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La préhistoire
Voici des millions d'années la Mongolie jouissait d'un climat doux et humide. Son territoire était recouvert d'épaisses forêts. C'est pourquoi le désert de Gobi est l'un des lieux les plus riches du monde pour ce qui concerne les restes de dinosaures. - 2,5 millions: début du Paléolithique
- 25 à -20000: traversée du détroit de Béring et peuplement de l'Amérique. - 20000: naissance de la métallurgie, de la confection des vêtements, des peintures rupestres (représentations des animaux chassés sur les parois des grottes, rites religieux?). - 12000 à -7000: apparition de l'arc et des flèches. - 10000: disparition progressive des mammouths. Le réchauffement climatique favorise la croissance des forêts; les chevaux sauvages sont relégués sur les steppes de l'est européen et de l'Asie centrale. - 8300: Mésolithique. Début possible de la domestication du cheval. - 6500: Néolithique. - 4000 à -2000: Âge du Bronze (tombes rectangulaires, dalles de pierre, pierres levées décorées de cervidés aux andouillers exagérément contournés: les pierres de cerf, avec la lune ou le soleil divinisés au sommet, cimetières entourés de pierres levées, pétroglyphes...). Association funéraire du cheval et de l'homme. - 3000: le métal remplace la pierre. - 2000: développement du pastoralisme. -700 à - 500: transition vers l'Âge du Fer. .
Les Tashtyks Au 5ème siècle avant l'ère chrétienne, un peuple d'origine européenne, les Tashtyks, succèdent, en Sibérie méridionale (sites de Shestaovo et d'Oglakhti), dans le voisinage de l'actuelle Mongolie, à une population plus ancienne, celle des Tagars. Les Tashtyks ensevelissent leurs défunts soit dans des tombes individuelles, soit dans des tombes collectives. Les dépouilles sont accompagnées de vêtements, de bijoux, de statuettes d'animaux, de guerriers, de chevaux et même de chars, pratique qui fait penser à une influence chinoise. Certaines cadavres sont momifiés et d'autres incinérés; dans le second cas, les cendres sont recueillies dans de petits sacs en peau de mouton tannée placés eux-mêmes dans des figurines humaines de taille réelle faites en cuir bourré de foin qui tiennent l'office d'urnes. De superbes masques mortuaires artistiquement décorés, en kaolin et poudre de gypse mêlés à du sable, probablement directement moulés sur le visages des défunts, ont été découverts dans leurs sépultures. Les Tashtyks disparaissent au 4ème siècle de notre ère, sans doute sous la pression expansionnistes des Xiongnu. Ils sont absorbés par les peuples nomades proto-mongoles mais pourraient être à l'origine des Kirghiz ou de divers peuples de Sibérie méridionale: Shors, Altaïens, Téléoutes. .
Les peuples des steppes -245: apparition dans l'histoire des Xiongnu, un peuple des steppes, qui affronte le royaume chinois de Zhao. -221 à - 210: première unification de la Chine par l'empereur Qin Shi Huang Di qui entreprend la construction de la Grande Muraille, pour contenir les barbares des steppes, en réunissant plusieurs tronçons des royaumes chinois antérieurs. Les steppes du nord de la Chine sont alors parcourues par des tribus nomades belliqueuses qui se divisent en trois branches de race altaïque: les Turcs, les Toungouses et les Mongols. La construction de la Grande Muraille oblige les tribus nomades à se regrouper pour envahir les territoires des peuples sédentaires de Chine. .
Les Xiongnu (esclaves du nord
selon les Chinois)
-208: les Xiongnu battent les Dongbu (barbares de l'est selon la terminologie chinoise), des proto-Mongols, qui prennent le nom de Xianbei, du mont Sien-pei où ils sont installés. -200: l'empire Xiongnu empiète sur la Chine. Ils encerclent Liu Bang, base de la dynastie Han chinoise. Pour avoir la paix, les Chinois sont contraints de payer tribut et de donner une princesse en mariage au shanyu. -176: Modu remporte une victoire sur les Yuezhi, des Tokhariens (peuple d'origine indo-européenne), qui doivent quitter le Gansu pour émigrer vers les Tian Shan (Montagnes célestes). -161: Laoshang, le successeur de Modu, bat à nouveau les Yuezhi et les pousse à émigrer en Bactriane; leur chef est tué et son crâne devient une coupe à boire des vainqueurs. Les Xiongnu contrôlent une partie de la Route de la Soie. -155: Les Xianbei triomphent des Xiongnu du nord. -128: un envoyé de l'empereur chinois Wudi, Zhang Qian, parvient chez les Yuezhi pour négocier une alliance avec eux. En route, il a été fait prisonnier par les Xiongnu et n'est parvenu à leur échapper qu'au bout de 10 ans de captivité. Sa mission échoue et, sur le chemin du retour, il est à nouveau retenu captif pendant un an. -121: l'empereur Han Wudi chasse les Xiongnu du Gansu. -80: les Wusun, un peuple nomade des Tian Shan, se soustraient à l'influence des Xiongnu. -62: deux peuples vassaux des Xiongnu, les Dingling et les Wuhan, se rebellent à leur tour. -68: Zheng Ji, qui dirige la colonie chinoise de Quli, près de Koutcha (Sinkiang), attaque le royaume du Gushi, pour en chasser les Xiongnu, et prend Jiaohe, sa capitale. Zheng Ji parviendra à évincer, au profit de la Chine, les Xiongnu du bassin du Tarim. -53: une querelle successorale oppose deux frères qui postulent au titre de shanyu. L'un d'eux, Huhanye, dirige le sud de la Mongolie et se soumet à la Chine. Il finit par occuper le nord de la Mongolie en -48 et épouse la princesse chinoise Wang Zhaojun. -33: mort de Huhanye dans la région d'Oulan Bator. Les Xiongnu se divisent en deux factions hostiles. Celle du sud, établie sur le territoire qui sera plus tard la Mongolie intérieure, fait définitivement allégeance à la Chine. Au début de notre ère, les Xiongnu reprennent possession du bassin du Tarim, sauf Yarkand qui résiste. Dans la seconde moitié du premier siècle, le général chinois Ban Chao (32-102) s'empare du bassin du Tarim et des oasis de Serinde sur les Xiongnu. 60: battus vers la mer d'Aral par les Ou-Soun, un peuple de race indo-européenne, les Huns se dirigent vers l'ouest. 89 et 90: les Xiongnu se livrent à de nouvelles incursions en Chine. 91: les Xiongnu sont écrasés par l'armée chinoise; le shanyu prend la fuite mais sa famille est conduite prisonnière en Chine. Les plus récentes découvertes archéologiques laissent supposer que, contrairement à ce que l'on pensait autrefois, les Xiongnu ne vivaient pas seulement de l'élevage et des pillages de leurs voisins sédentaires. Ils auraient également développé une agriculture vivrière pratiquée à petite échelle et un artisanat complexe. La richesse du mobilier funéraire de leurs chefs montre qu'ils disposaient d'un réseau d'échanges relativement fournis avec leurs voisins et de l'amorce d'une infrastructure étatique qui se développa parmi les peuples qui leur succédèrent. Les chefs xiongnu étaient accompagnés dans l'au-delà par leurs chevaux. Les Xianbei
Les Xianbei étaient des éleveurs nomades organisés en clans qui maîtrisaient la métallurgie et l'orfèvrerie. Leurs arcs de cornes collées portaient à une longue distance. Ils s'habillaient de vêtements de cuir et de tissus. Les femmes étaient coiffées d'un chapeau pointu orné de corail et de perles. Ils transmettaient leurs ordres gravés sur des morceaux de bois qui servaient aussi de passeports. Ils enterraient les morts avec leur cheval et un chien chargé de veiller sur leur âme. Les futurs gendres travaillaient deux ans dans la yourte des parents de leur promise avant de pouvoir l'épouser. Les chefs Xianbei s'appelaient des khans, terme qui subsistera. 265: en Chine, l'empereur des Wei est renversé
par un maire du palais qui fonde la dynastie des Jin de l'ouest sous le
nom d'empereur Wudi.
Les Wei du nord, les Ruanruan et les Turcs 386: les Wei du nord (Bei Wei) commencent à régner sur la Chine du nord. Cette dynastie a été fondée par un peuple turc des steppes, lesTabghatch ou Tuoba. Les Tuoba sont les chefs des Dangxiang, nomades du sud-ouest de la Mongolie qui se sont implantés sur le plateau du Qinghai-Tibet. 397: des Xiongnu, créent le royaume des Liang postérieurs dans le Gansu. 400: les futurs Ouïgours s'appellent alors Tieli. Les Tieli sont un peuple ancien du nord de la Chine d'origine turque. Les sources littéraires et historiques laissent supposer que leurs ancêtres sont les Dingling, un peuple nomade qui vivait avant notre ère dans les steppes mongoles et dont il a été parlé plus haut. 405-406: les Kitans sont localisés par les Annales chinoises dans le Jehol. 439: les Wei du nord unifient toute la Chine du nord. Ils se sinisent et adoptent le bouddhisme. Ils luttent, à travers le désert de Gobi, contre les Ruanruan qui ont assujetti de nombreuses hordes notamment de Huns hephtalites probablement d'origine mongole. Les Ruanruan (ou Jouan) pourraient être d'origine xianbei. Leur khan, Chö-louen, fonda au 5ème siècle, un empire qui s'étendait de la Corée à l'Irtych: l'empire Avar. Les Ruanruan pratiquaient le chamanisme. 493: les Wei transfèrent leur capitale
de Datong à Luoyang. Ils pratiquent une politique d'assimilation
des Xianbei.
Au début du 7ème siècle,
l'empire turc est éclaté en deux entités, celle de
l'est et celle de l'ouest. Les Turcs de l'est menacent la Chine des Tang
qui finit par l'emporter. Mais l'empire turc trouve un second souffle.
Il laisse des documents écrits gravés sur des monuments de
pierre; la plupart des statues et des stèles de pierres trouvées
en Mongolie proviennent de l'époque turque; des tortues de pierre
étaient parfois utilisées pour servir de support. Les Turcs
pratiquaient le chamanisme.
Les Ouïgours (ceux qui réunissent) 744: fondation d'un khanat tieli (ouïgour) sur les bords du fleuve Orkhan, en Mongolie, qui prendra le nom de Huihe. 745: le second empire turc est détruit par le khanat tieli qui lui succède. 762: Le khan Bögü des futurs Ouïgours, alliés aux Tibétains, s'empare de Xi'an, capitale de la Chine. 763: le manichéisme devient la religion officielle des futurs Ouïgours. Cette religion, qui succède au chamanisme, vient de Perse et apporte avec elle une écriture dérivée du Sogdien. 840: les Xiajiasi (Kirghizes), naguère soumis au khanat tieli, se soulèvent et défont les troupes huihe. Les futurs Ouïgours, chassés de Mongolie, se réfugient dans le bassin de Turfan (Sinkiang), où ils fondent le khanat de Gaochang. Les Kitans
Les Annales chinoises attestent la présence des Mongols de l'est de l'Asie centrale au nord de la Mandchourie au 10ème siècle. D'après la légende, ce peuple serait issu des amours d'une biche et d'un loup gris. Le premier chef mongol reconnu fut Bodonchar, à la fin du 10ème siècle; ses descendants régnèrent sur les Mongols mais leur pouvoir était plus nominal que réel. Les Mongols étaient en butte à l'hostilité des puissances voisines qui les éloignaient périodiquement de leurs frontières. Jusqu'au 13ème siècle, leur manque d'unité les plaça dans un état d'infériorité. 1004: les monarques kitans sont reconnus par
la dynastie chinoise des Song qui accepte de leur verser un tribut annuel.
Les différents États nomades qui se succédèrent et s'affrontèrent sur les vastes espaces qui séparent la Russie de la Chine jusqu'au 13ème siècle n'avaient pas le caractère centralisé de nos États modernes. Les khans étaient loin d'y jouir d'un pouvoir absolu; ils y étaient en butte au contre pouvoir de chefs de clans et à l'opposition des tribus. Il est parfois difficile de distinguer les différents peuples et leurs filiations; sur cet espace naquirent les Xiongnu, les Xianbei, les Avars, les Turcs, les Huns, les Ouigours, les Kitans, les Tuoba, les Tatars... sans que l'on sache toujours bien les distinguer les uns des autres. Ces peuples, chassés des territoires où ils faisaient paître leurs troupeaux, par le manque de ressources ou par la guerre, émigrèrent massivement soit du côté de l'Orient, soit du côté de l'Occident. Ils furent à l'origine des grandes invasions en poussant à leur tour d'autres peuples devant eux. On doit se souvenir, qu'au milieu du 5ème siècle, les Huns d'Attila dominaient une aire géographique qui allait du Rhin à l'Asie centrale. Les premiers empires, amollis par le contact avec des civilisations plus avancées, musulmane et surtout chinoise, s'effondrèrent sous les coups des tribus restées barbares. Celles-ci primitivement adeptes du chamanisme, se convertirent à l'ouest au nestorianisme ou au manichéisme, et au bouddhisme à l'est. Ce fut le cas des Naïmans (peut-être des Turcs), à l'ouest, entre l'Irtych supérieur et l'Oubsa Nor; des Keraïts (turcs ou mongols, on ne sait trop), au centre, sur le haut Orkhon; des Merkits, au sud du lac Baïkal. Les tribus à demi sédentarisées, qui vivaient dans les forêts ou à leur lisière, restèrent fidèles au chamanisme, comme les Oïrats (Kalmouks), au nord-ouest du lac Baïkal, les Solons, entre l'Amour et l'Argoun, les Tatars (peut-être des Turcs devenus Mongols), entre les monts Khingan et le Keroulen, et enfin les Mongols. L'empire Mongol
Gengis khan eut de nombreux enfants, mais seuls
ceux nés de sa première épouse (les quatre nommés
ci-dessus) auront une importance politique.
