, et non des moindres, continuent toutefois de pencher pour l'authenticité de la découverte. 

11 janvier 1926: Au Comité des Travaux historiques, Capitan rend compte de la brochure de Morlet. Il signale la présence d'un morceau de fer cylindrique dans la fosse ovalaire fouillée (Il s'agirait d'un bras de force de charrue! On parlera aussi d'une canne de verrier du 17ème siècle!). Il affirme que les objets hétéroclites trouvés ne présentent aucun intérêt et qu'il pourrait s'agir d'une supercherie. 

20 février 1926: Lettre de protestation de Mlle Picandet contre les inexactitudes publiées par le "Bulletin de la Société d'Émulation". Ces inexactitudes sont nombreuses et, semble-t-il, organisées pour semer le trouble dans les esprits. 

1er mars 1926: Morlet démissionne de la Société d'Émulation  suite aux attaques dont il a été l'objet dans le "Bulletin". 

15 mars 1926: Morlet publie le second fascicule de "Nouvelle station néolithique" avec, pour sous-titre: "L'Alphabet de Glozel". Certaines tablettes auraient été gravées en boustrophédon (de droite à gauche et de gauche à droite, littéralement: en tournant comme un boeuf). 

Avril-mai 1926: Visite de Morlet à Boule à Paris. Boule se désolidarise des découvertes après avoir reconnu un renne sur le galet inscrit que Morlet lui présente. Cet animal ne pouvait pas vivre à la date attribuée aux objets, puisqu'il est supposé avoir disparu vers la fin du paléolithique, et Boule croit découvrir sur le galet des traces de colle. 

13 juin 1926: Fouilles sur le site de Glozel à l'initiative du "Mercure de France" (Van Gennep). 
  
1er juillet 1926: Nouvel article du "Mercure de France" consacré à Glozel. Van Gennep y fait état de la découverte, 37 ans avant au même endroit, de briques et de poteries qui ont alors été négligées. 

9 juillet 1926: Claude Fradin et Morlet signent un contrat de location du champ Duranton, qui formalise l'engagement oral passé l'année précédente. Il est entendu que les Fradin conserveront l'essentiel des trouvailles mais ils s'engagent à ne les céder qu'à un musée français. 

10 juillet 1926: Morlet publie le troisième fascicule de "Nouvelle station néolithique". 

28 juillet 1926: La Commission des monuments historiques renonce à l'envoi d'une délégation à Glozel en raison de l'opposition de Morlet à la présence de Capitan qui l'a diffamé.  

11 août 1926: Dans "l'Écho de Paris", H. de Varigny accepte l'idée de Morlet selon laquelle l'Occident serait l'inventeur du premier alphabet linéaire. 
 
13 août 1926: Glozel est évoqué à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. 

18 août 1926: Visite à Glozel du roi de Roumanie, Ferdinand 1er, en traitement à Vichy. Sa voiture se serait enlisée dans le chemin qui conduit au hameau! Il écrit à la princesse Bibesco une lettre où il se dit vivement intéressé par ce qu'il a vu.  

23 août 1926: L'abbé Breuil, qui est en vacances en Écosse, ne voit pas l'utilité de se déplacer à Glozel pour examiner des objets qui ne sont pas de son ressort. Il estime, en effet, avant de les avoir vus, qu'ils ne relèvent pas du paléolithique. On notera toutefois qu'il n'a pas dédaigné de s'intéresser parfois à l'âge du bronze.  
  
24 août 1926: Arrivée de Salomon Reinach à Glozel pour la première fois. 

25 août 1926: Fouilles de Reinach et Seymour de Ricci, de l'Institut. Le second a insisté pour accompagner le premier. Il est venu avec l'idée préconçue que tout est faux, ne fouillera presque pas et s'en retournera en dénigrant le site. 

26 août 1926: Fouille de Reinach et du comte François de Bourbon-Busset. 

27 août 1926: Compte-rendu de Reinach à l'Institut. Il déclare authentiques les découvertes et les rattache comme Morlet au néolithique. "Incrédule avant d'avoir vu et touché, je ne le suis plus depuis que j'ai touché et vu. Ce n'est pas la première fois que l'invraisemblable doit être tenu pour vrai", affirme-t-il. Par souci d'honnêteté, et à la demande de Seymour de Ricci, il déclare cependant que ce dernier croit à une mystification bien qu'il ait admis l'authenticité de quelques objets. L'engouement de Reinach pour le site ne faiblira pas. Mais il est vrai que sa découverte confirme une thèse qui lui est chère, celle du "mirage oriental". 

3 septembre 1926: Une lettre de Jullian est lue à l'Institut. D'après son auteur, Glozel serait une officine de sorcière gallo-romaine. Il identifie l'écriture glozélienne comme étant une cursive latine et la traduction qu'il donne de quelques signes incite à penser qu'il s'agit de formules magiques. Il n'exclut cependant pas que des objets néolithiques, conservés d'âge en âge comme des reliques, aient pu être utilisés sous l'empire romain. Jullian est un spécialiste de la période gallo-romaine et ceci explique certainement son opinion. Au surplus, il ne s'est pas encore rendu sur le site. Les thèses de l'éminent académicien en laissent plus d'un sceptique. Si les textes de Glozel sont latins, comment expliquer que l'on y dénombre plus de cent signes et non pas vingt trois, comme dans l'alphabet en usage sous Dioclétien? Et comment expliquer que l'on ne trouve aucun objet métallique, aucune pièce de monnaie romaine dans les fouilles?   

8 septembre 1926: A la Société des Antiquaires de France, Clément Pallu de Lessert lit une note de A. Mallat selon laquelle la supercherie est impossible. L'auteur se porte garant de la moralité de Morlet et de Fradin. 

9 septembre 1926: Arrivée à Glozel d'Émile Espérandieu, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. 

10 septembre 1926: Fouilles d'Espérandieu et José Leite de Vasconcellos (1858-1941), professeur à l'Université de Lisbonne, directeur du Musée d'Ethnologie du Portugal. Pour Leite de Vasconcellos, "tout le monde savant retentira bientôt des découvertes de Glozel". 

Henri Begouen, secrétaire de l'Institut international d'Anthropologie, publie dans "Les Débats" une lettre ouverte à S. Reinach dans laquelle il exprime des soupçons injurieux et réclame la constitution d'une commission de contrôle. 

11 septembre 1926: Fouilles d'Espérandieu et Lucien Mosnier. Pour Espérandieu, l'authenticité du site n'est pas douteuse. 
  
14 septembre 1926: Fouilles de Charles Depéret, doyen de la Faculté des Sciences de Lyon, membre de l'Académie des Sciences, et de Pierre Viennot, vice-président de la Société géologique de France, professeur à la Sorbonne. Viennot est frappé par l'analogie des tablettes avec celles qu'il a vues en Mésopotamie. 

1er octobre 1926: Première "Chronique de Glozel" dans "Le Mercure de France". Ces chroniques seront désormais régulières pendant plusieurs années. "Le Mercure" sera le porte-parole des glozéliens. 

11 octobre 1926: Communication de Depéret à l'Académie des Sciences. L'intégrité du gisement et l'authenticité des découvertes sont attestées. 

19 octobre 1926: Visite de l'abbé Breuil aux collections et au gisement de Glozel. 

22 octobre 1926: Fouilles de Breuil avec Joseph Loth (1847-1934), membre de l'Institut, professeur au Collège de France. 

23 octobre 1926: Fouilles de Loth seul, après le départ de Breuil. En prenant congé de Morlet, l'abbé Breuil le remercie et se dit convaincu de l'authenticité du site. Impressionné par un visage d'argile, Loth le qualifie de masque de Beethoven. Il conseille à la famille Fradin de créer un petit musée. 

31 octobre 1926: Première visite du site par Auguste Audollent (1864-1943), doyen de la Faculté des Lettres de Clermont-Ferrand. Il y en aura beaucoup d'autres. 

15 décembre 1926: Publication, par Morlet, dans le "Mercure de France" de "Origine néolithique des alphabets méditerranéens" et de "A propos de "bric-à-brac" de la sorcière gallo-romaine. La fosse ovale était-elle un four de verrier?". On a, en effet, trouvé sur le site des sortes de larmes de verre. 

23 décembre 1926: Au cours d'une séance de la Société préhistorique française, on estime que les caractères gravés sur les objets trouvés à Glozel sont postérieurs au néolithique. S'ils avaient été tracés longtemps après la fabrication des objets par des gens d'une civilisation plus récente, la thèse de Jullian prendrait corps. 
 



Année 1927 

L'engouement pour le site ne faiblit pas mais les oppositions se renforcent. La crainte d'avoir à mettre en cause la science officielle, les rivalités d'auteurs et la mauvaise humeur d'un acheteur potentiel éconduit se conjuguent pour pousser plusieurs personnes à entretenir le doute. L'existence des signes, qui font penser à une écriture, sur les objets découverts à Glozel, avive les oppositions. En effet, on estime à quelques 5 à 6000 ans avant notre ère l'ancienneté de ces objets. Or, pour la science officielle, l'écriture serait née en Phénicie, 1600 ans avant notre ère. La découverte de Glozel revêtirait donc un intérêt majeur et ruinerait le crédit des tenants de la thèse de l'origine moyen-orientale de l'écriture. Le débat va devenir de plus en plus vif entre partisans et adversaires de Glozel. Ces derniers vont s'en prendre à la famille Fradin et à Morlet. Ils recevront l'appui inattendu d'une Commission internationale mandatée pour expertiser les découvertes. 

