Carnet  de  route  d'un  voyage  Au Liban
Septembre 2010 (suite 2)
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3 ème jour (27 septembre), le matin: Byblos (les photos sont ici) 

Byblos, Jbeil en arabe (la petite montagne), est une cité libanaise côtière située à 37 km au nord de Beyrouth. C'est aujourd'hui une ville moderne qui se développe avec vigueur. Elle conserve néanmoins, dans ses vieux quartiers, le souvenir d'un passé prestigieux qui remonte jusqu'aux âges de la pierre taillée et polie. Les fouilles qui y ont été réalisées révèlent que l'ancienne Byblos constitue l'un des sites archéologiques majeurs de la région. Cette ville est considérée comme l'une des plus vieilles cités du monde et l'un des rares sites qui furent habités sans interruption de leurs origines à nos jours. Les Phéniciens pensaient qu'elle avait été fondée par le dieu El mais les recherches effectuées sur le site montrent que sa création remonte au 7ème millénaire avant notre ère. Byblos était connue, pendant l'Antiquité, sous le nom de Goubla et Gebal; elle faisait partie de la région côtière appelée Canaan. Mille ans avant notre ère, les Grecs, et ensuite les Romains, attribuèrent le nom de Phénicie à la région côtière méridionale et celui de Byblos à la cité; cette nouvelle dénomination évoquait, en langue grecque, le papyrus importé d'Égypte. 
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Plan de Byblos 
1- Entrée du site     2- Fortification Nord     3- Citadelle croisée     4- Quartier Nord     5- Nécropole royale 
6- Colonnade et théâtre romain     7- Temple de Balaat Goubal      8- Quartier préhistorique    9- Temple à escaliers et Grande Résidence       10- Vestiges proto-urbain       11- Source royale       12- Temple en L     
13- Temple aux Obélisques        14- Porte Nord-Est         15- Forteresse perse         16- Nymphée
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Voici plus de 7000 ans, au Néolithique, un groupe de pêcheurs créa un établissement primitif sur un promontoire en bordure de la Méditerranée. Cet établissement constitua l'embryon de la future Byblos. Les fouilles ont mis à jour à cet endroit des abris construits sur un bloc unique de pierre reposant sur un terrain de roches calcaires ainsi que de nombreux outils et armes de silex. Au quatrième millénaire avant notre ère, l'homme commença à façonner le cuivre, tout en continuant à utiliser les outils de pierre. En même temps, les rites funéraires évoluèrent; les morts furent ensevelis avec leurs objets personnels dans de grandes amphores de terre. Au début du troisième millénaire, les activités commerciales commencèrent à se développer à Byblos. Le bois des forêts voisines, en particulier le cèdre, était exporté en Égypte où il était utilisé pour la construction des navires, des temples et aussi dans certains rites funéraires. En échange du bois, Byblos importait de la vaisselle, des bijoux d'or, du granit ainsi que des papyrus et de la toile de lin. A la fin du troisième millénaire avant notre ère, alors que Byblos prospérait, elle fut envahie et saccagée par des tribus amorrites, des Sémites d'origine syrienne venus de Mésopotamie. Ultérieurement, les Amorrites reconstruisirent la cité et renouèrent les liens commerciaux avec l'Égypte. Les sépultures des rois de Byblos mettent en lumière la grande prospérité atteinte par la cité sous la domination amorrite. Vers la fin du second millénaire avant notre ère, des étrangers, connus sous le nom de "peuples de la mer", s'établirent sur les côtes méridionales du pays de Canaan; les Égyptiens appelaient "peuples de la mer" (ou du nord), des populations qui, poussées par une gigantesque onde migratoire coïncidant avec l'arrivée des Cimmériens dans les régions habitées par les Thraces (mer Égée), déferlèrent par voie terrestre et maritime sur l'Anatolie et la Méditerranée orientale au cours du 13ème siècle avant notre ère; des études récentes (2007), réalisées sur les bord de la mer Morte, laissent supposer que cette migration aurait pu être causée par la sécheresse qui sévissait au nord-est de la Méditerranée. Ces nouveaux-venus, qui menacèrent de destruction la civilisation égyptienne, apportèrent la science de la navigation aux futurs Phéniciens. Dans ce contexte, les scribes de Byblos inventèrent un nouveau système d'écriture, au moyen de symboles phonétiques, au lieu des méthodes traditionnelles cunéiformes et hiéroglyphiques. Cette véritable révolution de l'écriture fut adoptée ensuite par les Grecs puis par les Romains. Une des plus anciennes trace de cette révolution se trouve gravée sur le sarcophage du roi de Byblos Ahiram exposé au Musée national de Beyrouth. Pendant le premier millénaire avant notre ère, le commerce de la cité se consolida, en dépit des invasions réitérées des Assyriens, des Babyloniens et des Perses. Parmi les nombreux vestiges archéologiques trouvés sur le site on doit citer la forteresse perse (-550 à -330), dont les murs sont restés debout comme témoignage du puissant système de défense stratégique mis en place par les Perses en Méditerranée orientale. Après la conquête du territoire par Alexandre le Grand, durant la période hellénistique (-330 à -64), Byblos fut hellénisée comme les autres cités de la région. La société aristocratique adopta la langue et la culture grecque qui continuèrent à prédominer pendant la période suivante. Au milieu du premier siècle avant notre ère, Pompée conquit la région qui tomba pour plus de quatre siècles sous la domination romaine (-64 à 395); de nouveaux édifices, des temples, des bains publics et des rues transformèrent alors Byblos. Sous la période byzantine (395 à 637), les anciens édifices furent utilisés comme carrières pour la constructions de nouveaux bâtiments. Lors de l'arrivée des Arabes, en 637, Byblos était une petite ville tranquille dont le rôle commercial en déclin continua à se réduire jusqu'au 12ème siècle. En 1104, les Croisés arrivèrent et transformèrent la cité et ses environs en une région dépendant du comté de Tripoli (1109), administré par la famille génoise des Embriaci; c'est à cette époque que fut édifiée l'imposante forteresse avec des matériaux pris sur les constructions antiques. Sous les Mamelouks et les Ottomans, Byblos devint un petit bastion à demi peuplé. Au cours du temps, les sédiments accumulés sur le site se transformèrent en une sorte de terre-plein de douze mètres d'épaisseur sur lequel s'édifièrent maisons et jardins.  