1198: Gengis khan, à l'appel de la cour de Pékin, participe à la victoire contre les Tatars sur les bords de l'Ouldza. 1200: les Mongols commencent à s'intéresser au nord de la Chine pour des raisons commerciales. Nomades, ils ne peuvent survivre sans se procurer auprès d'autres peuples les biens qu'ils ne produisent pas et qu'ils n'ont pas les moyens de conserver. La baisse des échanges, constatée à cette époque, les menace et les contraints à intervenir. 1203: Gengis khan défait le roi des Keraïts, qui avait rompu l'alliance nouée avec lui; les Kéraïts, asservis, sont dispersés dans les différents clans mongols. 1204: Gengis khan soumet les Naïmans à son autorité. Il capture Taratunga, un lettré Ouïgour qui adaptera l'écriture ouïgour pour les Mongols. 1206: Gengis khan est proclamé khaghan, c'est-à-dire khan suprême de toutes les tribus turco-mongoles. Gengis Khan s'est doté d'une armée complètement réformée, dans laquelle la cavalerie joue un rôle déterminant, et d'une stratégie parfaitement adaptée aux guerres de l'époque. Cette armée comprend trois forces essentielles: la cavalerie lourde, d'inspiration perse, cuirassée, armée d'une lance et d'une épée ou d'une hache, est chargée de la rupture du front ennemi; la cavalerie légère, imitée des Huns, pourvue seulement d'arcs et de lances, est chargée de surveiller, de harceler et de poursuivre l'adversaire; le corps du génie, composé de spécialistes chinois ou musulmans, équipé de balistes et de trébuchets, est chargé du siège et de la prise des places fortes; l'infanterie, essentiellement composée de peuples des pays conquis, ne joue qu'un rôle d'auxiliaire. Les troupes sont astreintes à un entraînement intensif à la faveur des grandes battues d'hiver. On exige d'elles la sobriété, et on les soumet à une discipline de fer. Les forces impériales sont regroupées en unités de 10, 100, 1 000 et 10 000 hommes, au sein desquelles s'effacent les distinctions claniques et tribales originelles. La cohésion de l'ensemble est assurée par la garde personnelle du khaghan, composée de guerriers d'élite privilégiés et vénérés dans toutes les tribus mongoles: les 10 000 bahadur, issus des familles nobles, peut-être afin d'éviter que celles-ci n'éprouvent la tentation de secouer le joug du Khagan. Les généraux sont choisis sans distinction de rang, ni esprit de caste, parmi des bergers ou des artisans. Gengis Khan perfectionne la tactique de l'armée (harcèlement par les archers montés, débordement par les ailes) et améliore surtout sa stratégie, notamment en déployant sur des fronts très étendus de puissantes armées dont la concentration en un même point, au jour et à l'heure prévus, permet d'encercler et de vaincre par surprise l'adversaire qui ne dispose pas, comme les Mongols, d'un service de renseignements préparant plusieurs mois à l'avance, et à des milliers de kilomètres de distance, l'action décisive. La terreur qu'il inspire est l'un des éléments clés de sa stratégie; pour ce faire, il se montre clément et généreux à l'égard des ennemis qui acceptent sans combattre sa domination, et impitoyable à l'encontre de ceux qui lui opposent la moindre résistance. Cette terreur est entretenue par la légende: on prête aux Mongols des pouvoirs démoniaques; les Chinois les voient galoper sur les eaux et les Européens les dotent d'un cou de girafe! Pourtant, leur force découle de facteurs relativement simples: ils se déplacent très vite, n'ont aucune attache, pas de champ ou de maison, aucun lieu particulier à défendre sur l'immensité de la steppe, ils savent tirer de l'arc en galopant, sont parfaitement renseignés grâce à un réseau de relais de poste efficace, et n'éprouvent aucun scrupule à tuer, pas plus à la guerre qu'à la chasse qui leur sert d'entraînement pendant les périodes de paix. Par ailleurs, il disposent avec leur arc robuste et puissant, fait d'un assemblage de lames de bois et de corne, d'une arme d'une redoutable efficacité qui porte à des centaines de mètres et perce les cottes de mailles. A côté de l'armée, Gengis
khan et ses successeurs dotent l'empire d'institutions destinées
à en assurer la pérennité. Les tribus nomades de Mongolie
sont réunies dans une vaste confédération et soumise
à une loi impériale: le yasa. Le khaghan est élu
par les membres de la famille gengiskhanide, la famille d'Or. Tous
les détenteurs du pouvoir, central et local, sont issus de cette
famille. Le kaghan exerce le pouvoir au moyen d'une Chancellerie impériale,
d'une Cour suprême et d'une grande armée impériale
chargée de conquérir mais aussi de maintenir l'ordre. L'empire
est divisé en districts militaires, permettant le recrutement de
1000 hommes, et en tümen, permettant le recrutement de 10000
hommes. Les districts militaires sont sous l'autorité de gouverneurs
et les tümen sous celui de commandants. Les commandants sont
membres de droit du Grand Conseil impérial. Les fonctionnaires
civils sont souvent recrutés parmi des étrangers efficaces
et honnêtes, la plupart du temps nommés loin de chez eux.
Un service des postes (yam), protégé par l'armée,
permet de transmettre les informations, on en a déjà parlé,
mais aussi de faciliter les échanges commerciaux, à travers
l'empire et avec les pays voisins. Le chamanisme est la religion officielle
mais la tolérance religieuse est inscrite dans le yasa, aussi
d'autres religions: christianisme nestorien, bouddhisme, taoïsme,
islam... peuvent-elles être pratiquées dans l'empire. Toute
infraction du yasa, qui résume le droit international, le
droit public, le droit pénal, le droit civil, le droit commercial
et le droit fiscal, est sévèrement punie, généralement
par la mort, éventuellement précédée de tortures.
Il est vrai que l'empereur est loin et que les gens riches peuvent s'entendre,
moyennant finances, avec ses représentants locaux; c'est ainsi qu'un
condamné à être raccourci, de la tête et des
pieds, réussit à obtenir une interprétation allégée
de sa peine; le bourreau se contentera de lui couper sa natte et de lui
arracher les semelles de ses bottes! Le khaghan a tous les droits, y compris
sur toutes les femmes et filles de Mongolie dont il peut disposer à
sa guise.
1205-1209: Gengis khan consolide son empire en assujettissant les peuples de la forêt (Kirghiz et Oïrats); il soumet les Tangouts du Xixia et les Ouïgours du Kocho (Gaochang et Turfan); les Ouïgours fournissent aux Mongols leur alphabet et des administrateurs pour l'empire, après avoir assassiné un gouverneur kara-kitaï. 1207: une rébellion contre leur tutelle chasse les Kitans de Boukhara et de Samarcande. Des émissaires mongols, à qui des livres religieux sont offerts, arrivent au Tibet. Les Tibétains deviennent tributaires des Mongols (peut-être après une première razzia du Tibet central). 1211-1223: Gengis khan occupe la Chine du nord en rejetant les Jin au sud du Huaihe. 1215: conquête de Yanjing (Chine). Une fois la ville prise, Gengis khan la restitue aux Chinois et retourne dans son pays chargé de butin. Le khaghan mongol n'a probablement jamais songé qu'il pourrait établir une monarchie universelle, malgré certains de ses dires; l'empire s'est créé de lui-même, par suite d'une succession de conflits visant à obtenir pour les Mongols de fructueux accords commerciaux. 1218: Gengis khan oblige pacifiquement les Kara-Kitaï à reconnaître son autorité. Il désigne Ogodaï comme son successeur. 1219-1221: Gengis khan conquiert par la force le Kharezm (Ouzbékistan). Il donne à Djaghataï (Chagataï) le territoire des Kara-Kitaï (Asie centrale). 1222-1223: Gengis khan lance la cavalerie mongole, sous Subutaï et Djebe, en Russie méridionale. Le Shah du Kharezm est en fuite. Conquête de l'Arménie et de la Géorgie. 31 mai 1223: victoire de Kalka (vallée du Don) sur les Russes et les Coumans (Turcs nomades); après cet exploit, les troupes mongoles tournent bride et rentrent en Mongolie. 1225: préparation d'une nouvelle campagne contre les Tangouts. 1226: destruction de l'empire tangout. Les Mongols sont aux portes du Tibet qui ne peut qu'accepter la soumission pour éviter une invasion brutale. C'est alors que, selon la légende, une licorne serait apparue à Gengis khan et lui aurait recommandé de renoncer à déferler vers le sud sous peine de perdre la vie. Ne dit-on pas qu'une licorne protège le Tibet et que c'est elle qui déjà, en 1205, a empêché l'invasion d'une armée musulmane venant des Indes; le fabuleux unicorne n'est-il pas une représentation imagée de l'infranchissable Everest? 1227: mort de Jochi, khan du Kipchak (Russie méridionale). Mort de Gengis khan (18 août); sur ses vieux jours, il avait, dit-on, adopté le taoïsme; cette conversion est symbolique: la force barbare victorieuse soumet son esprit à la civilisation qu'elle a conquise, en Orient comme en Occident! Tolui devient régent. .
1227-1242: domination de Djaghataï sur le Turkestan. 1229: Ogodaï, troisième fils de Gengis khan, lui succède. Il sera l'empereur des Yuan Tai Zong et instituera un système fiscal pour les régions conquises. 1231-1234: conquête progressive de l'empire de l'empire des Jin par les troupes d'Ogodaï. Invasion de la Corée et de l'Azerbaïdjan. L'empire des Yuan se constitue. 1232: un service postal, par relais à chevaux, est mis en place en Mongolie. 1233: mort de Tolui qui dirigeait la Mongolie proprement dite. 1235: une ville fortifiée, édifiée par Ogodaï, Karakorum, devient la capitale de l'empire mongol. 1231-1239: conquête de l'Azerbaïdjan et de la Transcaucasie. 1234: début d'une longue lutte (45 ans) pour la conquête de l'empire des Song en Chine méridionale. 1236: Batu khan (1204-1255), fils de Jochi et petit-fils de Gengis khan, lance 150000 guerriers, sous les ordres de Subutaï, contre la Russie. L'aile du nord détruit le royaume des Bulgares de la Kama; celle du sud, sous Möngke (Mangu khan), soumet les Coumans, établis entre la Volga et le Dniepr, et oblige les récalcitrants à émigrer en Hongrie; celle du centre, dirigée par Batu, occupe la Russie du Nord sauf Novgorod, puis descend vers le midi pour rejoindre Möngke. Les Mongols sont attirés par les steppes russes et hongroises susceptibles de fournir de bons pâturages pour leurs chevaux. 1238: les Mongols brûlent Moscou mais n'y restent pas; ils ne se sentent pas à l'aise dans les forêts du nord de la Russie et préfèrent les steppes herbeuses favorables à l'élevage des chevaux. 1239: conquête de la Crimée. 1240: Les Mongols de Godan, fils d'Ogodaï, envahissent le Tibet. Le monastère kadampa de Reting est brûlé. Les moines sont massacrés. D'autres monastères échappent à la destruction grâce à l'intervention des puissances célestes qui font pleuvoir sur les envahisseurs une grêle de pierres. Godan invite le chef des Sakyapas à se rendre auprès de lui; il se serait senti attiré par le bouddhisme qui présentait l'avantage, sous sa version tibétaine, d'associer étroitement le pouvoir politique au pouvoir religieux. 6 décembre 1240: Batu et Möngke saccagent Kiev qui a osé résister. Batu réorganise son armée en trois colonnes. 1236-1241: occupation complète de la Corée. 1241: la colonne de droite de l'armée mongole de Batu, sous Qaïdu et Baïdar, écrase les forces polono-allemandes à Leignitz (Silésie); la tête du duc Henri de Silésie sert d'étendard. La colonne du centre, sous Batu et Subutaï, bat les Hongrois de Béla IV, au confluent du Sajo et de la Tisza. L'Adriatique est atteinte près de Split. Vienne est menacée d'être prise en tenaille. 1242: l'annonce de la mort d'Ogodaï sauve la capitale autrichienne et probablement l'Europe entière: Batu, candidat à la succession, regagne Karakorum au début de l'année. La veuve d'Ogodaï assure la régence pendant 5 ans, les héritiers n'arrivant pas à s'entendre. Mort de Chagataï (Djaghataï). 1243: vassalisation des Seldjoukides d'Anatolie. Le khanat Kipchak devient la Horde d'Or. 1244: Sakya Pandita (1182-1251), hiérarque des Sakyapas, l'école alors la plus influente du bouddhisme tibétain, rencontre Godan près de Kokonor. Il guérit le fils du khan d'une maladie. .
