En 1788, la crise des finances contraint Louis XVI à convoquer les États-Généraux dont la réunion sera le prélude de la Révolution. Les sujets sont conviés à transmettre au roi leurs réclamations par l'intermédiaire de leurs députés. Dans tout le pays on se réunit pour rédiger les fameux cahiers de doléances. Saint-Sandoux n'échappe pas à la règle; il est probable que la réunion se tint dans l'église. Les réclamations qui y furent rédigées sont parvenues jusqu'à nous grâce à l'ouvrage de Francisque Mège: Les Cahiers des paroisses d'Auvergne en 1789 - Mégariotis Reprint - Genève - 1979. Les voici:
Saint-Sandoux.
Doléances, plaintes et remontrances des habitants de Saint-Sandoux en exécution de l'ordonnance de M. le sénéchal de Clermont-Ferrand du 16 février dernier pour être présentées par les députés à l'Assemblée qui se tiendra au dit Clermont-Ferrand le 16 courant pour la tenue des États-Généraux indiquée au 27 avril prochain.
Les habitants de ce bourg sont extrêmement pauvres.
Leur terrain est montueux, inégal, parsemé de rochers et de pierres, dont presque la moitié n'est pas susceptible de culture.
Il n'y a point de vergers. Il y a très peu de prés parce qu'il n'y a point de rivière ni ruisseaux. (1)
Le produit des terres et des vignes est en grande partie absorbé par les frais de culture, la charrue et l'homme à bras n'y pouvant faire que le tiers des labours qu'ils font dans les pays de plaine, et les engrais et récoltes ne se transportant qu'à dos de cheval.
Les fonds sont chargés de cens et de rentes.
Point de commerce, à défaut de routes de communication.
On est obligé de débiter les vins dans les montagnes voisines ou de les donner à vil prix.
Les multiplicités des impôts, leur excès en tous genres, et les abus qui se commettent dans la perception aggravent la misère des habitants.
Les besoins de l'État exigent une augmentation dans les finances. Mais la bonté et la justice du monarque l'ont porté à ordonner la tenue des États-Généraux pour aviser au moyen de soulager ses peuples et on ne peut y parvenir qu'en réprimant les abus, en rendant les charges de l'État communes à tous les ordres qui le composent, en supprimant tous les privilèges quelconques, tous les droits imposés dans l'intérieur du royaume sur les objets de nécessité, toutes les pensions non méritées, en réduisant le nombre des commis et les appointements de ceux qui subsisteront, et en faisant des règlements pour tout ce qui peut concerner les besoins de l'État.
Les très humbles pétitions des habitants tendent: à ce que les trois ordres de l'État délibèrent par tête et non par ordre;
Qu'il n'y ait qu'un seul et unique impôt sous une dénomination quelconque; - que cette charge soit supportée par le Clergé, la Noblesse, les officiers militaires, de judicature, de finance et de la maison du roi, les habitants des villes franches et abonnées, par tous les commis employés à la chose publique et, en un mot, par tous ceux qui en ont été exempts jusqu'à présent comme par ceux qui y sont affectés;
Que les traites dans l'intérieur du royaume, les gabelles, les droits sur les suifs, sur les cuirs et autres objets de nécessité soient supprimés;
Que les droits de contrôle, ses accessoires et autres qui subsisteront soient fixés irrévocablement par de nouveaux tarifs clairs et précis;
Que les commis soient garants sur leurs personnes et biens des contestations injustes qu'ils feront; - qu'ils ne participent pas aux amendes et autres peines pécuniaires prononcées contre les contrevenants, mais que les deniers en provenant soient versés dans une caisse d'amortissement destinée à rembourser les finances avancées par lesdits commis;
Que les contestations qui s'élèveront au sujet desdits droits soient jugées par les juges ordinaires de la cour des aides érigée en tribunal souverain, et les élections associées aux présidiaux:
Que les charges de receveurs généraux des tailles soient supprimées; - qu'il en soit de même de celles des receveurs particuliers, et que les fonctions en soient confiées à des commis qui verseront directement les fonds de leur recette au trésor royal;
Qu'il soit pourvu au remboursement de la finance des charges de receveurs généraux et particuliers;
Que la justice soit rapprochée des justiciables; - qu'il soit établi un parlement ou autre cour supérieure dans cette province, qui peut être avantageusement formée par MM. les officiers de la cour des aides, sauf à en augmenter le nombre, si besoin est;
Que les codes civil et criminel soient réformés.
Telles sont les pétitions des habitants de Saint-Sandoux; et ils adhèrent aux autres villes et autres communautés de la sénéchaussée de Clermont. Et ont signé tous ceux qui ont su le faire, le dimanche 8 mars 1789.
Signé: Magaud, Delachenal, Girard, Davignon, Rives, Gauthier, Brionnet, syndic, Gautier, Rives, Morel, Rives, Fournet, Guillaume, Gauthier, Manlhiot, Andrieu, Lheritier, Julhiard.
(1) Cette affirmation entre quelque peu en contradiction avec la carte de Cassini présentée plus haut sur laquelle sont représentés des ruisseaux
La lecture de ce texte nous montre que les habitants de Saint-Sandoux étaient loin d'adhérer à la description presque idyllique qui était faite de leur village vers la même époque par Monsieur de Chabrol, l'auteur des Fiefs et Chatellenies d'Auvergne. Au contraire, ils insistaient sur le caractère ingrat de leur terre. Leurs plaintes (répression des abus, suppression des privilèges et des douanes intérieures, réformes des impôts, rapprochement de la justice des justiciables, réforme des codes civil et criminel, vote par tête et non par ordre...) révèlent que les auteurs du texte étaient tout à fait en phase avec ceux qui réclamaient de grands changement dans le gouvernement du royaume et qu'ils n'étaient pas dépourvus de sens politique. Cependant, à la différence des souhaits formulés par d'autres paroisses du royaume, on n'y demande rien en matière d'instruction et d'assistance au moment de l'accouchement; on l'a vu plus haut, Saint-Sandoux possède déjà des écoles et des sages-femmes.
On trouve, parmi les signataires, beaucoup de noms familiers aux habitants d'aujourd'hui les plus anciens du village.
La Révolution puis le Premier Empire allaient satisfaire plusieurs de ces demandes qui n'auront donc pas été formulées en vain. Mais, en contrepartie, la tourmente révolutionnaire et la longue période de guerres qui l'accompagna et la suivit eurent également leurs répercussions dans le village.
Dès l'été 1789, l'effervescence
gagne la province. On croit voir partout des brigands stipendiés
par les aristocrates; c'est l'époque de la Grande Peur, qui va pousser
les gens à s'armer pour se défendre, mouvement qui aboutira
à la création de la garde nationale. Quelques malveillants
en profitent pour vider leurs querelles personnelles. On s'en prend aux
châteaux et aussi aux usuriers. Certains se dressent contre l'Ancien
Régime et d'autres contre la Révolution. La milice citoyenne
de Clermont-Ferrand se porte à différents endroits pour rétablir
l'ordre en septembre 1789, notamment à Saint-Sandoux (Jean-Baptiste
Serres) où des bagarres ont éclaté;
un homme est tué et 14 personnes arrêtées par la maréchaussée
et la garde bourgeoise de Clermont qui rétablissent l'ordre.
