Carnet  de  route  d'un  voyage  En Syrie
Septembre-octobre 2010 (suite 9)
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14 ème jour (8 octobre - matin): Shabba  (les photos sont ici) 
 
Nous allons quitter Damas pour le Hauran, au sud du pays, (pour situer cette région, voir la carte de Syrie, ici). C'est dans cette région d'anciens volcans que se réfugia Saint Paul après s'être enfui de Damas et avant de rejoindre Jérusalem. En quittant la capitale, nous remarquons une énorme cafetière trônant sur un socle, au milieu d'un carrefour, comme une statue; c'est le symbole de l'hospitalité syrienne: on ne manque jamais d'offrir le café aux hôtes que l'on reçoit. C'est aussi une façon de nous dire au revoir et à bientôt. 

Notre premier arrêt est pour une carrière de basalte ouverte dans un ancien volcan, le tell Chihan. C'est probablement ici qu'ont été extraites les pierres noires utilisées pour les constructions que nous allons voir, peut-être aussi pour certaines de celles que nous avons déjà vues. Le basalte a aussi été employé pour sculpter les statues foncées qui sont exposées au musée de Damas. 
 

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Shabba (ou Shahba), l'ancienne Philippopolis, fut construite à l'emplacement d'un petit village où naquit l'empereur Philippe l'Arabe (204 - 249). Elle est située à 87 km au sud de Damas. Elle constitue un cas particulier puisque, à la différence de la plupart des autres cités de Syrie, on n'y trouve à peu près aucune trace de civilisation antérieure à l'époque de sa construction. Bâtie pratiquement sur du vide, sa construction ne fut pas gênée par l'existant et le plan géométrique romain, carré avec deux voies principales se coupant à angle droit, le cardo maximus et le décumanus, lui a été appliqué dans toute sa rigueur. Des arcs s'élevaient aux extrémités du cardo maximus; des portes existaient également aux extrémités du décumanus. Un tétrapyle se dressait au croisement de ces deux voies. Les édifices principaux se regroupaient autour du tétrapyle. Ils comportaient un forum dallé; un palais accompagné d'un bâtiment monumental à exèdres, auquel on accédait par un large escalier, et où l'on pense que se tenait, en chair et en os ou sous la forme d'une statue, l'empereur divinisé sur son trône, dans la grande exèdre centrale; un théâtre de 42 m de diamètre qui, sans être aussi grand que celui de Bosra, n'en est pas moins intéressant, surtout parce qu'il est relativement bien conservé; un temple, le Philippéion, auquel on monte aussi par une volée de marches, lequel temple servait probablement de mausolée familial; un temple hexastyle; une église byzantine; un établissement thermal accompagné d'un nymphée; un aqueduc et plusieurs réservoirs. Le Philippéion était probablement dédié à Julius Marinus, le père de Philippe; ses murs étaient sans doute recouverts de marbre et les niches devaient contenir des statues. Les thermes sont démesurés compte tenu de la taille de la cité; recouverts de marbre, ils devaient être parmi les plus luxueux du monde romain, plus beaux peut-être même que ceux de Rome. Outre les restes de ces différents bâtiments, plus ou moins bien conservés, on peut également voir ceux d'une maison romaine et visiter, dans un musée, de remarquables mosaïques d'une fraîcheur admirable. Philippe l'Arabe voulait visiblement illustrer le lieu de sa naissance en en faisant une réplique de Rome. Il mourut trop tôt pour achever son projet qui, après sa disparition, fut définitivement abandonné. Il ne resta en effet pas plus de cinq ans empereur. Porté sur le pavois par ses soldats, à la suite de la mort de Gordien III, il en fut chassé de la même façon, par un de ses lieutenant, Dèce, qu'il avait envoyé réprimer une usurpation en Orient. Dèce, élu empereur par ses troupes, défit Philippe à la bataille de Vérone, au cours de laquelle l'empereur déchu perdit la vie. Ce dernier était soupçonné de pencher pour le christianisme, ce qui n'est peut être pas complètement étranger à sa chute; ce soupçon était d'autant plus plausible que la Syrie joua un grand rôle dans la propagation de la nouvelle religion; cependant rien ne permet d'affirmer avec certitude que ce bruit était fondé. 
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Philippe l'Arabe   
Source: Syria - Ministère du Tourisme
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A l'entrée de la ville nouvelle, nous sommes accueillis par une grande cafetière, cependant plus petite que celle de Damas. Le basalte constitue la pierre d'élection des bâtiments que nous visitons. Le haut des murs est cependant parfois en briques. La construction est de qualité. L'agencement parfait des blocs me fait penser aux meilleures constructions précolombiennes du Pérou. Les murs les plus épais sont faits de deux parements de blocs de basalte avec entre eux un remplissage plus grossier; la technique est classique. Sur un mur du théâtre, on remarque un poisson gravé; c'est un symbole chrétien: le mot poisson en grec, Ichtus, n'est-il pas formé par les premières lettres de Iesous Christos Theou Uios Soter c'est-à-dire "Jésus Fils de Dieu Sauveur". Plusieurs chapiteaux sont d'ordre ionique. Les arcs et les portes monumentales témoignent très certainement de la volonté d'incarner la puissance impériale qui animait leurs auteurs. Dans le musée, un buste de Philippe est exposé. Je remarque aussi une mosaïque dont les motifs sont des sortes de svastikas courbes. La région est aujourd'hui habitée par des druzes; au cours de notre visite, nous avons eu la chance de voir un groupe d'initiés, vêtus de noir et coiffés d'un turban blanc, selon la coutume religieuse locale, déambulant dans les rues. 
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Un texte sur une mosaïque de Shabba (Aiôn et Philippe l'Arabe) est ici 
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14 ème jour (8 octobre - matin - suite): Qanawat  (les photos sont ici) 