Début 1927: Publication de "L'énigme de Glozel" de Auguste Audollent. L'auteur est favorable à la thèse de l'authenticité du site. Il contredit l'opinion de Jullian selon laquelle Glozel serait le produit d'une officine de sorcellerie gallo-romaine. Après avoir rappelé que des éléments d'écriture remontant au néolithique ont déjà été découverts à plusieurs endroits à travers le monde, Audollent cite Vendryes qui a écrit que les inscriptions de Glozel "ne sont pas isolées. Elles entrent dans une série dont le point de départ est en Crète et qui, par l'Égypte et la Troade, s'étend à la Transylvanie et à l'Europe occidentale...". Pour Audollent, si Glozel était situé en Asie mineure, plutôt que dans le Bourbonnais, sa découverte ne soulèverait pas de polémique. 

4 février 1927: Dans un cours à la Faculté des Lettres de Toulouse, Begouen soutient que Glozel est authentique mais que les objets trouvés ne sont pas préhistoriques. Il se rallie à la thèse de Jullian et condamne la façon dont sont menées les fouilles. 

19 février 1927: Article de Breuil dans "l'Anthropologie". L'authenticité des découvertes et leur âge néolithique sont reconnus mais l'auteur se refuse à les dater et leur attribue une origine orientale. Une tribu venue de l'est se serait installée dans le Bourbonnais et les y aurait laissés! Il ne cite pas Morlet qui se vexe. Le docteur soupçonne le docte abbé de vouloir s'approprier la découverte du site. Les deux hommes vont se fâcher et Breuil deviendra un adversaire du site. 

1er mars 1927: Dans le "Mercure de France", le directeur du Musée zoologique de Bergen (Norvège) reconnaît formellement un dessin gravé qui lui a été soumis comme celui d'un renne. La pièce concernée remonterait donc à l'époque où ce cervidé vivait encore en France (néolithique ancien) et elle ne serait pas d'origine orientale. 
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Un renne (source: Adrien Bayet)
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5-6 mai 1927: Visite de Jean Labadié (qui signe aussi Jean Cabrerets du nom d'une grotte du Lot qu'il a explorée). 

7 mai 1927: Morlet publie le quatrième fascicule de "Nouvelle station néolithique". 

14 juin 1927: Ouverture d'une première tombe au Champ des Morts. Son mobilier doit être déménagé dans l'urgence, par Morlet et les Fradin, à cause de fortes pluies qui risquent de l'endommager. (Remarque: la fosse ovale, découverte en mars 1924 par Émile Fradin, était sans doute également une tombe, mais son ouverture a eu lieu avant le début régulier des fouilles). 

21 juin 1927: Ouverture d'une seconde tombe en présence d'Espérandieu, d'Auguste Audollent, d'Émile Nourry (le folkloriste Saintyves), d'Olov Jause, professeur à l'École du Louvre, de John de Klercker et de Mlle Picandet. On y trouve des débris d'ossements humains et 121 objets. 

22 juin 1927: Offre d'achat des collections et du gisement par André Vayson de Pradenne, ingénieur et préhistorien. Les Fradin refusent, se créant ainsi un nouvel adversaire potentiel. Vayson niera ultérieurement avoir formulé cette proposition. Il reconnaîtra seulement avoir offert d'acquérir quelques débris, pour les montrer à des amis. Selon Émile Fradin, au contraire, il aurait insisté pour avoir la collection et le site, à n'importe quel prix, et aurait menacé de "démolir" Glozel, en cas de refus.  

11 juillet 1927: Fouilles de Vayson avec Émile Fradin. 

12 juillet 1927: Fouilles de Vayson avec Morlet. 

19-20 juillet 1927: Fouilles de Reinach avec Espérandieu, Alexandre de Laborde, Jeanne Déchelette, Albert et Marc Déchelette, Ferréol Butavand, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la principauté de Monaco... En rapportant le déroulement de ces fouilles, Reinach fait état de l'opinion d'Alexandre de Laborde selon qui la possibilité d'une supercherie doit être exclue. Il revient sur l'alphabet de Glozel; l'absence systématique du B l'amène à rapprocher cet alphabet de ceux des civilisations de la péninsule ibérique, antérieures à l'âge du bronze, lesquelles civilisations auraient été détruites par des invasions de barbares du nord. 

31 juillet 1927: Fouilles du professeur Depéret, de l'Académie des Sciences, du docteur Ancelin et de Anathon Björn, conservateur du musée préhistorique d'Oslo (Norvège). Ils déclarent unanimement que le terrain argileux qu'ils ont exploré était tout à fait vierge et estiment que les pièces qu'ils y ont trouvées sont authentiques. 

2 août 1927: Dans une lettre adressée à Vayson, Breuil revient sur son article de "l'Anthropologie" pour affirmer qu'il n'a rien vu à Glozel de paléolithique ni de romain et que, compte tenu de l'atmosphère malsaine qui règne autour de l'affaire et du manque de méthode des fouilles, il préfère retourner à la sérénité de ses cavernes. On ne trouve rien dans cette lettre qui permette de ranger son auteur franchement dans le camp des négateurs. C'est pourtant ce que ces derniers vont faire. 
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Les fouilles de Glozel en 1927 (source: L'Illustration)
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22 août 1927: Visite du musée et du site par Adrien Bayet, membre de l'Académie de médecine de Belgique. 

2 septembre 1927: Publication par Vayson dans, "Le Bulletin de la Société préhistorique française", de "La chronologie de Glozel". L'auteur y déclare que tout est faux et est l'oeuvre de "L'Esprit de Glozel". Il croit avoir observé sur les objets des traces de lime. A quoi Morlet répond que les stries que l'on y observe sont dues à la technique de fabrication utilisant de petits outils en grès. L'acheteur potentiel éconduit veut-il faire payer son échec à Fradin et à Morlet? Dans la brèche qu'il vient d'ouvrir vont s'engouffrer tout ceux qui contestent l'authenticité du site. 

3 septembre 1927: Publication dans "L'Illustration" d'un article de Jean Labadié qui raconte la visite effectuée début mai à Glozel. Cet intéressant reportage, illustré de photos, apporte de nombreuses informations sur les fouilles et la manière dont elles sont menées. A l'époque de sa rédaction, l'authenticité du site n'est encore mise en cause que par peu de savants. L'auteur ramène la controverse à une question de date, Jullian tenant pour une officine de sorcellerie gallo-romaine, Reinach et Loth pour un cimetière néolithique ou à la charnière entre le paléolithique et le néolithique, l'abbé Breuil se montrant plus réservé. L'importante diffusion de la revue contribue à faire connaître Glozel au grand public. 
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Une traduction de Jullian (source: L'Illustration)
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Le même jour, une lettre anonyme parvient à Henry de Varigny, chroniqueur scientifique du "Journal des Débats", où est dénoncée la fausseté des découvertes de Glozel. On verra plus tard quel est le véritable motif de cette épître, qui ne plaide certes pas en faveur de la probité intellectuelle et du courage de son auteur.  

11 septembre 1927: Fouilles de Antonio Mendès-Corréa (1888-1960), professeur à l'Université de Porto et de Lucien Mayet, professeur à l'Université de Lyon. Ils affirment, dans un rapport, que les découvertes sont authentiques et remontent à la préhistoire. 

12 septembre 1927: Visite incognito à Glozel de René Dussaud. Pourquoi n'a-t-il pas répondu positivement à une invitation de Morlet qui lui avait proposé de venir visiter le site officiellement? Cet éminent épigraphiste, on l'a vu, est un des tenants de la thèse selon laquelle l'écriture est née en Phénicie, 1600 ans avant notre ère. Or, le docteur Morlet pense que les tablettes gravées de Glozel remontent à 5 ou 6000 ans avant notre ère. L'écriture de Glozel serait donc très antérieure à celle de Phénicie et cette dernière pourrait même en être issue. Dussaud ne saurait admettre que les trouvailles d'un obscur médecin provincial et d'un petit paysan du Bourbonnais remettent en cause l'avis d'un savant parisien. Il attaque Glozel d'abord en catimini, ensuite publiquement avec vigueur, en usant de procédés pas toujours francs ni honnêtes. Il ira jusqu'à tirer argument de la présence d'un prétendu masque de Beethoven dans les fouilles (selon une remarque de Loth) pour tenter de discréditer le site et ses inventeurs! 

16 septembre 1927: Au cours d'une séance secrète de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Dussaud conteste l'authenticité des découvertes et met en cause la famille Fradin. Il publiera une brochure dans laquelle Adrien Bayet ne relèvera pas moins de 24 inexactitudes flagrantes en 39 pages! La principale objection de l'épigraphiste est la suivante: les caractères des tablettes de Glozel ressemblent au phénicien récent plutôt qu'au phénicien archaïque, ce qui est évidemment incohérent si cette écriture occidentale a précédé celle du Moyen-Orient. 

17 septembre 1927: Article de Björn dans le "Tidens Tegn" d'Oslo: "Il est certain que 4000 ans avant J.-C. il y avait en France des hommes qui pouvaient écrire leurs pensées". 

18 septembre 1927: "Le Journal" révèle tout ce que Dussaud a dit devant l'Académie, réunie pourtant en comité secret! Il édulcore toutefois les attaques directes contre les personnes, pour éviter les poursuites judiciaires. "Le Petit Parisien" lui emboîte le pas, en révélant involontairement les véritables intentions des détracteurs de Glozel: il faut exproprier le site! 

