Lieu de passage et de confrontation des
civilisations, la Syrie est aussi l'endroit où est née probablement
l'agriculture et où les hommes apprirent à fondre le cuivre.
De nombreuses civilisations se sont développées, avant de
disparaître, sur cette terre souvent désertique, dont la rareté
des ressources stimulait l'inventivité ne fût-ce que pour
survivre et où les oasis étaient considérées
comme des images terrestres du paradis. La Syrie joua un rôle particulièrement
éminent dans la propagation à travers le monde de la foi
chrétienne puisque ce fut sur le chemin de Damas que Saint Paul,
qui donna à cette religion son caractère universel, reçut
l'illumination qui fit de lui, persécuteur des chrétiens,
le meilleur prosélyte de la foi nouvelle.
La Préhistoire
Époque paléolithique
-1000000: arrivée de l'homme en Syrie
en provenance d'Afrique (bassins du Nahr el-Kebir et de l'Oronte).
-500000: développement démographique;
apparition d'outils (haches grossières) et d'armes rudimentaires;
construction de cabanes; utilisation du feu (vallée de l'Oronte).
-400000: migration vers l'intérieur
jusqu'à l'Euphrate à travers la région d'el-Kôm.
-150000: apparition de populations nouvelles
qui cohabitent avec les anciennes mais sans abandonner leurs différences
culturelles.
-100000: arrivée de l'homme
de Néanderthal qui habite des grottes;
l'outillage devient plus fin (racloirs, pointes et couteaux denticulés).
-40000: disparition de l'homme de Néanderthal
qui cède la place à l'homo
sapiens. L'outillage se raffine encore
et se prolonge par un manche qui facilite l'emploi de sa partie active.
Le culte des morts se propage laissant supposer une croyance dans l'au-delà.
Époque mésolithique
(épipaléolithique)
-12000: début de la civilisation des
chasseurs cueilleurs
(Kébariens) qui fabriquent des outils élaborés pour
le travail des matériaux tendres comme le bois ou le cuir (vallée
de l'Euphrate et région d'el-Kôm). La raréfaction progressive
du gibier et l'abondance des céréales sauvages (blé
et orge) vont pousser les hommes à s'orienter vers l'agriculture
(le même phénomène est observé en Chine).
-9000: apparition de peuples
demi-sédentaires qui construisent des
villages de chasseurs; début timide de l'agriculture; utilisation
d'outils de basalte; développement des arts et des croyances religieuses
(Mureybet, Abu Hureyra dans la vallée de l'Euphrate).
Époque néolithique
-8500: premières maisons en briques.
-8200: culture de transition: le Khiamien.
-8000: apparition
de l'agriculture (blé, orge) à
Tell Aswad; domestication des animaux (chiens, chèvres, moutons,
boeufs, volailles); cultes du taureau, de la déesse mère
et des ancêtres. Le développement
de l'agriculture favorise la sédentarisation: l'attente de la récolte
exige la patience de rester sur place.
-7500: apparition d'une forme rudimentaire
de poterie en terre cuite.
-7000: premières traces d'occupation
humaine dans l'oasis de Damas.
-6400: premières installations à
Bouqras.
-6250: premières installations à
Ramad.
-6000: fabrication de la poterie qui permettra
désormais d'identifier les peuples et leurs cultures (jusqu'alors,
c'est la qualité de la taille ou du poli de la pierre qui a tenu
ce rôle). Un petit village existe sur le site d'Ougarit.
-5000: cultures halafienne: poteries peintes
parfois polychromes.
Époque chalcolithique
-4000: début
d'urbanisation; construction de temples et
développement des activités commerciales (Tell Qannas, Habuba
Kabira, Djehel Aruda dans les bassin de l'Euphrate ; Tell Brak dans la
Jéziré); apparition d'une écriture pictographique.
L'époque calcolithique (cuivre et pierre)
voit s'instaurer des hiérarchies entre les hommes: les différences
sociales auraient été induites par la civilisation. La crue
des fleuves, Nil et Euphrate, dont les dépôts de limon sont
facteur de prospérité agricole mais aussi de désorganisation,
seraient à l'origine de la naissance des cités. La réunion
d'un grand nombre d'individus, l'amélioration des conditions économiques
et aussi la nécessité de contrôler les crues et de
retrouver les limites des propriétés, auraient amené
les hommes à se doter de lois régissant la vie en société,
à se spécialiser puis à se hiérarchiser, à
inventer les mathématiques, notamment la géométrie,
et l'écriture pour fixer les paroles et satisfaire aux nécessités
administratives. L'irrigation des terres, pour accroître leur productivité,
aurait vu le jour en Mésopotamie (canaux de Mari). C'est en effet
la Mésopotamie et le sud de l'Euphrate qui se substituent alors
aux régions côtières comme pôles de développement
de la civilisation. De véritables cités voient le jour (Uruk).
Une population non sémite d'origine inconnue, les Sumériens,
se dote d'une organisation centrée autour d'un prêtre-roi
secondé par un clergé entretenu grâce au produit de
la collectivité. L'influence sumérienne se propage en Syrie
grâce notamment à l'essor des échanges facilité
par la présence d'un fleuve navigable. A la fin du 4ème millénaire,
l'écriture cunéiforme apparaît à Sumer et la
région entre dans l'histoire. Les documents sont signés au
moyen de sceaux cylindriques. Des jetons d'argile servent pour le calcul
et comme monnaie d'échange. La fabrication en série de la
poterie entraîne sa multiplication mais aussi une baisse de sa qualité.
L'Antiquité
Âge du Bronze
-3500: destruction de la ville d'Hamoukar,
au nord-est de la Syrie, sans doute par sa rivale méridionale Uruk
(on a retrouvé 1200 billes de fronde sur le site en 2005).
-3000: apparition d'une culture syrienne typique
(Tell Khuera).
-2900: fondation de Mari
(Tell Hariri), important centre commercial à proximité de
l'Euphrate (importation de lapis-lazuli d'Afghanistan). Fondation
d'Ebla (Tell
Mardikh) qui va devenir vassale de Mari jusque vers -2500 (conservation
d'objets d'origine égyptienne). Le règne des cités-États
contrôlant le territoire autour d'elles commence.
-2700: adaptation de l'écriture cunéiforme
aux langues sémitiques.
-2500: apogée de la ville de Mari sur
l'Euphrate; développement des arts et de la bijouterie; vie religieuse
intense, construction de temples pour de multiples divinités.
-2400 à -2300: développement
de la cité-État d'Ebla; elle domine le nord de la Syrie,
s'affranchit de la tutelle de Mari et rivalise avec elle.
-2370: Sargon d'Akkad conquiert Sumer et fonde
la ville d'Agadé.
-2330: Sargon d'Akkad (ou son petit-fils)
s'empare de Mari. Le châtiment d'une révolte détruit
la ville.
-2250: prise et destruction d'Ebla par Sargon
d'Akkad (ou son petit-fils). L'empire akkadien domine les régions
nord de la Syrie. Alep fait déjà l'objet d'une occupation
humaine.
La chute de l'empire d'Akkad rend leur indépendance
à Mari et à Ebla.
-2000: reconstruction de Ebla.
-1900: les Amorrites
s'infiltrent en Mésopotamie et s'emparent de plusieurs villes dont
Mari, Assour et Babylone. Fondation des royaumes amorrites qui remplacent
les cités-États.
-1850 à -1600: renaissance d'Ebla.