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Jusqu'à la fin du vingtième siècle, il existait une propriété collective cadastrée sous la rubrique "Habitants de Saint-Sandoux" dont l'origine datait, supposait-on, de la Révolution. La fraction bâtie de cette propriété était située au centre du bourg, sur les Forts. |
Le 22 août 1790 le Conseil de Saint-Sandoux
édicte un nouveau règlement de police qui ferme les cabarets
l'été à 22 heures et l'hiver à 20 heures; qui
interdit à tout cabaretier de donner à boire pendant le temps
de la messe et des Vêpres sous peine de 6 livres d'amande, 10 livres
en cas de première récidive, une autre récidive entraînant
la fermeture de l'établissement; qui interdit de travailler ou faire
travailler les jours de fêtes et dimanches, sauf nécessité
et avec accord de la municipalité, mais jamais pendant les offices
divins, sous peine d'amande.
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Où il est encore question
des orgues basaltiques de Saint-Sandoux...
Le bourg de Saint-Sandoux offre un des plus
étranges accidens des produits volcaniques C'est une chaussée
de colonnes basaltiques, disposées de telle manière qu'elles
divergent entre elles, comme les rayons d'une gloire. Lorsque le soleil
vient à frapper obliquement cette chaussée les effets en
sont bien plus piquans.
Le Voyageur Français -
1790
|
Autre conséquence de la Révolution,
le droit de chasser, qui était jusqu'à présent un
privilège de la noblesse, est étendu à l'ensemble
des villageois. Le gibier est abondant en Auvergne où l'on trouve
des sangliers, des chevreuils, des lièvres, des lapins et des perdrix,
rouges et grises, sans oublier les lapins de garennes et les oiseaux migrateurs
de passage. Malheureusement, il y a aussi des renards, qui s'en prennent
aux poulaillers, et aussi des loups qui s'attaquent aux troupeaux, en priorité
aux brebis mais également aux bovins, lorsque la faim les fait sortir
du bois. A partir du Consulat, une prime est versée aux chasseurs
qui tueront un loup. La généralisation de la chasse familiarise
le peuple des campagnes avec l'usage des armes à feu et prépare
les jeunes à l'emploi de soldat; elle réduit rapidement la
faune sauvage et entraîne en particulier la disparition des loups.
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* 1 toise = 1,949 mètres.
Au début de la Révolution, la paroisse de Saint-Sandoux était desservie par cinq prêtres: le curé Ligier (ou Léger) de la Rochette, son vicaire Martin Boucheix (ou Bouchet, ou Roucheix), Jean-Baptiste Diéry Gauthier vicaire communaliste, Blancher et Didier Gauthier (ou Gautier), communalistes. Ces prêtres refusent de prêter serment à la constitution civile du clergé. Ils ne sont pas les seuls, loin s'en faut, et ce refus opposé par de nombreux curés emporte des conséquences négatives imprévues dans les campagnes. En Auvergne, les curés jureurs sont généralement mal accueillis. On préfère assister aux offices des prêtres réfractaires dans des granges.
Le 24 mai, Pierre Verdier, est nommé prêtre de Saint-Sandoux par l'assemblée électorale du district, avec rétribution de 1 200 livres. Cette nomination est entérinée, le 4 juin, par l'évêque du diocèse de Clermont, monseigneur Périer. Le dimanche 12 juin 1791, à 10 heures du matin, le nouveau curé est introduit dans l'église, en présence de la Garde nationale, de la municipalité et des fidèles. La présentation faite, Pierre Verdier monte en chair et jure fidélité à la nation et au roi ainsi que de maintenir de tout son pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi. Après quoi le nouveau curé, se dirige vers la sacristie, endosse les habits sacerdotaux et l'étole, et célèbre la grand-messe chantée par Pierre Ferdinand Coignet, prêtre, ci-devant carme, en présence de la Garde nationale et d'un grand nombre de fidèles. La cérémonie est plus austère que celle qui a eu lieu en 1788 lors de l'installation de Léger de la Rochette. Un curé constitutionnel est donc à Saint-Sandoux mais la plupart des fidèles ne suivent pas cet intrus; ils continuent de faire confiance pour les sacrements à leurs anciens prêtres qui persistent à célébrer des messes. Dès le 24 juin 1791, Verdier se plaint à la municipalité des manquements du prêtre communaliste Gauthier, lequel refuse d'assister à la messe le dimanche et de participer aux processions. Il se dit dans l'impossibilité de célébrer les offices dans les règles à défaut de vicaire pour les chanter. Il s'en suit une cascades d'interventions infructueuses de la municipalité auprès des prêtres réfractaires.
Le 26 août, la municipalité réclame les titres de fondation. L'abbé de la Rochette remet ceux dont il est dépostaire. Mais l'abbé Gauthier s'y refuse. Le 1er octobre 1791, cet acte est reproché par l'autorité supérieure à la municipalité qui n'a pas respecté les décrets de l'Assemblée nationale assurant aux prêtres communalistes la jouissance de leurs biens; il lui est fait observer, qu'avec les ressources qu'ils en retireront, ils paieront des impôts et n'auront aucun traitement à réclamer!
Le 6 octobre 1791, une des premières lois de l'Assemblée législative, qui vient de succéder à la Constituante, charge les communes de la réglementation des vendanges. Ces dispositions resteront en vigueur jusqu'à la troisième république. Tous les ans, et sous tous les régimes qui se succéderont, les édiles de Saint-Sandoux continueront à respecter cette loi (voir ici). Pour comprendre la portée de cette mesure, il convient de préciser que, sous l'Ancien Régime, l'organisation des vendanges était du ressort du seigneur; s'il possédait des vignes, le seigneur pouvait donc être tenté de retarder la publication de la date des vendanges après l'achèvement de sa propre récolte afin de pouvoir vendre son vin avant les paysans.
Dans le courant de l'année 1791, sous l'égide de la comtesse de Montaignac, est fondée une Société des Dames de la Charité dans le but de secourir les malheureux. Cette association comptera une quarantaine de membres. Elle sera dissoute dans le cours de la Révolution mais renaîtra en 1817 par les soins de la marquise de Montaignac belle fille de la fondatrice.
L'Assemblée législative, tentative avortée de monarchie parlementaire, ne connaîtra qu'une existence éphémère. La Révolution va bientôt s'emballer, en partie sous les pressions de l'extérieur, en partie par le nombre élevé de députés républicains et aussi par les réticences de Louis XVI, sans cesse humilié par la majorité de l'Assemblée et qui est travaillé par le remords d'avoir laissé s'installer dans son royaume un schisme condamné par le pape. Le 10 août 1792, le roi Louis XVI sera renversé; emprisonné, puis condamné à mort, il sera exécuté le 21 janvier 1793. Des échos de ces événements dramatiques parviennent à Saint-Sandoux où les lois principales venues de Paris sont soigneusement calligraphiées sur les registres municipaux.
