L'histoire du Liban commence a une époque
très reculée. Pendant une grande partie de la période
historique, elle se confond avec l'histoire des pays voisins, toute la
région faisant partie de l'empire ottoman. Ce n'est qu'après
la Première guerre mondiale, à l'époque du mandat
français, par suite du démembrement de l'empire ottoman,
que le Liban moderne voit le jour, non sans opposition notamment de ses
voisins syriens.
Le Liban est constitué de quelques
étroites plaines côtières et de zones montagneuses
escarpées. Où que l'on y soit, on n'est jamais loin de la
mer et toujours proche des montagnes de sorte que l'on peut s'y baigner
le matin et y skier l'après-midi. Les plaines côtières
sont naturellement tournées vers le large et les zones montagneuses
sont adossées à un vaste arrière-pays où se
formèrent des empires. Cette topographie originale doit être
gardée en tête car elle explique en partie l'histoire du pays.
La Préhistoire
-1000000 à -150000: Paléolithique
inférieur: outils rudimentaires d'éclats
de pierre.
-150000 à -40000: Paléolithique
moyen: racloirs, burins et pointes de flèches
plus élaborés.
-40000 à -18000: Paléolithique
supérieur: poursuite de l'affinage
des technique de la pierre taillée.
-18000 à -9000: Épipaléolithique:
fabrication d'objets de pierre taillée de plus en plus petits. Le
réchauffement climatique permet la vie au grand air.
-9000 à -4000: Néolithique:
avènement de l'économie agro-pastorale qui succède
à la cueillette et à la chasse; domestication des animaux.
Début de sédentarisation. Invention de la céramique.
-7500: apparition de villages dans la plaine
de la Békaa.
-6000: naissance de Byblos.
5ème et 4ème millénaire
avant notre ère: Chalcolithique:
apparition d'une organisation sociale hiérarchisée.
-3500: les Cananéens, des sémites,
s'établissent dans la région.
-3200 à -2000: Bronze
inférieur: les outils en bronze commence
à remplacer les outils en pierre; développement d'une civilisation
urbaine; fortifications des cités; commerce avec l'Égypte
et les contrées de l'intérieur (Syrie, Mésopotamie,
Palestine); apparition de la technique de fabrication du verre. Fondation
de Beyrouth; invention de l'écriture cunéiforme.
-2150: invasion de peuples sémites
venant de l'intérieur des terres: les Amorites.
-2000 à -1500: Bronze
moyen: invasion des Hyksos (-1750).
-1500 à -1200: Bonze
supérieur. Les Cananéens sont
appelés Phéniciens.
Vers la fin du second millénaire, les
"peuples de la mer" venus du nord-est déferlent au sud du pays de
Canaan peut-être poussés par la sécheresse; ils apportent
aux Phéniciens la science de la navigation.
L'Antiquité:
-1200 à -333: Âge
du Fer: invasions assyrienne, babylonienne
et perse; apogée de la civilisation phénicienne, expansion
maritime; invention et propagation de l'écriture alphabétique.
L'architecture est profondément marquée par l'influence des
empires dominants.
9ème siècle: une colonie phénicienne
est établie à Chypre.
-814: création de Carthage. D'autres
colonies phéniciennes s'établissent au cours du temps à
Malte, en Sicile, en Sardaigne, en Tunisie (Thapsus, Hadrumète),
en Espagne (Cadix, Ibiza), le pays des métaux et des richesses (l'or
et l'argent), et jusqu'en Bretagne et en Cornouaille où se trouvent
des mines d'étain.
-668 à -627: prépondérance
assyrienne.
-627 à -550: prépondérance
néo-babylonienne.
-550 à -330: prépondérance
perse.
-333 à -64: période
hellénistique consécutive aux
conquêtes d'Alexandre le Grand. Le Liban (Phénicie) tombe
sous la domination mouvementée des Séleucides. La civilisation
grecque se répand au Moyen-Orient.
Au 2ème siècle avant notre ère,
Antiochus III s'attire les foudres de Rome en intervenant en Thrace et
en accueillant Hannibal, le farouche et lointain héritier des Tyriens,
fondateurs de Carthage.
-140: Beyrouth est détruite par un incendie
pendant la guerre séleucide entre Antiochus VII et Tryphon; elle
reste en ruines pendant un siècle.
-64 à 395: période
romaine consécutive aux conquêtes
de Pompée. Important développement urbain et économique
(verre, tissus, céramique et bijouterie). Les échanges commerciaux
sont facilités par la paix romaine. Le Liban reste sous l'influence
de la culture grecque. Rome n'impose
pas à ses colonies sa religion; au contraire, il fait de la tolérance
un des moyens de sa politique; d'ailleurs, la religion romaine et les religions
du Moyen-Orient ont des points communs; ces dernières se sont éloignées
depuis longtemps de celle de Carthage : les Phéniciens ne pratiquent
plus la prostitution sacrée ni le sacrifice rituel des premiers
fils nés en les faisant brûler; il est facile d'assimiler
les retrouvailles d'Astarté et d'Echmoun, célébration
de la renaissance annuelle de la végétation, avec celles
d'Astarté de d'Adonis de Byblos, ou le culte phrygien de Cybèle
et d'Attis qui ont déjà essaimé à Rome; Astarté
peut être comparée à Aphrodite, et le dieu Melquart
de Tyr associé à Héraclès; Haddad, le dieu
solaire, maître du tonnerre et des montagnes, trouve son homologue
en Jupiter.