Le 16 avril 1245, Jean de Plan Carpin, envoyé par le pape auprès du khaghan des Mongols, quitte Lyon pour Karakorum. La chrétienté s'inquiète de ces peuples asiatiques qui, huit siècle après Attila, déferlent à nouveau sur l'Europe orientale. Jean de Plan Carpin passe par Kiev, qu'il trouve entièrement rasée (il ne reste que 14 maisons de cette ville!). Au retour de son voyage, il estime qu'il n'y a pas d'entente possible avec les Mongols, qui rêvent d'empire universel, et il pense que la chrétienté européenne doit s'apprêter à les combattre (un résumé du récit de ce voyage est ici). 1246: Güyük, fils aîné
d'Ogodaï, est élevé à la dignité de khaghan
(empereur des Yuan Ding Zong), malgré l'opposition de Batu, en présence
de Jean du Plan Carpin. Le nouveau khaghan soumet le Tibet.
L'empire mongol relie l'Orient à l'Occident
et donne une impulsion nouvelle aux échanges entre les continents
par la Route
de la Soie. Les découvertes chinoises (papier, poudre, imprimerie...)
vont ainsi parvenir jusqu'en Europe. C'est l'époque d'une pax
mongolica réelle quoique relative.
Le 7 mai 1253, Guillaume de Rubruquis, envoyé de Saint Louis auprès du khaghan des Mongols, part de Constantinople pour Karakorum, afin d'explorer les possibilités d'une alliance de la chrétienté et des Mongols, pour endiguer la progression de l'Islam. Karakorum était alors une cité importante où différents cultes se côtoyaient, les Mongols faisant preuve d'une grande tolérance. Le christianisme y était représenté par les nestoriens. On y rencontrait de nombreux artisans habiles amenés des pays conquis, y compris des Français; les Mongols étaient donc plus civilisés qu'on ne le pensait (un résumé du récit de ce voyage est ici). 1255: mort de Batu remplacé par son
fils, Sartag, à la tête de la Horde d'Or.
Les rivalités des gengiskhanides se traduisent par la transformation de l'empire mongol en une fédération de khanats autonomes qui ne vont pas tarder à s'opposer les uns aux autres. Au nord-ouest, l'ancien khanat de Kiptchak, fondé à partir de l'oulous de Djutchi, devenu sous Batu la Horde d'Or, se divise en Horde d'Or et en Horde blanche; la Horde d'Or, noyée dans des populations plus nombreuses, perd peu à peu son caractère mongol pour s'assimiler à elles. Au sud-ouest, le khanat des Ilkhans, fondé par Hulagu, s'iranise. Au centre, le khanat, des Djaghataïdes du Turkestan, se turquise progressivement. A l'est, l'empire de Chine est dirigé par Koubilaï khan. 1267: Koubilaï khan, reconnu par son frère, transfère la capitale de l'empire de Karakorum à Zhongdu, qui deviendra Dadu (grande capitale), puis Pékin. L'empire mongol devient celui de la dynastie des Yuan, du moins pour sa partie extrême-orientale. Cette partie va se siniser et adopter le bouddhisme pour religion tandis que les khanats de l'ouest et du sud-ouest opteront pour l'islam. Les Yuan et les religieux sakyapas créent
la relation chapelain donateur ou de maître religieux à protecteur
laïc. Le clergé tibétain dispose du pouvoir spirituel
sur l'ensemble de l'empire et, en échange, l'empereur protège
le Tibet. On pense à une sorte de protectorat miroir dont la dualité
rappelle celle qui existe aux niveaux des territoires tibétains
entre les abbés et les princes. Koubilaï khan reconnaît
le sakyapa Phagpa, son précepteur, qui a doté les Mongols
d'une nouvelle écriture, comme chef du Tibet. Le monarque mongol
procède à une réorganisation administrative et territoriale
du Pays des Neiges mais laisse une large autonomie à ses habitants.
En réalité, le prince et l'abbé s'appuie mutuellement
l'un sur l'autre afin d'asseoir leur autorité contestée;
c'est ce schéma qui s'appliquera avec les différents chefs
mongols qui interviendront au Tibet et aussi plus tard, mais dans une moindre
mesure, avec les empereurs chinois de la dynastie mandchoue. Koubilaï
khan envisage de choisir le bouddhisme tibétain, moins sophistiqué
que le bouddhisme chinois, comme religion officielle de l'empire des Yuan,
avec le souci d'unifier pouvoir politique et pouvoir religieux.
1271-1295: voyage supposé de Marco Polo en Chine. 1272: La population de l'empire des Yuan est divisée en quatre catégories: les Mongols, les Semu, les Han et les méridionaux. 1274: les Mongols envahissent impétueusement les territoires des Song du sud. Première tentative avortée de conquête du Japon (800 bateaux et 30000 hommes). 1274-1303: le Gênois Buscarel est chargé par les Ilkhanides d'une série de mission en Europe pour tenter de nouer des alliances avec la chrétienté. 1275: des princes Mongols, à la tête de 120000 hommes s'emparent de Gaochang (Ouïgours), qui contestait la tutelle mongole, après 6 mois de combat; le roi de la ville s'enfuit au Gansu. 1276: l'empereur Gong Di des Song est capturé dans sa capitale (Hangzhou); un nouvel empereur meurt au cours d'un siège; les généraux des Song sont défaits les uns après les autres. 1277: les troupes mongoles entrent en Birmanie. 1279: un dignitaire chinois désespéré, Lu Xinfu, se jette dans la mer du haut d'un pont avec, sur son dos, le dernier empereur song âgé de neuf ans. Koubilaï khan a réunifié la Chine sous son sceptre. Jusqu'en 1368, l'histoire de l'empire mongol d'Extrême Orient se confond avec celle de la Chine. 1280: Töde Möngke, frère de
Möngke Timur, devient khan de la Horde d'Or. Nouvelle tentative d'invasion
de la Birmanie.
A la fin du 13ème siècle, l'empire
mongol couvre la plus grande partie du continent eurasien; la puissance
mongole est à son apogée, de sorte que l'on a pu parler de
siècle Mongol. Mais l'empire est en réalité constitué
de quatre entités politiques et militaires distinctes: l'empire
de Chine (Mongolie, Chine et Tibet), la Horde d'Or (Russie et Oural), l'Asie
centrale (Djaghataïde) et le royaume Ilkhan (Iran, tour de la Caspienne
et Moyen-Orient). L'empire de Chine penche vers le bouddhisme et les autres
vers l'Islam.
1299: nouvelle tentative d'invasion de la Syrie par les Mongols. 1300 (environ): Gaochang (Sinkiang) est reprise par son roi, mais elle ne retrouvera jamais sa prospérité d'antan. 1302: Gazan écrit au pape. 1304: mort de Gazan; son frère Ölziyt (Öljeitü) lui succède et se convertit au chiisme. 1305: Ölziyt écrit au roi de France pour réitérer les offres d'alliance de ses prédécesseurs. Le roi de France continue de faire la sourde oreille. 1307: mort de Timur; Khaissan devient empereur Wu Zong des Yuan. 1311: Khaissan est tué; Ayubawarda, son frère, devient empereur Ren Zong des Yuan. 1313: Özbeg, petit-fils de Möngke Timur, devient khan de la Horde d'or et retourne à l'islam. 1316: Abu Saïd, un sunnite, succède à Ölziyt comme khan d'Iran. 1318: Kebek devient khan de Djaghataï. 1320: mort de Ayurbarwada; son fils Shidbal lui succède comme empereur Ying Zong des Yuan. 1323: Shidbal est tué; Yesün Timur devient empereur Tai Ding Di des Yuan. 1328: mort de Yesün Timur; son fils Asugbal lui succède comme empereur Tian Shun Di; il est renversé au bout d'un mois. 1329: Hüslen, fils aîné de Khaissan, devient empereur Ming Zong des Yuan, et meurt presque aussitôt. Toq Timur, second fils de Khaissan, devient empereur Wen Zong des Yuan. 1330: Toq Timur est renversé par Qoshila mais redevient empereur Tian Li des Yuan. 1332: mort de Toq Timur. Rinchinbal, fils d'Hüslen, devient empereur Ning Zong des Yuan, à l'âge de sept ans, avant d'être tué un mois plus tard. 1333: Togon Timur, frère de Rinchinbal devient empereur Shun Di des Yan 1334: le khanat de Djaghataï se scinde en deux: le Mogholistan (bassins du Tarim et de l'Illi) et la Transoxiane, en raison des différences de religion (bouddhistes et nestoriens contre musulmans) et des modes de vie des populations (agriculteurs et pasteurs contre commerçants). 1335: mort d'Abou Saïd, khan Ilkhanide; le royaume d'Ilkhan reste sans maître. 1336: naissance de Tamerlan (Timour le Grand ou le Boiteux) en Ouzbékistan. 1342: Togon Timur reçoit l'envoyé du pape Marignolli à Chengdu. 1346: une épidémie qui décime les troupes mongoles de Crimée se répand à travers l'Europe. 1347: Tughlug Timur devient khan du Mogholistan. 1351-1368: des soulèvements contestant la suprématie mongole se propagent en Chine; le pouvoir, appuyé sur des forces militaires numériquement insuffisantes, et affaibli par ses dissensions internes, n'est plus en mesure de les contenir. 1355: les écharpes rouges, des rebelles chinois, rétablissent une nouvelle dynastie song à Anhui. 1360: Tughlug Timur devient khan de l'ensemble des Djaghataï et se convertit à l'islam. 1363: mort de Tughlug Timur. 1368: les Mongols, chassés de Chine, où s'installe la dynastie des Ming, reviennent au chamanisme. Les Yuan ont fait de Pékin une ville modèle; les constructions sont savamment ordonnées, les rues larges et un système d'égouts draine la cité; celle-ci attire beaucoup d'étrangers; Jean de Montcorvin, Odoric de Pordenone du Frioul, un Marocain, Ibn Battûta, un envoyé du pape, Marignolli, y viennent ainsi que de nombreux marchands, missionnaires, émissaires et scientifiques. Les religions (bouddhisme, taoïsme, islam, christianisme, judaïsme...) y coexistent en paix. Plusieurs ethnies (Han, Mongols, Hui, Ouïgours, Hala, Yutian, Tibétains...) y cohabitent. La capitale est le centre commercial, intellectuel et administratif de l'empire; elle est reliée aux régions reculées par un réseau de routes jalonnées d'auberges (les zhanchi); sur ces voies de communications, un service de postes, le jidipu, transmet rapidement les dépêches officielles. La poésie chinoise s'est enrichi d'une nouvelle forme d'expression, le sanqu; le théâtre est particulièrement florissant, notamment avec le zaju, un genre dramatique associant, chant, danse et jeu scénique. La peinture exprime les sentiments et les goûts personnels; elle se combine harmonieusement avec la calligraphie. Grâce au bleu de cobalt venu d'Iran, la porcelaine blanche et bleue si prisée fait son apparition. Vingt sept observatoires astronomiques ont été construits à travers la Chine; le "Calendrier de prévision du temps" de Guo Shoujing évalue la durée de l'année à 365,2425 jours, c'est-à-dire avec une précision de 26 secondes. Les vastes dimensions de l'empire des Yuan favorisent l'essor de la géographie. La culture du coton se développe et l'industrie cotonnière prospère grâce à l'utilisation du rouet mu par la force hydraulique; de nouveaux instruments de filage et de tissage voient le jour; les tissus sont aussi beaux que des peintures. Des mines de charbon sont mises en exploitation pour la première fois dans le monde. Une véritable encyclopédie agricole illustrée est publiée. En médecine, l'accent est mis sur la diététique, par Hu Sihui, et le classique traité de médecine chinoise Nan Jing est imprimé. Les Yuan ont poursuivi une politique raciste; mais, compte tenu des dimensions de l'empire et de la résistance des peuples soumis, les cultures se sont interpénétrées, les traditions se sont influencées et une certaine fusion des populations s'est opérée, même si l'aristocratie mongole maintient ses coutumes nomades. La conquête mongole de l'Asie, sur un peu plus d'un siècle et demi, aurait provoqué la mort de 40 millions de paysans, faisant reculer la surface cultivée au profit des forêts, et contribuant ainsi au maintien de l'équilibre écologique. le passage de la "Tornade mongole" a réunifié l'Empire du Milieu; elle l'a même étendu en imposant sa suzeraineté au Tibet et en conquérant le Yunnan. La prospérité et la puissance de la Chine étonnent les étrangers. L'autoritarisme du régime et son caractère policier ont paradoxalement favorisé les libertés économiques et religieuses, pour autant qu'elles ne menaçaient pas le pouvoir. La fin de l'empire des Yuan entraîne de profondes répercussions en Mongolie. Elle donne naissance à ce que l'on a appelé l'âge des sous-monarchies. Le pouvoir central s'effrite et les potentats locaux retrouvent leur autonomie. Les Oïrats (Mongols occidentaux) font sécession, quittent les forêts de Sibérie méridionale pour immigrer vers l'Altaï, où ils créent leur propre royaume, et se livrent à des incursions en Asie centrale. La Mongolie se sépare en deux fractions: celle de l'est (six régions mongoles) et celle de l'ouest (quatre régions oïrates); la fraction orientale se subdivise en nord et en sud, préfigurant ce que seront plus tard la Mongolie extérieure et la Mongolie intérieure. La langue mongole se fragmente en différents dialectes. Ces difficultés n'empêcheront pas les Mongols d'attaquer à plusieurs reprises l'empire des Ming qui seront amenés à redresser la Grande Muraille. Mais la Mongolie sera, à son tour, aussi envahie par les soldats des Ming. La pax mongolica a eu un coût
élevé: trois millions de morts en Iran, Iraq et Afghanistan,
soit 30% de la population, 10% de la population en Corée, 30% en
Chine où 29 millions de personnes ont été tuées
dans le seul territoire des Song. Mais l'histoire ne s'arrête pas
et les massacres ne sont pas terminés!