-1820: un Amorrite, Zimri-Lim, devient roi
de Mari avec le soutien d'Alep; il agrandit son royaume grâce à
une succession d'alliances contradictoires avec Elam, puis contre Elam
avec Babylone.
-1814: l'Amorrite Shamsi-Addad devient roi
d'Assyrie.
-1792: l'Amorrite Hammourabi devient roi de
Babylone.
-1760 (1750 ou 1761 ou 1757 ou 1710): Hammourabi
s'empare de Mari et la détruit après l'avoir pillée;
la cité va progressivement sombrer dans l'oubli.
-1700: l'utilisation de la cavalerie révolutionne
l'art de la guerre.
-1650: les Hittites
prennent le contrôle des principales routes commerciales et des ports
méditerranéens de Byblos et d'Ougarit.
-1620: le roi hittite Hattushili 1er s'empare
d'Ebla et la rase; elle ne s'en remettra jamais complètement.
-1600: les Hourrites fondent le royaume de
Mitanni (ou Mittani) au nord-est de la Syrie.
-1595: les Hittites s'emparent d'Alep et la
pillent.
-1525: l'Égypte repousse sa frontière
jusqu'à l'Euphrate et contrôle une partie de la Syrie.
-1500: malgré l'expansion de l'empire
hittire, Ougarit, qui a préservé son autonomie, s'est dotée
du premier alphabet de l'histoire de l'humanité; ce sera aussi celui
des Phéniciens. Dar Masiq (Damas),
la cité arrosée, devient le centre d'une principauté
araméenne.
-1400: Amistamrou 1er, premier roi connu d'Ougarit;
apogée de cette cité cananéenne cosmopolitie qui possède
une flotte d'une centaine de navires marchands et où se croisent
Chypriotes, Égyptiens, Babyloniens et Hittites.
-1380: les Hittites arrachent la Syrie à
l'Égypte et vont vaincre définitivement le royaume de Mitanni.
-1350: première mention de l'existence
de Busnara (Bosra) dans des documents égyptiens.
Les Égyptiens de Seti 1er (-1318 à
- 1304) tentent de contenir les Hittites au Moyen-Orient. Les Hittites
et les Égyptiens s'affrontent à Kadesh sans qu'aucun des
deux camps n'emporte la décision.
A la fin de l'âge du Bronze, les bains
ont déjà fait leur apparition dans le sud de la Syrie.
-1285: expansion de l'Assyrie.
-1250: royaume d'Emar (Tell Meskene), sur
l'Euphrate, au nord-est de la Syrie. L'existence de Tamar, qui sera plus
tard Palmyre, est mentionnée dans une tablette de ce royaume; mais
cette cité a vu le jour déjà depuis longtemps, probablement
peu après -2000.
-1274 (ou -1285): les Égyptiens de
Ramsés II (-1304 à -1237) battent les Hittites à Qadesh,
en Syrie, au cours du premier conflit sur lequel on possède des
traces écrites. Un accord entre les deux adversaire fixe la frontière
sur l'Oronte.
-1200: les Peuples
de la mer dévastent le littoral grâce
à leurs armes de fer; certains d'entre eux, les Philistins, s'installeront
en Palestine. L'empire hittite s'effondre
tandis qu'une famine décime l'Anatolie; les néo-Hittites
se réfugient au nord de la Syrie et sur le Haut Euphrate.
Âge du Fer
-1100: la Syrie est occupée par des
tribus nomades araméennes qui vont se sédentariser; apparition
de royaumes araméens (Aram Damascus).
-1115 à -1077: Teglath-Phalazar 1er,
roi d'Assyrie.
-1000: les Araméens s'étendent
sur les bords de l'Euphrate et entament l'Assyrie; avisés commerçants,
ces peuples voient leur influence s'accroître; ils absorbent les
royaumes néo-hittites; la langue araméenne va prendre de
plus en plus d'importance en littérature, religion et politique.
Alep devient un des centres commerciaux du savon. Découverte du
verre coloré.
Apparition des Arabes dans le Hauran.
Soumission de la Syrie à l'empire néo-babylonien
de Nabuchodonosor.
Au 9ème siècle avant notre ère:
fondation de Resafa (camp assyrien); l'Assyrie connaît un regain
de puissance.
Les invasions
assyriennes se traduisent par de nouvelles
influences (Til Barsip, Arslan Tash).
-738: Alep est rattachée à l'Assyrie.
-732: l'Assyrie conquiert Damas
qui sera pour un temps la ville la plus peuplée de son empire.
-729 Teglath-Phalasar III, potentat d'Assyrie,
s'empare de Babylone. L'empire assyrien assoit son autorité en déportant
la population, notamment 30000 habitants de Hama.
-720 à -235: Ebla refait timidement
surface.
-625: la Syrie est ravagée par une
invasion scythe.
-612: effondrement de l'empire assyrien. La
Syrie va tomber sous la coupe de l'empire néo-babylonien.
-539: défaite de l'empire néo-babylonien
contre les Perses achéménides qui vont dominer la Syrie (Amrit).
-535 à -200: Ebla s'efface progressivement
pour disparaître au début de notre ère.
Période hellénistique
-333: après la victoire d'Issos, Alexandre
le Grand conquiert la Syrie qui tombe au pouvoir des Séleucides
après la mort du conquérant. Antioche devient la capitale.
De nombreuses cités voient le jour ou sont embellies (Antioche,
Laodicée, Apamée, Séleucie, Doura Europos...); les
influences grecques et orientales se mêlent. Les Séleucides
se heurtent aux Parthes à l'est et aux Romains à l'ouest.
Une colonie séleucide s'installe à Doura Europos, sur l'Euphrate,
pour contenir les Parthes.
-262: invasion d'Antioche par les Égyptiens.
-125: les Parthes contrôlent le Tigre
et l'Euphrate.
-113: Doura Europos tombe sous la domination
des Parthes.
-83: Tigrane, roi d'Arménie, profite
de la décadence des Séleucides pour s'emparer de la Syrie
tandis que les Nabatéens se renforcent au sud.
L'Histoire
.
Période romaine et byzantine
-65: Alep est conquise par les Romains.
-65 à -19: les fortifications de Doura
Europos, ville frontière, sont renforcées par les Parthes.
-64: conquête de la Syrie par Pompée;
Antioche demeure la capitale; les royaumes syriens jouissent d'une grande
autonomie.
-41: les légions d'Antoine pillent
Palmyre pour la punir de commercer avec les Parthes.
-30: Hérode est battu par les Nabatéens
à Qanawat, dans le Hauran.
-30 à 235: Apamée connaît
une vie culturelle intense, malgré deux tremblements de terre.
Au premier siècle de notre ère,
début d'occupation humaine du site de Sergilla.
19: début des travaux de construction
du temple de Bêl à Palmyre.
20: construction du temple de Baalshamin à
Palmyre.
Tibère (14-37) annexe Palmyre à
l'empire romain.
30: crucifixion de Jésus.
33: Doura Europos devient le centre administratif
d'une province parthe.
38: conversion de Paul. Damas
va devenir l'un des berceaux du christianisme.
106: Palmyre profite de la chute de Pétra
conquise par les Romains; les caravanes vont désormais préférer
Palmyre.
115: un tremblement de terre secoue Apamée
qui est reconstruite avec son cardo maximus bordés de colonnes
de 2 km édifié sous les règnes de Trajan et d'Hadrien.
La ville possède une synagogue.
115-117: Trajan conquiert Doura-Europos; mais
les Parthes vont la reprendre un peu plus tard.