Le 27 mai 1792, donc avant la chute de la monarchie, l'Assemblée législative décrète la déportation des prêtres insermentés dont la présence dans leurs anciennes paroisses est l'occasion de troubles fréquents, non seulement en Vendée, mais également dans beaucoup d'autres régions de France, notamment en Auvergne. Le 26 août 1792, à peine plus de deux semaines après la chute de la monarchie, l'Assemblée législative durcit cette mesure en décidant la déportation en Guyane des prêtres qui ont refusé de prêter le serment prescrit ou l'ont renié et qui ne seront pas sortis de leur département sous les huit jours. La Rochette et Roucheix, obéissant à la loi, quittent Saint-Sandoux. Mais Gauthier, qui est natif du village, refuse de s'incliner. Le 2 septembre 1792, la municipalité, excédée par les refus successifs de ce dernier, prend une mesure de rétorsion en vendant par adjudication les fruits des vergers des prêtres communalistes situés à la Fontille. Gauthier est contraint de quitter le domicile paternel pour entrer dans la clandestinité. Le 4 novembre 1792, la municipalité se fait remettre les registres de la paroisse, tenus seulement depuis 1670, et nomme son secrétaire, Bouviet, officier de l'état civil. Le 25 décembre suivant, cette fonction est restituée au curé jureur Verdier qui sera désormais chargé d'enregistrer les naissances, les mariages et les décès, comme sous l'Ancien Régime, mais au nom de la municipalité.
Les édiles sandoliens délivrent
des attestations de résidence pour éviter à ceux qui
sont suspectés à tort d'émigration de perdre leurs
biens ou leur vie, notamment au châtelain, Monsieur le marquis de
Montaignac (ou Montagnac), ce qui ne l'empêchera pas de se réfugier,
comme tant d'autres à l'étranger jusqu'au Consulat, selon
certaines sources (voir encadré ci-dessous),
alors qu'il ne quitta jamais la France, selon d'autres; toute la famille
n'a pourtant pas dû émigrer puisque ses propriétés
n'ont pas été saisies. Des certificats de civisme sont également
remis à ceux qui le méritent et en ont besoin. La patrie
étant menacée, des citoyens s'engagent, dont un Vialle, peut-être
un de mes lointains ancêtres; on dresse la liste des enfants âgés
de plus de 18 ans susceptibles de partir pour les frontières. En
1791, le Puy-de-Dôme fournit un premier bataillon de volontaires;
en juillet et août 1792, deux nouveaux bataillons sont constitués;
le premier, qui est dirigé sur Colmar, se montre beaucoup moins
discipliné que celui de 1791: il se livre en chemin à la
maraude et, dès Aygueperse, les désertions commencent. En
milieu rural, les gardes nationaux sont organisés par canton; ceux
de Saint-Amant Tallende sont tirés au sort; on trouve parmi eux
beaucoup de natifs de Saint-Sandoux, d'autres de Saint-Saturnin et de Saint-Amant
et aussi un garçon né à Issy, près de Paris.
Il est possible de se faire remplacer, avec l'accord de la municipalité;
ce sera le cas de Ligier Tourre Rigaud qui, "vu le besoin qu'il fait
à sa famille" sera unanimement reconnu remplaçable par
le Conseil de la commune, le 13 mars 1793, an 2 de la République
française; Guillaume Gardon, "âgé de 20 ans, de
la taille d'environ cinq pieds, nez aquilin, bouche moyenne, yeux gris,
cheveux fournis, front large, menton rond, légèrement marqué
de petite vérole..." le remplacera; en l'absence de photo, une
description minutieuse s'impose pour identifier la personne!
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Montagnac (François-Antoine, marquis
de), député de 1816 à 1821, né à Riom
(Puy-de-Dôme) le 29 décembre 1764, mort à Clermont-Ferrand
(Puy-de-Dôme) le 3 septembre 1825, émigra à la Révolution
et ne rentra en France qu'à l'époque du Consulat. Riche propriétaire
à Saint-Sandoux, il fut élu, le 4 octobre 1816, député
du grand collège du Puy-de-Dôme, par 159 voix, 227 votants,
280 inscrits. Il siégea au côté droit, et, en 1817,
à propos de la discussion du budget, prit la parole pour déclarer
qu'il partageait l'opinion de M. de Bonald sur les Suisses. L'assemblée
ayant voté l'impression de cette phrase de son discours, il fut
le seul à s'y opposer. Il quitta la vie politique en 1821 (Dictionnaire
des parlementaires).
Remarque: D'après Serres (La Révolution en Auvergne), Monsieur de Montagnac ne serait jamais sorti de France et son émigration aurait été inventée par le révolutionnaire Monestier pour le compromettre. Si cela est vrai, pourquoi figure-t-il comme émigré dans le Dictionnaire des parlementaires? |
Le 19 février, le Conseil de la commune décide de rétablir sur son piédestal la croix qui se trouvait sur le chemin de Saint-Sandoux à Saint-Saturnin qu'un accident avait renversée. L'Église constitutionnelle, que l'on pourrait prendre pour un avatar du gallicanisme, respecte les symboles religieux.
Le 28 avril 1793, deux commissaires, Mornac
et Monteiller-Lachaise, viennent de Clermont à Saint-Sandoux, escortés
par cinq gendarmes, pour faire des visites domiciliaires, recenser les
grains et combattre le fanatisme. S'étant aperçus que celui-ci
pouvait être entretenu par le culte particulier que l'on rend à
la Vierge Marie dans deux chapelles, l'une au bourg, quartier des Barquets,
sous la dénomination de Notre Dame de Bon Secours, et l'autre hors
du bourg appelée Notre Dame des Prés, les commissaires somment
les citoyens curé et vicaire de se revêtir de leurs habits
sacerdotaux afin d'aller faire en procession l'enlèvement des images
de la Vierge, ce qui ne peut avoir lieu que pour celle de Notre Dame du
Bon Secours attendu la fin du jour. On renvoie au dimanche suivant l'enlèvement
de Notre Dame des Prés. Elle sera reportée et n'aura pas
lieu, on verra plus loin pourquoi. L'expédition
dans les chapelles est suivie d'une nouvelle injonction du conseil municipal
obligeant les citoyens à assister aux offices; une menaçante
décision l'accompagne, celle de dresser une liste des récalcitrants,
prétendues dévotes et menettes, responsables selon les édiles
du triste état de la paroisse, copie de cette liste étant
destinée aux corps administratifs supérieurs. Ces nouvelles
mesures n'ont pas plus d'effets que les précédentes.
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La nouvelle statue de la Visitation aujourd'hui dans l'église |
La Convention a offert une prime de 50 francs
à tous ceux qui contribueraient à l'arrestation d'un prêtre
soumis à la déportation (deux fois plus que pour la tête
d'un loup d'après Jean-Baptiste Serres!) Le 30 juin 1793, François
Martin, cultivateur à Saint-Sandoux, déclare avoir rencontré
dans le territoire de Parament le sieur Diéry Gauthier, prêtre
ci-devant communaliste. Mais, comme il s'apprêtait à le saisir,
en vertu de la loi, le-dit Gauthier s'est enfui à travers les blés.
François Martin ajoute que Jean Martin a fait obstacle à
l'arrestation, sous le prétexte que la poursuite gâterait
son blé. Cependant, François Martin, en traversant des pièces
de blé pour se saisir du fuyard, est tombé sur un sac de
toile dans lequel se trouvaient un torchon et une écuelle de terre
avec quatre oeufs, des pois et quatre livres de pains de ménage
en plusieurs morceaux, plus une tasse en bois, plus le premier tome d'un
dictionnaire portatif des faits et édits mémorables de l'histoire
ancienne et moderne, portant la suscription: Gauthier, vicaire du Port.