395 à 635: période
byzantine: le Liban (Phénicie), rattaché
à l'empire romain d'Orient, se christianise. Développement
de l'agriculture (huile, vin) et des industries de la soie, du verre et
de la pourpre. L'école de droit de Beyrouth
jouit d'une grande renommée. Des chrétiens dont l'origine
reste mystérieuse, les Mardaïtes, sont utilisé par l'empereur
de Constantinople, pour lutter contre l'expansion musulmane.
551: un séisme accompagné d'un
raz-de-marée détruit Beyrouth.
560: un incendie finit de détruire
ce qui restait de Beyrouth.
635 à 1099: période
de domination musulmane assez mouvementée
(Omeyyades (661-750), Abbassides (750-969), Fatimides (969-1171), Ayyoubides
(1170-1260)) et perturbée par les intermèdes sedjoukide (1092)
et croisé. Développement de l'agriculture grâce à
l'irrigation. Reconstruction des cités, ports et chantiers navals.
Des temples antiques (Baalbek) sont convertis
en forteresses. L'Islam se propage; l'arabe devient la langue administrative
et remplace peu à peu les dialectes locaux. La nouvelle religion
se montre d'abord relativement tolérante; au Liban, elle est d'abord
plutôt chiite. Des chrétiens, en particulier des maronites,
chassés pourtant de Syrie, se réfugient dans la montagne
libanaise; les Mardaïtes constituent même un État indépendant
qui s'oppose à l'expansion islamiste jusque après la fin
des Croisades. Au 11ème siècle, la communauté musulmane
dissidente druze trouve également refuge dans la montagne libanaise.
Les Croisades
1099 à 1289: occupation croisée;
construction de châteaux forts. Deux entités politiques sont
créées: au nord le comté de Tripoli et au sud le royaume
de Jérusalem. Cette tentative de reconquête religieuse des
lieux saints exacerbe les rivalités religieuses.
1104: les Croisés s'emparent de Byblos.
1109: le comté de Tripoli est administré
par la famille génoise des Embriaci.
1120: la famille Maan arrive de Syrie pour
lutter contre les Croisés.
1170-1172: Les Chehab, des nobles libanais,
luttent victorieusement contre les Croisés. Ils obtiennent comme
fief la région de la Bekaa jusqu'à Safed.
1182 à 1230: le neveu de Saladin (Ayyoubide)
est gouverneur de Baalbek.
1187: Saladin conquiert Beyrouth et Byblos.
1197: Beyrouth est reprise par les Croisés.
1199: Byblos est reprise par les Croisés.
1250 à 1253: Saint-Louis consolide
la place forte de Sidon avant de rentrer en France depuis Tyr.
1260: invasion mongole.
Les Mamelouks et l'empire ottoman
1289-1516: période
mamelouke.
1291: Beyrouth est assiégée
par les Mamelouks.
1516 à 1919: domination
ottomane. Les Ottomans écartent du
pouvoir les Mamelouks et s'emparent d'un pays dont la côte, fortement
urbanisée depuis l'Antiquité (Beyrouth, Tyr, Saida et Tripoli),
contraste avec une montagne divisée en clans qu'opposent des religions
différentes. Face à cette situation difficile, l'empire renonce
à l'exercice direct de l'autorité et accepte de laisser aux
montagnards une certaine autonomie dans le cadre d'un émirat. Les
sunnites deviennent prépondérants dans la région côtière.
Les maronites et les Druzes tiennent la montagne.
1536: sous François 1er, la France
devient la protectrice des populations catholiques de l'empire ottoman;
ouverture d'un consulat de France à Tripoli. Le statut particulier
de la France favorise l'envoi de missions d'évangélisation
et l'ouverture d'écoles françaises. Cependant l'italien reste
la langue étrangère la plus parlée sur la côte
en raison de l'influence des commerçants génois et vénitiens
jusqu'au 17ème siècle.
1544 à 1697: la montagne libanaise
est sous le contrôle de la famille Maan, de confession druze, reconnue
par les maronites comme par les Druzes.
1549: ouverture d'un consulat de France à
Beyrouth.
1635: Fakhr-al-Din II, de la famille Maan,
devenu trop puissant et qui complote avec le duc de Toscane, est exécuté
à Istanbul.
23 juin 1772: la flotte russe de Catherine
II débarque des canons sur la Place de Beyrouth pour intimider la
population.
1698 à 1841: la montagne libanaise
passe sous le contrôle de la dynastie des Chehab, des sunnites jugés
trop tolérants à l'égard des chrétiens, qui
sont pratiquement autonomes dans un cadre voisin du féodalisme.
Djezzar Pacha (1720-1804), un mamelouk, est maître de Beyrouth. C'est
lui qui luttera victorieusement à Saint Jean d'Acre contre Bonaparte.
La campagne d'Égypte et de Syrie du général français
marque le début d'une rivalité entre la France et l'Angleterre
qui durera tout au long du 19ème siècle. Les Chehab, d'abord
alliés aux Druzes, se mettent du côté des maronites,
après avoir fait assassiner le chef druze Bachir Joumblatt
dont la puissance leur portait ombrage.