129: Hadrien confère à Palmyre
le statut de ville libre.
130: Bosra est capitale de l'Arabie.
160: un tremblement de terre détruit
Doura Europos.
164-165: les Romains s'emparent à nouveau
de Doura Europos et y installent un camp militaire.
199: Septime Sévère s'empare
de Séleucie, capitale des Parthes, qu'il pille; ses habitants sont
réduits en esclavage. Sous les régnes des Sévères,
plusieurs femmes d'origine syrienne (les Julia) exercent une grande influence
dans l'empire.
200: construction d'une synagogue à
Doura Europos où le culte chrétien et celui de Mithra ont
fait leur apparition.
212: Palmyre est élevée à
la dignité de colonie romaine.
227: les Perses sassanides remplacent les
Parthes au-delà de l'Euphrate; le Golfe persique est fermé.
Philippe l'Arabe (204 - 249), natif de Shabba,
dans le Hauran, un syrien soupçonné de faiblesse pour le
christianisme, est empereur romain pendant 5 ans.
253: Doura Europos tombe aux mains des Sassanides.
256: une révolte éclate à
Doura Europos; les Sassanides reprendront la ville et déporteront
ses habitants; la cité désertée tombera dans l'oubli.
266: construction de Hallabiyeh, sur l'Euphrate,
qui connaîtra son apogée sous Zénobie, poste avancé
contre les Perses.
260: l'empereur Valérien est fait prisonnier
par les Perses; l'empire romain connaît une période de turbulences
qui incite ses provinces (dont Palmyre) à s'émanciper.
267-268: le roi Odeinat de Palmyre, un redoutable
guerrier au service de Rome, est assassiné, peut-être par
les soins de sa veuve, Zénobie, qui lui succède.
269-272: Zénobie se lance dans une
série de conquêtes au détriment de l'empire romain;
elle s'empare d'Alexandrie (Egypte), en 269, et d'Antioche, en 271, afin
de contrôler le commerce entre les Indes et la Méditerranée
par la Mer Rouge. Elle rêve d'unifier le Levant sous son sceptre.
Mais les Romains d'Aurélien, après avoir vaincu l'armée
de Zénobie, viennent assiéger Palmyre.
273: Zénobie vaincue est emmenée
à Rome pour y participer au triomphe d'Aurélien l'année
suivante. Elle y sera d'abord bien traitée. Mais elle participera
à un complot qui sera découvert et elle périra étranglée
dans son cachot.
274: révolte de Palmyre contre Rome;
la révolte matée, la ville pillée ne s'en relèvera
jamais tout à fait.
L'empereur Dioclétien (284-305), établit
un camp militaire à Palmyre, peut-être sur les ruines du palais
de Zénobie. Il installe aussi un poste romain avancé à
Resafa, dans les deux cas contre les Perses.
Entre le 3ème et le 5ème siècle,
la Syrie est l'une des plus riches provinces de l'empire romain. La paix
romaine favorise la croissance démographique qui entraîne
la colonisation de terres pauvres (villages autour d'Alep).
305: martyr des saints Serge et Bacchus; Serge
est décapité à Resafa.
330: la nouvelle Rome est inaugurée
par l'empereur Constantin à Byzance (Istanbul); la Syrie lui est
rattachée.
313: l'édit de Milan proclame la liberté
du culte.
392: les cultes païens sont interdits;
le christianisme s'impose comme religion.
395: l'empire romain se scinde en deux: l'empire
d'Occident et l'empire d'Orient; l'ère
byzantine commence. Progressivement, le christianisme occidental, soumis
au pape de Rome, se distingue du christianisme oriental qui considère
l'empereur d'Orient comme le représentant terrestre de Dieu; l'arianisme
va faire son apparition et la querelle sur la nature du Christ va diviser
les chrétiens; en Syrie, la doctrine monophysite rencontrera un
grand succès. Une architecture syrienne se développe sous
l'influence gréco-romaine (Sergiopolis, Qalaat Seman).
Du 5ème au 7ème siècle:
les conflits civils et religieux ainsi que les épidémies
affaiblissent l'empire byzantin menacé au sud par les Arabes et
à l'est par les Perses sassanides.
476 à 490: construction de la basilique
de Qalaat Seeman.
526 et 528: deux nouveaux séismes ravagent
Apamée. La ville est aussi pillée par les Perses sassanides.
527: règne de Justinien qui tente vainement
de réunir les deux empires romains.
532: invasion perse.
540: les Perses de Khosro 1er détruisent
Alep.
564: installation par l'empereur Justinien
d'un poste militaire, le Qasr Ibn Wardan, dans le désert pour intimider
les tribus arabes et contenir les Sassanides. Ce poste fait partie d'une
ligne de défense comprenant Resafa et Halabiyeh.
611: nouvelle invasion perse: Jérusalem
est prise et la croix du Christ emportée.
616: les Perses s'emparent de Resafa qu'ils
devront bientôt céder aux Arabes.
627: Héraclius chasse les Perses de
Syrie.
La conquête arabe
632: les musulmans prennent Bosra qui devient
la frontière de l'empire byzantin.
634: Khaled Ibn Al Walid, général
du calife Abou Bakr, beau-père de Mahomet, s'empare de Palmyre.
635: Damas se soumet aux musulmans.
636: à la bataille de Yarmouk, les
Arabes défont les Byzantins.
637: les Arabes prennent Alep.
638: les Arabes s'emparent pacifiquement d'Apamée
qui va s'effacer au profit de Damas puis de Bagdad.
Début de conversion à l'islam
de la population de Sergilla avant l'abandon de ce village. Les villages
du nord d'Alep disparaissent aussi probablement à cause des guerres
entre les Romains et les Perses puis entre les Byzantins et les Arabes
qui détruisent les oliveraies. La Syrie exsangue passe sans regret
du joug byzantin sous un joug musulman relativement léger. Le nouveau
pouvoir respecte la religion des pays conquis et s'appuie sur les administrateurs
locaux.
657: bataille de Ciffin entre les partisans
d'Ali, gendre du prophète, et ceux de Mouawiya, gouverneur
de Damas; Ali, défait, se réfugie en Iran où le chiisme
va se développer.
661: assassinat d'Ali; fondation
de l'empire omeyyade, qui ira du Levant à
l'Espagne, avec Damas comme capitale; mais l'empire byzantin subsiste et
va résister.
705: la proximité des forces byzantines
stimulant à Damas l'esprit de contestation des chrétiens,
le pouvoir musulman réagit en s'emparant des églises et en
construisant la mosquée des Omeyyades.
747-749: un tremblement de terre jette à
bas les colonnes de Bosra.
750: les Abbassides
renversent les Omeyyades et installent leur capitale à Bagdad. Les
Omeyyades survivants continuent de régner sur l'Espagne.
772: construction, sur l'ordre du calife al-Mansour
de al-Rafiqa, dans la Jéziré, sur le site de Raqqa, à
bonne portée de Damas pour la contrôler (utilisation de la
brique).
796: Haroun al-Rachid fait de Raqqa sa capitale.
Les arts, les sciences, la traduction, la littérature et l'architecture
se développent.
868: les Toulounides,
des officiers de l'empire abbassides qui s'affaiblit, gouvernent l'Égypte
et la Syrie.
935: les Ikhshidides
remplacent les Toulounides.
944: Alep devient la capitale des Hamdanides.
947-949: l'émir hamdanide d’Alep, Lai
Sauf al Dawha, s'empare du site de Saône.
962: les Byzantins de l'empereur Nicéphore
Phocas incendient Alep.