Quelques pas plus loin, gisait un pot de terre noire vide avec une cuillère
d'étain et un couvert de fer blanc. Finalement, François
Martin déclare que Mary Fangon et Antoine Rives, valets de la citoyenne
Labourier, tous les deux de Saint-Sandoux, se sont approchés pour
lui donner main-forte; mais lorsqu'ils se sont aperçus que c'était
l'abbé Gauthier, ils lui ont dit: "Laisse le se sauver;
qu'il aille se faire prendre ailleurs et ménageons nos blés."
Gauthier finira par être pris et transporté à Bordeaux
où il mourra, à l'hôpital Saint-André, en instance
de départ pour l'exil forcé, en 1794, âgé de
53 ans.
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Georges Auguste Couthon (1755-1794) |
A l'appel de Couthon, représentant du peuple, natif d'Orcet, la commune de Saint-Sandoux ne reste pas inactive; tous les citoyens en âge de marcher sont dirigés sur Clermont-Ferrand, puis sur Ambert. C'est la cohue! La presse est telle que les enrôlements traînent; beaucoup se demandent si leur zèle n'est pas quelque peu intempestif; ils se disent que la terre du village, faute de bras, va rester inculte et que des maux aux conséquences incalculables vont s'abattre sur leurs foyers, faute de récoltes l'année prochaine; plusieurs reviennent sur leurs pas, certains pour des "motifs secondaires" selon la savoureuse expression de la municipalité. Cette dernière en réfère à Couthon; le tribun prend un nouvel arrêté qui autorise la commune à fournir un contingent d'au moins trente individus, selon les modalités qui lui conviendront. L'Assemblée du village est convoquée, à son de cloche, dans l'église, pour procéder au tirage au sort de trente deux jeunes citoyens aptes à porter les armes, "parmi ceux qui sont les moins utiles à la paroisse"; Les citoyens dont les parents sont vieux et infirmes, ou dont les frères sont déjà aux armées, sont exemptés et remplacés; et le Conseil de Saint-Sandoux frappe les propriétaires d'une taxe, en faveur de ceux qui seront désignés par le sort pour devenir soldats. Une liste de 35 noms tirés est dressée; on y retrouve des patronymes familiers aux anciens de la commune (Amblard, Arnaud, Martin, Rives, Davignon, Gauthier, Fangon, Ribouleyre... dont plusieurs domestiques, mais peut-être aussi des membres de la famille du maire Mathieu Tourres, qui a succédé à celui de la Législative: Magaud, sans doute comme étant plus analogue aux événements, pour reprendre une expression de l'époque). Parmi ces pseudo volontaires, et ceux des levées suivantes, plusieurs déserteront, au mépris des peines sévères prévues par la loi, les conscrits récalcitrants risquant cinq ans de fers tandis que leur famille peut se voir imposer une amende ou des garnisaires, officiers et soldats, qu'elle doit loger, nourrir et solder, peines qui resteront peu ou prou en vigueur jusqu'à la fin de l'Empire. Il faut cependant signaler que plusieurs soldats seront portés déserteurs par erreur car, dans cette période troublée, les états de situation ne sont pas tenus avec la rigueur souhaitable. A titre d'exemple un dossier sur les déserteurs de 1793 originaires de Saint-Sandoux a été constitué pour cette période (voir ici).
Si les opérations de tirage au sort se sont apparemment déroulées sans trop d'encombre dans notre village, il n'en est pas de même partout ailleurs. Dans maints villages, elles donnent lieu à une vive résistance des intéressés, travaillés en sous-main par les prêtres non-jureurs, du moins les révolutionnaires le pensent-ils. On comprend mal pourquoi, puisque l'on est libre et que le roi est mort, on doit aller se faire tuer aux frontières! Dans certains endroits de véritables émeutes éclatent, rappelant celles de la Vendée, et plusieurs meneurs, ou soi-disant tels, sont arrêtés et guillotinés. Ces mouvements d'humeur n'empêcheront pourtant pas les levées du Puy-de Dôme de se battre contre les insurgés de Lyon, de la Lozère et de la Vendée.
Le 10 novembre 1793, la Convention nationale abolit la religion catholique pour lui substituer le culte de la Raison. Le 14 frimaire, les commissaires et leur escorte reviennent pour réaliser le déménagement de la Chapelle de Notre Dame des Prés, où se trouve une vierge apparue sous la bêche d'un laboureur, selon les croyances locales. Ils trouvent la porte enfoncée et l'image de la Vierge disparue! On ne la retrouvera jamais; elle sera remplacée plus tard par une statue de la Visitation.
Malgré les mesures sévères prises à l'encontre de ses opposants, la situation du prêtre intrus de Saint-Sandoux a continué de se dégrader. "Ma position est insoutenable, écrit-il; je n'ai pas un cinquantième de fidèles et la municipalité m'est hostile". L'avènement d'un nouveau culte rend sa mission impossible. En désespoir de cause, Pierre Verdier jette l'éponge, le 1er décembre 1793, pour se réfugier à Clermont-Ferrand (Jean-Baptiste Serres et Jean Anglade) tandis que son vicaire, Ferdinand Coignet, ne va pas plus loin que Saint-Saturnin, où il envisage un moment de renoncer à ses voeux pour convoler en justes noces. Ces deux clercs n'avaient d'ailleurs pas vraiment d'autre choix; avec l'avènement du culte de la déesse Raison, ils auraient été en butte aux persécutions d'une partie des révolutionnaires, au même titre que les prêtres réfractaires, sauf à abjurer leur foi, sans être protégés par les autorités constituées, et auraient été condamnés, non pas à la portion congrue, mais à la charité de leurs paroissiens, c'est-à-dire à mourir de faim!
Le départ du prêtre entraîne l'inventaire du mobilier de l'église: deux calices avec leurs patènes, deux ciboires, une boite aux huiles pour les malades, une boite double pour baptiser, un soleil, une croix d'argent, un reliquaire du même métal, un autre en cuivre, une croix en cuivre, un encensoir avec sa navette, un bénitier dans la sacristie, un autre dans l'église, quatre chandeliers au maître-autel, quatre à un autre autel, douze chasubles de différentes couleurs avec leurs accessoires, quatre chapes, trois aubes et trois surplis, deux missels, un antiphonaire, un graduel et des processionnaux, plus six autres chandeliers de cuivre et un Christ, différentes armoires et crédences dans lesquelles sont contenus des voiles et garnitures pour les autels et les statues. Tout ces objets du culte sont laissés dans l'église qui est fermée à clef. Ils n'y resteront pas longtemps. Obéissant aux ordres du district, la municipalité inventorie l'argenterie et l'apporte au département. Le lendemain du retour des délégués, munis d'un récépissé de dépôt de quatorze marques et six onces d'argent, l'église sera entièrement dévastée.
En effet, le 18 frimaire (décembre 1793),
au moment où les officiers municipaux se retirent de la salle de
leurs séances pour gagner leur logis, vers 10 heures du soir, leur
attention est attirée par une vive lumière qui brille devant
de la porte de l'église; ils s'approchent intrigués et trouvent
un grand brasier alimenté par des sarments et d'énormes bûches.