24 septembre 1927: Au congrès d'Amsterdam, l'Institut international d'Anthropologie décide la constitution d'une commission d'enquête pour expertiser le gisement de Glozel. Rien n'est dit sur la composition de cette commission. On notera que, s'il est indéniable que des sommités scientifiques en font partie, l'Institut international d'Anthropologie ne constitue pas une autorité indiscutable dans la mesure où il suffit de payer une cotisation de 30 francs par an pour en être membre. 

Publication dans "Le Progrès civique" d'un article intitulé "Le cimetière préhistorique de Glozel", signé Jean Cabrerets (Labadié), où l'auteur défend la thèse de l'authenticité. Il y fustige l'assaut des "frelons des fouilles" et se dit, malgré tout le respect qu'il leur porte, plus habilité que Dussaud et Jullian pour décider de la sincérité des découvertes, lui qui est allé sur le site alors qu'ils n'y ont pas mis les pieds. Il déplore aussi la position équivoque de l'abbé Breuil, qui a d'abord reconnu l'authenticité des objets, en s'avouant incapable des les classer dans la chronologie préhistorique. Dans cet intéressant article, figure le schéma d'une tombe. 

25 septembre 1927: Fouilles de Denis Peyrony, une autre sommité de la préhistoire, conservateur du musée des Eyzies, d'Oreste Tafrali (Université de Jassy en Roumanie), de Marcel Solignac, chef du service géologique de Tunisie, et d'Alban Vergné, conservateur du Musée de Villeneuve-sur-Lot. Le rapport de fouilles reconnaît la parfaite authenticité du gisement et rattache certaines découvertes au paléolithique supérieur. 

27 septembre 1927: Morlet accepte sans restriction de soumettre son gisement à la commission que l'Institut international d'Anthropologie s'apprête à constituer. 

30 septembre 1927: Un fac-similé de la lettre anonyme à Henry de Varigny paraît dans "Comoedia". Dussaud, démasqué,  reconnaît qu'il en est l'auteur. Il s'agissait donc d'une manoeuvre destinée à discréditer le site, pour protéger une théorie que les découvertes qui y sont faites risquent de reléguer au rayon des erreurs scientifiques. 

4 octobre 1927: Une instance de classement provisoire de Glozel est ouverte pour six mois. Peyrony est nommé par le Ministre de l'Instruction publique pour en faire respecter les dispositions. Il sera assisté de Champion, chargé d'inventorier les objets et d'en déterminer les techniques de fabrication. 

27 octobre 1927: Selon Boule, la gravure du soi disant renne est une copie, mais tout n'est pas faux dans les découvertes de Glozel. Il souhaite que tout le bruit fait autour de cette affaire cesse. 

Pour Loth, l'apparition de la civilisation de Glozel n'est pas une énigme. Elle s'inscrit dans la continuité des civilisations antérieures. Ce qui en est une est sa brusque disparition. Elle aurait été détruite par les porteurs de la civilisation mégalithique, lesquels n'ont jamais connu d'écriture véritable et étaient beaucoup moins avancés que leurs prédécesseurs qu'ils ne comprenaient pas. 

4 novembre 1927: A la gare de Lyon, Begouen essaie de dissuader les journalistes d'accompagner les membres de la Commission internationale en route pour Vichy. En vain. 

5-7 novembre 1927: Fouilles de la Commission internationale. La secrétaire de Breuil, Miss Garrod, membre de la Commission, est prise en flagrant délit de tentative de falsification des preuves. Elle essaie de pratiquer des trous dans le sol, comme pour introduire subrepticement des objets dans les fouilles. Il est intéressant de noter que l'attitude des membres de la Commission, et les découvertes qu'ils ont faites, amènent les journalistes présents à estimer qu'elle va conclure à l'authenticité du site. 

13 novembre 1927: Publication d'un article de Reinach dans le journal "Le Temps": "De Bello glozelico". Il anticipe une reconnaissance définitive de l'authenticité de Glozel  par la Commission internationale, il n'en doute pas. Il fait le point sur les conclusions que suggèrent les découvertes de Glozel: 1°)-La civilisation du renne a survécu plus longtemps qu'on ne le croyait à l'adoucissement du climat. 2°)-Les débuts de la céramique sont contemporains des derniers rennes. 3°)-La gravure sur pierre et sur os a perduré, bien que dégénérée, au néolithique, avec les premiers vases et les premières haches mal polies. 4°)-L'écriture linéaire existait en Gaule et en Espagne 3 ou 4000 ans avant notre ère; les tablettes de Glozel sont contemporaines des plus anciennes inscriptions d'Égypte et de Chaldée, sinon plus anciennes, et ne leur doivent rien. 

25 novembre 1927: Une fausse dépêche de Porto est publiée par Henri Begouen dans "Le Télégramme de Toulouse" et immédiatement reprise dans "Les Débats". Elle livre par anticipation des résultats délibérément erronés d'analyses d'os de Glozel, effectuées au Portugal par les défenseurs du gisement. La présence de matières organiques dans ces os montrerait qu'ils sont d'origine récente. Ce faux grossier n'a qu'un but: faire pression sur les membres de la Commission internationale, afin qu'ils adoptent la thèse du faux, par crainte de passer pour des naïfs qui ont été bernés! 
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15 décembre 1927: Dans le "Mercure de France": "Chronique de Glozel - Les alphabets d'Alvào et de Glozel. - Brochures sur Glozel. - Une réponse à M. Saintyves. - Considérations anatomiques et ethnographiques sur les idoles phalliques. - Revue de la presse." On l'a déjà vu, le cas de Glozel est loin d'être isolé. Des objets et des traces d'écriture similaires ont été trouvés sur d'autres sites. Or, l'unicité des découvertes faites sur le site est l'un des principaux arguments des sceptiques qui observent, d'ailleurs à juste titre, que, si objets et écriture sont authentiques, ils devraient faire partie d'un ensemble cohérent et devraient se rencontrer ailleurs. C'est bien le cas. L'originalité de la découverte du Bourbonnais tient surtout aux regroupements des signes en textes, sur des pages de terre cuite, qui donnent à l'ensemble l'apparence d'une sorte de bibliothèque. 
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Inscription sur argile d'Alvao (Portugal) - Dessin de Mendes Correa Écriture du Pakistan estimée vieille de 5500 ans
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A l'époque de la mise au jour de Glozel, des signes faisant penser à une écriture alphabétique avaient déjà été trouvés en maints endroits, en France (au Mas d'Azil) comme à l'étranger (à Alvào au Portugal, par exemple). Depuis, la découverte de tels signes s'est multipliée (voir ci-après  les Balkans et la Grèce). Il y en aurait jusqu'aux États-Unis et en Australie, qui remonteraient à une époque très éloignée. Quelques-uns de ces signes sont rapprochés dans le tableau suivant: 
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23 décembre 1927: Le rapport de la Commission internationale paraît dans la "Revue anthropologique". Contre toute attente, il invalide l'ancienneté des objets étudiés. Mais les membres de la Commission avaient été triés sur le volet et tous choisis parmi les détracteurs du site. Ils n'ont d'ailleurs pas été nommés par le Congrès d'Amsterdam mais sur une liste dressée par Henri Begouen, notoirement hostile au docteur Morlet. Leur partialité au cours des fouilles a été remarquée par des témoins oculaires, comme Joseph Tricot-Royer (1875-1951), maître de conférences à l'Université de Louvain, qui, d'abord hostile, a été convaincu après avoir vu. Leurs méthodes d'investigation sont plus que douteuses. Par exemple, ils négligent de mentionner la découverte d'une grosse racine traversant une pièce, car elle contredit évidemment la thèse de l'origine récente des objets. Ils critiquent le manque de méthode du docteur Morlet. Mais celui-ci, par souci d'honnêteté, a permis aux visiteurs de fouiller où ils le souhaitaient, de sorte que le champ des morts ressemble maintenant à un terrain pilonné par l'artillerie. Et voilà qu'on lui reproche la latitude qu'il a laissée à ses confrères! Leurs conclusions sont contestables et elles seront contestées, entre autres, par Adrien Bayet que leur rapport ne convainc pas. Loin de terminer l'affaire, ce rapport la relance. 

A ce moment crucial, la communauté scientifique française est divisée. On peut distinguer quatre positions. Il y a d'abord ceux qui pensent qu'une partie au moins des pièces qui leur ont été soumises sont anciennes mais qu'elles ne proviennent pas du néolithique, comme Jullian. Il y a ceux qui ont d'abord admis l'authenticité des objets découverts et qui maintenant la contestent, comme Capitan et Breuil. Il y a ceux qui sont depuis le début des adversaires de Glozel, comme Dussaud et Boule. Il y a enfin ceux qui continuent de militer en faveur du site, et ils sont encore nombreux, malgré les conclusions de la Commission internationale (Reinach, Loth, Audollent...). A l'étranger, les oppositions sont moins vives mais existent aussi. On rencontre des sceptiques dans les pays anglo-saxons et des partisans de Glozel dans la péninsule ibérique (Vasconcellos, Mendès-Corréa) comme en Belgique (Bayet, Tricot-Royer).  

La division des savants offre une opportunité aux scribouillards. Paul Vigné d'Octon ne la laisse pas échapper et publie chez Lemerre une resucée de son roman "Les petites dames", inspiré d'une découverte archéologique réalisée à Leche, en Espagne, trente ans plus tôt. 



Année 1928 

La querelle s'envenime. La justice est saisie. Des perquisitions sont effectuées chez les Fradin. Les adversaires de Glozel ne reculent devant rien pour faire prévaloir leur opinion: fuites d'informations, dépôts d'objets falsifiés dans les fouilles, agressions verbales et physiques contre les inventeurs du site... Mais Glozel garde encore des partisans et d'autres gisements sont explorés dans le voisinage, confirmant qu'il ne s'agit pas d'un emplacement isolé. 