968-969: Nicéphore Phocas, s'empare
de plusieurs villes de Syrie: Hama et Homs, qu'il brûle, la vallée
de l'Oronte qu'il saccage, Jabala, Arqa, Tortose, Lattaqieh et enfin Antioche.
Qalaat Seeman, qui se trouve maintenant sur la frontière de Byzance,
est convertie en forteresse.
969: les Fatimides,
une dynastie d'origine kabyle, contestent le pouvoir des Abbassides et
s'emparent de l'Égypte puis de la Syrie.
975: l'empereur byzantin Jean Tzimiskès
reprend Saône à l'émir d'Alep.
1017: Deir Seeman passe aux mains des Hamdanides
d'Alep puis à celles des Fatimides. Début des prédications
druzes.
1031: édification d'une première
forteresse sur le site du Krak des Chevaliers par l'émir gouverneur
de Homs.
1063: fondation de l'empire
seldjoukide (d'origine turque).
1070: création de l'ordre des Hospitaliers
de Saint-Jean de Jérusalem. Etabli à Jérusalem
avant la première Croisade, cet ordre se consacre aux soins des
pèlerins qui viennent prier au Saint Sépulcre sur le site
présumé du tombeau du Christ.
1071: à Manzikert, les Seldjoukides
triomphent des Byzantins; ils chassent les Fatimides; la Syrie finira par
être régie par les gouverneurs (atabeys) dont certains
d'origine kurde (les zankides).
1076: début de la construction de la
citadelle de Damas.
1086: Alep tombe aux mains de l'émir
de Damas Tutus qui devient le sultan seldjoukide de Syrie.
1090: apparition de la secte terroriste des
Assassins, dirigée par le Vieux de la Montagne, qui
va étendre son influence en Iran et en Syrie.
Les croisades
1095: la montée en puissance des Seldjoukides
inquiète le monde chrétien; la
première croisade est prêchée.
1096: création de l'ordre du Temple,
un ordre religieux de moines guerriers qui participe à la croisade.
1098: prise d'Antioche par les Croisés
qui tentent en vain de s'emparer d'Alep; scènes de cannibalisme
à Maarat: l'intendance ne suit pas et des Croisés en sont
réduits à dévorer les cadavres de leurs adversaires.
1099: prise de la forteresse édifiée
à l'emplacement du Krak des Chevaliers par les Croisés qui
vont renforcer ses fortifications. Conquête de Jérusalem.
1100: Baudoin devient roi de Jérusalem;
la bande côtière conquise est organisée selon le modèle
féodal (royaume de Jérusalem, principauté d'Antioche,
comté d'Edesse et de Tripoli).
1102: fondation du comté de Tripoli.
1104: prise d'Acre rebaptisée Saint-Jean
d'Acre.
1105: la secte des Assassins redouble
d'activité.
1108: prise de Lattaquié puis de Saône
par les Croisés.
1109: chute de Tripoli après un siège
interminable (près de 10 ans!).
1110: le Krak des Chevaliers revient à
Raymond de Saint-Gilles.
1117-1118: prise du château de Marqab
par les Croisés.
1123: construction de la cathédrale
Sainte Marie de Tortose (Tartous).
1124: prise de Tyr par les Croisés
et nouvelle tentative vaine de ces derniers sur Alep; leurs exactions entraîne
une réaction musulmane (conversion des églises en mosquées).
La dynastie zenguide
voit le jour: Alep est rattachée
au sultanat de Mossoul pour résister aux Croisés.
1128: échec des Croisés devant
Damas.
1129: Alep devient la capitale de la dynastie
zenguide qui construit la Grande Mosquée.
1130: conquête par les musulmans du
château de Marqab.
1135: Zengui, le fondateur de la dynastie
zenguide, à qui les Seldjoukides ont délivré un brevet
reconnaissant son autorité sur la Syrie musulmane, tente en vain
de prendre Damas.
1137: Zengui capture Foulque, roi de Jérusalem,
puis le relâche.
1140: Renaud II de Mazoir reprend Marqab.
Alliance de Damas et de Jérusalem contre Zengui.
1142: le Krak des Chevaliers est confié
aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
1144: Zengui s'empare d'Edesse sur le comte
Josselin II.
1146: Zengui assiège la citadelle de
Jaabar; il est assassiné par un de ses serviteurs, Nour ed-Din
(Nouredine, Nouradin), un de ses fils, lui succède et devient émir
d'Alep; le nouvel émir rêve d'unifier la Syrie (comprenant
le Liban). Alep se sépare de Mossoul qui revient à un autre
fils de Zengui.
1147: début de la seconde
croisade, les premiers Croisés ne cessant de réclamer des
renforts.
1148: débâcle des Croisés
devant Damas.
1149: Apamée, que se disputaient Croisés
et musulmans, tombe définitivement au pouvoir des seconds.
1152: Tortose, après avoir été
un temps occupée par les musulmans, passe aux mains des Templiers
qui la fortifient.
1157: un tremblement de terre endommage le
Krak des Chevaliers; ce tremblement de terre met à terre les colonnes
de Trajan et d'Hadrien d'Apamée.
1163 et 1167: Nour ed-Din assiège en
vain le Krak des Chevaliers.
1164: Nour ed-Din prend Deir Seeman.
1169 (ou 1170): un nouveau tremblement de
terre cause d'importants dégâts au Krak des Chevaliers et
à Apamée.
1170: Saladin, d'origine kurde, s'empare du
pouvoir en Égypte en évinçant le calife fatimide;
il est le fils de Najn ad-Din Ayyub, fondateur de la dynastie
ayyoubide.
1174: mort de Nour ed-Din; Saladin, qui a
désormais les mains libres, s'empare de Damas; il commence à
réaliser le rêve de Nur ad-Din d'unifier la Syrie en prenant
ensuite Homs, Baalbek et Hama (ce rêve inclut le Liban). La dynastie
ayyoubide est en marche.
1183: Saladin s'empare d'Alep; de là,
il peut prêcher la guerre sainte contre les Croisés.
1185: mort par le poison de l'empereur byzantin
usurpateur de Chypre, Isaac Dukas Comnène, au château de Marqab
où il était retenu prisonnier sur ordre de Richard Coeur
de Lion.
1187: Marqab est confié aux Hospitaliers
de Saint-Jean de Jérusalem. Jérusalem tombe aux mains des
musulmans et Saladin remporte une victoire sur les Croisés à
Hattin, près du Lac de Tibériade.
1188: Saladin assiège le Krak des Chevaliers
mais renonce à l'emporter d'assaut. Il échoue aussi contre
le donjon de Tortose et contre le château de Marqab mais prend le
château de Saône ainsi que de nombreuses villes (Safita, Jable,
Lattaquié, Balatanos, Bakas, Shugur, Burzey, Semaniye et Baghras).
1189-1190: création de l'ordre des
Chevaliers
Teutoniques, de nouveaux moines-soldats.
1191: début de la troisième
croisade (Angleterre).
1192: Saladin signe une trêve avec Richard
Coeur de Lion.
1193: mort de Saladin à Damas.
Au cours du 12ème siècle, Palmyre
a repris une certaine importance.
1200 (ou 1202): nouveau tremblement de terre
au Krak des Chevaliers.
1202: début de la quatrième
croisade.
1203-1205: expéditions des Hospitaliers
contre Hama et Homs depuis Marqab.
1204: sac de Constantinople par les Croisés.