Aucun site ne parle autant à l'imagination que l’antique Gebal. Considérée comme l'une des plus vieilles cités au monde, privilège qu'elle partage avec Jéricho, cette cité doit surtout sa renommée à la densité sur un même lieu de vestiges s'étalant sur plus de huit mille ans. Découverte en 1860 par Ernest Renan, lors d'une prospection française, Byblos fut fouillée entre 1921 et 1924, sous le mandat français, par l'égyptologue Pierre Montet. Maurice Dunand lui succéda en 1925, pour le compte de La Direction Générale des Antiquités du Liban, jusqu'en 1975, et parvint à mettre à jour une grande partie de l'histoire de la cité. Les fouilles archéologiques ont livré des objets de grande valeur illustrant la notoriété et la particularité de cette ville aux cours des âges. Les restes visibles aujourd'hui ne se présentent pas dans un ordre chronologique mais témoignent, malgré leur relative complexité, de presque toutes les phases d'occupation du site. 

Cette brève présentation sera complétée au fur et à mesure de la visite par les informations complémentaires que susciteront les fouilles archéologiques devant lesquelles nous passerons en suivant un itinéraire qui nous amènera, autant que faire se pourra, des vestiges les plus anciens au plus récents. 
 
Dès 6000 ans avant notre ère, au Néolithique, les premiers habitants, des agriculteurs-éleveurs, s'installent sur le promontoire qui domine la mer, les pentes plus éloignés servant à la culture ou étant couvertes de forêts. Nous examinons l'emplacement de leurs demeures depuis le perron d'une maison ottomane construite sur le site. Les premiers abris sommaires furent remplacés plus tard par des logis d'une seule cellule construits parfois à même la roche. Les sols, faits souvent d'une pierre calcaire unique, étaient constitués de radiers de cailloux, recouverts d'un enduit de chaux, polis à l'aide de gros galets, ce qui rendait leur surface extrêmement dure. Des logis à plusieurs cellules, pourvus de sols en terre battue, succédèrent à cette installation primitive. On peut encore voir les habitations monocellulaires du 5ème millénaire et deviner dans les fouilles les couches néolithiques inférieures. Au milieu du 4ème millénaire, le tell fut largement occupé par des habitations de forme rectangulaire aux angles arrondis; construites en pierres à dominante calcaire et en galets ramassés, ces maisons chalcolithiques avaient des sols en terre battue et étaient équipées de foyers et de silos dans les angles. Des constructions avec niches et chambres multiples paraissent avoir été édifiées à des fins religieuses. Un nombre important de jarres funéraires, réparties sur toute l'aire habitée, ont été mises à jour, livrant un mobilier mortuaire de qualité (céramiques, parures, armes, hameçons...). A la fin du 4ème millénaire, la ville s'entoura d'un rempart. A l'est et au sud-est des vestiges néolithiques on aperçoit quelques fondations de maisons du 3ème millénaire et de la période amorrite. 