Après avoir visité Shabba, nous mettons le cap sur Qanawat (voir la carte de Syrie, ici). Cette bourgade, située à plus de 1200 m d'altitude, dans le djebel el-Arab (ou djebel druze), à 7 km de la capitale provinciale, as-Suwayda, fut autrefois une cité prospère, lorsqu'elle faisait partie de la région sous domination nabatéenne (Pétra), au 1er siècle avant notre ère. Elle fit partie de la Décapole, une alliance de dix villes situées pour la plupart en Jordanie. Après l'avoir incorporée à l'empire, en -64, les Romains y élevèrent plusieurs temples (temple de Zeus, temple d'Hélios, temple d'Hallat) ainsi que d'autres monuments dont un petit théâtre. Ils la pourvurent d'un important système d'adduction d'eau pour irriguer le Hauran, alors une région fertile, à partir du djebel druze; elle prit le nom de Canatha (ou Kanatha) par référence aux canaux. Vers -30, Hérode, chargé par Antoine d'obliger les Nabatéens à verser tribut à Cléopâtre, y essuya une défaite, après avoir remporté quelques victoires. En 106, après la conquête de Pétra par les Romains, la cité resta rattachée à la province de Syrie dans un premier temps. Mais, après la réorganisation qui intervint à la fin du 2ème siècle (195-196), elle fit partie de la province d'Arabie, dont la capitale était Bosra. Par la suite, les Ghassanides, une tribu arabe chrétienne monophysite, qui fonda un royaume arabe pré-islamique dans l'actuelle Jordanie, y érigèrent deux grandes églises (basiliques), sur d'anciens temples romains, à partir du 3ème siècle de notre ère. Qanawat devint alors un évêché et un important centre de pèlerinage chrétien. Après la conquête musulmane, au 7ème siècle, la ville, qui présentait un intérêt moindre pour les nouveaux occupants, déclina progressivement et ses monuments tombèrent en ruine. Réduite à un petit village arabe, elle retrouva vie grâce aux druzes qui s'y installèrent plus tard. 
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Un sarcophage décoré de croix, de pampres et de grappes de raisin
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Entre Shabba et Qanawat, la région montagneuse que nous traversons ne laisse pas deviner qu'elle fut autrefois une contrée agricole prospère. Aujourd'hui, il est certainement plus facile d'y récolter des pierres que des pommes de terre. Nous visitons d'abord les ruines des anciennes églises (ou basiliques), construites du 4ème au 6ème siècle, en réaménageant des bâtiments romains du 2ème siècle. Ces églises appartiennent à un groupe de bâtiments qualifié de Sérail. Elles sont en bloc de basalte noir rouillé par les lichens et la poussière rouge du sol environnant. On y découvre d'intéressants encadrements de porte de style syrien, avec des motifs végétaux et des svastikas, de belles voûtes, des vestiges de colonnades et de portiques avec des chapiteaux d'ordres dorique et corinthien. Les fondations d'un sanctuaire en forme d'abside, dont le haut a disparu, sont parfaitement visibles au sol. Dans une cour voisine, séjourne une vasque peu profonde qui devait se trouver autrefois dans le sanctuaire, au moins d'après d'anciennes photographies; on se demande qu'elle était la fonction de ce récipient: bénitier ou bassin d'un baptistère? A côté des églises, un tombeau ouvert montre plusieurs sarcophages qui renfermaient peut-être les dépouilles des dignitaires de l'évêché. L'un des sarcophages est décoré de pampres et de grappes ce qui laisse supposer la présence de vignes dans la région, mais ce qui peut aussi rappeler symboliquement le sang du Christ et l'eucharitie. 