Tout autour, des rôdeurs sont entrevus, mais non reconnus. De plus
en plus étonnés et flairant quelque mauvaise affaire, ils
se rendent à la porte de l'église et s'aperçoivent
qu'elle a été enfoncée. Pénétrant dans
le sanctuaire, ils constatent que tout a été enlevé
ou cassé; brisés les armoires de l'église, les crédences
de la sacristie, les retables des autels; emportés les statues,
les tableaux et les rideaux dont ils étaient recouverts, les cinq
lampes qui servaient à éclairer et à orner le sanctuaire,
les chandeliers, les bénitiers, les croix, les linges, les chapes,
chasubles, aubes et surplis. Après cette constatation qui dure deux
heures, les municipaux mandent un notable de la localité et lui
ordonnent, avant de se retirer, de barricader la porte de l'église.
Les recherches immédiatement effectuées permettent de retrouver
des objets dans le four de la commune. Le lendemain on découvre
une chasuble lacérée et un missel, déposés
l'un et l'autre au fond d'une ruelle. On porte ces deux objets dans l'église
et, au moment où l'on s'apprête à ouvrir la porte,
on la trouve à nouveau fracturée. Un second pillage s'est
produit au cours duquel ont disparu les pierres sacrées des autels
et tout ce qui avait été retrouvé dans le four de
la commune. Sept garnitures d'autel sont tombées des mains des ravisseurs
qui, sans doute par crainte d'être surpris, ne s'abaissèrent
pas pour les ramasser et les laissèrent éparses au milieu
de la nef.
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Evolution démographique: en 1789, la population de Saint-Sandoux s'élevait à 1460 habitants. En 1793, le village compte 260 citoyens actifs (votants) pour 1500 habitants. Malgré les troubles, la population continue de croître. |
En application des décisions de la Convention, le 20 nivôse an II (janvier 1794), à deux heures de l'après-midi, un autodafé des titres féodaux de l'église paroissiale, des commanderies d'Olloix et de Paulagnat et du marquis de Montaignac, a lieu sous les applaudissement de la foule réunie pour la circonstance; ainsi entrent en application à Saint-Sandoux les lois de juillet 1793 qui ont durci les dispositions de la nuit du 4 août 1789 en abolissant sans indemnité les dernières survivances du régime féodal. Le maçon Jean Paquet est chargé d'effacer dans l'église et sur les autres monuments publics, moyennant rétribution de 15 livres, tous les emblèmes de la royauté et de la féodalité. L'église devient la propriété de Blaise Guillaume et l'autel du rosaire est vendu à un autre habitant. Le 25 nivôse, deux commissaires, Mabru et Boucheron, arrivent de Clermont-Ferrand pour descendre les cloches et abattre le clocher, en application de l'arrêté des représentants Couthon et Maignet du 15 novembre 1793. La municipalité se charge de la démolition et, comme dédommagement, les commissaires lui font cadeau des débris. L'horloge du clocher est toutefois conservée. Précisons que les cloches devaient fournir du métal pour couler des canons. La mise en oeuvre de la démolition du clocher et des créneaux de la maison prieurale traîne un mois et demi; plusieurs adjudicataires se présentent, avec des exigences plus ou moins élevées, selon leur esprit de lucre (1 200 livres) ou leur civisme (600 livres); finalement, le 30 germinal (avril 1794), on décide de requérir les maçons locaux qui recevront, pour cette tâche, une indemnité raisonnable; les ouvriers devront veiller à la conservation des matériaux et à la préservation du toit et des voûtes de l'église. Mais le clocher reste toujours debout et les autorités supérieures, qui s'impatientent, fulminent un rappel à l'ordre qui sème la panique et pousse les feux; le 27 prairial (juin 1794), les premiers coups de pioche démolissent l'antique tour carrée; les maçons recevront l'indemnité maximum des journées: 1 livre 5 sols.
Les biens des prêtres non jureurs sont placés sous séquestre; ceux de l'abbé de la Rochette, sont donnés à des colons de Saint-Sandoux, le 11 germinal an 2. Pour éradiquer la superstition, le 30 germinal, l'agent national Monestier oblige les gens du village à célébrer les fêtes décadaires du calendrier révolutionnaire et à renoncer au repos dominical comme à la célébration des fêtes religieuses. Il ordonne que les décadis soient chômés, sous peine de 3 livres d'amende. Le dimanche républicain doit remplacer le dimanche chrétien. Les citoyens qui ne viendront pas écouter la lecture des lois pendant les cérémonies décadaires seront considérés comme suspects. Les autorités sont responsables de l'application de ces dispositions qui sont proclamées par voie d'affiche et son de trompe aux carrefours. On peut comprendre que les édiles de Saint-Sandoux, qui ont en vain tenté de rameuter les chrétiens à assister à la messe officielle le dimanche traînent des pieds pour passer maintenant au décadi! Ils y sont contraints sous peine d'être destitués voire emprisonnés, ou pire.
Le 13 messidor an II (1er août 1794), la municipalité indique à l'Administration que, faute de disposer d'une maison commune, elle tientt séances dans la maison du ci-devant curé de La Rochette mais que, cette maison ayant été affermée par le district à deux citoyens et ceux-ci désirant en prendre possession, il leur faut trouver un nouveau local. Il existe bien une autre maison nationale, celle de l'ancien prieur, qui servait autrefois de cure, mais elle occupée par le citoyen Tourres qui ne l'habite pas et qui ne possède pas de droit sur elle. La municipalité demande de jouir provisoirement de cette maison qui sera vendue trois ans plus tard à François Monestier pour la somme de 810 livres.
Grâce à la levée en masse, qui a permis de former quatorze armées, la République triomphe. Le danger écarté, le régime de la Terreur est renversé. Le Directoire lui succède. Les départements du Puy-de-Dôme, de la Corrèze, du Cantal et de la Nièvre sont placés sous la surveillance du représentant du peuple Musset qui n'en continue pas moins à persécuter le catholicisme. Mais Robespierre, qui vient d'être exécuté avant d'avoir été jugé, n'était-il pas un adversaire de l'athéisme et du dimanche républicain? Le 8 nivôse (décembre 1794), le représentant du peuple Musset, ordonne la démolition des croix. Cette mesure entraîne une riposte: l'arbre de la liberté, qui s'élevait sur la place, est scié pendant la nuit au ras du sol! Par ailleurs, plusieurs croix sont rapidement remises en place clandestinement; il faudra les faire détruire par des maçons. Des membres de la municipalité: Pierre Andrieux, Blaise Guillaume, François Rives rétractent les serments antireligieux qu'ils ont prononcés.
La liberté religieuse est finalemant proclamée. Le catholicisme refait surface. Mais il n'y a plus officiellement de prêtre à Saint-Sandoux. Certains ecclésiastiques profitent de cette accalmie pour sortir de leurs retraites. Les abbés Maugues, Mauliot, des Martres-de Veyre et même un prieur des environs de Nice, apparaissent dans notre village. L'abbé Blanchier, prêtre émigré rentré en France, ancien curé de Gerzat, s'y réfugie, le 12 septembre 1795, et il n'en partira qu'en août 1798 (Mémoires de l'Académie des Sciences, belles-lettre et arts de Clermont-Ferrand). Entre tous, il convient de citer l'abbé Lavelle, originaire de Chaynat près Ludesse, mort en 1838 curé de Montaigut-le-Blanc, le prêtre qui distribua le plus régulièrement les secours de la religion. Pendant la période révolutionnaire, il s'enfuit sous un déguisement dans le Bourbonnais, revint en Auvergne où il fut pourchassé de localité en localité par les sans-culottes et arraché à la mort grâce au dévouement d'un fidèle. Dans les archives de la paroisse de Saint-Sandoux, on tenait de lui un registre où étaient consignés les actes de baptême qu'il fit en 1798, 1799 et 1800. Pendant ces trois années, 75 enfants reçurent de ses mains ce sacrement: les uns âgés de six mois, les autres de plusieurs années, des paroisses de Saint-Sandoux, d'Olloix, de Ludesse, de Chaynat, de Champeix, de St Julien et même de Neschers.