1790 à 1840: Bechir II Chehab gouverne
le Liban avec l'aval initial de Djezzar Pacha. Il s'allie au pacha d'Egypte
Méhémet Ali qui tente de conquérir la Syrie. Son règne
s'achève par suite d'une insurrection populaire contre son despotisme
et sa lourde fiscalité avec, comme arrière-plan, des intrigues
occidentales. Méhémet Ali, soutenu par la France, est sommé
par la Grande-Bretagne, la Prusse, l'Autriche et la Russie, d'abandonner
ses conquêtes syriennes. La flotte coalisée bombarde Beyrouth,
débarque des troupes au Liban et aide la rébellion à
déposer Béchir II qui est exilé à Malte.
1840 à 1860: affrontements entre Druzes
et maronites dans la montagne libanaise; ces affrontements sont la conséquence
directe des événements précédents et de la
montée en puissance des maronites qui contestent la domination druze.
Les communautés cherchent l'appui des grandes puissances; la France
devient la protectrice des maronites et l'Angleterre celle des Druzes.
La région montagneuse centrale forme un Petit-Liban où les
influences françaises et britanniques se contrebalancent tandis
que le sud (Tyr) et le nord (Tripoli) sont maintenus dans la province ottomane
de Syrie.
1845-1850: le projet de l'installation d'une
colonie libanaise chrétienne en Algérie est étudiée
mais il restera sans suite.
1860: découverte de Byblos
par Ernest Renan. Le conflit intercommunautaire entraîne des massacres
qui servent de prétexte à une intervention de Napoléon
III au Liban.
1861: les grands pays occidentaux s'entendent
pour doter le Mont-Liban d'une nouvelle organisation politique basée
sur la représentation des 6 principales communautés confessionnelles;
une province autonome du Mont-Liban est créée dans le cadre
de l'empire ottoman.
1868: succès du poème d'Al Yazigi,
philosophe, journaliste et poète nationaliste libanais (1847-1906):
"Ô Arabes, réveillez-vous, il est temps d'être libre."
1876: émigration syro-libanaise vers
l'Égypte.
1879: premiers conseils municipaux élus
au Liban (notamment à Jounieh).
1880 à 1914: la croissance démographique
et une crise de la sériciculture entraîne une importante vague
d'émigration vers les Amériques.
.
Un saint maronite libanais
Le 15 avril 1899, la tombe du
père maronite Charbel Makhlouf est ouverte et, à la stupéfaction
de l'assistance, on s'aperçoit qu'un liquide ayant la couleur et
l'apparence du sang suinte du cadavre. Le père, un ermite, est mort
en odeur de sainteté en décembre de l'année précédente,
la veille de Noël. De son vivant, il affectait une grande piété
et son supérieur s'était aperçu, non sans étonnement,
que la modeste lampe avec laquelle il s'éclairait fonctionnait à
l'eau plutôt qu'à l'huile. Quelques temps après ses
obsèques, une lumière entoura sa sépulture d'où
émanait une suave odeur de fleurs, ce qui motiva l'inspection du
tombeau. En 1900, on expose le corps au soleil afin de le dessécher,
après l'avoir éviscéré. Rien n'y fait; le cadavre
continue à suinter et ainsi sans interruption jusqu'en 1927, année
où on l'inhume à nouveau. La réouverture du cercueil,
au milieu du 20ème siècle, permet de constater la poursuite
de cet étrange phénomène qui aurait ainsi livré
plus de 20 litres de liquide selon les calculs d'un médecin! Dans
le même temps, plusieurs guérisons miraculeuses de pèlerins
venus dans la crypte où repose le saint auraient été
constatées. |
.
1905: Négib Azoury, après avoir
fondé la "Ligue de la Patrie arabe", à Paris, publie
"Le réveil de la nation arabe dans l'Asie turque" et crée
la revue "l'indépendance arabe" (1907-1908).
1908: les "Jeunes Turcs" arrivent au pouvoir
en Turquie. Partisans d'un ultra-nationalisme
sectaire, inspiré du principe des nationalités, ils contribuent
à accentuer la volonté des Arabes de secouer le joug d'un
empire ottoman d'autant plus pesant que cet empire est en décomposition
depuis le début du 19ème siècle. Suivant leurs intérêts
du moment, au cours du siècle, les Ocidentaux, la France et l'Angleterre
étant parfois alliées et d'autrefois rivales, luttent contre
l'empire ottoman (indépendance de la Grèce, et des puissances
balkaniques), soutiennent son intégrité (guerre de Syrie
contre le Pacha d'Egypte, Méhémet Ali, guerre de Crimée),
ou mettent la mains sur des territoires sous influence ottomane (conquête
de l'Algérie, protectorat sur la Tunisie, conquête de la Libye
par les Italiens). Parallèlement, un mouvement de renaissance arabe
voit le jour; ce mouvement comporte un courant fondamentaliste qui estime
que l'empire ottoman a trahi l'Islam et qu'il faut en revenir aux fondamentaux
: il s'incarnera essentiellement dans le wahhabisme saoudien; un second
courant, plus modéré, ne remet pas en cause l'appartenance
à l'empire par solidarité musulmane, mais il pèse
bien peu dans la balance; le troisième courant, présent surtout
dans les pays à fortes minorités chrétiennes (Liban
et Syrie) penche vers les idées de liberté, d'égalité
et d'indépendance.