Nous nous dirigeons vers le village. Chemin faisant, nous apercevons les restes d'une construction romaine dans une profonde vallée. Il pourrait s'agir d'anciens bains. Plus loin, sur le bord de la vallée, se dresse un bâtiment moderne; c'est la maison commune des druzes. Dans les villages druzes, on ne voit ni église, ni mosquée; la pratique religieuse est une affaire privée. Mais les druzes se réunissent néanmoins dans une maison conçue à cet effet pour discuter des affaires de la communauté. Le long du chemin, les maisons de l'ancien village arabe ont manifestement été construites en employant des blocs de basalte empruntés aux anciens monuments qui ont dû servir de carrière. Nous passons devant les ruines d'une partie du système d'adduction d'eau romain que les Arabes ont laissé dépérir. Devant une maison du village, notre regard est attiré par une moto rutilante: on a beau être au milieu d'antiquités, la modernité ne perd pas ses droits! 

Nous arrivons finalement devant un groupe de colonnes dressées sur le ciel. Ce sont les vestiges du temple d'Hélios, dieu solaire qui fut assimilé à Apollon. Ce temple, érigé sur un podium, était en réalité dédié à Théandrios, "dieu de Rabbos" ainsi que des inscriptions l'ont révélé. Comme on l'a déjà remarqué sur d'autres sites, les constructeurs de ce temple ont varié les formes, afin de rompre la monotonie, tout en respectant l'unité de l'ensemble. Le socle des colonnes est parfois hexagonal et d'autres fois carré. Au pied du podium, s'étalent des maisons du village avec des réservoirs rouges sur leur toit, comme on en a déjà vus à Shabba et tout le long de la route. A proximité du temple, un petit théâtre de neuf rangées de sièges et de six mètres de diamètre a été creusé dans la roche. 

Notre visite achevée, nous prenons le chemin de Bosra. 

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Un texte sur les églises byzantines de Qanawa est ici
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14 ème jour (8 octobre - matin - suite): Bosra  (les photos sont ici) 

Bosra ou Bostra est située à 141 km (145 km d'après la documentation du Ministère du Tourisme) au sud de Damas (voir la carte de Syrie, ici). C'est une ancienne cité nabatéenne. Mais sa création remonte plus haut encore dans le temps puisqu'on a retrouvé des vestiges de l'âge du Bronze, à l'ouest, au centre et au sud de la ville. Elle est mentionnée pour la première fois dans des documents égyptiens datant de -1350, sous le nom de Busnara. A l'époque hellénistique, sa situation géographique, sur un plateau basaltique fertile, au coeur du Hauran, sur les routes caravanières, favorisa son essor. Mais elle ne se développa vraiment qu'à partir du moment où elle passa sous la domination de Pétra, probablement dans la deuxième moitié du 1er siècle avant notre ère; le titre de capitale d'une province lui fut officiellement accordé, au premier siècle de notre, ère par Rabel II.  De grands monuments en basalte y furent construits, destinés à défier le temps grâce à la solidité de leur pierre. En 106, après l'annexion de la Nabatène par l'empire romain, elle devint la capitale de la province d'Arabie, créée par Trajan. Comme elle se trouvait sur la Via Nova Trajana, une garnison de 5000 légionnaires y fut installée à laquelle succéda la légion de Cyrénaïque. Bosra fut alors agrandie et embellie de nombreux monuments; elle fut pourvue d'un cardo maximus, qui reliait le théâtre au camp romain, et d'un decumanus ainsi que d'un immense théâtre. Les rues à colonnades et les deux axes principaux remontent à l'époque des Sévères. La ville compta jusqu'à 50000 habitants. L'avènement du christianisme modifia le paysage urbain par l'apparition d'églises ou la transformation en églises de temples païens. Une grande rénovation des portiques et des monuments associés intervint aux 4ème et 5ème siècles. C'est dans cette ville chrétienne que le moine nestorien Bahîra devina, à certains signes, la prodigieuse destinée de Mahomet, alors âgé de 10 ans, qui suivait la caravane de son oncle. Après la conquête de la ville par les musulmans, en 632, Bosra devint un champ de bataille entre ces derniers et les Byzantins qui se disputaient le contrôle de la Syrie; de nombreuses mosquées furent alors construites. En 747-749, un tremblement de terre jeta bas les colonnades antiques; cet événement contribua à remodeler l'urbanisme; les voies principales furent conservées, mais de nouveaux îlots d'habitations surgirent, édifiés en utilisant les matériaux des ruines et inspirés de la culture arabe ainsi qu'imposées par les contraintes d'un nouveau mode de vie (boutiques, souks, ruelles, impasses...) Au 11ème siècle, les Seldjoukides protégèrent la ville contre les Croisés et y ramenèrent la prospérité. Les Ayyoubides (Nour ed-Din) transformèrent le théâtre romain en forteresse, ce qui n'empêcha pas la ville de tomber au pouvoir des Mongols. Elle fut libérée et restaurée, en 1261, par Baybars, sultan mamelouk baharite d'Égypte de 1260 à 1277. Le plan de la ville s'écarte de la création romaine classique dans la mesure où il est davantage le produit de retouches, rénovations et ajouts successifs, que celui d'une oeuvre conçue ex nihilo. Tant qu'elle resta un lieu de passage pour les pèlerins se rendant à La Mecque, Bosra se maintint, puis elle déclina jusqu'à n'être plus qu'une bourgade arabe de médiocre importance. Elle est aujourd'hui inscrite au Patrimoine mondial de l'UNESCO. 
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Pour agrandir ce plan, cliquez ici - Source: Internet
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Notre premier arrêt est pour le réservoir Briket al-Ajj (al-Birkeh), un vaste plan d'eau carré entouré de murs maçonnés derrière lequel se dresse une mosquée. Ce réservoir n'est pas unique en son genre dans la ville; il y en avait un autre, mais il n'est plus en service. Nous avons la chance de voir le nôtre en eau, ce qui n'est pas toujours le cas. Ce vaste bassin me fait penser, en plus petit, à un baray du Cambodge. On s'interroge sur la date de sa création; certains penchent pour l'époque musulmane, à des fins d'irrigation, et d'autres pour l'époque romaine, voire une époque antérieure, pour alimenter en eau la ville et ses bains; la seconde hypothèse est renforcée par la découverte de tuyaux pour les bains qui partaient de l'autre réservoir, celui qui est abandonné. D'après la documentation du Ministère du Tourisme, il serait d'origine nabatéenne. 