1er janvier 1928: Un journal de Madrid, "El Sol", rendant compte d'une conférence de Bosch y Gimpera à Barcelone, réédite les arguments de la Commission internationale et ajoute: "Admettre l'authenticité de tels objets serait modifier essentiellement le fondement de toute l'archéologie préhistorique." Là est justement le noeud de la question! 

2 janvier 1928: Conférence de Dussaud à Moulins sur Glozel, comme membre de la Société d'émulation du Bourbonnais à laquelle il vient d'être élu. Il y fait dire à Tricot-Royer le contraire de ce qu'il a dit. Il soutient que les caractères des tablettes ne constituent pas un langage. De Saint-Hillier lui porte la contradiction. 

3 janvier 1928: Loth commence un cours sur Glozel au Collège de France et annonce une réfutation des conclusions de la Commission internationale. 

4 janvier 1928: Fouilles fructueuses de deux rédacteurs du "Matin" en dehors de l'enclos du site protégé par la mesure de classement provisoire. Qui aurait eu intérêt et aurait pu enfouir les objets trouvés hors du champ des fouilles, sous des arbres, à 60 cm de profondeur, au milieu d'un enchevêtrement de racines? Les journalistes sont convaincus de la réalité de leur découverte.  

5 janvier 1928: Mlle Picandet, en larmes, explique au "Journal" qu'elle vient d'être mutée dans un autre village de l'Allier, où elle ne sera plus directrice. Elle rappelle la genèse de l'affaire, la brouille entre Clément, Viple et les Fradin et ajoute qu'elle persiste à croire en l'authenticité des découvertes. Elle est manifestement sous l'emprise de la crainte d'une sanction encore plus forte. 

6 janvier 1928: Les envoyés du "Matin" déblaient à la Goutte Barnier, non loin de Glozel, de vieilles galeries creusées dans l'argile. 

7 janvier 1928: Dussaud dénonce, dans le journal "Le Matin", ce qu'il traite de supercherie. Il accuse Claude et Émile Fradin d'être les auteurs de la mystification. 

Dans "Le Journal" une analyse des propos de Champion, qui plaide en faveur de la thèse du faux, en raison, notamment, de l'hétérogénéité des objets, s'attire cette réplique de Reinach: "Tout ce rapport se résume ainsi: Je n'ai rien vu encore de pareil; donc, c'est faux." 

Dans une leçon au Collège de France, Loth établit l'incompétence de la Commission internationale et met l'accent sur les récentes découvertes du "Matin". Son intervention est suivie de l'explosion d'un pétard. Le cours suivant sera perturbé par le jet de quelques boules puantes. Les auditeurs expulseront les perturbateurs. 

7 janvier 1928: Les tablettes de Glozel comporterait des caractères maçonniques en usage dans le compagnonnage. 

8 janvier 1928: Plainte de Claude et Émile Fradin contre Dussaud et "Le Matin" pour diffamation.  

13 janvier 1928: Plusieurs glozéliens reçoivent la carte anonyme ci-dessous. 
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16 janvier 1928: Les paysans des environs de Glozel creusent à l'envi. L'un d'eux, Mercier, découvre une hache, avec tête d'équidé et caractères glozéliens, au hameau de Chez Guerrier (gisement de plein air). Morlet, qui s'est rendu sur les lieux, trouve aussi quelques pièces. Plus tard, Mercier trouvera également des galets inscrits.  

19 janvier 1928: Publication du rapport de Champion, dans lequel ce dernier prétend que les ossements de Glozel qui lui ont été soumis semblaient sortir d'un pot au feu! Mais ce rapport n'a pas été commandité. Il est le fruit d'une initiative personnelle et l'imprimatur du ministère qui y figure est abusive. Elle sera d'ailleurs dénoncée par Léon, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts. 

22 janvier 1928: Début d'exploration du souterrain de Puyravel, sur la commune du Mayet-de-Montagne, voisine de Glozel. Il aurait pu servir d'habitation aux hommes de Glozel à la période néolithique. On y découvre deux objets avec gravures et signes d'écriture. 

26 janvier 1928: Découverte, dans la grotte artificielle de Puyravel, d'une hache à tranchant poli et d'un galet gravé de trois lettres et d'un dessin d'équidé par le docteur Morlet. 

28 janvier 1928: La Commission des Monuments historiques (Dislère, président de l'Institut de Paléontologie, Capitan, Léon, Boule, Verneau, Breuil, Lantier, Martin, Raymond, Hervé et Reinach), étant également présents de Mortillet, Jullian, Cartault, Perdreau et quelques fonctionnaires, se prononce contre le classement définitif de Glozel. Seul Reinach continue de défendre la thèse de l'authenticité du site. Jullian pense maintenant que les objets trouvés sur le site ont été achetés en Italie méridionale! 

7 février 1928: On parle de dessins et d'inscriptions analogues à ceux de Glozel trouvés à Zenaga (Maroc) et ailleurs (Figuig, Tiout...).  

12 février 1928: Nouvelle visite de la grotte de Puyravel. On y trouve un galet noir avec gravure de félin. 

A Madrid, les antiglozéliens sont comparés au coucou, oiseau qui pousse de hauts cris, quand on l'empêche de s'installer dans le nid d'autrui. 

Mi-février 1928: Fouilles à Puyravel, avec Mayet, Frédéric Roman, professeur de géologie, Gomez Llueca, Fabien Arcelin, président de l'Association régionale de Paléontologie humaine et d'Histoire, Depéret et Morlet. 

Adrien Bayet remet à son éditeur l'ouvrage "La controverse de Glozel", dans lequel il se montre partisan de l'authenticité. Le médecin belge publiera également plusieurs articles consacrés au site. 

18 février 1928: "Le Moniteur du Puy-de-Dôme" annonce la découverte d'une nouvelle galerie souterraine dans la commune de Serbannes. 

19 février 1928: Depéret découvre à Puyravel plusieurs objets gravés de dessins et de signes. D'autres objets sont également découverts par  Morlet et Fradin-Rougère. Émile Fradin aurait-il truffé de faux tout le département? 

24 février 1928: Dépôt d'une plainte pour escroquerie au parquet de Moulins, par l'avocat Maurice Garçon, agissant au nom de Félix Régnault, président de la Société préhistorique française. Ce dernier est venu intentionnellement visiter le petit musée de Glozel. Il a payé les quatre francs de droit d'entrée et a soigneusement conservé le reçu, afin de disposer d'un élément pour motiver sa plainte! Plus qu'une longue démonstration, ce honteux procédé dépeint parfaitement l'état d'esprit des adversaires de Glozel et l'âpreté de la controverse.  
  
25 février 1928: Perquisition à Glozel de la brigade mobile de Clermont-Ferrand, sous la conduite de Régnault, plaignant, et du commissaire Hennet. La police trouve, dans des trous du murs de l'étable, quelques galets fraîchement gravés, qui ont pu être placés là par des visiteurs mal intentionnés. Elle s'évertue en vain à trouver l'atelier où Émile Fradin est supposé avoir fabriqué les pièces contestées (environ 2500!). Elle tourne tout, occasionne des dégâts et met la main sur plusieurs centaines d'objets du musée, à des fins d'expertise. On s'étonnera de la rapidité avec laquelle la perquisition a suivi la plainte. A l'époque, bien des personnes pensèrent que tout était combiné d'avance. Par ailleurs, les enquêteurs allèrent directement jusqu'aux pièces à conviction de l'étable, comme s'ils avaient été certains de les y trouver. 

27 février 1928: Morlet découvre de nouveaux galets grossièrement gravés sur une poutre de l'étable des Fradin. Le travail de ces objets n'a rien à voir avec celui des fouilles. Pour lui, la machination est patente. Par ailleurs, il dénonce le saccage effectué dans le musée, lors de la perquisition. Plusieurs objets précieux ont été brisés.   

28 février 1928: Une grotte est explorée à Lapalisse. Celle de Serbannes commence à délivrer quelques objets néolithiques. 

Après l'analyse des ossements réalisée au Portugal, un nouvel examen, effectué cette fois à Oslo, prouve l'ancienneté de ceux-ci. Par ailleurs, aucune trace métallique n'a été décelée sur les objets gravés. 

29 février 1928: Edmond Bayle, directeur du service de l'Identité judiciaire de Paris, est commis par Jules Python, juge d'instruction à Moulins, afin de procéder à l'analyse des objets et échantillons prélevés à Glozel lors de la perquisition. Le procès Fradin, contre Dussaud et "Le Matin", vient devant la 12ème chambre du Tribunal correctionnel de la Seine. L'avocat du "Matin", José Théry, demande une expertise du gisement. Fradin est d'accord. Maître Garçon, pour Dussaud, refuse. Ce refus est révélateur du peu de confiance de Dussaud dans ses propres affirmations. 
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Quelques injures échangées par les savants adversaires
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3 mars 1928: Claude Fradin, 71 ans, est violemment frappé par Marc de Verdelon, un sous-lieutenant de cavalerie. Il porte plainte. 

8 mars 1928: Le Tribunal de la Seine rejette la demande d'expertise du gisement, formulée par Théry, avocat du "Matin", sous prétexte qu'elle ferait double emploi avec celle de Bayle, demandée par le Tribunal de Moulins, suite à la plainte pour escroquerie déposée au nom de Régnault. 

1er avril 1928: Parution du premier Cahier de Glozel intitulé "La Commission internationale", chez Paul Catin. 