1911: fondation à Paris d'Al-Fatat
(Jeune société arabe) qui milite pour l'indépendance
des Arabes. Ses membres sont essentiellement des intellectuels syriens.
La Grande Guerre et la naissance
du Grand Liban
1914: la Turquie appelle les peuples musulmans
au djihad contre les puissances alliées. La France et l'Angleterre
se sentent menacées dans leurs colonies. La diplomatie alliée,
surtout celle de Londres, réplique en tentant de nouer des liens
avec les Arabes du Moyen Orient dans un contexte, on l'a vu, favorable,
car la propagande ottomane trouve de moins en moins de prise sur le monde
arabe. Les alliés présentent le pouvoir ottoman comme le
quasi vassal d'une Allemagne non musulmane belliqueuse et expansionniste.
1915: Le 25 avril, les alliés (Français
et Britanniques) débarquent sur le sol turc à Gallipoli.
Ils frappent le Liban d'embargo. Les Anglais entraînent les Arabes
dans la lutte contre l'empire ottoman, allié des empires centraux,
en leur promettant la création d'un Royaume arabe indépendant
sous juridiction hachémite.
1915-1918: une famine provoquée par
une invasion de sauterelles, l'embargo imposé par les alliés
et les spéculations sur le grain de grandes familles bourgeoises
décime la population du Mont Liban; un tiers de la population (180000
personnes) en est victime.
1916: par suite des difficultés économiques,
la population de Beyrouth se soulève ce qui entraîne une réaction
turque qui se solde par plusieurs pendaisons de chrétiens et de
musulmans (martyrs du 6 mai), notamment celle du curé Yûsuf
al Hâyik, exécuté à Damas parce que son fils
combattait dans la Légion étrangère; ce ne sera pas
le seul Levantin à s'être battu dans les rangs français
pendant les deux guerres mondiales. L'accord Sykes-Picot (16 mai) prévoit
le partage de l'empire ottoman entre la France et la Grande-Bretagne, avec
l'aval de l'Italie et de la Russie tsariste, à l'issue des hostilités;
cet accord secret entre en contradiction avec la promesse faite aux Arabes
d'un grand royaume indépendant. Le 15 juin, la révolte arabe
contre l'empire ottoman débute, fomentée par Mac Mahon, haut-commissaire
britannique au Caire, en relation avec Ben Ali, Chérif de la Mecque,
depuis juillet 1915, et par Sir Edward Lawrence, un agent des services
secrets anglais.
1919: à la conférence de la
paix les délégués de la Syrie et du Liban présentent
des revendications contradictoires. La Syrie refuse de passer sous
juridiction hachémite et réclame le maintien de son unité
(la Palestine et un Liban autonome compris) avec le concours de la France
qui protège traditionnellement les chrétiens d'Orient. Les
Libanais réclament la création d'un Grand Liban, protégé
par la France ou indépendant.
1920: création d'un Grand Liban placé
sous mandat français avec Beyrouth pour capitale: la Syrie est privée
de Tripoli et de la plaine de la Békaa. Cette solution est imposée
par la force à la Syrie qui a pris les armes pour appuyer son point
de vue.
1925: la révolte druze de Syrie se
propage au sud-est du Liban (une petite
vidéo d'images fixes sur le Levant à cette époque
est ici).
1926: le français et l'arabe sont reconnus
comme langues officielles du Liban qui devient la République libanaise
constituée sur la base d'un communautarisme confessionnel.
1930: le médecin d'origine égyptienne
Georges Samna, qui exerce à Paris, où il fréquente
les milieux diplomatique, consigne la teneur d'un entretien avec le roi
Fayçal 1er d'Irak. Il en ressort que les litiges du royaume avec
la France portent sur trois points: la frontière des pays sous mandats,
le partage des eaux de l'Euphrate et l'acheminement du pétrole irakien.
En réalité, le souverain irakien, chassé de Syrie
par les Français, n'a pas complètement renoncé à
régner sur un vaste territoire qui engloberait la Syrie, le Liban
et l'Irak; d'autre part, la rivalité entre la France et l'Angleterre
au Moyen-Orient, bien qu'elle reste feutrée, n'en est pas moins
bien réelle; enfin, la France utilise la séparation du Liban
et de la Syrie pour mieux asseoir son influence dans la région.
Toutes ces questions resurgiront ultérieurement.
La Seconde Guerre mondiale
1940: le Liban est sous le contrôle du
gouvernement de Vichy.
1941: les Forces Françaises Libres
prennent le contrôle du Liban avec l'aide des Britanniques. La Grande-Bretagne
occupe les deux tiers du pays.
1943: conflit entre le gouverneur français
et le gouvernement libanais, deux indépendantistes, Béchara
el-Khoury et Riyad es-Solh étant respectivement président
de la République et Premier ministre; les autorités libanaises,
emprisonnées, sont rapidement libérées sur intervention
des Britanniques; la France humiliée se résigne à
l'inévitable et le Liban accède à l'indépendance.
Par un Pacte national la liberté religieuse est maintenue, les chrétiens
renoncent à la protection française et les musulmans au rêve
d'une Grande Syrie; en fait, ce pacte organise la suprématie conjointe
des maronites et des sunnites au détriment notamment des Druzes.
Le français perd son statut de langue officielle mais le Liban continue
à faire partie de la francophonie.