Nos pas nous conduisent ensuite vers le palais de Trajan. Au hasard des rues, nous passons devant des étals commerciaux où sont exposées des productions locales, notamment de la vannerie.  
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Une reconstitution du palais de Trajan - Source: panneaux du site
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Le palais de Trajan est l'exemple par excellence d'une grande demeure urbaine. Cet édifice présente quelques aménagements remarquables: un petit ensemble thermal et une salle à alcôve au rez-de-chaussée ainsi qu'un large espace triconque à l'étage. Il intègre un ou plusieurs ensembles plus anciens qui ont subi de multiples modifications. Les différentes phases de construction semblent s'échelonner entre la seconde moitié du 2ème siècle et le 6ème siècle. Plutôt que la demeure d'un riche particulier, on pense que ce palais était la résidence du gouverneur ou un palais épiscopal attenant à la grande église du quartier est. Certains disent aussi qu'il s'agit d'un caravansérail. Les altérations des constructions d'origine ont continué puisque l'un des murs s'orne aujourd'hui d'un appareil moderne qui ressemble à un climatiseur! 

Nous nous dirigeons ensuite vers la quartier est. Nous passons devant une échoppe installée sous une sorte de porche. Le quartier de l'est est séparé du début du decumanus par une porte monumentale qualifiée d'arc nabatéen. C'est une partie ancienne de la ville qui a été transformée au cours des siècles et où les vestiges antiques ont été réutilisés pour la construction de maisons plus récentes. Mon regard est attiré par un curieux escalier fait de longues pierres simplement fichées dans le mur. Dans ce quartier, on peut voir les restes de constructions nabatéennes, notamment des colonnes aux chapiteaux doriques caractéristiques. 
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Reconstitution de l'arc nabatéen - Source: panneaux du site
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La porte nabatéenne est reconnaissable à son décor architectural comparable à celui que l'on rencontre à Pétra. Elle constitue, comme on l'a déjà dit, la charnière entre la rue est-ouest de la ville et le quartier nabatéen de l'est. Elle marquait aussi l'accès monumental (propylée) à un grand sanctuaire, peut-être consacré par Rabel II au dieu dynastique nabatéen Dusares. Construite dans la seconde moitié du 1er siècle de notre ère, elle est dotée de quatre puissantes piles portant deux passages voûtés au nord et au sud, autrefois prolongés par des portiques. Elle s'ouvre sur une large baie centrale sous un fronton laissant passer les piétons mais pas les voitures en raison des marches transversales qui coupaient la voie à l'origine. Son plan et son décor à niches la rattache au modèle romain. Deux puissant massifs, à demi-colonnes et pilastres surmontés de chapiteaux de type nabatéen, alignent la partie est du dispositif sur l'orientation du sanctuaire, laquelle était aussi celle du quartier est. Un système de conduite d'eau en tuyaux de terre cuite, ainsi qu'un égout central, existaient sous le dallage de basalte. Des fontaines publiques ont été aménagées à l'époque byzantine sur les façades ouest de l'arc. A l'époque omeyyade, un mur, appuyé au nord de l'arc, a commencé à empiéter sur la voie publique. Une petite ruelle mamelouke perpétue le passage sous les vestiges de l'arc. Au 19ème siècle, un habitat musulman traditionnel occupait tout l'espace de l'arc. 