L'âge de Tamerlan 1369 (ou 1360): Tamerlan accède au pouvoir à Samarcande, après l'assassinat de son beau-frère et rival Husayn, dont il épouse une veuve, fille du khan de Kazan, ce qui le fait entrer dans la famille des gengiskhanides; il place sur le trône de la Transoxiane, occupée par des Turcs islamisés, un khan fainéant, Soyurgatmich, qu'il contrôlera. 1370: mort de Togon Timur, dernier empereur des Yuan. Son fils, Bileg devient khan de Mongolie à Karakorum. La tradition des Yuan va se perpétuer en Mongolie, les khans se succédant rapidement, parfois à la suite de meurtres. L'assassinat politique est devenu une méthode de gouvernement! 1372: 15000 soldats chinois envahissent la Mongolie mais sont repoussés. 1377: les troupes de Mamaï (Horde d'Or) prennent Novgorod. 1380: le prince de Moscou, Dimitri Donskoï, bat les Mongols de la Horde d'Or à Koulikovo. Un raid des Ming détruit Harhorin. 1381: Tougtamich devient khan de la Horde d'Or. 1382: Tougtamich, aidé par Tamerlan, s'empare de Moscou et la brûle une nouvelle fois. 1383: les Djagataïdes déclarent la guerre sainte contre Turfan (Sinkiang). Cette guerre, qui va durer 40 ans, entraînera le destruction de Gaochang qui sera brûlée. L'Islam va dominer l'Asie centrale. Tamerlan, profitant de la décomposition du royaume d'Ilkhan, s'empare d'Herat, en Perse (dans l'actuel Afghanistan). Mort de Jean Le Long. Cet érudit orientaliste français a consacré une partie de son temps à réunir, adapter et diffuser les principaux textes consacrés aux Mongols: la Flor des Histoires de l'Orient de Hayton (1307), le Liber peregrinationis de Ricold de Monte Croix (1309), l'Itinerarium de mirabilis orientalium Tartorum d'Odoric de Pordenone (1330), le Liber de quibusdam ultramarinis et praecipue de Terra Sancta de Guillaume de Boldensele (1336), le De l'estat et du gouvernement du Grand Kaan de Cathay, empereur des Tartares de Guillaume Adam (1338). 1385: Tougtamich, se retourne contre Tamerlan
et envahit l'Azerbaïdjan.
Tamerlan est le dernier grand prince mongol. Il transporta ses troupes victorieuses de l'Irtych et de la Volga au Golfe persique et de l'Hellespont jusqu'au Gange. Il représente la synthèse de la barbarie mongole et du fanatisme musulman, massacrant au nom d'une idéologie abstraite élevée au rang de mission sacrée. Mais, devenu vieux, il échoua dans la conquête de la Chine. Son empire ne lui survécut pas. La disparition de la puissance
mongole
La droite de Halh (Khalka) est sous le contrôle du fils aîné de Dayan, Ashihai, et la gauche sous celle de son troisième fils Noonoh. Le fils de Nonooh, Abdai (Abataï), converti au bouddhisme tibétain, recevra le titre de Tusheet Saïn khan (khan bon et investi du soutien de la foi) de la part du Dalaï lama; Sholoi (Sholui), un autre membre de la famille, le prendra de haut et se nommera lui-même Setsen khan (khan à la sagesse illuminée); enfin, le fils de Ashihai, Luihar, non moins fier que les autres, prendra le titre de Zasagt khan (khan à la foi précieuse); et la Mongolie Halh (Khalka) aura trois khans à la fois dans une ambiance d'instrumentalisation de la religion bouddhiste à des fins politiques! 1529: Altan khan (1507-1582), chef des Tumeds,
petit-fils de Dayan Khan, ravage Datong, en Chine.
La défaite des Mongols de la Horde d'Or s'expliquerait en partie par une période de sécheresse qui aurait décimé leur cavalerie privée de nourriture. La conversion des Mongols au
bouddhisme tibétain
Depuis qu'ils ont été refoulés sur leurs steppes, à la suite de la perte de l'empire de Chine, les Mongols vivent dans la nostalgie de leur puissance passée et de la civilisation perdue; mais aucun de leurs chefs ne parvient à s'imposer durablement aux différents clans. Au sud de la Mongolie, le Tibet conserve son rayonnement spirituel, malgré ses dissensions internes. Ses mystiques sont parés de toutes les vertus et dotés de tous les pouvoirs. Ils font jaillir l'eau ou l'or des rochers en y mettant leurs mains; ils boivent du métal en fusion; les dieux locaux sont impuissants contre eux… En se convertissant au bouddhisme tibétain, Altan khan "civilise" son peuple guerrier et pense probablement en retirer un surcroît de puissance politique vis-à-vis des autres chefs mongols. 1581: Altan Khan et son épouse édifient
un monastère fortifié dans la ville bleue (Hohhot).
La montée en puissance
de l'empire manchou
Les Mongols interfèrent dans les luttes que se livrent les différentes écoles du bouddhisme tibétain et finissent par imposer la domination des Gelugpas. En contrepartie, les alliés mongols des Gelugpas en retirent un surcroît de puissance face aux autres chefs de tribus. La conversion des Mongols au bouddhisme tibétain constitue une véritable révolution culturelle. Le chamanisme est légalement proscrit ce qui entraîne une évolution considérable des moeurs. La place de l'écrit était minime dans les sociétés nomades. Désormais, la nécessité de transmettre les préceptes religieux et de montrer en exemple la vie des personnages importants du bouddhisme favorise la naissance d'une littérature religieuse et avec elle les rudiments de l'enseignement théologique, philosophique et médical dispensé dans les monastères. Parallèlement, le nomadisme recule face à la sédentarisation ne serait-ce que sous l'influence du monachisme. La yourte, facilement démontable, cède progressivement la place à des établissements solides de grande dimension, inspirés des architectures tibétaine et chinoise, susceptibles d'accueillir de nombreux moines. Du 16ème siècle aux années 1930, des centaines de monastères vont être construits, ce qui n'est pas rien pour une population d'un demi million de nomades. En même temps, et par étapes, les Mongols, affaiblis par leurs dissensions internes, deviennent les vassaux des Mandchous avant même que ceux-ci ne conquièrent la Chine. De nombreux îlots mongols, vestiges de l'empire de Gengis khan, continuent néanmoins d'exister au Yunnan, en Afghanistan, dans le Gansu et au Qinghai. 1647: Zanabazar fonde le monastère gelugpa
de Shankh, un des plus anciens de Mongolie.
La Mongolie dans l'empire mandchou 1691: un accord de vassalité est signé entre les Mongols khalka et la dynastie mandchoue; la Mongolie cherche à se protéger contre les Dzungars et contre les Russes; elle est subdivisée territorialement en huit bannières selon le modèle manchou. 1696: la Mongolie extérieure est incorporée à l'empire mandchou. 1706: Latsang khan, chef des Qoshots, prend prétexte du comportement licencieux du 6ème Dalaï lama, un poète, pour le déposer. Le Dalaï lama disparaît mystérieusement en Amdo, sur le chemin de Pékin. Orgöö cède progressivement la place à Khüree (cercle, rassemblement nomade, monastère important). La cité de yourtes à connu déjà de nombreux déplacements. 1710: le khanat de Kokand (vallée du Ferghana) naît d'un démembrement du khanat de Djaghataï. 1717: les Dzungars, avec l'appui des dignitaires Gelugpas, battent les troupes de Latsang khan et s'emparent de Lhassa. 1720: la Chine réagit et chasse les Dzungars du Tibet, avec l'appui des partis de l'ouest du pays. Un protectorat de fait chinois est établi sur le Tibet qui échappe définitivement à l'influence mongole. De façon à éviter une colonisation de la Mongolie par les Han, le pouvoir mandchou restreint les déplacements des commerçants chinois en Mongolie et leur interdit une résidence permanente. 1722: les Qoshots profitent de la mort de l'empereur mandchou Kangsi pour entrer en guerre contre la Chine. 1723: mort de Zanabazar à Pékin. L'empereur mandchou fait construire le monastère d'Amarbayasgalant, dans le nord de la Mongolie, pour recueillir ses restes. 1724: les Qoshots sont défaits et la Chine s'empare de l'Amdo (Kokonor) qui deviendra la province chinoise du Qinghai. 1727-1728: le traité de Kiakhta complète celui de Nerchinsk et précise à nouveau les frontières entre la Russie et la Chine. 1733: installation d'un gouvernement militaire mandchou à Uliastai (ouest de la Mongolie extérieure). Pour asseoir sa domination, le pouvoir mandchou multiplie les subdivisions territoriales de la Mongolie en application du principe: diviser pour régner. 1755-1758: des soulèvements mongols contre les Mandchous, à l'ouest de la Mongolie, sont sévèrement réprimés après quelques succès initiaux. La Chine des Mandchous triomphe définitivement des Dzungars dont plus de la moitié périssent. Les survivants sont colonisés ou fuient en Russie ou au Kazakhstan, quand ils ne sont pas exécutés. Deux chefs dzungars, Amarsanaa et Davaach, se disputaient le trône; Amarsanaa fut défait et se retira en Chine où il offrit ses services aux Mandchous; en 1755, il se battit contre Davaach qui fut écrasé; par la suite, Amarsanaa complota contre les Mandchous pour libérer la Mongolie; battu à sont tour, il se sauva en Russie où il fut emprisonné jusqu'à sa mort. 1771: certains Kalmouks (Oïrats) reviennent
de Russie vers leurs territoires ancestraux après la défaite
des Dzungars.
A la fin du 18ème siècle, les Djaghataïdes, assimilés par le monde turc, ont pratiquement disparu. 1820-1850: conquête du Kazakhstan par
les Russes sur les descendants des Mongols qui y sont depuis le 13ème
siècle.
A la fin du 19ème siècle, Ourga compte entre 15000 et 20000 habitants. Les moines représentent une proportion très élevée de la population mongole et ils tiennent le haut du pavé. Chaque famille envoie au moins un de ses enfants dans un monastère seul lieu où l'on peut acquérir quelque savoir et jouir de la considération. A la faveur de la crise qui frappe la Mongolie au 19ème siècle, des commerçants en difficultés et des éleveurs ruinés s'y réfugient pour obtenir la protection des lamas, en échange de menus travaux, après leur avoir donné leurs derniers biens. 1904: l'invasion anglaise du Tibet oblige le
Dalaï lama à se réfugier en Mongolie. Sa popularité
porte ombrage au Bogdo-Gegheen.
1909: le commandant français Bouillane de Lacoste entre en Mongolie avec une équipe pour en étudier les moeurs et le passé archéologique. Il rapportera des photos et des cartes ainsi qu'un ouvrage: Au pays sacré des anciens Turcs et des Mongols - Emile-Paul - 1911. 1910: heurt entre l'armée chinoise et les Mongols. L'amban (gouverneur) chinois est contraint de prendre la fuite. La Mongolie fut incorporée à
l'empire mandchou en deux phases, en commençant par la Mongolie
intérieure, la Mongolie extérieure n'étant tombé
sous influence chinoise que plus tardivement. L'empire procéda à
de profondes réformes administratives notamment en divisant les
territoires mongols sous sa domination en petites unités administratives
qui tenaient compte des gages plus ou moins importants qui avaient été
donnés à l'égard de l'empire par les khans locaux.
Les Mandchous déportèrent des populations entières
à des fins politiques et militaires. Certains groupes (comme les
Chakhar) furent administrés directement par les Mandchous pour s'être
rebellés. On passa de sept, puis huit bannières (circonscriptions
administratives mandchoues elles-mêmes subdivisées en flèches
censées fournir 150 soldats), en 1691, à quatre-vingt-six
un siècle plus tard. Comme cette division territoriale comportait
des restrictions en matière de déplacement, il en résultait
de graves inconvénients pour les nomades. Un corpus de lois couvrit
tous les aspects de la vie en Mongolie. Même la vie dans les monastères
était soumise au Bureau des Affaires du gouvernement. Des auberges
furent construites le long des routes. Les lois criminelles autorisaient
diverses formes de tortures et de mauvais traitement des prisonniers. Cependant
la stratification traditionnelle de la société mongole entre
nobles (os blanc), plus ou moins affiliés à Gengis
khan, et roturiers (têtes noires), continuait à subsister,
quand bien même les seigneurs recevaient leur aval de Pékin.