1946: les dernières troupes françaises
quittent le Liban.
Le Liban indépendant
18 septembre 1952: démission du président
Béchara el-Khoury, artisan de l'indépendance et du Pacte
national, qui ne résiste pas à l'insurrection menée
par le chef druze Kamal Joumblatt contre la corruption du régime.
Camille Chamoun est élu président de la République.
Loin de respecter le fragile équilibre des forces, le nouveau président
accroît ses pouvoirs et prend ouvertement partie pour l'Occident
dans le contexte de la guerre froide.
1956: Camille Chamoun refuse de soutenir l'Égypte
de Nasser opposée à la France et à l'Angleterre à
propos du canal de Suez.
1er février 1958: création de
la République arabe unie par l'Égypte et la Syrie. Le vieux
rêve d'unification du monde arabe refait surface.
Mai 1958: une guerre civile oppose les partisans
et les adversaires du président Chamoun dans les montagnes du pays.
15 juillet 1958: débarquement des marines
américains à Beyrouth, à la demande de Camille Chamoun.
Après quelques semaines de combats, le général Fouad
Chehab, chef de l'armée, lui succède. Le nouveau président
se réconcilie avec Nasser et joue les médiateurs entre les
États arabes.
31 décembre 1961: tentative avortée
de putsch contre Chehab de la part du parti social nationaliste syrien.
1966 à 1975: le conflit israélo-palestinien
empoisonne la vie libanaise. Les chrétiens conservateurs inquiets
se rapprochent de l'Occident tandis que les musulmans progressistes épousent
la cause palestinienne; des affrontements opposent la phalange chrétienne
aux fedayins.
1967: Guerre des Six Jours. Les Palestiniens
se manifestent au sud du Liban.
Octobre 1969: crise sérieuse entre
l'État libanais et la résistance palestinienne.
Novembre 1969: l'armée libanaise tente
vainement de prendre le contrôle des camps palestiniens; la présence
de la résistance palestinienne dans les camps du sud est légalisée
par les accords du Caire.
1970: septembre noir. Chassés de Jordanie,
les Palestiniens se réfugient en grand nombre au Liban. Ce pays
devient l'otage du conflit israélo-palestinien.
Avril 1973: opération militaire israélienne
à Beyrouth et assassinat de trois importants dirigeants de l'Organisation
de Libération de la Palestine.
La guerre civile
1975-1991: Beyrouth est la proie d'une sanglante
guerre civile. Au cours de cette guerre, Soleiman Frangié, crée
une Brigade Marada qui se réclame des Mardaïtes.
13 avril 1975: la guerre civile commence par
deux incidents graves: le matin, des tirs font deux morts lors de l'inauguration
d'une église par Pierre Gemayel; l'après-midi, l'attaque
d'un bus par les phalangistes tue 27 travailleurs palestiniens.
Janvier 1976: à la demande de dirigeants
maronites, la Syrie s'introduit dans le jeu des factions libanaises.
Juin 1976: intervention massive de l'armée
syrienne au Liban contre l'OLP et le Mouvement national libanais.
14 mars 1978: Israël envahit le Sud-Liban
(opération Litani).
juillet 1981: guerre israélo-palestinienne
à la frontière libanaise. Beyrouth est bombardée.
6 juin 1982: début de l'invasion du
Liban par l'armée israélienne (opération paix en Galilée);
les Israéliens assiègent Beyrouth, soumettent la ville à
un sévère blocus et affrontent l'armée syrienne dans
la plaine de la Békaa. Une force internationale est envoyée
à Beyrouth.
Août 1982: élection de Béchir
Gemayel à la présidence de la république; début
d'évacuation de Beyrouth par l'OLP sous la protection d'une force
multinationale.
14 septembre 1982: assassinat de Bechir Gemayel
par un membre du parti social nationaliste syrien. Entrée des Israéliens
à Beyrouth-Ouest. Massacres dans les camps palestiniens de Sabra
et Chatila perpétrés par des partisans du président
assassiné.
21 septembre 1982: élection d'Amine
Gemayel, frère de Béchir, à la présidence du
Liban.
Avril 1983: un attentat contre l'ambassade
américaine tue 63 personnes et en blesse 100 autres.
17 mai 1983: accord de paix libano-israélien.
Août-septembre 1983: regain de la guerre
civile dans les montagnes du Liban. Les socialistes druzes de Walid Joumblatt
prennent le contrôle de Chouf d'où les chrétiens sont
chassés.
23 octobre 1983: des attentats suicides causent
la mort de 241 marines et 58 militaires français.
Février 1984: prise de Beyrouth-Ouest
par le front de l'opposition (la milice chiite d'Amal et les partis de
gauche). Les marines américains, suivis par les contingents britannique
et italien, se retirent.
1er avril 1984 : départ des soldats
de la Force multinationale.
16 mai 1984: formation à Beyrouth d'un
gouvernement d'union nationale.
1985-1988: tentative vouée à
l'échec du parti Amal de Nabih Berry, avec le soutien de Damas,
de s'emparer de Beyrouth-Ouest; il se heurte aux autres mouvements musulmans
(le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, le Hezbollah et les
Palestiniens).
15 janvier 1985: annonce du retrait par étapes
des troupes israéliennes du Liban face à l'amplification
de la résistance.