Nous empruntons la voie est-ouest pour progresser en direction du centre de la cité. Notre prochain arrêt est pour l'église ou la cathédrale, comme on voudra, des saints Serge, Léonce et Bacchus. Nous connaissons déjà les saints Serge et Bacchus dont il a été question à Resafa et Maaloula. Saint Léonce était un soldat phénicien, en garnison à Tripoli, au Liban, qui fut inculpé du crime de prosélytisme car il ne craignait pas de prêcher l'Évangile par la parole et par l'exemple, crime qui lui valut d'être décapité après d'affreuses tortures, dont celle d'être pendu la tête en bas avec une lourde pierre attachée au cou qui l'étouffait lentement; son culte devint rapidement populaire dans l'Église syrienne à laquelle il appartenait. De la place qui précède l'entrée de l'église, on aperçoit le minaret, qui ressemble à un clocher roman, de la mosquée de Fatima. Les plus anciens minarets carrés musulmans se trouveraient à Bosra. 
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Plan et reconstitution de la cathédrale - Source: panneaux du site
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L'église  des saints Serge, Léonce et Bacchus, consacrée en 512-513, sous l'empereur Anastase, était un édifice de plan centré. Un tétraconque associant piliers en L et colonnes occupait la partie centrale inscrite dans un carré de 37 m de côté, muni d'exèdres dans les angles voûtés en "cul-de-four". Un dôme couvrait l'espace central comme le montre une gravure du 19ème siècle. Deux pièces, voûtées en berceau, de scories et d'éclats de basalte noyés dans un mortier de chaux, flanquaient le choeur. Des séries de trois portes s'ouvraient au nord, à l'ouest et au sud. Sur le mur nord, deux rangées de curieux blocs de basalte munis de dents étaient peut-être un dispositif anti-sismique. Un choeur en abside inscrite dans un mur à cinq pans abritait des peintures murales du 11ème siècle représentant la Vierge avec les saints Serge et Bacchus; ces peintures, dont il reste encore quelques traces, témoignent de la persistance du culte chrétien au moins jusqu'à cette époque. Un bâtiment annexe, situé de l'autre côté de la rue, pourrait être une résidence ecclésiastique liée à l'église. Ce type de plan est assez répandu en Syrie du sud (à saint George d'Ezra, par exemple) ainsi qu'en Jordanie (Jerash). Il pourrait être à l'origine du plan de Sainte Sophie à Constantinople. 
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Un couple de pigeons en haut d'un mur de la basilique de Bahîra
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Un peu plus au nord, de l'autre côté de la mosquée de Fatima, se trouve la basilique de Bahîra. Ce grandiose édifice du 2ème-3ème siècle, dont la fonction reste mystérieuse, faisait partie d'un ensemble appelé le monastère Bahîra. Bahîra était, on l'a déjà dit, un moine nestorien qui occupe une place privilégiée aux origines de la religion musulmane puisque c'est lui qui aurait deviné, d'après des signes relevés sur ses omoplates, le futur destin du fondateur de l'islam, alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Flanqué de portiques, le bâtiment possédait une façade à tympan s'ouvrant par un arc (fronton syrien) sur un atrium (cour intérieure ouverte) avec des colonnes couronnées par des chapiteaux ioniques. De la basilique, il ne reste que l'élévation avec de hautes fenêtres rectangulaires et une partie du "cul-de-four" de l'abside construit en conglomérat de mortier englobant des scories volcaniques, en haut duquel, lors de notre visite, s'ébattait un couple de pigeons. L'arc de l'abside est orné à sa clef d'un relief qui fait penser au dieu nabatéen Dusares, souvent assimilé à Dionysos. La façade semble avoir été fermée dès l'Antiquité, lorsque la basilique fut attribuée au culte chrétien, comme l'attestent les croix pattées gravées sur les pilastres de l'abside et les traces de sillons ayant servi à l'encadrement du chancel qui limitait le choeur. Le côté sud de l'édifice est occupé par des maisons. Le côté nord est libre et a été creusé au moment des dégagements. Dans la zone au nord de la basilique, qui a fait l'objet de fouilles récentes, ont été identifiés les restes d'une abside ayant appartenu à un bâtiment parallèle à la basilique. On peut y rattacher une exèdre pratiquement intacte grâce à son incorporation dans une habitation moderne; elle conserve un "cul-de-four", en petits blocs de scories, couvrant une abside demi-cylindrique ornée d'une succession de quatre niches à frontons encadrant des coquilles; les ornements de ces niches montrent des analogies stylistiques et iconographiques avec la clef de voûte de la basilique, ce qui donne à penser qu'il s'agit d'un complexe unique. 