3 avril 1928: Publication par Reinach de "Glozel, la découverte, la controverse, les enseignements". D'abord sceptique, cet honnête scientifique, qui a participé aux fouilles sur le site, est convaincu de son authenticité. 

4 avril 1928: Victor Basch, président de la Ligue des Droits de l'Homme, adresse une lettre au Ministre de la Justice concernant les conditions de la perquisition de Glozel. 

7 avril 1928: "Le Mémorial", journal de Saint-Étienne, titre: "Le Bourbonnais est-il le berceau de l'écriture préhistorique?" Les plaquettes gravées de signes mystérieux n'ont pas fini de faire parler d'elles d'autant que les signes se retrouvent sur de nombreuses autres pièces. 

12-14 avril 1928: Fouilles d'un Comité d'études international réuni par Morlet avec la participation d'Adrien Bayet. Conclusion: les pièces sont authentiques et remontent au néolithique. 

15 avril 1928: Dans Le Journal, on peut lire l'article suivant:
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28 avril 1928: Condamnation de l'agresseur de Claude Fradin, le sous-lieutenant de Verdelon, par le Tribunal de Moulins. 

1er mai 1928: Publication de l'article "A propos de Glozel" par Jean Piveteau, professeur de Paléontologie humaine à la Sorbonne, membre de l'Académie des Sciences (1899-1991), dans la "Revue de Paris". Il y passe en revue les arguments des uns et des autres et, n'ayant jamais vu le site, il s'efforce d'être impartial. Mais, la violence de l'offensive des adversaires de Glozel rend l'exercice bien difficile et il ne peut se retenir d'une certaine prévention. 

3 mai 1928: Parution du premier tome des "Éphémérides de Glozel" de Reinach. En annexe, l'écriture de Glozel est rapprochée de nombreuses autres écritures archaïques utilisées à travers le monde. (Remarque: le fichier des "Éphémérides" peut s'avérer trop volumineux pour être directement accessible. On se le procurera sur le site numérique de le Bibliothèque nationale: Gallica). 

28 mai 1928: Visite à Glozel d'Édouard Herriot, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. 
  
30 mai 1928: Les voisins de la famille Fradin obstruent l'entrée du chemin d'accès au hameau. 

7 juin 1928: Parution, chez Catin, de "L'affaire de Glozel" de Vayson, premier fascicule de "La controverse de Glozel". 
  
8 juin 1928: Antoine Vergnette attaque pour diffamation, devant le Tribunal correctionnel de Moulins, le docteur Morlet. Ce dernier l'a expulsé du site, en le traitant de faussaire, alors qu'il exhibait des galets gravés par ses soins, sous le nez des membres de la Commission des fouilles. Morlet est sur ses gardes depuis les tentatives de Miss Garrod. 

Juin 1928: Publication dans "Aesculape" de "L'épopée de Glozel", par le docteur Joseph Tricot-Royer. L'auteur, d'abord antiglozélien, s'est convaincu de l'authenticité du site, après avoir participé aux fouilles de la Commission internationale, dont il suspecte l'impartialité. Il relève lui aussi 24 erreurs, dans la brochure de Dussaud, et fait état des nombreuses pétitions, signées dans les villages aux alentours de Glozel, pour défendre la réputation des Fradin. 

13 juillet 1928: Condamnation de Morlet dans le procès Vergnette mais il est acquitté du fait de diffamation. 

9 août 1928: Jacques Émile Blanche, peintre et critique d'art, écrit à propos des gravures de Glozel : "Les dessins que j'ai vus sont prodigieux. Je ne connais aujourd'hui que deux hommes qui sauraient les faire: Picasso qui a passé toute sa vie à imiter, à copier, à arranger tous les arts avec un génie qui lui est propre, ou, à un autre degré, Bourdelle." S'il était un faussaire, Émile Fradin serait donc aussi, du même coup, un des maîtres de l'art contemporain! 

20 août 1928: Claude Fradin soumet au juge de Paix du Mayet le litige du chemin et fait citer ses voisins. 

24 septembre 1928: Seconde perquisition au musée de Glozel sous prétexte de vérification fiscale. 

1er octobre 1928: Dans le "Mercure de France": "Chronique de Glozel - Les îles Canaries et Glozel." 

5 octobre 1928: Publication d'une partie du rapport d'expertise de Bayle dans "Le Journal" avant sa remise officielle. Qui a intérêt à organiser des fuites? 

1er novembre 1928: Dans le "Mercure de France": "Chronique de Glozel - L'expertise de M. Bayle. - Les déclarations de M. Hennet. - Les vestiges humains découverts au "champ des morts" datent bien de l'époque néolithique. - Imperméabilité de la couche archéologique de Glozel. - Prenons le Renne par les cornes." 
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Bobards et ragots
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On a placé plus haut une liste d'injures échangées entre les protagonistes de l'affaire. On aurait put y rajouter "vieux mammouth". En dehors de ces expressions, qui témoignent de la vigueur des oppositions, voici également, à titre d'échantillons, quelques-uns des bobards et ragots qui ont alors été colportés et qui, faut-il le dire, n'entretenaient que de lointains rapports avec la  vérité: 

-Un faussaire anglais, Hunter Charles Rogers, prétend qu'il est l'auteur des objets découverts qu'il aurait subrepticement ensevelis à Glozel. 

-Un cousin des Fradin raconte qu'il y avait une poterie et une tuilerie à Glozel au 16ème siècle. Les briques à inscription, portant des commandes en abrégé, en proviendraient. Les vases à tête de mort auraient contenu des teintures toxiques et les rennes auraient été le blason d'une famille qui habitait la région au 18ème siècle. 

-Claude Fradin aurait vécu longtemps à Ferrières où il fréquentait un château encombré de faux objets. 

-Voici trois ans, le facteur aurait apporté à Glozel de pleines musettes de colis postaux mystérieux. 

-Émile Fradin, très intelligent et habile, aurait peint de belles aquarelles. Il aurait pu fabriquer les objets trouvés à Glozel. 

-Si les ossements trouvés sur le site sont anciens, c'est qu'ils ont été prélevés dans des cimetières mérovingiens de la région avant d'y être enfouis. Les Fradin seraient des violeurs de sépultures.

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25 novembre 1928: Dussaud est nommé conservateur du département des Antiquités orientales du Louvre. Le triste auteur de la lettre anonyme est récompensé! 

Novembre 1928: Morlet publie le cinquième et dernier fascicule de "Nouvelle station néolithique". 

3 décembre 1928: Jugement favorable à Claude Fradin dans le procès du chemin de Glozel. 

1928: Le Bulletin de la Société Préhistorique Française ne perd aucune occasion de dénigrer Glozel mais, en même temps, il continue d'insérer de la publicité pour les ouvrages favorables au site. 

Un ingénieur géologue, M.E. Buet, détermine que les briques de Glozel comportant des inscriptions ont été cuites à une température comprise entre 600 et 700 degrés.  

Publication de: "Glozel, vallon des morts et des vivants" (René Benjamin - Fayard). 

L'année 1928 marque l'apogée de Glozel. Des cafés se sont ouverts: "A l'homme des cavernes"; ils fermeront vers 1936. Beaucoup de gens s'enrichissent en vendant des cartes postales et des guides, comme "Tout Glozel en poche", des bonbons (les Fradineries), du chocolat, des biscuits (les Glozéliens), des petits canifs au manche gravé de tête de renne ou de cheval, des bijoux, dont une bague porte-bonheur avec les signes OXT, qui signifieraient: "par amour". Plus de cent voitures séjournent certains jours dans les chemins autour du site. Un service de car est même organisé depuis Vichy pour amener les visiteurs. De quoi susciter bien des jalousies! 



Année 1929 

Émile Fradin, accusé d'être l'auteur des objets trouvés sur le site de Glozel, est inculpé. La police l'interroge longuement pour l'amener à avouer la supercherie; on dit qu'il est molesté et même giflé. L'inculpation du jeune homme repousse le jugement du procès Fradin contre Dussaud; le ponte parisien va pouvoir souffler! La fabrication d'un aussi grand nombre de pièces, considérées comme des oeuvres d'art, par un jeune paysan bourbonnais, à peine pourvu d'un certificat d'études, n'est pourtant guère crédible. Un autre recours en justice est jugé à Clermont-Ferrand et Morlet y obtient gain de cause. 

20 janvier 1929: L'abbé Breuil occupe la nouvelle chaire de préhistoire du Collège de France. 

10 mai 1929: Bayle remet la première partie de son rapport au juge d'instruction de Moulins. L'expertise porte sur quelques tablettes et conclut qu'elles ne sont pas authentiques. Bayle s'appuie notamment sur la présence de brins d'herbe dans les tablettes pour étayer sa conclusion! Morlet lance une accusation contre lui. La science de l'expert aurait été prise en défaut dans d'autres affaires, notamment en Belgique. Une contre-expertise est organisée. Le manque de sérieux de Bayle va bientôt causer un drame. Il sera assassiné (voir ci-dessous au 16 septembre 1929). 

13 mai 1929: Publication par "Les Débats" d'une note rédigée par maître Garçon, pour la Société préhistorique française, qui traite Morlet de faussaire. 

14 mai 1929: Morlet poursuit en diffamation la Société préhistorique française et "Les Débats", devant le Tribunal de Clermont-Ferrand. 