Printemps 1985: nouveaux massacres à
Sabra et Chatila, et dans d'autres camps palestiniens du Liban, du fait
des miliciens chiites d'Amal.
Juin 1985: Israël achève son retrait,
à l'exception d'une zone tampon contrôlée par l'Armée
du Liban sud du général pro-israélien Lahad.
Décembre 1985: accord tripartite entre
Amal, les Forces libanaises et le Parti socialiste progressiste qui semble
ouvrir la porte à un règlement pacifique durable.
Janvier 1986: destitution de Elie Hobeika
du commandement des Forces libanaises comme étant trop favorable
à la Syrie.
29 mai 1986: début d'une nouvelle guerre
des camps déclenchée par la milice Amal contre les Palestiniens
loyaux à Yasser Arafat.
20-26 février 1987: retour de l'armée
syrienne à Beyrouth-Ouest d'où elle avait été
chassée en 1982.
1er juin 1987: assassinat de Rachid Karamé,
Premier ministre favorable à la Syrie.
17 février 1988: enlèvement
du colonel américain Higgins par le Hezbollah.
28 juillet 1989: enlèvement par un
commando israélien du cheikh Abdel Karim Obeid, chef spirituel et
militaire du Hezbollah.
31 juillet 1989: diffusion d'une vidéo
montrant la pendaison du colonel Higgins.
Septembre 1988: échec de la tentative
pour trouver un successeur à Amine Gemayel. Le Liban se retrouve
avec deux gouvernements, l'un chrétien, dirigé par le général
Michel Aoun, et l'autre musulman, conduit par Sélim Hoss, qui a
succédé à Rachid Karamé.
14 mars 1989: guerre de libération
contre la Syrie, déclenchée par le général
Michel Aoun, avec l'aide de l'Irak et, pour conséquence, une guerre
civile inter chrétienne. Un déluge de projectiles chiites
et syriens s'abat sur les zones fidèles à Michel Aoun qui
appelle à son secours l'opinion publique internationale; l'offensive
syrienne est stoppée mais les jours du régime d'Aoun sont
comptés.
22 octobre 1989: les députés
adoptent les accords de Taëf (Arabie saoudite) pour mettre fin à
la guerre civile. Les milices sont désarmées, à l'exception
du Hezbollah.
22 novembre 1989: assassinat du nouveau président
René Moawad, remplacé par Elias Hraoui.
1990: début de la reconstruction de
Beyrouth.
Octobre 1990: assaut de l'armée syrienne
contre l'armée libanaise du général Aoun qui se réfugie
en France, ce qui sonne le glas du double pouvoir à Beyrouth. La
Syrie a obtenu le feu vert de Washington pour régler à sa
manière le problème libanais en échange de sa passivité
dans le conflit qui oppose l'Occident à l'Irak de Saddam Hussein
à propos du Koweit. La chute du bastion de Michel Aoun met fin à
la guerre civile. Le bilan de celle-ci s'élèverait à
150000 morts et à des centaines de milliers d'exilés et de
déplacés.
22 mai 1991: signature par la République
syrienne et la République libanaise du Traité de fraternité
et de coopération qui confirme la mainmise de la Syrie sur le Liban.
La Syrie continue d'ailleurs d'estimer que l'indépendance du Liban
et une séquelle du colonialisme et elle ne renonce pas à
l'idée d'une réunification (comme l'Irak à propos
du Koweit).
La difficile réconciliation
6 septembre 1992: élections législatives
boycottées par de nombreux mouvements chrétiens. Succès
du Hezbollah qui devient le premier parti politique du pays. Nabih Berri,
chef du mouvement Amal, est élu président de l'Assemblée
et Rafik Hariri devient Premier ministre.
Juillet 1993: bombardements intenses de l'armée
israélienne au Sud-Liban pendant une semaine.
Avril 1996: Shimon Peres donne le feu vert
à l'armée israélienne pour l'opération dite
Raisins de la colère contre le Liban. Le 18, 98 civils réfugiés
dans le camp de l'ONU de Cana (Sud-Liban), sont tués. Un cessez-le-feu
intervient le 27.
2 septembre 2004: le Conseil de Sécurité
de l'ONU, à l'initiative de la France et des États-Unis,
vote une résolution dénonçant l'ingérence syrienne
au Liban et réaffirmant le droit à l'autodétermination
de ce pays, les élections présidentielles, qui devaient se
tenir à la fin de l'année, étant repoussées
de 3 ans, pour maintenir au pouvoir le président Émile Laoud,
partisan d'un compromis entre les partisans et les opposants de la Syrie.
14 février 2005: assassinat de l'ancien
Premier ministre Rafik Hariri dans un attentat à la voiture piégée.
La Syrie est suspectée mais sa culpabilité n'est pas prouvée
et les grandes puissances font preuve de réserve à cet égard.
Cet attentat entraîne le mouvement qualifié de "Révolution
du cèdre".
28 février 2005: à la suite
d'une imposante manifestation anti-syrienne (essentiellement druze, sunnite
et chrétienne), le Premier ministre pro-syrien Omar Karamé
remet sa démission à l'Assemblée nationale avant
de revenir au pouvoir! L'opposition politique souhaite une solution de
compromis pour éviter le retour de la guerre civile; plusieurs attentats
continuent de faire craindre le pire.