Vers -3200, avec l'apparition des maisons en pierre, des temples furent construits. A cette époque, les Giblites abattaient déjà les cèdres des montagnes voisines. Située au carrefour de l'Égypte, de la Mésopotamie, de l'Anatolie et du monde égéen, Byblos s'enrichit, en particulier par le commerce du bois de cet arbre réputé. Les Égyptiens venaient se le procurer pour la construction de leurs temples et de leurs navires ainsi que dans certains rites funéraires comme on l'a déjà dit plus haut. Les récits de leurs scribes sous le pharaon Snefrou (vers -2650), mentionnant l'arrivée d'une quarantaine de bateaux transportant la précieuse cargaison, témoignent de l'importance des échanges. Les bateaux rapportaient du cuivre de Chypre, de l'ébène et de l'or du Soudan et du lapis-lazuli de Bactriane. Dès le début du 3ème millénaire, l'influence égyptienne était prépondérante et elle se maintint au long du 2ème millénaire. Les maisons de pierre avaient remplacé les abris de terre crue et de roseaux. Elles comportaient plusieurs pièces. A partir de 2800, les temples s'agrandirent. Une classe moyenne aisée commençait à émerger. Une telle prospérité ne manqua pas de susciter des convoitises et, au cours du temps, Byblos fut la victime de plusieurs invasion, à commencer par celle des Amorrites (-2150), un peuple nomade sémite probablement originaire de la région du Jebel Bisri, en Syrie méridionale, puis celle des Hyksos (-1750). Mais, en dépit de plusieurs destructions, les dominations successives, assyrienne, babylonienne, perse, grecque et enfin romaine, laissèrent à la ville une autonomie suffisante pour lui permettre de recouvrer sa prospérité, avant de commencer à décliner définitivement à l'époque byzantine, comme on l'a déjà dit plus haut.  
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Plan du Temple à escaliers et de la Grande Résidence
1- Escalier aux ancres   2- Canalisation   3- Cela   4- Hall médian   5- Pièces latérales 
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Le Temple à escaliers date des 3ème et 2ème millénaires. Ses fondations massives laissent deviner une cella carrée. Construit en hauteur, il dominait le site. Cinq ancres de navire sont utilisées dans la première marche de l'escalier d'accès. Ces ancres votives sont nombreuses à Byblos. Elles étaient déposées dans les temples où elles symbolisaient la protection divine nécessaire aux activités maritimes.  
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Les ancres de la première marche du temple
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Vers la fin du 3ème millénaire, de grands bâtiments aux murs épais de pierre calcaire blanche enduits de chaux se distinguèrent des autres constructions de la ville. Ils comportaient un hall central desservant de part et d'autre deux rangées de trois pièces. La toiture était supportée par des poteaux de bois reposant sur des bases de pierre disposées le long des murs et dans l'axe des pièces. La Grande Résidence (Grand Palais) en est un exemple exceptionnel par sa surface (900 m2) et le nombre de ses poteaux (environ 115 dont seuls 15 subsistent). Maurice Dunand considérait ces bâtiments comme les résidences de l'élite sociale; d'autres interprétations proposent d'y voir des magasins ou des entrepôts. 
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Reconstitution de la Grande Résidence
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Située dans une dépression naturelle, entre les deux collines du promontoire, la source s'est trouvée, dès l'origine, au centre de l'installation humaine. Dès le Néolithique, des chemins longeaient ce point d'eau bordé déjà par un temple à l'enceinte ovale démonté lors des fouilles. Les rues principales rayonnaient à partir de ce centre et les principaux temples de la cité, aux 3ème et 2ème millénaires, s'élèvaient à proximité. Profonde de 19 à 22 m, la source était protégée et maintenue accessible à toutes les périodes par des murs de soutènement, des escaliers en colimaçon et des chemins en spirale qui lui donnèrent peu à peu son aspect actuel de puits aménagé. Auprès de cette source, d'après Plutarque, écrivain grec du 2ème siècle de notre ère, les servantes du roi auraient rencontré la déesse Isis et l'auraient conduite au palais où elle aurait retrouvé le corps de son époux Osiris encastré dans un pilier. Le souvenir de ce point d'eau, le plus important de la cité, s'est conservé jusqu'à nos jours sous le nom de Source du Roi (Ain-el-Malak). 
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Reconstitution des maisons de la fin du 4ème millénaire