4 juin 1929: Inculpation d'Émile Fradin, par le juge d'instruction de Moulins, suite à la plainte de la Société préhistorique française contre X. Le juge d'instruction le cuisine pendant 63 heures, pour lui faire avouer qu'il est l'auteur des pièces, comme s'il était vraisemblable qu'un paysan adolescent, sans aucune culture historique ou artistique, soit capable de réaliser un tel travail. Pendant des jours, le jeune homme sera surveillé par la police; son courrier sera ouvert. On espère le surprendre en flagrant délit en train d'enterrer les derniers objets qu'il vient de confectionner! 

5 juin 1929: Renvoi de l'audience du procès Fradin contre Dussaud. L'inculpation d'Émile Fradin dans une affaire criminelle suspend opportunément l'instruction de sa plainte en diffamation contre le conservateur du Louvre. 

16 septembre 1929: Assassinat de Bayle, au Palais de Justice de Paris. Son meurtrier, Joseph-Emile Philipponet, se dit victime d'une de ses expertises. 

25 octobre 1929: Condamnation pour diffamation, par le Tribunal de Clermont-Ferrand, de la Société préhistorique française et du journal "Les Débats", dans l'affaire qui les oppose à Morlet. 

1er novembre 1929: Dans le "Mercure de France": "Chronique de Glozel - Signes alphabétiformes sur haches polies de la région du Havre. - Une visite à Glozel: opinion d'un savant roumain, M. Constantinescu-Iasi. - Encore les Experts ! - Procès en diffamation intenté par le Dr Morlet à la Société Préhistorique Française et au Journal des Débats." 

Dans "Le Dieu Noir", Isabelle Sandy met en scène un savant préhistorien qui se refuse à divulguer ses découvertes, parce qu'on ne pardonne la gloire qu'aux morts. L'auteur se réfère nommément à l'affaire de Glozel. Ce roman est symptomatique du tort fait à l'archéologie française par la féroce querelle des savants. 



Année 1930 

Rien de particulier. L'affaire suit son cours. 

15 janvier 1930: Dans le "Mercure de France": "Chronique de Glozel - L'authenticité de Glozel reconnue en Allemagne". 

Février 1930: Parution du second tome des "Éphémérides de Glozel" de Reinach. 

5 mars 1930: Confirmation par la Cour d'Appel de Riom du jugement du Tribunal de Clermont-Ferrand du 25 octobre 1929. (Pour lire le jugement, cliquez ici ) 
  
Mars 1930: Parution du premier tome du "Glozel" de Morlet. 

1er mai 1930: Dans le "Mercure de France": "Chronique de Glozel - Réponse du Dr A. Morlet à M. A. van Gennep. - Les faux arguments de l'expertise Bayle. - Le scandale des expertises et l'affaire de Glozel." 

28 mai 1930: Maheu, docteur ès-Sciences naturelles, chef du laboratoire de Micrographie de la Faculté de Pharmacie de Paris, et Randoin, agrégé de l'Université, assistant de Géologie et de Minéralogie au Collège de France, deux experts adjoints à Bayle pour mener à bien son travail, déposent la seconde partie du rapport demandé à l'Identité judiciaire, par le juge d'instruction de Moulins. Elle confirme les conclusions de la première partie: la plupart des pièces étudiées sont de facture récente; pour quelques-unes, cependant, le doute subsiste. 

15 juin 1930: Dans le "Mercure de France": "Chronique de Glozel - Rapport Bayle-Amy-Randoin-Maheu: Lettre ouverte du Dr Morlet à M. le Garde des Sceaux. - A propos du Swastika." Des représentations du svastika figurent sur les objets de Glozel. Il en a été question à plusieurs reprises, certains voulant y voir la main de l'Atlantide! Pour certains épigraphistes, ce serait simplement une manière d'écrire la lettre x. 

1er août 1930: Dans le "Mercure de France": "Chronique de Glozel - Près des sources de la Samoy, un chercheur découvre une pierre à inscription glozélienne." 

Août 1930: Nouvel interrogatoire d'Émile Fradin par le juge d'instruction. 

1930: Salomon Reinach fait état, dans une réédition de son "Apollo", des écritures découvertes à Glozel. Émile Cartereau dans "Glozel, son énigme révélée par les inscriptions de ses briques, vases et galets", revient sur l'inscription de Carpentras et les signes de Glozel. 

1930: Publication de "Die Inschriften von Glozel" - D. Voelter - Strasbourg. 



Année 1931 

Émile Fradin gagne le procès qui lui était intenté. Un non-lieu est prononcé. 

15 mars 1931: Dans le "Mercure de France": "Chronique de Glozel - Étonnante découverte de pierres à figures et à inscriptions en Roumanie. - Les plaintes injustifiées - Une demande de révision qui met en cause la mémoire de l'expert Bayle." 

25 juin 1931: Suivant le réquisitoire du procureur Antonin Besson, Le Tribunal de Cusset prononce un non-lieu en faveur d'Émile Fradin, suite à la plainte de la Société préhistorique française contre X pour escroquerie. Cette décision de justice n'a évidemment aucune portée scientifique. Mais c'est au moins une satisfaction pour le prévenu et ses nombreux partisans. 

30 juillet 1931: Confirmation du non-lieu dont bénéficie Émile Fradin, par la Cour d'Appel de Riom. Ses détracteurs sont condamnés au franc de dommages-intérêts et aux dépens. (Pour lire le jugement, cliquez ici ) 

Début novembre 1931: Parution de "Néolithis", roman néo-moderne, de Jean-Paul Ariste - Éditions Argo, manifestement inspiré par l'affaire de Glozel. 

15 novembre 1931: Dans le "Mercure de France": "Chronique de Glozel - Les inconséquences scientifiques de M. Dussaud." 

9 décembre 1931: Émile Fradin n'étant plus sous le coup d'une inculpation, l'affaire Fradin contre Dussaud peut être appelée devant la 12ème chambre du Tribunal correctionnel de la Seine. 



Année 1932 

Dussaud et "Le Matin" sont condamnés par le Tribunal correctionnel de la Seine. 

Février 1932: Publication par Morlet du "Petit historique de l'affaire de Glozel". Publication par Vayson de "Les fraudes en archéologie préhistorique" dans lequel, prudemment, l'affaire de Glozel n'est pas évoquée. 

8-9 mars 1932: L'affaire Fradin contre Dussaud est plaidée. 

23 mars 1932: Dussaud et "Le Matin" sont condamnés par le Tribunal correctionnel de la Seine. Mais Dussaud, amnistié, ne fera pas l'objet de poursuites pénales. (Pour lire le jugement, cliquez ici ) 

15 août 1932: Dans le "Mercure de France": "Chronique de Glozel - Inscription glozélienne sur une lampe préhistorique de La Madeleine et représentation bisexuée. - Le masque dit néolithique en Abyssinie." 
  
4 novembre 1932: Décès de Salomon Reinach. 



Années 1933 à 1950 

L'affaire de Glozel semble s'apaiser. Les principaux protagonistes vieillissent, sont morts ou vont mourir.  Le docteur Morlet poursuit les fouilles jusqu'en 1936. En 1941, le gouvernement de Vichy promulgue une législation nouvelle qui prohibe les fouilles sauvages. 

15 janvier 1934: Dans le "Mercure de France": "Préhistoire - Nouvelles découvertes d'inscriptions glozéliennes hors de Glozel." 

15 mars 1935: Dans le "Mercure de France": "Découvertes d'objets "glozéliens" hors de Glozel." 

Publication de "La Justice au Parnasse" de Maurice Garçon, Fayard, recueil de ses plaidoiries; les textes concernant Glozel vont de la page 187 à la page 227. 

1936: Suspension des fouilles de Glozel par le docteur Morlet. 

27 septembre 1941: Promulgation, par le régime de Vichy, de la loi Carcopino, relative aux fouilles archéologiques. Les fouilles sauvages sont désormais interdites. L'archéologie se fonctionnarise. Morlet ne sollicitera jamais un permis de reprendre les fouilles. Une chape de silence pourrait définitivement ensevelir Glozel dans l'oubli; il n'en sera rien.  



Années 50 

Les nouvelles techniques de datation rendent possible une authentification du site. Le docteur Morlet entreprend les démarches nécessaires. 

1954: Morlet s'adresse à l'Université de Columbia (USA), pour effectuer la datation d'objets trouvés sur le site de Glozel, en utilisant la méthode du carbone 14. Mais cette technique ne s'applique qu'à des organismes vivants (plantes, animaux). 

1955: Nouvelle tentative de Morlet, cette fois auprès de Saclay, pour obtenir la datation d'objets découverts à Glozel. Le docteur publie "Origines de l'écriture" - Montpellier.  

1956: Parution des souvenirs de Harry Söderman:  "Policeman's lot". Dans ce livre, traduit en français sous le titre de "Quarante ans de police internationale", l'auteur consacre un chapitre à l'affaire de Glozel, à laquelle il a été mêlé, alors qu'il était assistant au Laboratoire de Police technique de Lyon. Il fut, à cette époque, à l'origine de plusieurs analyses qui tendaient à authentifier les découvertes. 

1958: Publication par le chanoine Léon Côte, beau-frère d'Émile Fradin, de "La guerre des briques" et "Glozel trente ans après". 



Années 60 

La télévision et le cinéma abordent le sujet de Glozel. Le docteur Morlet meurt avant que le travail de datation qu'il avait demandé n'ait été effectué. 

Juillet 1960: Mario Beunat interviewe Morlet, le chanoine Côte et Émile Fradin pour la télévision française. 

Avril 1962: Parution du second tome du "Glozel" de Morlet qui le présente sur Radio-Auvergne. Il y est fait état d'une visite de Jean Piveteau au musée, intervenue en 1958. Après avoir examiné les pièces qui lui furent montrées, le point de vue de ce savant devint sensiblement plus positif que dans l'article publié en 1928. 