1207: traité de commerce entre Venise
et Alep: les républiques maritimes italiennes profitent des ennuis
de l'empire byzantin.
1207 et 1218: nouveaux échecs musulmans
contre le Krak des Chevaliers.
1209: reconstruction de la citadelle d'Alep.
1217: début de la cinquième
croisade.
1219: prise de Damiette.
1217: début de la sixième
croisade (Saint-Empire romain germanique).
1223: une armée franque se réunit
au Krak des Chevaliers pour razzier les terres de l'émir de Homs.
1229: traité entre Frédéric
II de Hohenstaufen et Al-Kamil: les Croisés récupèrent
Jérusalem sans combattre.
1244: prise de Jérusalem et destruction
de l'armée franque.
1248: début de la septième
croisade (Saint-Louis)
1250: nouveau renforcement du Krak des Chevaliers
(un rempart supplémentaire et 12 tours rondes est construit), Saint-Louis
étant présent en Terre Sainte. Les Mamelouks, un corps de
mercenaires d'origine caucasienne, en fait des esclaves, renversent le
sultan ayyoubide d'Égypte; ils vont s'emparer de la Syrie et du
Hedjaz en refoulant progressivement les Croisés.
L'ère des Mamelouks
1258-1260: invasions mongoles.
1258: Les Mongols détruisent Raqqa.
1260: Les Mongols prennent Alep; le sultan
mamelouk Baybars les bat à Ain Djalout; la dynastie ayyoubide a
cessé d'exister.
1260-1382: règne des Mamelouks bahrites.
1260-1277: règne du sultan Baybars.
1261: Baybars chasse les mongols de Bosra.
1262: les Mongols sont défaits à
nouveau par les musulmans.
1263: Baybars s'empare de la forteresse de
Césarée.
1265: début de la huitième
et dernière croisade.
1268: Baybars extermine la garnison de Safad.
1269-1270: Baybars échoue devant Marqab.
1271: Baybars s'empare du Krak des Chevaliers
et en fait le siège de son sultanat du Liban et de Syrie.
1270 et 1276: les musulmans échouent
devant les défenses de Tortose.
1272: le château de Saône revient
à Baybars.
A une date inconnue, Baybars (1223-1277) déporte
les habitants de Resafa à Hama.
1280-1290: règne du sultan Qalaoun.
1280: le gouverneur de Saône, Sonquor
al Achgar, entre en rébellion.
1281: deuxième bataille de Homs contre
les Mongols qui attaquent une fois de plus la Syrie.
1285: prise de Marqab par les musulmans.
1291: Acre, Tyr, Sidon et Tortose tombent
et les Templiers se réfugient dans l'île d'Arouad.
1302 (ou 1303): les derniers résistants
francs sont évacués de l'île d'Arouad sur Chypre; c'en
est fini du royaume franc de Jérusalem! Les Francs laissent derrière
eux d'imposants châteaux forts et de belles réalisations religieuses
(cathédrale de Tortose). Ils rapportent dans leurs bagages de nouvelles
techniques (boussole, numération), de nouvelles cultures (coton,
riz, fruits exotiques) et un mode de vie moins austère. Paradoxalement,
la guerre a rapproché l'Orient et l'Occident.
1317: les Mamelouks enlèvent Alep aux
Mongols. Révolte des Noçayris qui habitent les montagnes
du nord de la Syrie et pratiquent une religion dérivée du
chiisme ismaélien que l'on peut rapprocher de la religion druze;
d'après une fatwa les condamnant, ils professent que le vin
est licite, croient à la métempsycose, à la préexistence
du monde et nient la réalité du réveil des morts,
de la résurrection, du paradis et de l'enfer dans une autre vie;
persécutés au cours des siècles, ils n'en sont pas
moins parvenus jusqu'à nos jours.
1348: épidémie de peste à
Damas.
1375: les Mamelouks détruisent le royaume
de la Petite Arménie (Cilicie).
1382-1516: règne des Mamelouks bourjites.
1401: les Mongols de Tamerlan ravagent Damas
et brûlent maints villages et villes de Syrie; une grande partie
de la population syrienne est déportée à Samarcande.
Au début du 15ème siècle
les Mongols pillent Palmyre qui ne s'en relèvera plus.
1453: la
prise d'assaut de Constantinople par Mehemet II sonne le glas de l'empire
byzantin.
1468-1495: règne du sultan Qayt Bey.
Les Mamelouks ignorent le renouvellement héréditaire
de leurs chefs; c'est le plus fort ou le plus malin qui s'impose. Ce système
favorise les coups d'État et l'instabilité; quelques sultans
se maintiendront cependant assez longtemps au pouvoir et leur nom restera
dans l'histoire. L'architecture mamelouk se caractérise par son
luxe frisant le maniérisme (mausolées, mosquées, forteresses
et hammams d'Alep, Damas...) et par l'abondance de ses objets décoratifs
(lampes de mosquées portant le nom de leur commanditaire, bassins,
plateaux, aiguières, chandeliers damasquinés, décors
comportant des textes, des armoiries et des personnages dans des entrelacs
floraux).
L'empire ottoman
1516: Alep et Damas tombent sous la domination
ottomane ce qui est loin d'apporter la paix et la stabilité politique
à la Syrie toujours en proie aux incursions des nomades du désert.
La domination ottomane sera émaillée de révoltes tribales
et ethniques tandis que la population connaîtra des famines.
1517: la Syrie est incorporée à
l'empire ottoman.
L'émir libanais Fakhr al Din (1590-1635),
tente de secouer le joug ottoman.
A partir de la Renaissance, les courants d'échanges
commerciaux, jusqu'alors favorables à l'Orient, s'inversent au profit
de l'Occident; la culture et les techniques européennes pénètrent
au Levant.
1520-1566: règne de Soliman
le Magnifique; apogée de l'empire ottoman
qui s'étend du Moyen-Orient aux Balkans et à l'Algérie);
en Syrie, la domination ottomane ne change pas grand' chose les communautés
continuent d'être régies par les chefs religieux selon le
régime du millet. Damas devient le centre de regroupement
des pèlerins vers la Mecque. Alep constitue un noeud du commerce
caravanier.
1535: signature des premières capitulations
entre Soliman le Magnifique et François 1er; des consuls vont arriver
pour protéger les intérêts des voyageurs européens;
les échanges entre l'Occident et l'empire ottoman sont facilités.
1635: une épidémie de peste
bubonique décime la population syrienne.
Au 17ème siècle: déclin
d'Alep en raison des changements intervenus dans les routes commerciales.
1749: construction du palais Azem et du khan
Asad Pacha à Damas.
1798: Bonaparte en Égypte. L'intervention
militaire française ne reste pas sans conséquence sur les
chrétiens d'Orient: Djezzar Pacha fait brûler plusieurs églises.
1801: Un firman, de la Sublime Porte obligeant
les grecs catholiques à se soumettre au patriarche orthodoxe d'Antioche,
nombre d'entre eux préfèrent s'exiler; certains se réfugient
en France.
1812: un émissaire de Napoléon,
accompagné d'un Syrien, est parvenu à fédérer
les tribus qui se sont engagées à faciliter le passage d'une
armée française en direction des Indes. En tête de
la déclaration des chefs de tribus figurent ces mots: "Nous ne
parlerons jamais entre nous de religion!" Le projet d'invasion des
Indes par le Moyen Orient doit être abandonné par suite de
la retraite de Russie.
1812-1819: les janissaires révoltés
contre le sultan ottoman occupent Alep.