Nous empruntons des ruelles et un passage voûté pour gagner, dans l'ancienne ville, le hammam Manjak et la mosquée d'Omar. On peut noter à la fois le rétrécissement et les sinuosités des rues de l'époque musulmane, par rapport à la largeur des voies romaines presque rectilignes. Par ailleurs, les maisons qui bordent les ruelles ont manifestement emprunté les pierres noires de leurs murs aux ruines de la cité antique. Des abords de la mosquée, on aperçoit, en direction du sud, les ruines du marché romain et du nymphée. 
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La décoration du fronton de l'entrée du hammam Manjak
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Le hammam Manjak est l'une des rares constructions civiles médiévales conservées à Bosra. L'émir Manjak le fit construire en 1372 pour les habitants de la cité et les nombreux pèlerins en route pour les villes saintes du Hijâz. Le monument reprend toutes les caractéristiques architecturales et décoratives des bains mamelouks de Damas. Depuis une vaste salle d'accueil et de détente, une chicane mène aux salles chauffées alimentées en eau froide et chaude. Plus au nord sont conservées les installations techniques (réservoir d'eau, production de vapeur, foyer). L'édifice, abandonné et en ruine à l'époque ottomane, à été restauré de 1981 à 1993. Sur le fronton de son entrée, on remarque une courte décoration à motifs de svastikas. 

La mosquée d'Omar (al-Arouss), voisine du hammam Manjak, fut fondée à l'époque omeyyade (8ème siècle) et presque intégralement reconstruite, en particulier le minaret, en forme de tour carrée, aux 12ème et 13ème siècles, reste un des plus anciens témoignages de l'architecture musulmane primitive. La disposition des arcades intérieures, parallèles au mur de la qibla (en direction de La Mecque), celle des entrées, situées le long des murs latéraux, et l'accentuation d'un transept axial, comme dans la mosquée des Omeyyades de Damas, témoignent d'une inspiration omeyyade. La mosquée a visiblement été construite sur un ancien temple romain dont les colonnes ont été incorporées dans les murs. Nous n'avons malheureusement pas pu en visiter l'intérieur pour ne pas déranger une cérémonie religieuse. 
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Une reconstitution du centre de l'ancienne Bosra est visible ici
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En progressant vers le nord, nous passons devant les ruines d'anciens magasins pour nous rendre à la place triangulaire, au croisement des deux voies romaines principales, et aux thermes du Centre (Khan ed-Dibs) voisins de cette place.  

Ce complexe thermal occupait un vaste rectangle de 105x65 (près de 7000 m2). Il était bordé de boutiques sur au moins trois de ses côtés et l'on y accédait, depuis une rue nord-sud, par deux entrées monumentales tétrastyles. Les vestiges de plus de 10 m de haut permettent de se faire une idée assez précise du fonctionnement de l'ensemble et de la circulation entre les différentes pièces: froides, tièdes et chaudes ordonnées autour d'un axe est-ouest. On parvenait aux pièces thermales depuis une vaste palestre (lieu réservé aux exercices physiques) située à l'est et bordée d'exèdres et de niches. Au nord et au sud, deux autres palestres limitaient le bloc principal. Au nord, des latrines publiques devaient accueillir à l'origine des constructions annexes. Ces thermes sont datés du 2ème siècle de notre ère bien que leur construction se soit déroulée sur plusieurs phases (pour en savoir plus sur les thermes du Centre, cliquez ici). 