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A la fin du fin du 4ème millénaire, le site de Byblos connut une étape décisive de son évolution vers l'urbanisation dont témoignent des restes de demeures au sud de la Source du Roi; une de ces maisons comportait une niche à caractéristiques religieuses et une autre a conservé ses fondations érigées sur sept colonnes. A cette époque, l'habitat s'organisa en vastes enclos séparés par des espaces de circulation destinés à devenir les rues du Bronze ancien au 3ème millénaire. Dans chaque enclos, délimité par un mur et périphérique bas, de grandes unités rectangulaires (10 à 12 m de longueur) étaient disposées autour de cours. Les murs étaient en pierres plates de grès dunaire local (ramleh en arabe) posées obliquement en lits alternés d'où l'appellation "appareil en épi". Des appuis intermédiaires, constitués de poteaux de bois, supportaient la toiture. Les bases de pierres plates sur lesquelles reposaient les poteaux sont visibles au ras du sol. A l'extérieur, des espaces circulaires empierrés, représentent vraisemblablement des fondations de silos ou des plate-formes de battage des céréales. Ces vestiges témoignent manifestement d'une évolution importante des techniques de construction. 
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Plan du Temple en L
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Au 3ème millénaire, les temples se multiplièrent autour de la zone centrale occupée par la source et peut-être aussi par un lac sacré situé entre Temple en L et le Temple de Balaat Guba. Le Temple en L, qui tient son nom de sa forme, est l'un des plus ancien. Aucun indice ne renseigne sur la divinité à laquelle il était dédié. Un escalier et une entrée couverte donnaient accès à son avant-cour. A gauche, une porte conduisait dans la cour réservée aux prêtres, où se trouvaient trois cellae ou lieux-saints. Dans l'angle ouest de cette cour s'insèrait une cella annexe. L'extension au nord de l'avant-cour, datée de -2700, se composait de trois pièces consacrées aux activités du temple. La première comportait des banquettes et des cuvettes utilisées pour les purifications quotidiennes et les ablutions. Dans les deux autres ont été retrouvées des traces d'activités artisanales: fabrication de bijoux, de figurines et d'armes en bronze. A l'ouest de la cour, un bâtiment à hall central, aujourd'hui démonté, a pu servir de résidence à l'usage du clergé. A l'est, une étroite ruelle séparait le Temple en L d'un autre lieu du culte construit sur un tertre massif. Un incendie détruisit le Temple en L, ainsi que le reste de la ville, comme le révèlent les pierres calcinées proches du patio, vers 2300-2100 avant notre ère, sans doute lors de l'invasion amorrite.  
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Reconstitution du Temple en L
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Le Temple aux Obélisques qui lui succède a été déposé et fidèlement remonté à peu de distance par les archéologues. A l'origine, ce temple était édifié au-dessus du Temple en L. Il fut déplacé jusqu'à son emplacement actuel afin de découvrir son infrastructure. Les petits obélisques trouvés dans ce temple étaient des offrandes, l'obélisque principal (baetyl) étant supposé représenter le dieu du temple. De grandes quantités de statuettes de bronze plaqué d'or ont été découvertes en ces lieux. Elles sont maintenant exposées au Musée national de Beyrouth. 
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Plan de la Porte Nord-Est
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Les remparts linéaires de l'Âge du Bronze (-2500) se prolongent à l'est en arc-de-cercle jusqu'à la falaise maritime qui offrait une protection naturelle au sud. Pourvus, comme au nord de la ville, de glacis extérieurs superposés et revêtus de pierres, ils atteignaient une largeur de près de 30 m à la fin du 3ème millénaire. La Porte Nord-Est, ou porte terrestre du Bronze ancien (-2700), traversait l'épaisseur des remparts et formait un couloir de 18 m de long et de 4,6 m de large, à gauche du château des Croisés. A ses deux extrémités, la porte était fermée par une menuiserie à deux ventaux. Le passage était renforcé par une série de cadres massifs en bois destinés à reprendre les poussées des parois latérales et les charges de la couverture. Les rainures, visibles au niveau du sol et des parois, sont les seules traces de ce dispositif. La couleur rougeâtre de la pierre témoigne des ravages de l'incendie qui détruisit la cité vers 2300-2100 avant notre ère (invasion amorite?). 