Juillet 1962: Un film de Ceram est réalisé pour la télévision allemande. 

Août 1963: Morlet, Côte et Émile Fradin participent à une émission de la Radio Télévision française. 

24 octobre 1963: Note de Morlet, dans le journal "La Montagne", où il rapproche les découvertes de Tartaria (Roumanie) de celles de Glozel. Les signes trouvés sur les deux sites présenteraient des similitudes. 

1963: Dans son livre "Histoire inconnue des Hommes depuis cent mille ans" (Robert Laffont éditeur), Robert Charroux  consacre quelques pages à Glozel (Glozel est authentique - Chapitre II). Cet ouvrage fait la part trop belle au fantastique pour qu'un esprit scientifique puisse lui accorder du crédit. Mais les conditions de la découverte de Glozel ne pouvaient qu'attirer tous ceux qui s'intéressent au paranormal et à l'ésotérisme. 

1965: Parution du "Corpus des inscriptions" de Morlet. 

1966: Mort du docteur Morlet. 
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L'écriture des poteries de Moras-en-Valloire
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1968: Découverte à Moras-en-Valloire (Drôme) de poteries néolithiques portant des inscriptions de type hiéroglyphique qui pourraient être la plus ancienne forme d'écriture en Europe.  


Années 70 

La datation au carbone 14 et la thermoluminescence apportent la preuve du caractère authentique des objets trouvés à Glozel. L'heure est donc venue d'une étude sérieuse du site, exempte de toute polémique acrimonieuse. Mais les esprits sceptiques continuent néanmoins à douter. Des bandes dessinées, inspirées de la controverse, sont publiées: Glozel n'est plus seulement une affaire de spécialistes. Les amateurs de fantastique, d'ésotérisme et de paranormal s'y intéressent aussi. Les ouvrages et articles scientifiques continuent d'être nombreux et contradictoires. Je ne les ai évidemment pas tous lus et me contenterai de les citer. 

1972: Henri François, ingénieur au Commissariat à l'Énergie Atomique, en visite à Glozel, fait des prélèvements et les envoie à trois laboratoires étrangers pour datation. On utilisera la méthode du carbone 14 pour les os gravés et la thermoluminescence pour les céramiques et la terre cuite. Cette dernière méthode complète celle du carbone 14. Elle s'applique en effet à des minéraux ayant subi une cuisson et convient donc parfaitement aux poteries.  

Pour les trois laboratoires indépendants, les résultats sont sans appel: Glozel est ancien! Le docteur Zimmerman de l'Université de Washington, attaché au Mac Donnel Center for the Space Science (USA), conclut, après examen des pièces qui lui ont été transmises, que toutes possibilités que les pièces puissent être des céramiques modernes doivent être écartées et qu'elles ont bien été fabriquées dans l'antiquité. D'après les laboratoires chargés de la datation, les ossements auraient entre 15000 et 17000 ans, les céramiques environ 5000 ans, les tablettes gravées 2500 ans.  

La cause devrait donc être entendue. Elle ne l'est pas. La très grande disparité de dates, pour des objets trouvés au même endroit, continue d'alimenter la polémique. Peut-être les pièces trouvées n'ont-elles pas été fabriquées sur le site et y ont-elles été apportées ultérieurement. Glozel aurait pu être, à une époque relativement récente, une sorte de sanctuaire, magique ou religieux, où auraient été conservés des objets anciens. La thèse de Jullian en serait alors, sinon validée, au moins confortée. D'après d'autres approches, les pièces découvertes à Glozel se trouvaient dans une couche archéologique nettement différenciée. Cette couche appartiendrait au néolithique. Le néolithique aurait débuté dans les derniers siècles du 7ème millénaire et se serait généralisé dans la première moitié du 6ème. Il existe donc plus que des nuances entre les approches et tous les problèmes sont loin d'être résolus. D'autant que les datations sont imprécises et laissent une marge aux appréciations. D'autres expertises contradictoires viendront encore par la suite relancer le débat et, s'il est à peu près avéré que la plupart des pièces sont anciennes, beaucoup relèveraient d'une période allant de la Gaule jusqu'au Moyen-Âge, ce qui déplace le mystère sans le percer.  

1974: Le Champ des Morts fait l'objet d'une investigation au magnétomètre à proton, par Mme Lemercier, du Centre d'Études Nucléaires de Grenoble. La confrontation et la comparaison de la couverture aérienne et des résultats de cette investigation montrent qu'il existe encore des structures inviolées, tant sur le site que sur les terrains voisins. Les fouilles menées pendant une quinzaine d'années, principalement par Morlet, n'ont donc pas totalement épuisé les ressources de Glozel et d'autres campagnes pourraient être envisagées. 

Mai  1974: "Le retour de Glozel"par Saint-Blanquat H., "Science et Avenir", page 242. 

"Thermoluminescence and Glozel" par Mc Kerrel H., Mejdahl V., François H., Portal G. , "Antiquity", vol. XLVIII, page 265. 

"Les Pré-Écritures et l'Évolution des Civilisations" par M. Gorce - Paris. 

1975: Après un congrès d'archéométrie tenu à Oxford, la lumière est enfin faite sur l'authenticité du site. L'État reconnaît l'authenticité de Glozel, mais la communauté scientifique continue de douter. 

Parution d'une bande dessinée consacrée à Glozel: "Glozel, berceau de l'écriture" (Spirou). 

Publication, dans la collection "L'aventure mystérieuse", aux éditions "J'ai lu", de l'ouvrage de Louis Charpentier: "Les Géants et le Mystère des Origines" qui comporte un chapitre consacré à Glozel. L'auteur y suggère la thèse d'une nécropole d'artisans unis par une sorte de compagnonnage préhistorique. 

"Glozel and the two cultures" by C. Renfrew, "Antiquity", N° 49. 

Publication de "L'archéologie devant l'imposture" de J.-P. Adam, éditions Laffont. Les pages 72 à 94 y sont consacrées à l'affaire de Glozel. 

"The Glozel Affair" par Hall E.T., "Nature", volume 257, page 355 (octobre 1975).  

Janvier 1976: "L'affaire Glozel rebondit" par Martin M., "La Recherche", N° 63, page 80.  

1976: "Les énigmes de Glozel", une émission de Jean-Jacques Sirkis et René-Marie Arlaud est programmée à la télévision française. 

"Études sur Glozel" par Mc Kerrel H., Mejdahl V., François H., Portal G., extrait de la "Revue archéologique du Centre", N° 57-58, page 3. 

"Mesures de la thermoluminescence de grains de zircon extraits de deux prélèvements de Glozel" par Zimmerman D.W.,  "Revue Archéologique du Centre", N° 57-58, page 29 (lié à l'article McKerrel et autres). 

"Note sur les inscriptions de Glozel" par Isserlin B.S.I., "Revue Archéologique du Centre", N° 57-58, p. 31 (article lié à McKerrel et autres). 

"Glozel, the new dating evidence and possible interpretations" par François H., Mc Kerrel  H., Mejdahl V., Portal G., communication I.5 (section méthodologie) in "résumés des communications", IXème congrès de l'Union Internationale des Sciences Préhistoriques et Protohistoriques, Nice (France), page 98. 

1977: "Thermoluminescence dating of ceramics from Glozel" par François H., Mc Kerrel  H., Mejdahl V., in communications to the 5th International Conference on Luminescence Dosimetry, Sao Paulo (Brésil), imp. Riso Repro (février 1977). 

"Nouvelles études sur Glozel" de T. D. Crawford, "Revue Archéologique du Centre", N° 63-64, Vichy. 

1978: Publication du "Dossier Glozel" - "Kadath" - "Archéologie des civilisations disparues" - N° 96. 

Publication de "Glozel - Corpus des Inscriptions" du docteur Morlet - Roanne. 

"L'affaire de Glozel" par N. Torchet, P. Ferryn et J. Gossart - Marsat. 

1979: Publication des mémoires d'Émile Fradin: "Glozel et ma vie" (Robert Laffont éditeur). 

Une nouvelle étude, basée sur l'emploi de la thermoluminescence, classe les 27 objets étudiés en trois catégories: certains remonteraient à la période gauloise (-300 à 300), d'autres relèveraient du Moyen-Âge (13ème siècle) et les derniers seraient récents. 

"Accusé Glozel, levez-vous!", "Science et Vie", N° 475, octobre 1979, page 50. 

Nouvelle bande dessinée consacrée à Glozel: "L'affaire du Glozel" (Tintin). 



De 1980 à nos jours 

L'intérêt pour Glozel ne faiblit pas. La polémique persiste. Mais Émile Fradin est officiellement réhabilité: on le décore des palmes académiques. De nouvelles fouilles sont entreprises. 

22 février 1980: "Further work on ceramic objects from Glozel" par Mejdahl V., "Archoeometry", page 197. 

1981: Réédition du N° 7 de la revue "Kadath","Spécial Glozel" (N. Torchet, J. Gossart, P. Ferryn) (mai 1981). 

"A preliminary decipherment of the Glozel inscriptions" by D. Buchanan, The Epigraphic Society - Occasionnal Publications, volume 9, part 2 - San Diego - CA (USA). 

1983: Parution dans les "Dossiers d'histoire et d'archéologie" (N° 74) de "Glozel / l'affaire Dreyfus de l'archéologie".  

De nouvelles datations, réalisées à Oxford, il résulte que les objets examinés, provenant du site de Glozel, remonteraient à une période comprise entre le 4ème siècle et le Moyen-Âge. 