Au carrefour, sur la place triangulaire, s'élevaient des monuments à portiques et un Kalybé, sorte de sanctuaire destiné à l'exposition de statues à l'air libre; il ne reste qu'une colonne de ce dernier monument. La voie romaine pavée, qui menait au camp romain, au nord de la ville, laquelle devait être le cardo maximus, passe maintenant entre la mosquée d'Omar et le hammam Manjak; elle est bordée de vestiges de colonnades. 
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Plan des thermes du Sud - Source: panneaux du site
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L'analyse architecturale des vestiges des thermes du Sud a fourni des informations qui permettent de reconstituer leur évolution depuis leur fondation, au 2ème siècle de notre ère, jusqu'à leur abandon, au 8ème siècle, sous les Omeyyades. La caractéristique principale de cet établissement balnéaire est son plan initial qui rappelle les thermes impériaux de Rome. Mais cette remarque préliminaire ne rend pas un compte exact de la complexité de cet ensemble et des particularités de ses dispositifs techniques (chauffage, latrines, fenêtres à double vitrage...) qui illustrent la qualité des programmes architecturaux de cette région de l'Arabie jusqu'à l'époque byzantine. L'augmentation du nombre et de l'importance de ce genre d'établissements, au 3ème siècle, témoigne très certainement du développement démographique de Bosra et aussi du niveau de vie de sa population. Les pièces contenaient des bassins confortables; les murs étaient recouverts de plaques de marbre et décorés de peintures. Le sol était dallé de marbre ou recouvert de mosaïques; le plafond de certaines salles était supporté par des piliers. On a trouvé des traces qui montrent que les bains ont été restaurés aux 4ème et 5ème siècles et qu'une place extérieure a été aménagée au 6ème siècle. Plus tard, au 12ème et au 13ème siècles, des magasins furent ouverts aux alentours. Les bains comprenaient quatre salles, construites avec un très grand soin, en pierres de basalte. Les murs des saunas contenaient des tuyaux d'eau et d'air chauds; il y avait des fenêtres fermées avec des doubles volets, en bois à l'extérieur et en verre coloré à l'intérieur. Un déversoir pour l'eau salée à été mis à jour, du côté nord, à l'extérieur. 

Les trois bains publics de la ville de Bosra offraient un service de massage à leur clientèle. L'usage des bains dans la région remonterait à la fin de l'âge du Bronze et à l'âge du Fer. La construction de ceux de l'époque nabatéenne respectait le style architectural nabatéen; ces anciens thermes ont été utilisés jusqu'au milieu du 2ème siècle, époque où ils cédèrent la place aux thermes romains qui eux-mêmes furent plus tard remplacés par les hammams. On notera que, si les Romains aimaient se baigner en groupe, les Arabes préféraient s'y livrer individuellement. 

Nous empruntons l'ancien decumanus en direction de l'ouest; cette voie devait être bordée de colonnades dont il ne reste que des morceaux et encore seulement d'un côté. Nous passons devant l'Arc de Triomphe des Antonins, édifié en l'honneur de la légion romaine de Cyrénaïque, qui tenait garnison dans la ville. Un peu plus loin, se dresse une colonnade peu élevée aux chapiteaux ioniques. Nous accédons à une longue salle voûtée souterraine qui servait autrefois d'entrepôt, le cryptoportique. Nous revenons vers l'est, entre les ruines de la cité ancienne et des maisons habitées construites selon le modèle local, basses et avec un toit en terrasse. A hauteur de l'Arc de Triomphe, nous tournons en direction du sud en prenant la voie qui mène à la Citadelle. Cette rue était également bordée de colonnes dont il ne reste plus grand chose. La citadelle aux murs épais a été construite autour du théâtre romain, à l'époque musulmane, on l'a déjà dit. Elle est entourée d'un fossé aujourd'hui à sec. Un pont-levis, huit tours carrées massives, des archères perçant les murs, des mâchicoulis les surmontant et un chemin de ronde qui en faisait le tour, complétaient des moyens de défense classiques. Les travaux datent en majeure partie de l’époque ayyoubide et sont dus à l’initiative de Malik al-Adil, frère de Saladin.  

La matinée bien remplie s'achève là. Il est temps d'aller déjeuner.  

14 ème jour (8 octobre - après-midi): Bosra  (les photos sont ici) 

Le début de l'après-midi est consacré à la visite du théâtre romain. Il a été construit au 2ème siècle. Ce théâtre, dont la cavea mesure plus de cent mètres de diamètre et qui comporte 37 rangées de gradins, pouvait contenir jusqu'à 15000 personnes (d'autres disent 17000). Sa scène mesure 45 m de long sur 8 m de profondeur. Il est le plus vaste et le mieux préservé du Moyen-Orient, et l'un des plus grands théâtres construits sous l'empire romain. Il est cinq fois plus grand que celui de Jerash et presque trois fois plus que celui d'Amman, ce qui atteste l'importance de Bosra à l'époque romaine. Contrairement à d'autres édifices du même genre, il n'est adossé à aucune pente. Depuis l'époque musulmane, il se trouve emprisonné à l'intérieur de la forteresse comme dans un cocon, ce qui a certainement contribué à le préserver. L'accès s'effectue, au delà d'une vaste place, par un pont qui enjambe le fossé de la forteresse. On est accueilli par des vestiges archéologiques. Pour atteindre le théâtre lui-même, il faut suivre un dédale de couloirs obscurs formant des coudes. Installés sur les gradins du haut nous pouvons vérifier la qualité acoustique du monument, des groupes d'enfants chantant sur la scène. L'ensemble est très impressionnant. L'état de conservation est presque parfait. On peut même distinguer de menus détails comme les anneaux de pierre qui servaient à attacher les cordes retenant le velum. Une succession d'arcs de moins en moins haut rattrape la déclinaison de la voûte qui suit le couloir descendant au niveau de la scène. Nous musardons dans les coulisses et le couloir à l'arrière de la scène. Tout est grandiose. Quelques boulets traînent sur un bloc de pierre pour nous rappeler que nous sommes aussi dans une forteresse. 