8 mars 2005: les partis pro-syriens chiites
du Amal, du Hezbollah, des chrétiens el-Marada et du PSNS organisent
une gigantesque contre-manifestation qui dénonce les ingérences
des puissances occidentales dans les affaires du Liban.
13 mars 2005: nouvelle manifestation dénonçant
les ingérences occidentales dans la ville de Nabatieh, au sud du
pays.
14 mars 2005: nouvelle manifestation monstre
anti-syrienne à Beyrouth. Michel Aoun annonce qu'il va revenir au
Liban.
15 mars 2005: la Syrie prend l'engagement
de retirer ses forces militaires du Liban. Le retrait est d'ailleurs déjà
en cours.
13 avril 2005: nouvelle démission de
Karamé qui change de camp! Najib Mikati, un pro-syrien, accepté
par les deux camps, lui succède le lendemain avec pour mission de
préparer des élections.
29 mai au 19 juin 2005: les élections
législatives donnent la victoire au camp des anti-syriens conduits
par Saad Hariri, fils de l'ancien Premier ministre assassiné. Dans
les mois qui suivent plusieurs personnalités de la mouvance anti-syrienne
sont victimes d'un attentat.
19 juillet 2005: Fouad Siniora devient Premier
ministre dans un gouvernement où presque toutes les forces politiques
sont représentées, y compris le Hezbollah, à l'exception
du bloc parlementaire de Michel Aoun.
6 février 2006: le général
Michel Aoun et Sayyed Hassan Nasrallah, représentant respectivement
le Courant Patriotique Libre et le Hezbollah signent un document d'entente
national de 10 points concernant l'avenir du Liban. Le général
Aoun se montre beaucoup moins défavorable à la Syrie qu'avant.
12 juillet 2006: en réponse à
l'enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah
à la frontière, de violents combats éclatent entre
les deux parties. La banlieue de Beyrouth et les alentours de la ville
sont soumis à des bombardements de l'aviation et de la marine israélienne.
Les affrontements causent de nombreuses pertes, y compris chez les civils.
Finalement, la résistance du Hezbollah est telle qu'Israël
doit retirer ses forces.
11 novembre 2006: les ministres chiites démissionnent
du gouvernement suivis le lendemain par un ministre grec-orthodoxe.
21 novembre 2006: assassinat de Pierre Amine
Gemayel, fils de l'ancien président de la République, chef
de l'opposition libanaise, ce qui suscite une manifestation du Hezbollah.
13 juin 2007: assassinat à la voiture
piégée de Walid Eido, membre de la majorité, et de
son fils.
2 septembre 2007: l'armée libanaise
écrase le Fatah al islam (un groupe terroriste sunnite) et prend
le contrôle du camp de Nahr-El-Bared dans le nord du pays après
trois mois de combats (222 morts, 202 prisonniers).
19 septembre 2007: mort du député
de la majorité Antoine Ghanem et de plusieurs autres personnes par
suite de l'explosion d'une voiture piégée dans la banlieue
est de Beyrouth.
23 novembre 2007: fin du mandat du président
Émile Lahoud; le pays reste six mois sans président, faute
d'un accord entre les factions.
La crise de 2008
Un conflit débute lorsque le gouvernement
du Liban renvoie le directeur de la sécurité de l'aéroport
de Beyrouth et ordonne de démanteler le réseau de télécommunication
du Hezbollah.
8 mai 2008: dans un discours télévisé,
le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, affirme que ce renvoi, manifestation
d'une volonté de soumission à l'américano-sionisme,
constitue une déclaration de guerre du gouvernement, et que son
mouvement répondra. Le premier ministre refuse de reculer, et, peu
après, des violents affrontements éclatent partout dans Beyrouth.
Des miliciens attaquent le siège du Mouvement du futur ainsi que
plusieurs journaux. La maison de Saad Hariri est soumise à des tirs
de lance-roquettes alors que les membres du gouvernement, encerclés,
sont protégés par l'armée. Dans les jours qui suivent,
des affrontements entre partis politiques ont lieu partout dans le pays,
notamment dans Tripoli à la frontière avec la Syrie. Au sein
du Mont Liban, des tirs entre membres du Hezbollah et du Parti Socialiste
Progressiste dégénèrent en affrontements aux mortiers.
21 mai 2008: les accords de Doha mettent fin
à 18 mois de conflit politique qui ont failli déboucher sur
un retour de la guerre civile.
25 mai 2008: le général Michel
Sleiman, commandant en chef de l'armée, est élu à
la présidence de la République libanaise à la suite
d'un compromis ménageant l'équilibre des forces politiques.
Prisonnier d'enjeux qui le dépassent,
le Liban est la boîte aux lettres de la géopolitique régionale.
Ses voisins proches ou lointains et les puissances impliquées dans
la région instrumentalisent depuis des décennies, les rivalités
internes, les clivages politiques ou religieux, les petites et grandes
ambitions de ses hommes politiques, et la classe politique libanaise a
toujours joué le jeu de la division en dépit de ses discours
nationalistes permanents. A plusieurs reprises dans son histoire, le pays
a semblé atteindre les limites de sa survie en tant qu’État,
mais il a, à chaque fois, échappé au démantèlement.