1830: conquête de l'Algérie par
la France: l'empire ottoman régresse sous les coups de l'Occident.
1832-1840: la Syrie tombe sous domination
égyptienne.
1832: Alep est contrôlée par
l'Égypte.
1840: conflit entre Ibrahim pacha d'Égypte
et les Ottomans en territoire syrien; émeutes antisémites
à Damas à la suite de la disparition d'un capucin.
1860: les événements du Mont
Liban (querelles entre chrétiens et musulmans) entraînent
une intervention militaire européenne en faveur des chrétiens;
pogrom contre les chrétiens à Alep et Damas où 5000
chrétiens sont massacrés; l'Europe pèse de plus en
plus lourd dans la région au plan économique (voies ferrées,
banques), au plan culturel (écoles) et au plan religieux (missions).
1861: à la suite de l'intervention
militaire européenne, le Liban est détaché de la Syrie;
développement du nationalisme arabe.
Au 19ème siècle, Alep joue un
rôle important dans le mouvement de renaissance arabe grâce
à la naissance dans ses murs du réformateur al-Kawakabi.
1867: apparition du mouvement de la Jeune
Turquie et exacerbation des nationalismes.
1876: émigration syro-libanaise vers
l'Égypte.
1882: occupation anglaise de l'Égypte:
nouvel empiétement de l'Occident au détriment de l'empire
ottoman.
1890-1910: émigration syro-libanaise
vers l'Amérique et l'Afrique.
1914: l'empire ottoman s'engage dans la Première
Guerre mondiale aux côtés des
empires centraux (Allemagne et Autriche).
1915: les Anglais entraînent les Arabes
dans la lutte contre l'empire ottoman en leur promettant la création
d'un Royaume arabe indépendant sous juridiction hachémite.
Les Français s'emparent de l'île d'Arwad (Arouad).
1916: l'accord Sykes-Picot prévoit
le partage de l'empire ottoman entre la France et la Grande-Bretagne, avec
l'aval de l'Italie et de la Russie tsariste, à l'issue des hostilités;
cet accord secret entre en contradiction avec la promesse faite aux Arabes.
1917: le ministre de la marine britannique,
lord Balfour, promet l'installation d'un foyer national juif en Palestine
créant ainsi un nouveau motif de tension dans la région.
Un Comité Central Syrien est fondé à Paris par des
Syro-Libanais; cette organisation milite pour l'affranchissement du joug
ottoman d'une Grande Syrie, comprenant le Liban, sous l'égide de
la France.
1918: les forces arabes et britanniques prennent
Damas et Alep.
La période ottomane est achevée.
Elle a enrichi la Syrie de constructions nouvelles inspirées de
l'architecture turque (mosquées aux fins minarets, khans ou caravansérails,
palais dotés d'une partie réservée à la vie
privée (haremlik) et d'une autre réservée aux
réceptions (salemlik).
Le mandat français
1919: à la conférence de la
paix les délégués de la Syrie et du Liban présentent
des revendications contradictoires. La Syrie refuse de passer sous
juridiction hachémite et réclame le maintien de son unité
(la Palestine et un Liban autonome compris) avec le concours de la France
qui protège traditionnellement les chrétiens d'Orient. Les
Libanais réclament la création d'un Grand Liban, protégé
par la France ou indépendant. Création à Damas de
la première académie arabe.
1920: en mars, proclamation
d'un royaume Arabe par l'émir Fayçal
à Damas; cette Grande Syrie va d'Alep au golfe d'Aqaba en englobant
le Liban et la Palestine. Mais les alliés ne l'entendent pas de
cette oreille: à la conférence de San Remo, le
Liban et la Syrie sont placés sous mandats français séparés,
en application des accords Sykes-Picot,
la Syrie étant amputée de Tripoli et de la plaine de la Békaa.
Cette solution est contestée par les nationalistes syriens qui prennent
les armes. Murphi, réfugié là pour se défendre
contre le soulèvement arabe, redécouvre Doura Europos. Après
avoir battu une armée arabe commandée par Youssef al-Azmeh
à Khan Maysaloum, le général Gouraud entre à
Damas. En juin, c'en est fait du projet de Grande Syrie: les sandjaks
de Damas et d'Alep ainsi qu'un État alaouite sont créés
(la devise: "diviser pour régner" entre en application). Les accords
franco-britanniques privent également la Syrie du Haut-Jourdain
et du lac de Tibériade rattachés à la Palestine sous
mandat britannique; le problème crucial de la répartition
de l'eau, élément indispensable à la vie dans un milieu
désertique, va prendre une importance accrue au cours du temps.
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Carte de Syrie
- Source : Wikipédia |
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1921: création d'un État du
djebel druze. Révolte du cheik Saleh
al Ali qui fait de Marqab sa place forte.
1923: Weygand succède à Gouraud
à Damas. Création du sandjak d'Alexandrette, où
habite une importante minorité turque; ce sandjak est détaché
d'Alep. Entrée en vigueur officielle du mandat français:
création d'une fédération syrienne regroupant Damas,
Alep et l'État alaouite.
1924: séparation de l'État alaouite
de la fédération syrienne. Une révolte arabe interrompt
les fouilles à Doura Europos.
1925: Alep cesse d'être la capitale
de l'éphémère sandjak d'Alep (une
petite vidéo d'images fixes sur le Levant à cette époque
est ici).
1925-1927: soulèvement
du djebel druze sous Pacha el-Atrache. Le
général Sarrail est chargé de rétablir l'ordre
par la force. Une émeute chasse le gouverneur français du
palais Azem de Damas; il ne doit son salut qu'à sa fuite déguisé
en femme! L'émeute est réprimée à coups de
canons; le palais est sévèrement endommagé. A partir
du 18 octobre 1925, l'aviation française bombarde Damas pendant
trois jours; la capitale syrienne se transforme en un brasier géant
dans lequel succombent de nombreuses victimes. Le bilan des pertes humaines
des troubles et de leur répression s'établirait à
environ 10000 morts syriens, surtout des civils, et jusqu'à 6 000
soldats français, disparus ou morts au combat ou des suites de maladies.
1928: élection d'une Assemblée
constituante.
1930: promulgation d'une constitution instaurant
un régime parlementaire.
1932: début de l'exploration
archéologique de Doura-Europos, à
l'est de la Syrie. Cet antique poste frontière de l'empire romain,
au plus fort de son extension, face aux Parthes puis aux Perses, joua d'abord
un rôle militaire important, avant de devenir une ville commerçante.
La cité changea plusieurs fois de mains avant de passer sous domination
perse, au 3ème siècle. Les fouilles révèlent
plusieurs strates laissées par des cultures différentes (romaine,
chrétienne, perse...) qui constituent un témoignage unique
et quasiment inépuisable. Mehemet-Ali Abed est élu président
de la République syrienne.
1933: découverte fortuite du site de
Mari.
1934: refus par
la France de l'indépendance et suspension
de la Chambre syrienne.
1936: un traité prévoyant l'indépendance
sous trois ans est signé entre la Syrie
et la France du Front populaire (il ne sera pas appliqué).
1939: le 23 juin, pour éviter que la
Turquie ne s'allie à l'Allemagne hitlérienne, la France lui
cède le sandjak d'Alexandrette privant la Syrie d'un débouché
maritime et de la ville d'Antioche pourtant tournée historiquement
vers la Syrie (cette cession n'est pas reconnue par Damas).
