En Guyane (novembre 1998) - Première partie
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Le bagne principal des îles du Salut était situé sur l'île Royale. Les prisonniers "politiques" n'y étaient pas mêlés aux droits communs et séjournaient sur l'île du Diable; c'est là que fut déporté Dreyfus. L'île Saint-Joseph servait de lieu de réclusion particulièrement sévère, d'asile de fous et de cimetière des surveillants. 

A l'intérieur du camp, les maisons des gardiens s'étendaient de part et d'autre d'une allée plantée d'arbres. Les gardiens y vivaient avec leur famille. Ils pouvaient se faire aider par des domestiques choisis parmi les détenus. Il arrivait que des idylles se nouent entre ces derniers, que l'on appelait les garçons de famille, et les épouses des gardiens. 

Une prison existait à l'intérieur du camp, pour punir les bagnards coupables de nouveaux forfaits. La peine pouvait aller jusqu'à l'exécution publique, le condamné étant guillotiné. Les détenus étaient employés à divers travaux: voirie, exploitation forestière, emploi dans des ateliers. 

Joseph Marie Guillaume Seznec, né en 1878, à Plomodiern, dans le Finistère, maître de scierie à Morlaix, fut condamné au bagne après avoir été jugé coupable de faux en écriture privée et du meurtre du marchand de bois Pierre Quéméneur, conseiller général du Finistère, lequel disparut dans la nuit du 25 au 26 mai 1923, durant un voyage d'affaires effectué de Bretagne à Paris avec Seznec. Ce dernier bénéficia à l'île du Salut d'un traitement de faveur, ce qui laisse supposer que les autorités le pensaient victime d'une erreur judiciaire. 

Les sapajous de l'île du Salut sont de petits singes facétieux qui s'amusent dans les branches des arbres. 

Le centre spatial de Kourou est l'un des plus actifs du monde. Il doit son succès à sa proximité de l'équateur, ce qui permet d'utiliser au mieux la rotation terrestre, pour aider à la propulsion des fusées. On y lance des fusées européennes mais également des engins d'autres pays, notamment des États-Unis. La fusée Ariane IV décollait le long d'une tour ombilicale; cette dernière était détériorée et devait être reconstruite après chaque lancement. Ariane V, lancée sans tour ombilicale, a permis de remédier à cet inconvénient. Les gaz d'échappement de cette fusée plus moderne sont évacués au sol, au moment du départ, grâce à un puits creusé en dessous d'elle, lequel débouche à l'air libre par deux tranchées bétonnées. Un système de refroidissement par eau absorbe la chaleur intense qui se dégage en libérant un épais nuage de vapeur. Les fusées sont montées debout dans d'immenses hangars et conduites sur l'aire de lancement en empruntant une voie ferrée. 

Sinammary fut le premier lieu de déportation de la Guyane. Sous la Révolution française, on y envoya les personnalités politiques que le gouvernement souhaitait éloigner de la métropole. Après la chute de Robespierre, on appela ce lieu de déportation la guillotine sèche, car la mortalité y était très élevée. Les déportés y étaient expédiés sans jugement. Dans leur lieu de résidence forcée, ils jouissaient d'une certaine liberté, sous réserve de ne pas chercher à le quitter. De nombreux prêtres réfractaires y subirent ce triste sort, dont l'abbé Brottier et un certain Fournier, natif de Saint-Sandoux. Des royalistes ou supposés tels, comme le chansonnier Ange Pitou, les généraux Pichegru et Ramel, les hommes politiques Barbé-Marbois, Tronson Ducoudray, Laffont Ladébat, Murinais... y rejoignirent les montagnards, anciens membres du Comité de Salut Public terroriste, Billaud-Varenne et Collot d'Herbois. Cette petite colonie de personnes, plutôt mal assorties, vivait dans des sortes de cabanes appelées carbets. Collot d'Herbois mourut à Sinammary; il y fut inhumé si hâtivement que des cochons le déterrèrent pour le manger. 

Le bagne à proprement parlé ne vit le jour qu'au milieu du 19ème siècle, sous Napoléon III. Les détenus ayant purgé leur peine n'étaient pas autorisés à rentrer en France métropolitaine. Ils étaient relégués jusqu'à leur mort dans ces contrées lointaines. Il ne leur était évidemment pas facile d'y trouver un travail pour assurer leur subsistance. Huguet, qui savait peindre, eut la bonne fortune d'être employé par le prêtre d'Iracoubo pour décorer l'église. Il le fit avec une minutie et une abondance de détails que l'on peut comprendre: il avait intérêt à faire durer le plus longtemps possible un ouvrage dont dépendait son gîte et son couvert! Mais tout a une fin et Huguet, parvenu au bout de sa tâche,  périt en mer en tentant de s'évader de cette prison perpétuelle sous les Tropiques. Aujourd'hui, avec sa mer bleue et ses palmiers, l'endroit paraît presque idyllique. Mais les déportés et les bagnards ne le voyaient évidemment pas du même oeil. 


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