Après cette visite, nous quittons Bosra pour nous diriger vers Ezra. 
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Pour en savoir plus sur le quartier est de Bosra, cliquez ici
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14 ème jour (8 octobre - après-midi - suite): Ezra  (les photos sont ici) 

Ezra (voir la carte de Syrie, ici) est une ancienne ville épiscopale byzantine. Elle possède deux églises encore en activité, la basilique Saint Georges et l'église Saint Elias.  

La basilique Saint Georges (Kineeset Mar Jirjis), qui relève du rite grec orthodoxe, s'élève à l'emplacement d'un ancien temple païen, comme le suggère une inscription datée de 515 au-dessus de l'entrée ouest: "Cet endroit autrefois dédié au démon est devenu la demeure de Dieu; où on sacrifiait aux idoles, chantent maintenant des choeurs d'anges; où Dieu était provoqué à la colère il est maintenant incité à se montrer propice." Cette basilique est dans un bon état de conservation qui s'explique par le fait qu'elle est supposée se trouver à l'endroit où saint Georges, le Verdoyant, est enterré; ce saint jouit d'une grande popularité en Orient, tant auprès des chrétiens que des musulmans. 

L'église Saint Elias (Mar Elias), qui relève du rite grec catholique, est un édifice cultuel melchite qui fut construit au 6ème siècle. Saint Elias n'est autre que le prophète Elie (11ème siècle avant notre ère) qui officia en Israël, après la disparition de Salomon. Il opposa le Dieu des Juifs, Yahvé, au dieu des Cananéens, Baal, que soutenait la reine Jézabel. Il réalisa de nombreux prodiges avant de s'envoler au ciel, aspiré par une tornade, non sans avoir annoncé la venue du Messie à la fin du monde. Il est fêté le 20 juillet par les catholiques et les orthodoxes. Cet édifice est aussi très bien conservé. C'est une des premières églises à avoir été construites sous la forme d'une croix, architecture qui connut par la suite une grande faveur. C'est elle  que nous visitons. 

On y rencontre une profusion de croix la plupart du temps pattées, sur les portes, sur leurs linteaux et aussi sur les vitraux qui sont très simples. L'église, située au milieu d'un espace bien dégagé, mais enclos de murs, se trouve à l'intérieur d'un quadrilatère de blocs de basalte. Plusieurs de ses façades sont pratiquement aveugles, à l'exception des portes. Elle est surmontée par une coupole qui repose sur une base hexagonale et doit ressembler d'assez près à certaines des églises dont nous avons visité les ruines. Je remarque, sur le linteau d'une porte, deux grappes de raisin de part et d'autre d'une croix grecque pattée, le raisin est le symbole du sang du Christ, c'est-à-dire de l'eucharistie. En haut d'une autre porte, la branche supérieure de la croix revêt le forme d'un triangle posé sur la pointe; ce motif est repris sur un vitrail. On a vu que les murs sont presque aveugles, la lumière qui éclaire l'intérieur du sanctuaire provient du ciel, c'est-à-dire des petites fenêtres romanes qui percent chacun des pans de la base de la coupole. L'autel, abondamment décoré d'icônes, est masqué par des rideaux rouges. Il est légèrement surélevé, comme on l'a vu dans plusieurs ruines. Le trésor de l'église consiste en une sorte de reliquaire doré de belle facture. Dans une chapelle latérale, on peut voir l'inévitable image de saint George, le Verdoyant. 

La visite achevée, nous reprenons la route de Damas où nous allons passer notre dernière nuit en Syrie. 

Pour notre ultime repas du soir, le nettoyage du sol de la salle du buffet n'a pas été effectué avant l'installation des victuailles sur les tables. La nourriture sera ainsi exposée aux projections et aux odeurs des produits d'entretien! Quel dommage qu'une aussi piteuse clôture d'un voyage si intéressant! La Syrie mérite sans doute plusieurs visites pour en apprécier toutes les ressources. Je ne pensais pas y trouver tant de richesses archéologiques. Aurai-je le loisir d'y revenir? Je le souhaiterais, sans trop l'espérer. 

15 ème jour (9 octobre - matin): retour sans problème à Paris. 


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