1941: le 8 juin 1941, le général
Catroux de la France libre proclame l'indépendance de la Syrie au
nom du général de Gaulle. Le même jour, les troupes
anglaises et françaises libres pénètrent en Syrie
depuis la Palestine et la Jordanie et marchent sur Damas. Les forces vichystes
résistent vigoureusement. Le 15 juin, une contre attaque des forces
françaises vichystes refoulent Anglais et Français libres.
Entre le 20 juin et le 3 juillet, la bataille de Palmyre oppose les forces
de Vichy aux forces britanniques venues d'Irak. Les Français résistent
mais sont finalement contraints de se rendre après avoir subi de
lourdes pertes (135 morts et 165 prisonniers sur environ 300 hommes). Les
forces anglaises, évaluées à un millier d'hommes,
ne comptent que 85 morts, causés essentiellement par l'aviation
française, dans leurs rangs. Finalement, les troupes françaises
libres et les Britanniques chassent de Syrie le général Dentz,
représentant de Vichy. Le général Catroux le remplace
et occupe le pays à la tête des forces françaises libres
malgré la proclamation d'indépendance. Le général
de Gaulle visite le pays pour tenter de calmer les rivalités franco-britanniques.
1943: élection d'un Chambre nationaliste
et de Shukri al-Kuwatli à la présidence de la République
syrienne sur fond de nouvelles révoltes contre la poursuite de l'occupation
française.
1945: de Gaulle tente de revenir sur l'indépendance
syrienne et ordonne de bombarder Damas. Il se heurte à l'opposition
de l'Angleterre.
Sous le mandat, tout en poursuivant une politique
ambiguë, la France dote la Syrie d'une administration et des bases
d'un gouvernement représentatif. Le pays est modernisé (écoles,
universités, journaux, cadastre, ouvrages d'art...). L'objectif
avoué est de conduire la Syrie à l'indépendance mais
avec beaucoup de réticences pour ne pas dire plus. Les réalisations
les plus importantes restent les fouilles archéologiques et la découverte
du passé prestigieux de cette région du globe.
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Les
subdivisions actuelles de la Syrie (2010) - Source: Syria - Ministère
du Tourisme |
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Le bilan du mandat français en Syrie
est contrasté. Au plan politique, c'est un échec. Mais, au
plan administratif, la France a laissé une oeuvre dont il restera
des traces.
L'indépendance
1946: la Syrie devient réellement indépendante.
Les troupes françaises quittent le pays.
1947: Michel
Aflak, un chrétien grec orthodoxe, et Salah ad-din al-Bitar, un
musulman sunnite, créent le parti Baas;
les maîtres mots de ce mouvement sont: socialisme, nationalisme,
laïcité.
1948: la Syrie participe à la première
guerre contre Israël et s'empare du Haut-Jourdain et du lac de Tibériade.
1949: Shukri al-Kuwatli est renversé
par un coup d'État militaire dirigé par Husni al-Zaim suivi,
quelques mois plus tard, par celui d'Adib al-Chichakli. Il y aura d'autres
coups d'État, l'armée étant divisée entre pro-Égyptiens
et pro-Irakiens. Le Haut-Jourdain et le lac de Tibériade sont démilitarisés
suite à un accord de paix entre la Syrie et Israël.
1950: nouvelle constitution.
1951: nouveau coup d'État de Chichakli.
1952: suppression des partis politiques et
de la presse d'opposition.
1954: coup d'État des partis de gauche.
Le parti Baas gagne les élections.
1955: retour de la démocratie et de
Shukri al-Kuwatli à la présidence de la République,
une fonction largement honorifique. Signature d'un pacte militaire avec
l'Égypte et l'Arabie saoudite.
1956: visite de Kuwatli en Union soviétique.
Seconde guerre israélo-arabe.
1958: création de la République
Arabe Unie par la réunion de l'Égypte
et de la Syrie qui seront rejointes un temps par le Yémen.
1960: coup d'État de Salah Jadid.
1961: élection de Nazim Koudsi à
la présidence de la République. Dissolution de la République
Arabe Unie (R.A.U.) par suite des dissensions politiques entre le parti
Baas de Syrie et Nasser qui a persécuté la gauche syrienne.
Une tentative militaire égyptienne sur Lattaquié, pour ramener
les Syriens dans le giron de la R.A.U., échouera. Le rêve
d'unité arabe s'effondre mais la nostalgie du Califat n'en reste
pas moins présente et elle donnera lieu à plusieurs autres
tentatives ici ou là (on en a compté jusqu'à 17!).
1962: l'Assemblée nationale est dissoute
par l'armée.
1963: un coup d'État porte le
parti Baas au pouvoir. Projet de fédération
Égypte, Syrie, Irak.
1964-1965: vague de nationalisations.
1966: une fraction pro-soviétique du
Baas prend le pouvoir à la faveur d'un coup d'État.
1967: la Syrie participe à la Guerre
des Six jours contre Israël; la Syrie perd le Golan, ainsi que le
Haut-Jourdain et le lac de Tibériade, qu'elle ne cessera de réclamer.
Les négociations entre Israël et la Syrie achoppent sur la
définition de la frontière, Israël proposant le retour
à celle des accords franco-britanniques consécutifs au partage
de l'empire ottoman et la Syrie exigeant la reconnaissance de la frontière
de 1967 comprenant le Golan mais aussi le Haut-Jourdain et le lac de Tibériade.
La période qui suit l'indépendance
est caractérisée par une grande instabilité politique.
Les coups d'État se succèdent. Les oppositions sont vives
entre pro-Égyptiens et pro-Irakiens, comme entre partisans d'une
politique de réformes de gauche, inspirées par l'idéologie
socialiste, et partisans d'un nationalisme arabe plus modéré.
Le conflit israélo-arabe mais aussi les séquelles laissées
par la colonisation exacerbent le nationalisme. Les divisions tribales
et religieuses du pays ne facilitent évidemment pas la concorde
civile.
L'ère Assad
1970: un nouveau coup d'État porte
le général Hafez el-Assad,
un Alaouite, au pouvoir. Une ère de stabilité politique,
non dépourvue de complots, d'attentats et de révoltes, commence
au prix d'un régime autoritaire mais la Syrie, depuis son indépendance,
n'a jamais vraiment connu longtemps la démocratie.
1972: les six partis politiques reconnus,
en dehors du Baas, sont regroupés dans un Front national progressiste
dominé par le Baas, selon le modèle chinois.
1973: la Syrie participe à un nouveau
conflit contre Israël (Guerre du Kippour).
1974: la tension monte entre la Syrie et l'Irak
à propos d'un barrage et de la conduite de la guerre de l'année
précédente; les deux pays sont pourtant dirigés par
des baassistes mais la retenue d'eau du barrage el-Assad a réduit
de moitié le débit de l'Euphrate en amont et provoqué
une sécheresse catastrophique en Irak (le problème de la
répartition équitable de l'eau refait surface).
1975: début de la guerre civile au
Liban; la Syrie, qui n'a jamais accepté l'indépendance de
ce pays, est forcément mêlée aux événements.
1978: Israël entre au Sud-Liban.
1979: attentat contre l'école d'artillerie
d'Alep (60 officiers tués dont 32 cadets alaouites).
1980: la Syrie (laïque) prend partie
pour l'Iran (intégriste) contre l'Irak (laïc) dans la guerre
qui oppose ces deux pays. Des intégristes, les Frères musulmans,
commencent à s'agiter contre le régime.
1981: attentat à la voiture piégée
à Damas.