Seuls les nobles pouvaient accéder aux principales fonctions administratives
et militaires; les mieux notés pouvaient espérer épouser
une princesse mandchoue. Cette distinction entre nobles et roturiers se
retrouvait dans les monastères où les moines issus de la
noblesse, les toin, jouissaient d'un statut particulier. Les roturiers
comprenaient les serfs, que seuls les nobles et les monastères pouvaient
posséder; il y avait aussi des esclaves, vendus par leur famille
ou condamnés par la justice, que tout le monde pouvait posséder.
Le costume obéissait à des règles qui devaient permettre
de connaître d'un coup d'oeil la richesse, le statut social et les
origines de la personne qui le portait. Sous la domination des Mandchous,
on assista à un renouveau de la littérature mongole, notamment
dans le domaine religieux. Progressivement, les Mandchous furent assimilés
par la culture chinoise et leur empire devint l'empire chinois tandis que
la pression russe s'exerçait sur la frontière sibérienne.
Cependant les habitants de la Mongolie intérieure, plus proches
de la Chine et entrés plus tôt dans l'empire, subissaient
plus fortement l'influence chinoise que ceux de la Mongolie extérieure.
Néanmoins, au début du vingtième
siècle, l'idée de la reconstitution d'un empire mongol, aux
limites imprécises, mais qui comprendrait la Mongolie intérieure
et extérieure, le Tibet et une partie de l'Asie centrale, dont le
Sinkiang, commençait à germer dans certains esprits russes
(Semenov, Dja-lama, Ungern von Sternberg). Dja-lama, un moine meurtrier,
violent et cruel, prit ultérieurement la tête d'une croisade
mongole contre les Chinois; il consacrait ses bannières avec le
sang des prisonniers dont il ouvrait les poitrines pour en arracher le
coeur.
La Mongolie indépendante: une monarchie théocratique 1911: la Mongolie extérieure (Halh ou Khalka) profite de la révolution en Chine pour proclamer son indépendance, avec l'appui de la Russie. Le Bogdo-Gegheen devient khan de Mongolie et cumule désormais le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel. Un gouvernement central est constitué sur le modèle occidental avec cinq ministres. L'accession à l'indépendance laisse inchangées les stratifications sociales. 1912: accord sino-russe reconnaissant la suzeraineté chinoise sur la Mongolie. Un mouvement d'unification de tous les Mongols se développe; Khovd est libérée, notamment par Dja-lama, et une partie de la Mongolie intérieure rejoint la Mongolie indépendante. Le Japon est suspecté d'attiser les sentiments anti-chinois dans l'espoir d'en tirer profit. .
1912-1913: Voyages du Français Stéphane Passet en Mongolie (1912: Mongolie intérieure par la Chine - 1913: Mongolie extérieure par la Russie). Il en rapporte, pour Albert Kahn, des documents photographiques et cinématographiques intéressants malgré certains préjugés occidentaux (musée Albert Kahn). Ces archives de la Planète apportent des renseignements familiers à ceux qui connaissent le Tibet et la Mongolie d'aujourd'hui. Les Mongols pratiquaient alors les funérailles célestes mais ne découpaient pas les cadavres; ils se contentaient de les déposer sur le sol, à la merci des bêtes sauvages, en un lieu réservé à cet usage. Les châtiments infligés aux condamnés étaient cruels, comme dans la plupart des pays d'Asie. Les règles élémentaires d'hygiène étaient à peu près inconnues. 1913: la Mongolie et la Russie signent un traité d'entente et de reconnaissance mutuelle. Mais la Mongolie ne parvient pas à obtenir une reconnaissance internationale plus large. 1914: la Première guerre mondiale donne l'occasion de concrétiser les termes du traité russo-mongol. .
1915: le Traité de Kyakhta entre la Russie, la Chine et la Mongolie reconnaît l'autonomie de la Mongolie extérieure sous suzeraineté chinoise. Les trois parties en présence poursuivaient des buts différents: les Chinois espéraient le retour des Mongols dans le nouvel Etat récemment créé, alors sous la coupe d'un militaire, Yuan Shikaï, les Russes pensaient pouvoir étendre leur zone d'influence en Asie et les Mongols se refusaient à renoncer à leur indépendance; le compromis ne pouvait qu'être boiteux! Les Russes commencent à s'installer en Mongolie (banque, exploitation des ressources minières). 1917: une délégation mongole est envoyée à Moscou pour obtenir le soutien des Bolcheviks parvenus au pouvoir. Ceux-ci se récusent s'en tenant à l'accord de 1915. .
1917-1918: les Anglais tentent de restaurer le khanat de Kokand qui est repris par les Bolcheviks. 1918: le pouvoir soviétique s'installe en Bouriatie (Oulan Oude). Selon des statistiques russes, la population de la Mongolie extérieure ne dépasse pas 542000 individus (d'autres estimations la font monter à 600000) sans compter 100000 Chinois et 5000 Russes. 1919: des troupes chinoises entrent en Mongolie extérieure. La Chine profite de la révolution russe pour tenter de reprendre pied en Mongolie extérieure tandis que se crée une formation pro-japonaise visant à rétablir une "Grande Mongolie". Avec l'accord du Bogdo-Gegheen, un aventurier d'origine germanique, le baron Ungern von Sternberg, envahit la Mongolie à la tête de militaires russes qui fuient la révolution bolchevique. Doté d'un indéniable charisme, ce personnage énigmatique est autoritaire et cruel. On l'appellera le loup des steppes. Il exige de ses soldats une soumission sans réserve et exécute lui-même les officiers récalcitrants en leur fracassant le crâne à coups de canne! Se prenant pour une réincarnation de Gengis khan, il rêve de reconstituer l'empire mongol; le nouvel État, placé sous le gouvernement nominal du Bogdo-Gegheen, serait protégé par un ordre de chevalerie bouddhiste inspiré des Chevaliers Teutoniques. Jusqu'à présent, les bolcheviks sont restés circonspects, mais l'intrusion d'un Russe blanc dans le jeu change la donne. Alors que la délégation mongole est à Irkoutsk, sur le chemin du retour, Moscou reconnaît l'indépendance de la Mongolie et envoie l'Armée rouge en renfort. 1920: création du Parti du Peuple Mongol (communiste). .
Le dernier khan de Khiva (Asie centrale) est détrôné par les Bolcheviks. 1921: à l'issue du premier congrès
du Parti du Peuple Mongol, tenu en Russie, un gouvernement révolutionnaire
est formé; il reçoit l'appui du gouvernement soviétique.
Sukhbaatar, le futur héros rouge, est nommé général
en chef et ministre de la guerre; il communique avec Lénine en lui
envoyant des plis cachés dans des cannes de pasteurs. Les Russes
blancs sont chassés de Mongolie par les révolutionnaires
mongols aidés par les bolcheviks. Ungern von Sternberg, battu et
pris par les troupes rouges, est fusillé. Le gouvernement populaire
de Mongolie est proclamé: le pouvoir du Bogdo-Gegheen est
limité, mais sa personne n'est pas mise en cause. Le nouveau pouvoir
réaffirme l'indépendance de la Mongolie qui est reconnue
par les Soviétiques.
Au cours des années 1920, une expédition américaine, dirigée par Roy Chapman Andrews, trouve d'importants restes de dinosaures en Mongolie. Jusqu'en 1930, la Mongolie révolutionnaire suit une politique d'accomodement avec le capitalisme proche de la NEP de Lénine. Ensuite, le régime se radicalise. La République populaire
de Mongolie: un régime de parti unique (communiste)
1925: échanges de notes relatives au retrait des troupes soviétiques. Fondation d'organisations de jeunesse et de syndicats. Quatrième Congrès du Parti. Mise en circulation d'une nouvelle monnaie. 1926: Traité d'amitié avec la République de Touva, une petite république indépendante, en bordure de la Mongolie, placée sous le protectorat de la Russie soviétique. Cinquième Congrès du Parti qui met l'accent sur les limitations de la propriété privée et sur le développement des coopératives; les pouvoirs de la religion sont réduits, ce qui entraîne des soulèvements dans les monastères et des rumeurs concernant la réincarnation du Bogdo-Gegheen. 1927: établissement d'une Cour suprême. Création d'une société d'État destinée à promouvoir le commerce entre la Russie soviétique et la Mongolie. Premier Congrès des syndicats. Sixième Congrès du Parti consacré à la lutte contre les gauchistes qui s'opposent à la politique droitiste: "enrichissez-vous". 1928: la politique indépendante poursuivie par les révolutionnaires mongols n'est pas du goût de Moscou; le Komintern envoie des instructions pour lutter contre le déviationnisme de droite et prépare un coup d'État. Le septième Congrès du parti est consacré à la lutte contre la droite. Montée en puissance de Choybalsan. 1929: Choybalsan président. Accord sur les relations URSS-Mongolie. Abolition de la propriété privée et expropriation des propriétaires féodaux, des monastères et des classes moyennes (plus de 5000 personnes sont arrêtées). Fondation d'une Ligue contre l'illettrisme et d'une Ligue de la Dialectique matérialiste mongole. Création d'une compagnie soviéto-mongole du Transmongolien. 1930: huitième Congrès du Parti:
poursuite des expropriations; des critiques jugent prématuré
le passage aux communes et à l'organisation socialiste. Établissement
d'un Conseil des Nationalités et des Tribus. Fixation du service
militaire à trois ans; promotion de la Défense nationale.
Le commerce international devient un monopole d'État. La confiscation
des propriétés, la collectivisation forcée, les humiliations
imposées aux croyants et la discrimination sociale suscitent un
mouvement de rébellion armée qui durera deux ans et à
laquelle participeront environ 30000 personnes.
1931-1932: les automobiles André Citroën de la Croisière jaune vont traverser la Mongolie intérieure et le désert de Gobi. Mais il leur faudra patienter quatre mois au Sinkiang en proie à une insurrection indépendantiste, le seigneur de la guerre chinois local voulant réquisitionner leur matériel. 1932: la Mandchourie tombe sous protectorat
japonais. Éradication de la contre-révolution "féodale-théocratique"
de l'ouest mongol grâce à l'aide soviétique. La situation
politique mongole est critiquée par le Komintern. Les gauchistes
sont battus au Comité central du Parti. Le gouvernement populaire
prend le nom de Conseil des ministres.
1936: le Bureau de la Sécurité intérieure devient le ministère des Affaires intérieures. Le Comité central du Parti dénonce l'opportunisme de droite. Signature d'un Protocole d'entraide soviéto-mongol; la Chine proteste contre ce protocole qui porte atteinte à sa suzeraineté sur la Mongolie. Le soulèvement des moines du monastère de Yögzör est réprimé. 1937: les Japonais entrent à l'est de la Mongolie intérieure. La ligne de chemin de fer Oulan Bator-Nalayh entre en service. C'est l'année de la grande purge, à l'instigation de Moscou qui veut transformer la Mongolie en pays athé sans classes: 20000 moines sont tués, près de 57000 personnes sont arrêtées, 6000 monastères ou autres édifices sont détruits, d'après les estimations de Choybalsan lui-même; 20% de la population adulte est victime de ce vent de folie, sans parler des nombreux biens culturels (livres, objets du culte...) irrémédiablement perdus! 1938: résolution du Parti et du gouvernement sur les minorités nationales. 1939: les forces soviéto-mongoles battent l'armée japonaise à Khalkhyn Gol (est de la Mongolie); ce conflit, qui succédait à de nombreux incidents frontaliers, causa la mort de 70000 personnes. Nouvelle constitution. Construction de la ligne de chemin de fer Bayantümen-Ereentsav. Destruction du monastère d'Erdene Zuu. La décennie 1930 est marquée
par la répression antireligieuse, qui aurait causé la mort
de 10000 moines, un début de modernisation économique et
un conflit avec le Japon, que celui-ci perdra, ce qui le dissuadera d'attaquer
l'Union soviétique à revers lors de l'offensive allemande
de 1941. La médecine occidentale, la technologie et l'éducation
ont fait leur entrée dans une Mongolie qui se transforme. Choybalsan
est devenu le leader incontesté du pays. A la veille de la Seconde
Guerre mondiale, la Mongolie est sous un régime hybride d'économie
planifiée et d'économie de marché.