Sous la domination perse, à partir du milieu du 1er millénaire avant notre ère, Byblos profita des circuits commerciaux de l'immense empire qu'ils avaient conquis. Les Perses édifièrent une forteresse au nord-est des remparts de la ville. Byblos, fatiguée de leur joug, se rallia sans réticence aux Grecs d'Alexandre le Grand, en -330, puis aux Romains de Pompée, en -64. L'empire romain agrandit la cité, la modernisa et l'embellit de nouveaux monuments. A partir des périodes perse et grecque, elle était devenu le centre du culte d'Adonis, version grecque du dieu babylonien Tammuz, et elle fut aussi reconnue comme le berceau de la culture du monde antique. 

Tronçon subsistant d'une voie romaine qui traversait la cité, mais dont la plus grande partie se trouve en dehors des remparts, une colonnade de fûts en granit d'Égypte surmontés de chapiteaux corinthiens a été dégagée par les archéologues. Elle conduisait au Temple de Balaat Goubal, la Dame de Byblos, construit vers -2700, à une époque où d'étroites relations existaient entre l'Égypte et Byblos. Les rites d'origine s'y déroulèrent jusqu'à la période romaine, bien que le bâtiment ait été rénové et remodelé à plusieurs reprises. Les Romains y construisirent ensuite un temple de style classique. 

Une carrière de pierre amorrite s'ouvre entre le Temple de Balaat Goubal et un vaste espace pré-amorrite. 
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Reconstitution du théâtre romain
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Daté du début du 3ème siècle de notre ère, le théâtre romain a été déplacé pour les besoins de la fouille. Il se trouvait entre le Temple en L et l'emplacement actuel du Temple des Obélisques et il a été démonté et transporté à sa place actuelle dans le but d'en examiner l'architecture. Il ne lui reste plus que le tiers de sa superficie et seulement cinq des trente gradins d'origine par suite du réemploi de ses blocs de pierre. Le décor de la scène comporte des frontons supportés par des colonnettes à chapiteau corinthien. Un petit autel est situé à l'avant de l'orchestre. Des galets noirs, au milieu de l'orchestre, précisent l'emplacement d'une mosaïque conservée aujourd'hui au Musée national de Beyrouth, laquelle représentait Bacchus dieu de la vigne et du vin. 