Malgré la proclamation de la liberté religieuse, la situation du clergé reste précaire et les lois contre les prêtres réfractaires et les émigrés sont bientôt réactivées. Le 24 fructidor an 5 (10 septembre 1797), au milieu du Directoire, le citoyen Girard, président de l'administration municipale du canton de Plauzat, et le citoyen Magaud, agent principal de la commune de Saint-Sandoux, sont dénoncés pour avoir favorisé, par leur silence et leur apathie, les troubles fomentés par le prêtre Morand, déjà auteur de désordres à Neschers, qui s'est permis, à son de cloche, d'exercer publiquement son culte à Plauzat sans avoir fait sa soumission exigée par l'article 6 de la loi du 7 vendémaire an 4 (29 septembre 1795). Ils sont aussi accusés d'avoir souffert que trois prêtres non jureurs exercent leur culte dans la commune de Saint Sandoux, au mépris de la même loi. L'Administration centrale est requise de suspendre Girard et Magaud de leurs fonctions, puis de les destituer ou de saisir le Directoire exécutif pour prononcer cette destitution. (Source: Boutarel, communiquée par Claude Arnaud).
Le Directoire, régime faible et corrompu,
ne peut se maintenir au pouvoir, qu'en frappant alternativement les royalistes
et les révolutionnaires. Au cours de l'un de ces coups d'État,
celui du 18 fructidor, entrepris contre les royalistes, un religieux natif
de Saint-Sandoux, nommé Hugues Fournier, est déporté
à Sinamary, en Guyane, sur le navire la Décade. Cet
homme avait peut-être refusé de prêter serment à
la constitution civile du clergé et professait sans doute des opinions
royalistes. En tout cas son nom figure sur la liste des proscrits mentionnés
dans les mémoires
du chansonnier Ange Pitou,
condamné en même temps que lui. Comme beaucoup d'autres déportés,
il périt misérablement, victime de l'insalubrité d'un
territoire que l'on appelait la guillotine sèche. Il partit vers
son destin du port de Rochefort, d'après la "Liste générale
des déportés par la Loi du 19 fructidor, an V" rédigée
par Louis Petit, l'un des convicts, où il figure sous la mention
"Fournier, chartreux, Clermont".
.
Extrait de: "Voyage à Cayenne" - L. A. Pitou -1807 |
Le Directoire cède la place au Consulat lors du coup d'État du 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799). Le général Bonaparte accède au pouvoir suprême. Les tentatives d'assassinat royalistes en feront dans cinq ans un empereur. La monarchie est restaurée grâce à l'action des royalistes, mais ce n'est pas un Bourbon qui monte sur le trône! Les maires ne sont plus élus selon les dispositions des assemblées révolutionnaires, mais désignés par le pouvoir central, en application du sénatus-consulte du 28 floréal, an 12. Les notables reviennent au premier plan et le notaire Girard va remplacer les maires de la période révolutionnaire.
Le 1er floréal an 9 (21 avril 1801), Bernard-Antoine Magaud de Saint-Sandoux acquiert par licitation d'Antoine-Jean-Marie de Vichy, domicilé à Bois-le-Duc en Hollande, pour le prix de 68 000 francs, un corps de biens appelé Varvasse situé sur la commune de Chanonat. Thérèse Langlard, divorcée d'Antoine-Jean-Marie de Vichy, qui est sa principale créancière, estimant sans doute que le prix de vente des biens a été sous-estimé, fait notifier à Magaud et aux autres acquéreurs une soumission d'enchérir d'un vingtième, dans le délai requis, mais oublie de notifier la soumission à son ex-mari. S'apercevant, hors délai, qu'elle a commis une faute, elle retire sa soumission. Magaud vend ses biens de Saint-Sandoux et va s'installer à Varvasse. Deux ans plus tard, les héritiers Ricard intentent une action en justice pour récupérer Varvasse. Ils obtiennent gain de cause en première instance, mais perdent en appel. Ces décisions de justice contradictoires s'expliquent par l'insécurité juridique d'une période pendant laquelle les lois évoluaient rapidement en fonction des événements; en première instance les juges s'étaient appuyés sur une loi récente qui contredisait une autre loi en vigueur antérieurement; en appel, le premier jugement fut cassé en s'appuyant sur le principe de non rétroactivité des lois. Magaud sera maire de Chanonat de 1808 à 1830. (Source: Factum Magaud, Bernard-Antoine communiqué par Claude Arnaud).
Le 17 juillet 1801, la signature du Concordat rétablit la paix religieuse en France.
En 1802, l'abbé de la Rochette quitte la terre d'exil et revient à Saint-Sandoux reprendre l'exercice de son ministère interrompu en 1791. Le 25 prairial an XI (juin 1803), il est officiellement réinstallé curé de la paroisse par le maire Antoine Girard. La municipalité se dispense de fournir un logement au prêtre puisqu'il dispose d'une maison personnelle mais elle lui assure un traitement de 700 francs et un autre de 500 francs à son second, l'abbé Brochet. On entreprend la reconstruction du clocher en ruine avec le concours des habitants; il faudra 78 journées de travail qui seront payées, par le maire et les marguilliers François-Amable Martin et Hugues Courtial, entre les mains d'un entrepreneur de Saint-Amant Tallende; le clocher sera achevé le 8 fructidor an XII (août 1804).
En 1802-1803 (An X), le notaire Magaud vend la terre sur laquelle est située la chapelle Notre-Dame des Prés à François Monestier. Il avait acquis cette terre en 1794.
Au début de l'Empire, on assiste à une amélioration sensible des conditions de vie de la paysannerie auvergnate et à la poursuite de la constitution de son patrimoine foncier. Le prix du blé a augmenté et la pression fiscale a baissé par rapport à l'Ancien Régime. Par ailleurs, l'offre de terres est en augmentation, la bourgeoisie revendant les biens nationaux acquis pendant la Révolution, faute de pouvoir les cultiver elle-même, et la noblesse, de retour d'émigration, s'efforçant de reconstituer ses moyens financiers en cédant une partie de ses biens. Cette situation favorable permet aux laboureurs d'agrandir leurs propriétés. Quelques indications des prix pratiqués à Clermont-Ferrand permettent de se faire une idée du niveau de vie de l'époque; une pinte* de vin coûte 15 centimes, un poulet 1,40 francs, un dindon 4,50 francs et une douzaine d'oeufs 90 centimes (N. Ordinaire). Ces prix sont à rapprocher du salaire quotidien d'un manoeuvre qui s'élève entre 2 ou 3 francs. A titre de complément, voici quelle fut l'évolution du prix de la ration de pain de munitions durant les dernières années de l'Empire à Clermont-Ferrand; elle varie de 20 centimes en 1810 à 35 centimes en 1812 pour redescendre à 25 centimes en 1813; le pic de 1812 est la conséquence de la crise frumentaire qui sévit en 1811 par suite des aléas climatiques; l'apport des châtaignes permet heureusement de faire face, par substitution, au déficit de grains (Fabien Pacaud).