1940: 10ème Congrès du Parti: fin de l'étape démocratique de la Révolution et passage à l'étape socialiste. Adoption du nouveau programme du parti. Choybalsan, Premier ministre. Emergence de Tsedenbal. 1941: adoption de l'écriture cyrillique. Acte de neutralité soviéto-japonais; Invasion allemande de l'Union soviétique. Accord signé avec le Japon sur la frontière entre la Mongolie et le Mandchoukouo. 1942: création des associations industrielles de production. Fondation de l'Université d'État mongole Choybalsan. 1943: un régiment blindé mongol rejoint l'Armée rouge. Une escadrille d'aviation mongole est formée pour combattre aux côté des soviétiques. Création d'une direction des fermes d'État. Le Comité central du Parti organise un système de rotation du présidium et crée un secrétariat. Des Kazaks fuyant le Sinkiang se réfugient en Mongolie. 1944: une loi organise la fourniture par l'État du bétail privé. Visite à Oulan Bator du vice-président des États-Unis, Henry Wallace. Abolition des restrictions en matière de droits de vote. 1945: la décision d'entrée en guerre de l'Union soviétique contre le Japon est prise à Yalta. Le statut de la Mongolie, des Kouriles et de Sakkhaline est traité. L'Union soviétique et la Mongolie déclarent le guerre au Japon. Un référendum sur l'indépendance de la Mongolie est organisé à la demande de la Chine nationaliste: le résultat est positif. 1946: la République de Chine (nationaliste) reconnaît la Mongolie. Un traité d'amitié est signé entre les deux pays. La Mongolie fait acte de candidature à l'ONU. 1947: incident de frontière entre troupes chinoises et mongoles à Baytag Bogd. Onzième Congrès du Parti: Tsedenbal annonce le premier plan quinquennal (1948-1952) prévoyant un doublement du bétail mongol. 1948: établissement de relations diplomatiques avec la Corée du nord. Renouvellement de la candidature à l'ONU. 1949: établissement de relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. Ouverture d'une ligne de chemin de fer entre Oulan Bator et l'Union soviétique. Le Comité central du Parti bannit le "nationalisme bourgeois" en histoire et en littérature. Après la seconde guerre mondiale, la Mongolie accentue son évolution vers une économie planifiée à l'échelon central avec l'appui de l'Union soviétique. 1950: établissement de relations diplomatiques
avec l'Allemagne de l'Est, la Hongrie, la Pologne et la Tchécoslovaquie.
Le Comité central du Parti approuve un nouveau système électoral.
Lancement d'une vaste campagne d'alphabétisation qui sera couronnée
de succès.
L'homme fort du régime est Tsedenbal. 1970: second congrès international des
"Mongolistes".
Batmöhn supplante progressivement Tsedenbal.
1980: 40ème anniversaire de l'élection de Tsedenbal à la tête du Parti: critique du culte de la personnalité ainsi que des erreurs en histoire (nationalisme et classes sociales). Restauration de la tombe de Gengis khan, qui avait été détruite, à Ejin Horo, en Mongolie intérieure, pendant la Révolution culturelle. Résolution du Bureau politique relative à la distorsion de faits historiques concernant la Chine et la Mongolie: des textes sont expurgés. Des journaux mongols accusent Pékin d'utiliser les émigrés chinois en Mongolie pour fomenter des complots expansionnistes. 1981: extension des activités du combinat Erdenet, un des plus importants du monde. Premier vol du cosmonaute mongol Jügderdemidiyn Gürragchaa à bord d'un vaisseau soviétique. Dix-huitième Congrès du Parti: Tsedenbal reste secrétaire général, adoption du septième plan quinquennal (1981-1985), en présence de Gorbatchev. Élections de 370 députés. Tsedenbal accuse la Chine d'intentions agressives et de subversion. Le 60ème anniversaire de la révolution mongole est marqué par une parade militaire en présence de Kuznetsov, vice-président de l'URSS. Tsedenbal est décoré une nouvelle fois de l'ordre de Lénine, à l'occasion de son 65ème anniversaire, il appelle à arracher les mauvaises herbes dans les rangs du Parti. 1982: Bazaryn Shirendev, président de l'Académie des Sciences, est limogé. Réunion de la commission frontalière sino-mongole. Gombojavyn Ochirbat, chef des syndicats, est démis de ses fonctions. Chebrikov, un des chefs du KGB, assiste à la célébration du 60ème anniversaire du Service de Sécurité mongol. Tsedenbal et Brejnev discutent des relations avec la Chine après la mort de Mao. Quatrième congrès international de "Mongolistes" à Oulan Bator. Nouvelle visite du Dalaï lama. Le ministre de la Sécurité publique, Sonomyn Luvsangombo, accuse le Royaume Uni, les USA et le Japon, d'activités d'espionnage contre la Mongolie. Nouvelle expulsion de Chinois accusés de subversion, d'usage de stupéfiants et de marché noir. Andropov succède à Brejnev en URSS. Une nouvelle loi sur l'éducation introduit l'apprentissage du russe en école primaire à partir de 1984. 1983: campagne laudative en l'honneur de Tsedenbal. La Mongolie rejette la demande chinoise de retrait des troupes soviétiques. Conférence sur une zone de paix et de sécurité en Asie-Pacifique à Oulan Bator. Protestation de la Chine à l'encontre des expulsions de ses ressortissants. Limogeage de Sampilyn Jalan-Aajav, membre du bureau politique. Le ministre des Affaires étrangères mongol, Mangalyn Dügersüren, affirme que la plupart des 5000 Chinois de Mongolie n'effectuent aucun travail socialement utile et il reproche à Pékin de déployer la moitié de son armée à la frontière mongole. 1984: Dügersüren et Gromyko (URSS) plaident la restauration de relations de bon voisinage avec la Chine. Le limogeage de Jalan-Aajav est attribué à des intrigues contre l'unité du Parti. Mort d'Andropov qui est remplacé par Tchernenko à la tête du PC de l'URSS. Recensement des machines à écrire, duplicateurs et photocopieurs en Mongolie. Tsendenbal réclame la normalisation des relations avec la Chine. Un protocole frontalier est signé à Pékin. Tsedenbal est déchargé de ses fonctions pour raison de maladie; Batmönh, le remplace à la tête du Parti et de l'État. 1985: Batmönh prône une atmosphère créative pour remplacer l'esprit bureaucratique, le formalisme et l'abstraction. Mort de Tchernenko qui est remplacé par Gorbatchev. Batmönh et Gorbatchev signent un programme à long terme de coopération pour le développement économique, scientifique et technique jusqu'à l'an 2000. Au Kremlin, Batmönh s'engage auprès des soviétiques à soutenir les efforts de normalisation des relations avec la Chine; un article dans le journal mongol Ünen précise que les critiques du maoïsme ne changent rien à cette politique. 1986: Dix-neuvième Congrès du Parti: renforcement des règles d'adhésion, huitième plan quinquennal (1986-1990), l'accent est mis sur l'intensification de la production plutôt que sur la croissance. Le ministre de la Sécurité, Avaanjantsangiyn Jamsranjav, accuse l'impérialisme d'activités hostiles contre la Mongolie destinées à saper l'amitié et la coopération soviéto-mongole. Élections de 370 députés. Gorbatchev déclare à Vladivostok que le flot principal de l'Amour pourrait être la frontière entre la Chine et l'URSS et que le retrait des troupes soviétiques de Mongolie fait l'objet de pourparlers. Un accord consulaire sino-mongol est signé à Oulan Bator. Batmönh plaide pour une ouverture économique. 1987: établissement de relations diplomatiques avec les États-Unis. Une certaine liberté de la presse est reconnue comme compatible avec l'idéologie du Parti. Mais le président du Comité de Sécurité, Battsagaany Tsiyregzen, met en garde contre la propagande anti-soviétique, la propagation de rumeurs, et la vente de secret d'État aux services spéciaux ennemis. Batmönh admet la pénurie en matière de logements, de nourriture et de biens de consommation; lors d'une rencontre avec Gorbatchev à Moscou, il affirme que la Mongolie ne ferme pas les yeux sur les difficultés. Le Bureau politique réclame une perestroïka pour la Mongolie en phase avec les développements en URSS, nonobstant les différences d'échelle. Batmönh estime que la direction de l'économie est trop centralisée et qu'il en résulte une stagnation. Une division motorisée soviétique se retire de Mongolie. Un accord sino-soviétique règle les problèmes frontaliers. Une délégation de parlementaires chinois, conduite par Pen Zhen, visite la Mongolie. Conférence des partis communistes d'Asie-Pacifique à Oulan Bator (sans les Chinois, les Japonais et les Nord-Coréens): appel à la création d'une zone de paix et de progrès. Première table ronde entre la Grande-Bretagne et la Mongolie à Oulan Bator; elle est consacrée aux échanges économiques et académiques. Le cinquième congrès des "Mongolistes" crée une Association internationale pour les études mongoles. 1988: Puntsagiyn Jasray prend la tête du nouveau Comité d'État de Planification et d'Économie. Visite de Ceaucescu en Mongolie. Tserenpiliyn Gombosüren remplace Dügersüren aux Affaires étrangères. Une conférence économique nationale se prononce pour une accélération des réformes. Dans la presse du Parti, l'interprétation dogmatique du socialisme des années 1950-1980 est dénoncée; la bureaucratie est dépeinte comme le principal ennemi interne du socialisme. Visite de Kim Il-Sung. Signature d'un nouveau plan de développement des relations économiques avec l'URSS jusqu'en 2005. Appel de Ünen pour une réforme des élections à la députation et mise en garde contre l'autoritarisme et l'indolence intellectuelle. Visite à Pékin du président de l'Assemblée mongole. Batmönh plaide pour une plus grande ouverture politique et sociale. La presse blâme la stagnation de l'ère Tsedenbal. Après des années de condamnation du nationalisme, le Parti réévalue le rôle historique de Gengis khan et de l'empire mongol; l'héritage culturel national est réhabilité. Traité frontalier avec la Chine. 1989: une loi sur les entreprises d'État, qui met l'accent sur l'autonomie financière, entre en application. Le nouvel an bouddhiste redevient une fête nationale chômé. Ünen, dans un éditorial intitulé "Démocratie ou anarchie" se demande pourquoi le peuple qui tire avantage des réforme se met en travers du courant. Le ministre de la Défense annonce que l'armée mongole est réduite à deux divisions motorisées de 12000 hommes. Le ministre des Affaires étrangères mongol se rend à Pékin où plusieurs accords économiques et consulaires sont signés. Ünen, dans un éditorial, "Nationalisme ou internationalisme", oppose l'ultra-nationalisme au patriotisme tempéré par l'internationalisme (c'est-à-dire la loyauté envers l'URSS). Un nouveau retrait de troupes soviétiques a lieu. Le Parti annonce une révision de ses règles de fonctionnement, comme de son programme, et entame des procédures de réhabilitation des victimes du culte de la personnalité de Choybalsan, pendant la période des années 1930 et 1940. Après une visite de Batmönh à Moscou, la presse mongole réclame une évaluation objective et réaliste de la coopération soviéto-mongole. Visite à Londres de Punsalmaagiyn Ochirbat, ministre des Relations économiques extérieures. Révélation de l'existence de la mine d'uranium secrète soviétique jouissant d'un droit d'extraterritorialité de Marday. Seconde table ronde entre la Grande-Bretagne et la Mongolie à Londres. Le ministre de la Sécurité Publique Jamsranjav confirme les rumeurs de distribution de tracts qui, d'après lui, ne sont pas issus de groupes qui veulent miner le socialisme, mais de personnes qui militent pour une accélération du processus de réformes. Première réunion de l'Association démocratique de Mongolie. Zardyhan réclame la légalisation des organisations informelles saines. La République populaire de Mongolie,
nominalement indépendante, dépendait en fait étroitement
de l'Union soviétique. Son évolution n'a pas toujours strictement
coïncidé avec celle de son puissant voisin communiste mais
la plupart des soubresauts qui ont agité celui-ci ont eu leurs répercussions
en Mongolie, parfois avec un délai de retard. An cours des années
1980, il y a eu une perestroïka mongole inspirée par
celle de Gorbatchev. De 1971 à 1990, la Mongolie a bénéficié
d'un taux de croissance moyen de 5,5% par an, sans inflation ni chômage,
mais ces performances honorables ont été obtenues grâce
à des prêts importants, consentis par l'Union soviétique,
qui hypothèquaient l'avenir. Parallèlement, le pays s'est
industrialisé et la part de l'agriculture dans le PIB a reculé
de 25 à 20%; mais ce développement s'est surtout porté
sur la production des matières premières. Le déficit
budgétaire, stimulé par les prêts de l'URSS, s'est
creusé. A la fin de la période, plus de 90% du commerce extérieur
de la Mongolie s'effectuait avec le bloc communiste. En politique internationale,
la Mongolie est toujours restée fidèle à l'alliance
avec Moscou, gage de sa sécurité face aux menaces japonaises
et chinoises. La plupart des dirigeants mongols se sont d'ailleurs formés
en Union soviétique.