Au nord du théâtre romain sont exhibés quelques vestiges rococo trouvés dans les fouilles de Byblos. 
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Présentation schématique des tombeaux
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En 1922, l'effondrement accidentel de la falaise maritime mit au jour la nécropole royale. Partiellement pillée dans l'Antiquité, elle a cependant livré un mobilier funéraire très riche qui accompagnait les rois de Byblos dans l'éternité. En usage au 2ème et au début du 1er millénaire, cette nécropole se compose de neuf tombes à puits creusées dans la falaise. De section carrée et de 9 à 12 m de profondeur, chaque puits donnait accès à une chambre où était placé le sarcophage taillé dans un bloc monolithique de pierre polie. Les tombes 1 et 2, reliées par un passage souterrain, abritaient les dépouilles du roi Abi Chemou et de son fils Ip Chemou Abi contemporains de la 12ème dynastie égyptienne (-1990 à -1880). Ils étaient enterrés avec leurs armes et leurs bijoux dont certains étaient des cadeaux des pharaons. La tombe 5 abritait le sarcophage d'Ahiram (-1000), qui se trouve maintenant au Musée national de Beyrouth et qui est célèbre pour son inscription en écriture phénicienne linéaire qui est la plus ancienne inscription alphabétique connue; comme on l'a déjà dit plus haut, le nom de Byblos, d'origine grecque, signifiait papyrus, mais aussi par extension livre, et on pense donc que la ville le tient du fait que l'écriture alphabétique fut découverte par les Phéniciens. Les tombes royales avaient beau être enfouies profondément sous terre, à l'abri du regard des gens du commun, cela ne les protégea pas des violeurs de sépultures, pas plus que les malédictions adressées à ces derniers sur le sarcophage d'Ahiram. La plupart des sépultures avaient déjà été violées et vidées de leur contenu lors de leur inspection par les archéologues. 

Le quartier d'habitation du nord illustre les premières étapes de l'urbanisation de Byblos au début du Bronze ancien (-2990 à - 2700). Situé au pied de la colline et sur un terrain en pente vers le port, il fut d'abord limité par le premier rempart linéaire construit en grès dunaire vers -2900. Il était percé d'une porte vers laquelle convergeaient des rues étroites. Les maisons étaient groupées en îlots serrés comportant des pièces principales, des pièces secondaires et des cours intérieures. A l'ouest du château, s'élèvent des murailles à redans (saillies régulières) et une esplanade. Les murs antiques à redans remontent au troisième millénaire (-2700) tandis que l'esplanade de roches gigantesques sont de l'époque des Hiksos, au commencement du second millénaire. Lors de la construction de ce rempart à redans, la porte initiale fut abandonnée et remplacée par une nouvelle issue au nord-ouest. Une rue périphérique longeait le rempart et des habitations nouvelles plus vastes se superposèrent aux anciennes. Dans la plupart des cas, les toitures étaient supportées par des piliers de bois dressés le long des murs lesquels piliers reposaient sur des bases de pierre dont certaines sont encore en place. A la fin du 1er millénaire, le niveau de la ville s'éleva par le processus naturel de démolition et de reconstruction jusqu'à atteindre celui des remparts. 