* La pinte est une unité de mesure des volumes liquides de l'Ancien Régime qui variait suivant les régions. La pinte de Paris valait à peu près 1 litre.
En 1805, les frères Gauthier (ou Gautier) de Saint-Sandoux sont déboutés de la plainte qu'ils ont déposée pour recouvrer les biens de l'abbé leur frère, mort en 1794, après avoir été arrêté et alors qu'il était en instance d'être déporté. Ils ont appuyé leur requête sur le fait que l'abbé n'a jamais été inscrit sur la liste des émigrés et, qu'au moment de sa mort, le 11 nivose an 3, la loi du 17 nivose an 2 faisait d'eux ses héritiers. La Cour estime, au contraire que l'abbé Diery-Gautier, qui a refusé de prêter le serment requis par la loi, a subi la peine prévue pour ce manquement, selon une procédure régulière, en application de la législation alors en vigueur, et qu'il n'y a donc pas lieu à révision (Recueil général des lois et des arrêts...).
L'Europe s'oppose à Napoléon dans une longue suite de guerres. La conscription entraîne de fortes réticences en Auvergne. Les réfractaires au service militaire y sont nombreux. De vigoureuses mesures répressives doivent être prises. Elles frappent bien sûr les conscrits réfractaires mais aussi leurs parents et même les voisins de ces derniers. Les amendes en argent ou en nature pleuvent; les récoltes des récalcitrants sont confisquées. C'est ainsi qu'un jugement du Tribunal de Clermont condamne en 1804 à une amende de 1 500 francs, somme considérable pour l'époque, deux familles de Saint-Sandoux. Il s'agit de Louis Roche et Antoinette Rives, parents du conscrit Antoine Roche, et Jean Mauge et Catherine Lamy, parents du conscrit Guillaume Mauge (André-George Manry). Les fautifs se voient imposer le logement et la nourriture de garnisaires. Les réfractaires repris sont sévèrement punis; ils sont dirigés, parfois chargés de fer, sur des dépôts spéciaux; vers la fin de l'Empire, on leur rase le crâne et on les verse dans des unités où la discipline est appliquée avec une grande sévérité. En 1805, d'après les mémoires du général Roguet, Napoléon estime que le 21ème léger, a lui tout seul, compte dans le Puy-de-Dôme 300 déserteurs qu'il faut faire ramasser par la gendarmerie; l'Empereur pense que les déserteurs doivent payer, au service de la conscription, une amende proportionnée à leur fortune. La guerre d'Espagne, terre d'émigration de la Haute Auvergne, mal accueillie par une population qui conserve de nombreux liens avec ce pays, les levées d'hommes, de plus en plus importantes au fur et à mesure que la fin de l'Empire approche, ne peuvent qu'accroître encore l'hostilité des campagnes à l'encontre de la conscription, sans parler des démêlés avec le Pape, qui ternissent l'image de l'Empereur, auprès d'une population restée profondément religieuse. A l'occasion du mariage avec Marie-Louise, une amnistie est décrétée, mais elle ne suffit pas à ramener les insoumis dans le devoir et il faut à nouveau faire sillonner le territoire par des colonnes mobiles destinées à mettre la main au collet des rebelles au service armé. Selon Sinniger (La conscription dans le Puy-de-Dôme - An VII-1815 - Mémoire de maîtrise à l'Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, 1948), sur le 1 400 hommes exigés pour le Puy-de-Dôme, sur les classes de 1809 à 1813, pour la campagne d'Allemagne, 40 seulement sont partis en février 1813. En 1814, le département doit fournir 4 867 hommes, dont 2 667 de la classe 1815 (c'est le département le plus imposé sur cette classe après la Seine), entre le 29 janvier et le 8 février 1814; 136 seulement sont en route au 10 février. On est loin de l'enthousiasme guerrier des premiers temps de la Révolution! Dans nos montagnes, la désertion est favorisée par le terrain et la présence de forêts où se cacher, mais aussi par les traditions de travail itinérant (maçons, scieurs de long, journaliers...) qui justifient des absences intermittentes; les autorités locales ferment souvent les yeux afin de ne pas se mettre en porte-à-faux avec leurs administrés.
Cependant, il était possible d'échapper à l'enrôlement. Le 7 juillet 1807, Michel Bonhomme, conscrit de la classe 1808, natif de Saint-Sandoux, est réformé par le Conseil de recrutement du Puy-de-Dôme, pour cicatrice adhérente au tibia de la jambe gauche. Le 7 octobre 1808, un autre sandolien, François Cisterne, "taille d'un mètre 634 millimètres, cheveux noirs, sourcils de même couleur, yeux gris, front large, nez bien fait, bouche petite, menton rond visage plein, teint bon", est réformé définitivement par le conseil de recrutement du Puy-de-Dôme, en raison de la situation de son vieux père; comme il est imposable au titre des contributions réunies, il doit verser son écot dans la caisse du receveur de l'arrondissement de Clermont, car, à défaut de payer l'impôt du sang, les exemptés s'acquittent au moyen d'espèces sonnantes et trébuchantes.
On ne saurait clore ces quelques phrases relatives
à la guerre sans dire un mot des prisonniers étrangers. Ceux-ci
furent nombreux dès les guerres de la Révolution. Un grand
nombre d'entre eux furent amenés en Auvergne, loin des frontières.
Ils y étaient plutôt bien traités et jouissaient même
d'une demi liberté. Certains se livraient à divers travaux
qui concurrençaient parfois les autochtones, non sans soulever une
certaine animosité parmi ces derniers. Beaucoup s'habituèrent
à la vie en France, quelques-uns s'y établirent définitivement
et les autres ramenèrent dans leur patrie, notamment en Espagne,
des ferments d'esprit révolutionnaire. La dépouille mortelle
d'un prisonnier espagnol, domestique d'un châtelain, fut même
naturalisée à Montbrison où elle se trouvait encore
à la fin du 20ème siècle! Beaucoup de ces prisonniers,
affaiblis par les privations, au cours du long chemin qu'ils avaient parcouru
pour parvenir à leur lieu de détention, n'étaient
pas en bonne santé; beaucoup mouraient pendant leur détention
et propageaient des épidémies.
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Évolution démographique: sous l'Empire, selon les statistiques de 1806, on compte 1584 habitants à Saint-Sandoux, dont la population continue d'augmenter. En France, à cette époque, la croissance démographique a d'abord été encouragée par l'accès des couches populaires à un nouveau statut social grâce à la Révolution. Cette évolution a été contrariée par les guerres mais s'est poursuivie sous le Consulat puis sous l'Empire, avec des hauts et des bas; des hauts pendant les époques de paix et des bas en temps de guerre: rupture de la paix d'Amiens, 1805, 1807 et surtout après la campagne de Russie en 1813. Vers la fin de l'Empire, on assiste à une flambée des mariages les jeunes gens s'efforçant ainsi d'échapper à la conscription. L'espérance de vie moyenne de la population française, en grande partie à cause des guerres, ne dépasse pas la trentaine. |
Léger de la Rochette, curé de St-Sandoux, décède le 24 octobre 1809, à l'âge de 72 ans.
Dans la "Géographie-physique de Desmarest
- Encyclopédie méthodique", publiée en 1809, il
est fait état de la présence de boules basaltiques sur le
mont de Tilly, butte de Saint-Sandoux.