1992: une nouvelle constitution, adoptée par le Parlement, déclare que la Mongolie devient une république parlementaire (mais le président garde tout de même beaucoup de pouvoirs). Le Premier ministre présente sa démission, par suite de l'échec de sa politique économique, mais le Parti le persuade de rester à son poste. La privatisation du bétail est interrompue (22 millions de têtes ont déjà été privatisées). La nouvelle constitution change le nom du pays de République populaire de Mongolie en Mongolie tout court; une seule chambre remplace la grande assemblée et l'assemblée réduite; le président est élu directement; une Cour constitutionnelle est instaurée. Le Parti républicain de Zorig fusionne avec le Parti travailliste libre et une partie du Parti démocratique pour former le Parti de l'unité. Vingt-et-unième Congrès du Parti du peuple (ex-communiste); un groupe fait défection et fonde le Parti de l'indépendance mongole. Une nouvelle loi électorale entre en application. Un document émanant du Bureau de la sécurité d'État de la Mongolie intérieure fait état d'un projet des USA visant à la création d'une Grande Mongolie regroupant la Mongolie, la Mongolie intérieure et la Bouriatie. Nouvel accord économique avec la Chine. Nouveau don de 320 millions de dollars en provenance du Japon. Une loi sur la Sécurité intérieure entre en application. Élections pour la nouvelle chambre unique de 76 sièges; le Parti du Peuple (ex-communiste) obtient 56,9% des voix et 71 sièges; les autres partis principaux, avec 40% des voix, n'ont que 5 sièges. Jarsay devient le nouveau Premier ministre. Un organe de presse gouvernemental, Ardyn Erh, publie un article sur les territoires mongols perdus entre 1915 et 1980 au profit de la Russie et de la Chine. Les derniers éléments de l'armée russe quittent la Mongolie. Les poursuites engagées contre les anciens dirigeants communistes sont abandonnées car ils ont agi selon la constitution de l'époque. Sixième congrès international des "Mongolistes" à Oulan Bator. Le FMI suspend ses crédits à la Mongolie pour non respect des limites assignées au déficit budgétaire et excès de distribution de crédits par les banques. Nouveau regroupement des partis démocratiques, du progrès, du renouveau et de l'unité. Traité d'amitié et de coopération avec l'Ukraine signé pendant la visite de Kravchouk. 1993: dévaluation de la monnaie mongole dont le cours flottant va se stabiliser. Réouverture des crédits du FMI. Traité d'amitié et de coopération avec la Russie conclu lors d'une visite du président Orchibat à Moscou. Une manifestation d'opposants a lieu à Oulan Bator pour commémorer le troisième anniversaire de la démocratisation. La nouvelle loi électorale pour la désignation du président entre en application. Punsalmaagiyn Ochibat, candidat des Nationaux et des Sociaux-démocrates est élu avec 57,8% des voix contre le candidat du Parti du peuple (communiste) qui n'obtient que 38,7%. La radio et la télévision mongoles retournent sous la coupe du gouvernement. Modification du code criminel qui devient moins répressif; la notion de crimes contre la sécurité de l'État disparaît. Réduction de 10% des forces armées. Le Premier ministre Jasray se rend aux USA pour y rencontrer les autorités américaines et celles du FMI et de la Banque mondiale. Inquiétude de la Mongolie au sujet de la Chine qui continue de la considérer comme faisant partie de son territoire. Loi sur le copyright. Aucune parade militaire ne commémore la révolution de 1921. Nouvelle législation pour lutter contre l'ivrognerie. Développement des relations culturelles et commerciales avec Taiwan. Nouveau don de 150 millions de dollars des Japonais. Traité d'amitié et de coopération avec le Kazakhstan, au cours d'une visite de son président, Nazarbayev. Quatrième table ronde entre la Mongolie et la Grande-Bretagne à Londres. Visite du Premier ministre Jasray au Japon. Loi sur la Défense et loi sur les rapports entre l'État et l'Église. Fondation d'une Mission archéologique française pour la Mongolie. 1994: la loi sur les relation entre l'État et l'Église est amendée par la Cour constitutionnelle. Visites du président Orchibat en Inde, en Thaïlande, au Laos et au Vietnam. L'Union européenne étend le programme d'assistance technique prévu pour la CEI à la Mongolie. Gonchigdorj remplace Bat-Erdeniyn à la tête du Parti social-démocrate. Manifestation pour une loi contre la corruption et pour l'accès aux médias officiels. Visite du Premier ministre chinois, Li Peng, et signature de nouveaux accords. La Mongolie proteste contre les essais nucléaires chinois. Réforme administrative et création de trois nouvelles provinces. Le Parti du Renouveau est enregistré. Un membre du Parlement, Tsahiagiyn Elbegdorj est contraint à la démission, pour divulgation de secrets d'État. Le Parlement promeut l'écriture cyrillique pour les usages officiels. Publication de la doctrine officielle en matière de sécurité nationale, de défense et de politique internationale. Accord avec la Russie en matière de coopération et de simplification des procédures d'échanges frontaliers. Nouvelle visite du Dalaï lama. Le président du Parlement, Bagabandi, visite Pékin et le Sinkiang. Prêt de 210 millions de dollars en provenance du Japon. Publication d'un nouveau code civil. La Mission archéologique française s'installe sur le site d'Egiin Gol, un cimetière plébéien xiongnu. 1995: réduction de 10 à 6 des comités permanents du Parlement. Le Premier ministre Jasray se rend à Moscou pour aménager les échéances de la dette mongole, sans succès. Visite du président de la République de Touva. Introduction d'un régime de visas entre la Russie et la Mongolie. Limogeage du ministre de L'Éducation, après une grève des enseignants. Visite à Singapour du Premier ministre Jasray. Nouvelle visite du Dalaï lama: il invite les Mongols à boire du koumis (lait de jument fermenté) et à travailler fort. Visite d'Hillary Clinton, avec 4,5 millions d'aides. Visite du président turc Süleyman Demirel. Nouvelle démarcation frontalière entre la Mongolie et la Russie. Le président Orchibat visite l'Allemagne, la Hongrie et la Belgique, puis se rend aux États-Unis pour y rencontrer Bill Clinton. Un accident aérien des lignes mongoles (Antonov-24) tue 41 personnes. Les pourparlers entre la Russie et la Mongolie, concernant une offre de réduction de 80% de la dette, échouent. 1996: le président du Parlement, Bagabandi, se rend aux Indes et en Thaïlande. Les Japonais promettent à nouveau 212, 5 millions à la Mongolie. Jasray rencontre Li Peng à Pékin. Les ministres des Affaires étrangères de Mongolie et de Russie se rencontrent à Moscou. Le Parti national démocratique et le Part social-démocrate forment l'Alliance démocratique. Le président Orchibat visite Paris et Londres. Cinquième table ronde entre la Mongolie et l'Angleterre à Oulan Bator. Visites du speaker de la Douma russe puis du chef d'état-major de l'armée chinoise en Mongolie. L'Alliance démocratique gagne les élections au Parlement et remporte 50 des 76 sièges; le Parti du peuple (ex-communiste) entre dans l'opposition, après 75 ans de pouvoir ininterrompu (il figure au Livre Guinness des records!). Cette alternance sans secousses montre que la Mongolie s'achemine sur la voie de la démocratie. Gonchigdorj (social-démocrate) est élu président du Parlement, Mendsayhany Ensayhan, leader de l'Alliance démocratique, devient Premier ministre. Le secrétaire général du Parti du Peuple (ex-communiste), qui a perdu les élections, est remplacé par Nambarayn Enhbayar. Visite du secrétaire d'État aux Affaires étrangères et au Commonwealth de Grande-Bretagne, Malcolm Rifkind. L'Union européenne promet une augmentation de 25% de son aide. Le Premier ministre Enhsayhan se rend à Washington pour des pourparlers avec le FMI et la Banque mondiale. Visite de l'émir du Koweït, pour acheter des faucons. Visite du ministre des Affaires étrangères de Russie, Primakov, pour tenter de résoudre le problème de la dette. La privatisation du bétail est relancée. 1997: la Mongolie adhère à l'OMC. Loi sur les organisations non-gouvernementales. Le Congrès du Parti du peuple (ex-communiste) porte Bagabandi à sa présidence; il chapeaute le secrétaire général Enhbayar. Lois sur le Parlement et son fonctionnement. Arrivée en Mongolie de prêtres russes, pour y rétablir l'orthodoxie. Privatisation des logements urbains. Tsahiagiyn Elbegdorj (national démocrate) est porté à la tête de l'Alliance démocratique. Visite de Qiao Shi, président du Comité permanent de l'Assemblée chinoise. Bagabandi (Parti du peuple) gagne les élections présidentielles avec 60,8% des voix, Orchibat, de l'Alliance démocratique obtient 29,8% et le conservateur Jambyn Gombojav, 6,6%. Nouvel accident d'un avion des lignes mongoles (Yu-12): 7 morts. Enhbayar devient président du Parti du peuple (ex-communiste) et remporte l'élection au siège laissé vacant par Bagabandi au Parlement. Visite de parlementaires et du ministre des Affaires étrangères chinois qui affirme que son pays respecte la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Mongolie. Rencontre du ministre de la Défense, Dalbyn Dorligjav, et des chefs de l'armée américaine à Hawaï. Visite du Premier ministre de Malaisie, Mahathir Mohamad: accord de coopération économique et de formation d'étudiants. Les Japonais offrent une nouvelle aide de 256,1 millions de dollars. 1998: le Premier ministre, Enhsayhan, participe à la réunion de Davos et visite la Hongrie. Adoption d'une loi sur l'État de guerre, le stationnement et le passage de forces militaires étrangères. Loi sur le service militaire et un service alternatif. Le mandat de Shagdaryn Otgonbileg, comme directeur du combinat russo-mongol Erdenet, est prolongé; l'accord de Boris Eltsine est sollicité. Le Premier ministre, Enhsayhan, visite les installation de livraison à la Chine du pétrole extrait par les Américains à Tamsagbulag. Le président du Parlement, Gonchigdorj, visite le Canada. Le président Bagabandi visite le Kazakhstan, le Koweït et la Turquie. Les Nationaux démocrates et les Sociaux démocrates décident que le leader de l'Alliance démocratique devrait être Premier ministre; démission de Enhsayhan qui est remplacé par Elbegdorj. Le président Bagabandi visite le Japon où il est reçu par l'empereur Akihito. La Mongolie est admise dans l'ASEAN. Madeleine Albright, secrétaire d'État US, visite la Mongolie. Nouvel accident d'un avion mongol (Yu-12): aucun rescapé. Conférence international financière à Oulan Bator: Elbegdorj promet une révision de la loi sur les investissements étrangers. La Mongolie discute les problèmes de sécurité frontaliers avec les représentants de l'Altaï, de Touva, de la Bouriatie et des régions d'Irkoutsk et de Chita. Rencontre des chefs militaires des troupes frontalières mongoles et chinoises. Visite du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères de Corée. Visite du ministre des Infrastructures israélien, Ariel Sharon. Le Parlement s'oppose à un projet de fusion entre la banque de la Reconstruction, en faillite, et une banque privée (la Golomt) et vote une motion de défiance à l'encontre du gouvernement, ce qui entraîne la démission de Elbegdorj. La nomination par l'Alliance démocratique, comme nouveau Premier ministre, de Davaadorjiyn Ganbold est refusée par le président Bagabandi et Elbegdorj reste Premier ministre en exercice. A la fin de la prolongation du mandat de Otgonbileg à la tête d'Erdenet, le combinat est placé sous un régime spécial, une commission gouvernementale est créée et le ministre de la Défense est chargé de remplir les fonctions de directeur; les investigations suggéreront que d'importantes fautes de management ont été commises. Établissement de relations diplomatiques avec l'Irlande. L'Alliance démocratique échoue à nouveau à imposer comme Premier ministre Rinchingiyn Amarjargal. Visite du président de la République d'Allemagne. Assassinat du ministre du Développement des Infrastructures, Sanjaasürengiyn Zorig. Nouveau refus (c'est le 6ème) du président Bagabandi de Ganbold comme Premier ministre; c'est finalement le maire d'Oulan Bator, Janlavyn Narantsatsralt, qui est accepté par le président et élu par le Parlement (bel exemple de cohabitation à la mongole!). Bagabandi visite la Chine. 1999: visite d'Igor Ivanov, ministre des Affaires étrangères de Russie, pour discuter de la coopération économique. Visite de Pavel Krasheninnikov, ministre de la Justice russe, pour signer des accords de coopération en matière de justice civile et criminelle. Visite du président de la Corée, Kim Dae Jung, pour signer des accords sur l'éducation. La septième Conférence des donateurs, nommée Réunion du groupe d'assistance de la Mongolie, qui se tient pour le première fois à Oulan Bator, accorde des dons et prêts de 320 millions de dollars. Le Premier ministre, Narantsatsralt, est interpellé sur l'interprétation de l'accord de 1991 avec la Russie, au sujet de la propriété d'Erdenet; Narantsarsralt se heurte à une coalition des Sociaux démocrates et du Parti du peuple (ex-communiste) et doit se résigner à abandonner ses fonctions; Baragandi finit par accepter Amarjargal comme Premier ministre, non sans réticences, et cette nomination est approuvée par le Parlement. Le Bogdo Gegheen, trouvé au Tibet et qui vit à Dharamsala, auprès du Dalaï lama, visite Oulan Bator. Le président chinois, Jiang Zemin, visite la Mongolie et signe des accords de coopération. Visite du Premier ministre japonais qui promet 130 millions pour financer les réformes et le développement des infrastructures. Visite du Premier ministre du Vietnam, Phan Van Khai. Le Premier ministre Amarjargal visite la Corée du Nord, se rend à Pékin, à Tianjin, puis à Séoul et dément servir d'intermédiaire entre les deux Corées. Le recensement annuel des têtes de bétail donne plus de 33,5 millions de bêtes. La Mongolie fait l'apprentissage de l'alternance
démocratique. Mais l'effondrement du bloc communiste met en évidence
la précarité de sa situation économique et financière
et se traduit par des difficultés d'approvisionnement pour sa population.