1982: invasion du Liban par l'armée
israélienne (opération paix en Galilée); les Israéliens
assiègent Beyrouth, soumettent la ville à un sévère
blocus et affrontent l'armée syrienne dans la plaine de la Békaa.
Complot de 150 officiers sunnites. Sanglante répression d'un mouvement
de révolte des Frères musulmans, soutenus par toute l'opposition,
dans la ville de Hama (de 10000 à 30000 morts?).
1984: visite de François Mitterrand,
président de la République française, en Syrie. Incident
cardiaque d'Hafez el-Assad.
1985: accord de Damas avec les milices libanaises
(chiites, druzes, chrétiennes).
1987: retour de l'armée syrienne à
Beyrouth-Ouest d'où elle avait été chassée
en 1982. Un accord avec la Turquie, laquelle construit 22 barrages sur
le Tigre et l'Euphrate, à des fins d'irrigation, prévoit
de relâcher 500 m3 d'eau par seconde dans l'Euphrate pour ne pas
léser la Syrie qui craint de perdre 40% du débit du fleuve.
1989: guerre de libération du Liban
contre la Syrie, déclenchée par le général
Michel Aoun, avec l'aide de l'Irak et, pour conséquence, une guerre
civile libanaise inter chrétienne. Un déluge de projectiles
chiites et syriens s'abat sur les zones fidèles à Michel
Aoun qui appelle à son secours l'opinion publique internationale;
l'offensive syrienne est stoppée mais les jours du pouvoir d'Aoun
sont comptés.
1990-91: assaut de l'armée syrienne
contre l'armée libanaise du général Aoun qui se réfugie
en France. La Syrie a obtenu le feu vert de Washington pour régler
à sa manière le problème libanais en échange
de sa passivité dans le conflit qui oppose l'Occident à l'Irak
de Saddam Hussein à propos du Koweit. La chute du bastion de Michel
Aoun met fin à la guerre civile libanaise.
1991: signature par la République syrienne
et la République libanaise du Traité de fraternité
et de coopération qui confirme la mainmise de la Syrie sur le Liban.
La Syrie continue d'ailleurs d'estimer que l'indépendance du Liban
est une séquelle du colonialisme et elle ne renonce pas à
l'idée d'une réunification (comme l'Irak à propos
du Koweit). Politique de libéralisation économique. Acceptation
d'une proposition américaine de négociation avec Israël.
Libération de 3000 prisonniers politiques.
1992: la Turquie semble respecter l'accord
de restitution des eaux de l'Euphrate, mais une partie de celles-ci sont
fortement polluées et leur taux de sel est si élevé
que les cultures arrosées par elles en Syrie en souffrent. Le problème
de la répartition de l'eau potable est à nouveau posé.
La Syrie autorise ses ressortissants juifs à émigrer.
1994: sommet syro-américain à
Genève. Mort accidentelle de Bassel el-Assad héritier présomptif
de Hafez, son frère Bachar est rappelé de l'étranger
pour être préparé à prendre sa place.
1996: explosion d'un bus au centre de Damas
(15 morts); les Renseignements militaires sont suspectés de s'opposer
à l'ascension de Bachar.
1998: Rifaat al-Assad, frère de Hafez,
démis de son poste de vice-président, est exclu du Baas et
contraint à l'exil.
1999: Hafez el-Assad est reconduit au pouvoir
avec 99,9% des voix.
2000: Mahmou Zou'bi, ancien Premier ministre,
est exclu du Baas et se suicide. Décès de Hafez el-Assad;
son fils Bachar
lui succède; Jacques Chirac, président de la République
française, est le seul chef d'État occidental à assister
aux obsèques d'Hafez el-Assad. Espoirs de démocratisation
du régime: multiplication des réunions publiques (Ijtimaa'aam),
pétition d'intellectuels réclamant la levée de l'état
d'urgence, plus de liberté et des élections libres.
2001: pétition du Comité fondateur
pour la renaissance civile demandant la fin du monopole du parti Baas.
Interdiction des réunions publiques. Visite du pape Jean-Paul II
en Syrie. Arrestation d'une dizaine d'opposants dont Riad Turk, ancien
dirigeant du Parti communiste interdit. Création de banques privées
et d'un organisme de lutte contre le chômage.
2002: libération de Riad Turk.
2003: après l'invasion de l'Irak par
les États-Unis, ces derniers suspectent Damas d'aider la résistance
irakienne et appliquent des sanctions commerciales préjudiciables
à l'économie syrienne.
2005: assassinat de l'ancien Premier ministre
libanais Rafik Hariri dans un attentat à la voiture piégée.
La Syrie est mise en cause mais sa culpabilité n'est pas prouvée
et les grandes puissances font preuve de réserve à cet égard.
Cet attentat entraîne le mouvement qualifié de "Révolution
du cèdre" au Liban. Sous la pression de la rue, la Syrie retire
ses forces militaires du Liban. Le président Chirac, ami d'Hariri,
suspectant Damas d'être derrière l'organisation de cet attentat,
les relations entre la France et la Syrie se refroidissent. Le général
Ghazi Kanaan, ministre de l'Intérieur, se suicide dans son bureau
à Damas.
2007: guerre entre Israël et le Hezbollah;
vives tensions entre la Syrie et les USA. Bachar el-Assad est reconduit
au pouvoir par référendum (97,62% des voix).
2008: le président Sarkozy reçoit
Bachar el-Assad à Paris; les relations entre la France et la Syrie
se détendent. Pourparlers indirects entre la Syrie et Israël
sous l'égide de la Turquie.
2011: après les révolutions
de Tunisie et d'Égypte, le régime de Bachar el-Hassad n'échappe
pas à la vague de manifestations qui secouent le monde arabe; il
est contesté par des soulèvements populaires violemment réprimés
dans plusieurs villes de Syrie.
2013: deux ans après le début
de la révolte, le conflit syrien a tourné en une confrontation
entre le sunnisme (Arabie saoudite, Qatar, Turquie...) et le chiisme (Iran,
Hezbollah libanais...) pour le contrôle du Moyen-Orient. Il a déjà
causé la mort de près de cent mille personnes et la destruction
de nombreux bâtiments, y compris des mosquées qui faisaient
partie du patrimoine du pays. La Russie prend le parti de Bachar el-Assad
et l'Occident celui de l'opposition à laquelle il livre des armes
qui vont se retrouver dans les mains d'islamistes radicaux de plus en plus
puissants qui attirent à eux des fanatiques du monde entier et supplantent
les modérés, dans une rébellion divisée dont
les groupes antagonistes se battent entre eux.
2015: les insurgés islamistes, qui
luttent pour l'instauration d'un califat religieux au Moyen Orient, occupent
Palmyre dont ils massacrent le conservateur et détruisent le Temple
de Baal.
2016: en décembre, avec l'aide de la
Russie, les troupes gouvernementales reprennent la totalité d'Alep,
sur des opposants qu'il est devenu difficile de classer compte tenu de
la confusion qui règne dans le pays.
2017: les islamistes radicaux de Daesh sont
en perte de vitesse. En juin, ils sont en passe de perdre leur capitale
de Raqqa sous les assauts des Kurdes aidés par un millier de combattants
des forces spéciales américaines sous l'égide de la
coalition occidentale dirigée par les Etats-Unis. Parallèlement,
les troupes gouvernementales gagnent du terrain dans la région,
malgré les bombardements de cette coalition. De son côté,
la rébellion modérée, privée d'armement américain,
paraît de plus en affaiblie. Une partition de la Syrie semble se
dessiner; elle serait dans la logique des débuts du mandat français. |