Son maintien en tant qu'entité étatique pluriconfessionnelle
est désormais, après le désastre iraqien, une exception
dans cette région, avec, dans une moindre mesure, la Syrie. Certaines
tendances opposées, les jihadistes sunnites d'une part, certains
clans chrétiens et les néoconservateurs américains
d'autre part, militent en faveur d'un éclatement du pays sur la
base de principautés à caractère confessionnel. Pourtant,
malgré ses faiblesses, ses limites et ses errements, le Liban demeure
le symbole d'une cohabitation possible, sinon harmonieuse, entre groupes
politiques et religieux que tout oppose souvent mais qui persistent à
rechercher une certaine forme de cohésion. Cette spécificité
libanaise pourrait-elle avoir, à terme, une influence significative
sur les stratégies régionales des différents acteurs
ou bien le pays est-il condamné? La prospective au Liban demeure,
plus que jamais, un exercice hasardeux.
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Le Liban: enjeu géostratégique
du Moyen-Orient? Clio, décembre 2010
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24 août 2015: nuit d'émeutes
à Beyrouth. Cible des critiques, le Premier ministre, Tammam Salam,
a menacé de démissionner, tout en dénonçant
''le dépotoir politique''. Le Liban est confronté
à une grave crise institutionnelle : privé de chef d'État
depuis plus d'un an, le pays est dirigé par un gouvernement d'union
nationale tiraillé par de profondes divisions (Orange).
En 2016, alors que le Liban n'a plus de chef
de l'État depuis deux ans et demi en raison d'une crise politique,
le général Michel Aoun
est élu à la présidence de la République.
Le 18 décembre, Aoun nomme premier ministre
Saad Hariri, un de ses adversaires politiques.
4 novembre 2017: depuis Riyad en Arabie saoudite,
Saad Hariri annonce sa démission, provoquant une crise diplomatique.
Revenu au Liban, le 5 décembre, il annule cette décision,
supposée obtenue sous la contrainte.
En 2018, Saad Hariri est confirmé dans
ses fonctions, à la suite des élections législatives
libanaises du 6 mai, malgré la déroute de son parti.
29 octobre 2019: Saad Hariri démissionne
en raison des manifestations qui secouent le Liban depuis deux semaines
en réponse à l'échec du gouvernement à trouver
une solution à la crise économique qui menace le Liban depuis
près d'un an et après l'annonce de nouveaux impôts
sur l'essence, le tabac et les appels en ligne par le biais d'applications
comme WhatsApp.
3 novembre 2019: de nombreux manifestants participent
à un rassemblement en soutien au président de la république.
Dans une courte allocution depuis l'intérieur du palais présidentiel,
Aoun lance un appel à l'union refusant de voir se dérouler
une manifestation contre une autre manifestation et assure vouloir lutter
contre la corruption, redresser l'économie et établir un
état civil. A la faveur du remaniement ministériel, il affirme
être pour des ministres choisis pour leurs compétences et
non en fonction de leur affiliation politique et nomme Premier ministre
Hassane Diab, un universitaire qui se prétend indépendant
et technocrate, ancien ministre de l'Éducation, peu connu du grand
public.
18 janvier 2020: après 4 mois de contestations,
le mouvement s'est durci cette semaine. Samedi, à Beyrouth, le parlement
a dû être défendu par la police anti-émeutes
(Euronews).
12 juin 2020: l'effondrement de la livre libanaise
déclenche un nouvel embrasement de Beyrouth (Wordpress - anthropologie
du présent).
4 août 2020: deux violentes explosions
surviennent dans le port de Beyrouth, faisant plus d'une centaine de morts,
des milliers de blessés et privant de logement au moins 300 000
habitants. Ces explosions d'un important stock de produits dangereux détruisent
l'intégralité du port de Beyrouth là où transitait
70 % des importations du Liban. Elles auraient une origine accidentelle
(on parle d'un cargo russe délabré qui aurait porté
du nitrate), bien que le président libanais ait évoqué
la possibilité d'un tir depuis un avion ou d'un missile. Avant cela,
le Liban tombait déjà en ruines, touché de plein fouet
par le Covid et ruiné par la crise financière, des familles
entières vivaient dans un désespoir total. L'ombre de la
famine plane sur un pays où des réserves de nourriture essentielles
ont été perdues. Les Libanais, submergés par de nombreux
exilés (1,5 millions essentiellement sunnites) depuis le début
de la crise syrienne (2011), se décrivent eux-mêmes comme
des réfugiés dans leur propre pays.
6 août 2020: le président Aoun
s'oppose à une enquête internationale sur les explosions de
Beyrouth qui, selon lui, serait susceptible de diluer les responsabilités.
8 août 2020: une manifestation contre
le pouvoir s'est formée place des Martyrs. Menés par des
officiers à la retraite, des émeutiers ont tenté de
s'emparer de bâtiments publics (ministères de l'Environnement,
de l'Énergie, des Affaires étrangères, de l'Économie...)
ainsi que du siège de l'Association des Banques du Liban. Le Premier
ministre, Hassane Diab, pendu en effigie par des manifestants, a annoncé
des élections législatives anticipées pour tenter
d'apaiser la foule.
10 août 2020: le premier ministre libanais,
Hassan Diab, annonce la démission de son gouvernement. Cette démission
fait suite à celle de quatre ministres en deux jours. Des manifestants
reprochent à la classe politique d'être responsable de l'explosion
meurtrière qui a dévasté Beyrouth le 4 août
(Le Monde - 10 août).
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