2000: le recensement de la population révèle que la Mongolie compte près de 2,4 millions de citoyens. Un automne sec et un hiver rigoureux tuent 2,9 millions de têtes de bétail. Le Premier ministre Amarjargal visite Londres. Le Parti du courage civil, créé par Sanjaasürengiyn Oyuun, soeur de Zorig assassiné, est enregistré. Le président Bagabandi visite Cuba. Les Sociaux démocrates décident de quitter l'Alliance démocratique et de se présenter séparément aux prochaines élections. L'Alliance démocratique s'adjoint le Parti de ceux qui croient en la démocratie. Bagabandi visite l'Allemagne et l'Italie. Le Premier ministre Amarjargal visite Tokyo. Les élections législatives redonnent la victoire au Parti du peuple (ex-communiste) qui, avec plus de 50% des voix, remporte 72 des 76 sièges; l'Alliance démocratique rénovée et les Sociaux démocrates, divisés, n'ont aucun élu, les quatre sièges restants étant gagnés par le Premier ministre sortant, par un membre du nouveau parti socialiste démocratique, par la soeur de Zorig et par une personnalité indépendante. Enhbayar devient Premier ministre après une hésitation d'une semaine du président Bagabandi qui visite ensuite les Philippines. Visite de Poutine en Mongolie. Sixième table ronde entre la Grande Bretagne et la Mongolie à Londres. Visite du secrétaire d'État américain à la Défense, Walter Slocombe; accord pour financer la construction d'une barrière le long de la frontière avec la République de Touva. Regroupement des démocrates dans le Nouveau Parti démocratique sous Dorligjav. Le président Bagabandi visite New-York, à l'occasion de la réunion des leaders mondiaux du millénaire. La Mission archéologique française s'établit sur le site de la nécropole princière de Gol Mod, dans la province de l'Arkhangai. 2001: Otgonbileg, ancien directeur d'Erdenet, meurt dans un accident d'hélicoptère. Le président Bagabandi visite un centre bouddhiste indien à Sarnath; il se rend ensuite à Séoul et à Tokyo. Le Premier ministre Enhbayar visite Tokyo. Le 23ème Congrès du Parti du peuple (ex-communiste) réélit Enhbayar à sa tête et réaménage les instances dirigeantes. La sécheresse et un froid excessif tuent encore 3,3 millions de têtes de bétail; beaucoup d'éleveurs nomades, complètement ruinés, se sédentarisent dans des quartiers défavorisés des villes. Le député indépendant rejoint le Parti démocrate. Bagabandi finit par promulguer les amendements à la constitution après deux ans de navettes devant le Parlement. L'élection présidentielle reconduit Bagabandi du Parti du peuple (ex-communiste) à la tête de l'État avec 58,1% des suffrages contre 36,5% à Gonchigdorj du Parti démocrate. La veuve d'Otgonbileg remplace son mari au Parlement. Visite du président de la République de Touva. Lors de sa huitième réunion, à Paris, le Groupe consultatif (ancien Groupe d'Assistance de la Mongolie) accorde une aide de 320 millions de dollar pour l'année. Visite du ministre chinois des Affaires étrangères, Tang Jiaxuan, qui soutient la candidature de la Mongolie à l'Organisation de Coopération de Shanghai. Le ministre des Affaires étrangères, Luvsangiyn Erdenechuluun, visite le Vietnam. Le Premier ministre Enhbayar se rend aux États-Unis pour y suivre un traitement médical. Le Dalaï lama, qui envisageait de visiter une fois de plus la Mongolie, doit y renoncer pour un problème de visa refusé par Moscou. La Mongolie exprime sa sympathie aux États-Unis à la suite de l'attentat du 11 septembre. Visite de l'ancien président Jimmy Carter. Bagabandi ordonne la rédaction de la loi sur la procédure de modification de la constitution. Visite à Moscou du ministre des Affaires étrangères, Erdenechuluun, pour le 80ème anniversaire des relations soviéto-mongoles. L'amendement de la loi sur les investissements étrangers introduit un montant minimum. 2002: visite en Chine de Enhbayar. Promulgation des nouveaux codes civil et criminel. La République de Chine (Taiwan) retire toute mention de la Mongolie extérieure dans le document amendé relatif au Statut des relations de l'île avec le continent. Visite d'Enhbayar à New-York. Visite en Mongolie du Premier ministre russe, Kasyanov: Russes et Mongols ne parviennent toujours pas à s'entendre sur le problème de la dette. Enregistrement du Parti républicain du courage civil. Visite d'Enhbayar en Allemagne; il voit Kasyanov sur le chemin de son retour au pays. Ouverture d'une liaison directe de la compagnie d'aviation mongole avec Tokyo. Célébration du 840ème anniversaire de la naissance de Gengis khan. Un groupe d'opposants interne au Parti du peuple (ex-communiste), "Justice", dénonce le manque de démocratie dans le parti. Visite du président de la Banque mondiale, James Wolfenson. Visite du duc de Kent. Visite du président turc, Ahmet Necdet Sezer. La majorité des actions de la Banque du commerce et du développement est acquise par une banque suisse et un consortium américain minier. Visite de Bagabandi en Suisse. Adoption de la loi sur la terre et de la loi sur la privatisation de la terre. Le Groupe consultatif accorde à nouveau une aide de 333 millions de dollars, lors de sa neuvième réunion à Oulan Bator, mais il exprime son souci concernant la croissance de la dette mongole, le retard des réformes, la bureaucratie et la corruption. Huitième congrès des "Mongolistes" à Oulan Bator. Taiwan ouvre un Bureau commercial et économique à Oulan Bator. Un député de l'opposition interrompt le discours du Premier ministre devant le Parlement en brandissant pour la télévision une pancarte réclamant le droit d'expression, pour ceux qui ne partagent pas les opinions du pouvoir. Création d'un Conseil de lutte contre la corruption. Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, visite Oulan Bator. Le Premier ministre Enhbayar visite l'Indonésie et le Vietnam. Le Dalaï lama vient à Oulan Bator. Interruption du trafic ferroviaire transfrontière avec la Chine pendant 33 heures pour des raisons techniques (d'après les Chinois). Arrestation de fermiers manifestant à Oulan Bator pour une privatisation juste de la terre; le siège du Parti démocrate est bloqué par la police; les défenseurs des droits de l'homme critiquent les abus de pouvoir de la police. Choysürengiyn Baatar devient le représentant permanent de la Mongolie aux Nations Unies. La récolte de céréales est estimée à 210800 tonnes; les recettes budgétaires s'élèveraient à 455,7 billions de monnaie locale et les dépenses à 558,2 billions. 2004: A la suite des élections parlementaires, le Parti du peuple (ex-communiste) et le Parti national démocratique, qui ont remporté chacun 35 sièges, forment une coalition de gouvernement; Tsakhiagiyn Elbegdorj, chef du Parti national démocratique, devient Premier ministre. 2005: Bagabandi ne se représente pas aux élections présidentielles et c'est Nambaryn Enhbayar qui est élu. La Mission archéologique française met à jour une seconde grande tombe à Gol Mod avec un char et de nombreux objets. 2006: Le Parti du peuple (ex-communiste) quitte la coalition; Elbegdorj démissionne et Miyeegombo Enkhbold (Parti du peuple) lui succède au poste de Premier ministre. Depuis 2002, on assisterait à une régression en matière de liberté de la presse. La Mission archéologique française installe à Oulan Bator un laboratoire de restauration de l'Institut d'archéologie. 2007: Sanj Bayar (Parti du peuple) devient Premier ministre. 2008: aux élections législatives, le Parti du peuple (ex-communiste) obtient 47 sièges et le Parti démocratique 26 sièges. Ces résultats sont contestés par des manifestations qui dénoncent la fraude électorale. La manifestation, qui réunit à peu près 8000 personnes, dégénère et donne lieu à des scènes de pillage. Le président décrète l'état d'urgence et la police intervient en tirant des balles de caoutchouc et des grenades lacrymogènes. On compterait 5 morts, 300 blessés et un millier d'arrestations. 2009: aux élections présidentielles, Elbegdorj obtient 51,24% des voix contre 47,44% à Enhbayat du Parti du peuple (ex-communiste) qui est battu. Elbegdorj devient le nouveau président. Bayar démissionne pour raisons de santé de son poste de Premier ministre et Sukhbaataryn Batbold (Parti du peuple) lui succède. 2010: Elbegdorj décrète un moratoire
sur la peine de mort.
2015: en janvier, le corps d'un moine momifié,
vieux de 200 ans et parfaitement conservé, qui a été
découvert dans une grotte de Kobdsk, apporte un éclairage
nouveau sur les funérailles bouddhistes. La conservation serait
due au froid, à l'enveloppement du corps dans des peaux de bêtes
et à une forte imprégnation saline du corps. Cette momie
serait la dépouille d'un lama qui aurait vécu entre 1822
et 1905. Elle a été retrouvée dans la position du
Sutra du lotus, ce qui signifie que le lama n'est pas mort, mais dans une
méditation très profonde, selon la tradition des lamas bouddhistes.
Cette position pourrait également représenter un état
spirituel rare réalisable après la mort connu sous le nom
de tukdam; une personne capable de rester dans cet état pendant
plus de trois semaines, ce qui est exceptionnel, voit son corps se rétrécir
progressivement jusqu'à ce qu'il ne reste d'elle que ses cheveux,
ses ongles et ses vêtements, selon le docteur Barry Kerzin, moine
bouddhiste célèbre et médecin du Dalaï Lama;
habituellement, les gens qui vivent dans son entourage voient alors un
arc-en-ciel briller dans le ciel pendant plusieurs jours; cela signifie
que la personne en méditation a atteint un corps arc-en-ciel, à
savoir l'état spirituel le plus élevé, proche de celui
de Bouddha; si le méditant peut continuer à rester dans cet
état, il peut devenir un bodhisattva et se réincarner pour
revenir aider les autres; dans cette perspective, tous les gens qui le
connaissent ne peuvent qu'éprouver un profond sentiment de joie.
La momie a été interceptée par la police alors qu'elle
allait être vendue au marché noir à Oulan Bator. Le
coupable, qui l'avait cachée dans un foyer, a été
arrêté, il risque une amende de 40000 euros et une peine de
prison de 5 à 12 ans.
La Mongolie est devenue un pays démocratique indépendant. Elle reste cependant très proche de ses deux puissants voisins, la Russie et la Chine. L'alternance politique porte tour à tour au pouvoir les démocrates et les ex-communistes et l'émiettement des partis rend parfois difficile la formation des gouvernements, sans parler des problèmes de cohabitation. L'évolution démocratique est menacée par l'instabilité politique et par la corruption. L'arrivée au pouvoir des démocrates n'a pas toujours favorisé l'essor démocratique, notamment pour ce qui concerne la liberté de la presse. Enfin, les importantes ressources minières du pays sont regardées avec convoitise par les sociétés multinationales qui ajoutent leur rivalités à celle des deux puissances traditionnellement tutrices de la Mongolie. La population de la Mongolie s'élève à moins de 3 millions d'habitants (2,5 millions en 2006). La moitié de cette population à moins de 35 ans. L'espérance de vie est de 66 ans; elle est en progression alors que la mortalité infantile diminue fortement. On compte 343 étudiants et 35 docteurs pour 10000 habitants. 27% des travailleurs sont employés dans le secteur agricole. Le PIB dépasse deux billions de dollars (800 dollars par tête). Le taux de croissance économique est en moyenne de 5 à 6 % par an (plus de 17% en 2011). La Mongolie couvre un vaste territoire d'une altitude moyenne de 1500 mètres (sommet: Tavan Bogd 4374 m, plus bas: 553 m) Son climat est continental avec de faibles précipitations (250 mm) et des écarts de température importants (-60 à +45°). Plusieurs chaînes de montagnes ceignent le nord: Altaï, Khangai, Hentiyn; au centre, c'est la steppe herbeuse, et au sud le désert de Gobi: trois régions façonnant trois types humains: le coureur des bois chasseur de sauvagine, l'éleveur et le caravanier, tous mobiles. Au nord du pays, dans la Taïga, dans un lieu isolé et inhospitalier, survivent les Tsataans, une petite tribu d'origine turque qui vit de l'élevage des rennes, de la cueillette et de la pêche, et qui habite dans des tipis ressemblant à ceux des Indiens d'Amérique du Nord. Les principales rivières: Selenga, Orkhon, Onon, Tuul, Ider, Herlen et Egün sont dirigées vers le nord, l'Ienissei et le lac Baïkal, sauf l'Herlen qui coule vers le Pacifique. Le pays est divisé en 21 provinces (Aimags); 96% des habitants sont d'origine mongole; la langue officielle est le mongol qui comporte plusieurs dialectes; environ 6 millions de Mongols vivent à travers le monde, en dehors de la Mongolie; on en trouve en Chine (notamment au Sinkiang), en Bouriatie, dans la République de Touva, en Russie (notamment les Kalmouks) et en Afghanistan. |