A proximité du coin nord-est du château, se trouve une source d'eau romaine. Tous les chemins qui menaient depuis le nord à la Byblos romaine convergeaient sur la place devant le château laquelle était décorées de fontaines et de statues (Nymphée). 
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Plan du Château des Croisés
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En 1104 les Croisés conquirent Byblos qu'ils nommèrent Giblet. La cité, qui avait perdu son lustre d'antan, n'était plus alors qu'un gros bourg qui releva du comté de Tripoli. Elle fut fortifiée et une citadelle y fut construite. Adossée à la mer, la ville médiévale occupait une surface relativement réduite. Une partie des remparts est assez bien conservée. Mais ce qui offre le plus d'intérêt, c'est le Château des Croisés qui dégage une impression de puissance. Élevée sur les vestiges des remparts de la ville antique, et sur une ancienne fortification fatimide, à l'angle sud-est de la ville médiévale, cette citadelle est entourée de douves de 10 m de large enjambées par un pont menant à la porte principale. Une herse, grille en bois coulissante, et des mâchicoulis servaient de protection. Quatre tours crénelées placées aux angles et reliées entre elles par des courtines percées d'archères constituaient la seconde ligne de défense. Une cinquième tour avancée se détachait entre les deux tours du nord. Un imposant donjon central de 18 par 22 m de côté, avec des murs atteignant 4 m d'épaisseur, servait de résidence au seigneur des lieux et de dernier refuge aux assiégés. Les Croisés employèrent en grande partie les blocs à bossage ainsi que les colonnes de l'époque classique en les insérant en boutisse dans les murs afin de les renforcer. Saladin la reprit en 1187; elle retomba sous domination franque en 1199 puis fut enlevée en par le sultan Baïbars en 1266. La citadelle subit plusieurs destructions et des remaniements visibles surtout dans ses parties supérieures. Ces remaniements sont attribués aux Mamelouks et aux Ottomans qui se succédèrent après le départ des Croisés. Un examen attentif permet de retrouver les traces de la construction fatimide parmi celle des Croisés et les ajouts ultérieurs des Mamelouks et des Ottomans. A la fin du 19ème siècle, le château abritait une garnison turque et il continuait à jouer un rôle militaire, mais à une moindre échelle que par le passé. Après la visite des fouilles archéologiques, l'accès sur la terrasse du château permet d'avoir une vue panoramique du site antique et de la ville moderne. 

Byblos fut dotée par les Croisés d'une cathédrale romane à trois absides qui est maintenant l'église Saint-Jean Baptiste (ou Saint Jean Marc?) . Le baptistère d'une grande originalité est d'influence italienne; l'église a d'ailleurs été construite par les Génois. Dans un espace herbeux, devant cet église, on peut admirer les restes de deux mosaïques. 

Byblos n'offre pas qu'un intérêt archéologique. La ville est pleine de charme avec son vieux port, qui se découpe sur une mer bleue à faire rêver, et ses églises anciennes contrastant avec les modernes façades de verre et de béton. Autour du port, hôtels, restaurants et cafés, dans des jardins calmes, attirent les touristes et les visiteurs libanais. Il existe même une plage de sable clair dans une petite baie. Une promenade à travers les ruelles, pavées de galets ou de larges dalles et bordées de magasins, offre la possibilité de se familiariser avec la vie locale et de jouir de la traditionnelle hospitalité libanaise. Il est agréable d'y flâner, d'une échoppe colorée à l'autre, dans des endroits calme où le temps paraît s'être arrêté. Dans une boutique, donnant sur une ruelle creusée en son milieu d'une rigole, on découvrira, par exemple, de nombreux fossiles de poissons trouvés dans la région, notamment dans le village de Hakel particulièrement riche en vestiges de ce genre. Un passage au musée de cire complétera le circuit par un aperçu de la vie dans la campagne environnante. 

Signalons enfin la voie romaine judicieusement préservée au centre de l'avenue d'un quartier moderne. 

Notre séjour au Liban touche à sa fin. Nous prenons la route en direction du nord, vers la Syrie. Au passage, notre guide libanaise nous montre une ville où des combats violents opposèrent ces dernières années l'armée libanaise à des islamistes dans des camps de réfugiés palestiniens (voir la chronologie historique ici). 


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