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Voici la notice que Dulaure
a consacré à Saint-Sandoux vers
cette époque dans sa Description des
principaux lieux de France:
. Saint-Sandoux, situé au nord, à une lieue et demi de Champeix, est un village remarquable par sa chaussée de basalte; les colonnes prismatiques, loin d'être verticales comme elles le sont le plus ordinairement, divergent comme les rayons d'une gloire. M. Desmarets a donné dans l'Encyclopédie la gravure de cette roche singulière; mais il l'a présentée avec plus de régularité qu'elle n'est dans la nature. |
Le 26 février 1813, le maire Girard
délivre un curieux certificat d'existence à Aglaée,
Françoise, Emmanuelle, épouse du marquis François
Antoine de Montaignac, ancien émigré. Ce sera l'un de ses
derniers actes comme maire. En effet, le 20 mars suivant, Monsieur de Montaignac,
est nommé maire de la commune, et Antoine Girard, ci-devant maire,
est nommé adjoint, conformément à l'arrêté
daté du 1er mars du préfet; ils prêtent l'un et l'autre
les serments prescrits par le sénatus-consulte du 28 floréal
an 12, devant les membres du Conseil municipal Charles Gauthier, Michel
Brionnet, François Juilhard, Antoine Courtial, François Amable
Martin, Diéry Bernard, Sandoux Maulhiat, Joseph Julhiard, Pierre
Gauthier, Joseph Rives et Michel Gauthier Mage. Après la retraite
de Russie, l'Empire vacille et Napoléon cherche à se concilier
encore davantage la noblesse d'Ancien Régime.
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Le certificat de vie de Madame de Montaignac signé par le maire Girard au début de 1813 |
Le 21 mai 1815, les citoyens actifs de la commune de Saint-Sandoux sont convoqués par affichage du décret impérial du 30 avril ainsi que par un prône du curé, pendant la messe du dimanche; ils s'assemblent dans l'église paroissiale. Antoine Girard, notaire, adjoint de la commune, prend la parole pour expliquer à l'assistance l'objet de la convocation et lire le décret impérial du 30 avril, la loi du 14 décembre 1789, ainsi que l'instruction de l'Assemblée nationale annexée à la-dite loi, à l'effet de procéder à l'élection du maire et de son adjoint. L'Empereur a jeté du lest, sous l'influence du républicain Benjamin Constant, les maires sont à nouveau élus, comme sous les assemblées révolutionnaires, mais ils ne le sont pas au suffrage universel, seuls les citoyens actifs acquittant un minimum d'impôt ont voix au chapitre. Le sieur Jean-Baptise Lachenal est invité à exercer les fonctions de président et Blaize Brionnet, le plus jeune de l'assemblée, celle de secrétaire; les trois plus anciens d'âge après lui: Joseph Laurent, Jean Julhiard et Jean Gauthier sont nommés scrutateurs; tous acceptent leurs fonctions. Après désignation d'un président, l'assemblée primaire entre en séance. Le notaire Antoine Girard est élu maire et Michel Gauthier est élu adjoint. Le 31 mai 1815, le sieur Morin Pannetier, juge de paix du canton de Saint-Amant Tallende, commissaire désigné par arrêté du sous-préfet daté du 24 du même mois, se déplace dans la maison commune de Saint-Sandoux pour y procéder à l'installation de la municipalité. Il y trouve Antoine Girard et Michel Gauthier. Il leur lit l'arrêté du sous-préfet, constate qu'il ne s'élève aucune objection contre leur nomination et fait prêter individuellement, aux deux élus, le serment d'obéissance aux constitutions de l'Empire et de fidélité à l'Empereur. Cette nouvelle municipalité ne durera pas longtemps; une quinzaine de jours plus tard, le 18 juin, la défaite de Waterloo, sonnera le glas des Cent jours.
Après Waterloo, les alliés, Anglais, Russes, Autrichiens et Prussiens, occupent une grande partie de la France pendant plusieurs années. La libération de notre pays est obtenue, avant terme, grâce à l'amitié qui lie le tsar à notre Premier ministre de l'époque, le duc de Richelieu, qui a été gouverneur de Crimée pendant l'émigration. L'Auvergne n'échappe pas à cette pesante tutelle. Une garnison autrichienne s'installe aux Martres-de-Veyre; le fait est attesté par les historiens (notamment André-Georges Manry). D'après une tradition familiale, des soldats russes seraient même venus à Saint-Sandoux; en fait, ces Russes étaient probablement des Autrichiens, mais les paysans qualifiaient alors indifféremment ces hôtes indésirables de Cosaques. Ils auraient couché chez mes ancêtres et ils leur auraient laissé en partant un cadeau dans les draps: pas la petite commission, la grosse!*
* Après la seconde abdication de Napoléon,
en 1815, le 4ème régiment d'artillerie à cheval, commandé
par le colonel Noël, cantonna, pendant quelques temps, à Saint-Amant:
"Le régiment fut alors envoyé à Saint-Amand, petite
ville à trois lieues de Clermont, où nous fûmes bien
reçus par les habitants" Colonel Noël
- Souvenirs militaires d'un officier du premier Empire (1792-1832) - Librairie
des Deux Empires - 1999.
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Quelques
remarques concernant l'église de Saint-Sandoux
Selon Ambroise Tardieu, une église romane fut édifiée à Saint-Sandoux au 11ème siècle. L'édifice religieux roman fit l'objet de modifications au 18ème siècle. Le clocher-donjon crénelé de l'église, on l'a vu, fut détruit à la Révolution. Il s'agit de la tour carrée que l'on aperçoit sur le dessin de Revel daté de 1450 ainsi que sur le dessin de Louis Boudan datant du règne de Louis XIV. Il représentait, aux yeux des autorités de l'époque, un insupportable témoignage de l'époque féodale. D'après les archives municipales, le 16 janvier 1812, une réunion se tint, en présence du maire de Saint-Amant, délégué du sous-préfet, afin d'examiner l'état de l'église et de trouver un local propre à l'établissement d'un presbytère. L'église était en bon état mais sa capacité s'avérait insuffisante, compte tenu de l'importance de la population du village (plus de 1500 habitants, voir ci-dessus). Le maire proposa d'utiliser, pour l'agrandir, un local vacant qui la jouxtait et qui servait autrefois de sacristie. Il suffisait de rouvrir la porte de communication qui était maintenant bouchée. Le local pourrait être converti en chapelle et un autel y serait élevé. Le coût de l'ensemble des travaux fut estimé à 2 720 francs par François Botte, maçon en la commune. La moitié de cette somme pouvait être apportée par les habitants, un quart par prestation en nature et l'autre quart au moyen d'un impôt extraordinaire. Les prestations, une survivance de la corvée, restèrent en vigueur jusqu'après la seconde guerre mondiale; elles permettaient aux habitants du village, où le numéraire était autrefois rare, d'acquitter une partie des impôts locaux en participant à des travaux d'intérêt public. L'église fut à nouveau modifiée, au 19ème siècle. C'est à la fin de ce siècle que la croix qui domine le clocher actuel fut posée, dit-on par le forgeron du village. Jusqu'à une époque récente un câble de paratonnerre rustique descendait de ce clocher jusqu'au sol, à droite de l'escalier conduisant à la porte d'entrée située à l'ouest de l'édifice; ce dispositif a été depuis modernisé. Le clocher de l'église a été réparé au début du 21ème siècle. |