1983-1990: Nouvelles fouilles dans la région. Il n'en sortira malheureusement rien. Les seuls vestiges archéologiques retrouvés seraient les restants d'un artisanat de verrerie du Moyen Âge. Aucun objet de type glozélien n'aurait alors été découvert. De nouvelles analyses par thermoluminescence révèleraient que les céramiques ont été cuites entre le 12ème et le 20ème siècle (d'après le journal Le Monde du 28 février 2010). 

"Glozel - Par le petit bout de la lorgnette" par C. Ponsonnard - Le Mayet-de-Montagne. 

1985: Publication de "Art et Archéologie en Bourbonnais" par R. Liris et J. Corrocher, Vichy. 

1987: Réédition de "30 ans après" de Léon Cote. 

16 juin 1990: Les palmes académiques sont décernées à Émile Fradin. 

Des examens effectués au réacteur de Slowpoke, à l'Université de Toronto, par analyse sous activation neutronique, confirment que les fragments de verre exhumés sur le site de Glozel appartiennent à la période médiévale. 

1991: Publication de "Glozel et l'écriture préhistorique" par A. Cherpillot - Courgenard. 

La revue "Science et Vie", dans son  N° 888 (septembre 1991), évoque les fouilles des années 20, faites dans des conditions douteuses, et l'absence d'homogénéité des datations. Elle en tire argument pour mettre en doute l'authenticité du site.  

1993: Réédition "Les fraudes en archéologie préhistorique" de André Vayson de Pradenne (éditions Jérôme Millon). 

La découverte d'un alignement de pierres dressées d'une centaine de mètres, qui suit un tracé rectiligne nord-sud jusqu'au Champ des Morts, ajoute encore au mystère qui plane sur Glozel. 

1994: Publication de "Glozel: Les graveurs du silence" de Robert Liris (éditions BGC Toscane). 

"Résumé des recherches de terrain et de laboratoire effectuées à Glozel, entre 1983 et 1990, sous l'égide du ministère de la culture" par J.P. Daugas, J.P. Demoule, J. Guilaine, D. Miaillier, P. Petrequin et J. C. Poursat.    

1995: Une émission de télévision relance le débat. Le résumé provisoire des recherches précédentes est publié. Il ne révèle rien de nouveau. Il confirme une grande disparité dans l'âge des objets de Glozel. Mais on le savait déjà. 

"Veterinary evolution in Iron Age discoveries in Glozel (France)" by R. Schallibaum (article en allemand). 

D'après le résumé d'un rapport officiel non publié, rédigé à la suite des fouilles de 1983-1990, le site de Glozel serait médiéval. Une analyse par AMS C14, effectuée au laboratoire de l'Université de l'Arizona, sur des os provenant de la tombe II C-14 de Glozel, les date d'ailleurs du 13ème siècle. 

1996: Réédition de "Glozel, 30 ans après" du chanoine Léon Cote (éditions Verdier). 

L'archéologue Adamantios Sampson, qui fouille depuis 1992 une grotte, sur l'îlot Yura des Sporades du Nord, y aurait découvert des céramiques et aussi des objets portant des signes écrits d'une qualité exceptionnelle qui remonteraient au néolithique. La datation au carbone 14 aurait permis d'établir que les céramiques dateraient d'une période comprise entre 6445 et 6375 avant notre ère et les couches parmi lesquelles ont été découvertes les écritures dateraient d'une période comprise entre 6025 et 5955 avant notre ère (A. Sampson, "La civilisation grecque du néolithique, base de Goulandris", 1996). Les Grecs auraient donc connu l'écriture alphabétique avant les Phéniciens et ne la tiendraient pas d'eux! Cette découverte va-t-elle relancer la querelle sur les origines de l'écriture alphabétique? (Pour plus d'informations, cliquez ici). 

Odhinn-Hermodr de Warenghien publie le Manifeste Scholiastique de Glozel, clef de l’Esotérisme Occidental au Cercle glozélien. Cet auteur propose une nouvelle interprétation très fouillée de l'écriture glozélienne (voir son blog ici). 
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1997: Publication de "Les inscriptions de Glozel", un essai de déchiffrement des tablettes de terre cuite par Hans-Rudolf Hitz (Suisse). D'après les conclusions de ce travail, Glozel aurait été un lieu de pèlerinage religieux et médical qui aurait attiré un grand concours de peuple. On s'y serait également livré à des observations astronomiques. Différents objets paléolithiques et néolithiques auraient pu être apportés sur les lieux par les pèlerins à titre  d'offrandes. Les peuplades de cette époque connaissaient l'existence des grottes préhistoriques et les fouillaient déjà. Les tablettes de terre cuite remonteraient à une période comprise entre 700 avant notre ère et 100 après, d'après la datation par thermoluminescence. Le langage qui y figure serait d'origine celtique. L'existence des tablettes ne remettrait donc pas en cause la théorie selon laquelle l'écriture alphabétique serait née en Phénicie. Mais l'auteur observe que l'alphabet phénicien ignorait les voyelles, qui furent probablement introduites par les Grecs, et que les Étrusques adaptèrent ensuite l'alphabet grec. On trouverait des éléments de ces alphabets dans l'écriture de Glozel. On y décèlerait aussi l'influence de l'alphabet lépontique en usage à l'âge du fer dans certaines tribus celtes et gauloises. L'écriture de Glozel se lirait de gauche à droite et serait dépourvue de ponctuation. Elle comporterait un alphabet de 26 lettres complétées par une quarantaine de signes supplémentaires qui serviraient de ligatures. On remarquera que ces conclusions, compatibles avec les dogmes de la science officielle, le sont également, dans une certaine mesure, avec la thèse de Jullian. Elles permettraient donc une réconciliation post-mortem des adversaires qui se sont tant disputés, plus d'un demi siècle avant. 
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15 septembre 1998: Diffusion de "Le Mystère de Glozel" avec Émile Fradin, Robert Liris, Jean-Pierre Dangas et Guy Lesec, dans le cadre de l'émission "Les dessous de la terre". 

25 février 1999: Rediffusion de "Le Mystère de Glozel".  

Printemps 1999: Publication de "Glozel est un Rorschach" par Guy Lesec, "Les Cahiers du Bourbonnais", N° 167. 

Avril 1999: Dans le N° 274 de "Fluide Glacial", publication de l'article "Les impostures scientifiques" de Bruno Léandri. 

Christian Le Noël visite Glozel au printemps. Il est frappé par la forme étrange des mains imprimées sur des plaques d'argile. Il y retourne en septembre pour photographier ces empreintes à des fins d'études. La longueur inusitée de certains doigts: pouce plus long, majeur plus court, l'amène à penser que ces mains auraient pu appartenir à des néandertaliens. Encore une énigme de plus.  

2000: "L'étoile de Glozel" par Lucile Gerbaut, revue ésotérique "Atlantis", N° 400. 

Dossier: "l'écriture mystérieuse de Glozel", "Atlantis", N° 403. 
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2001: Publication des "Actes du 4ème Colloque Glozel". Les actes des trois colloques précédents ont également été publiés mais je n'ai pas retrouvé les dates. Je présume qu'ils l'ont été en 1998, 1999 et 2000. 

Printemps 2002: Parution de l'article "Glozel le mal-aimé" par Raymond Terrasse, dans le N° 12 de la revue "Ufolog".  
   
Automne 2003: Publication d'un article intitulé "Glozel" dans le N° 9 de "Sciences interdites". 

2 décembre 2003: Diffusion de l'émission de France Culture: "Glozel ou les aléas de l’archéologie" avec la participation de Emile Fradin et sa fille Jacqueline Bohat; Alice Gérard, archéologue américaine; Guy Lesec, psychohistorien; Hans Rudolf Hitz, philologue; Robert-Louis Liris, vice président international de l’association de psychohistoire; Frank Buleux, chercheur pour l’œil du sphinx; Serge Soupel, universitaire; René Germain, directeur du Centre International d’Etude et de recherche; Philippe Marlin, créateur de l’œil du sphinx; Morgan Roussel, chercheur pour l’œil du sphinx; Jacques Thierry, Président du CIER. 
  
29 mars 2004: Pascal Vernus, directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études, invité par Jacques Pradel sur Europe 1, met à nouveau en cause la probité des inventeurs du site de Glozel. 

2004: Publication par Joseph Grivel de "La préhistoire chahutée" aux éditions de L'Harmattan. 

Publication de "Gli spiriti di Glozel" de Maria Luperini Panna (Montedit). Cet ouvrage, quelque peu extérieur au sujet, est néanmoins un témoignage de l'étrange fascination qu'exerce Glozel. La visite au site archéologique est, pour l'auteur, le prétexte au développement d'une série de réflexions sur ses choix, sur son amour pour le compagnon qui partage sa vie, sur ses craintes passées et présentes, sur la fragilité que chaque femme porte en elle. Ce lieu mystérieux et sacré, antique centre de pèlerinage (selon Hitz dont l'auteur a lu les travaux), dégage, semble-t-il, à ses yeux, une énergie vitale extraordinaire, propre à guider ceux qui s'y abandonnent en une sorte de quête à la recherche de leur intériorité. 

2010: Le 10 février, Émile Fradin meurt à Vichy. Les objets qu'il a rassemblés vont-ils être transférés au musée de Saint-Germain-en-Laye? En attendant, je ne saurais trop conseiller aux amateurs de faire le détour jusqu'au petit musée de Glozel. Ils auront alors l'opportunité de les apprécier dans leur contexte, tant qu'ils y sont.


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