Glanures du second semestre 2007

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F. Menéndez A. Lebeau P. Mironer J. Taurand C. Rohu D. Drab G. Baudry L. Savary J. Breton D. Acosta
A. Blanco T. Crassas R. Mansoum M. Druez M. Le Liboux C. Beausoleil J.-M. Tixier X. Brudo A. Nantet C. Prouvost
P. Smee P. Gable S. Maltret D. Neveu J.-B. Pedini C. Sauffier L. Triquell Bas de page
 Fernando Menéndez: Aphorismes

Se baigner dans l'obscurité de soi-même.
Le monde possède une infinité de dictées (ou de titres) et de dictateurs.
Les charlatans expliquent l'inexplicable.
Il existe une écriture sans méthode à l'intérieur de tout texte.
La sentence du passé est le plaisir de la pensée.
La vie est une infraction tragique de l'ironie.
Il n'est pas possible de mourir en toutes circonstances.
L'impossibilité d'être nous conduit à l'absurde.
La clé de l'homme est dans sa privation de futur.
Tout est possible sauf l'argent propre.
Les anecdotes, comme les ombres, résistent à l'effacement.
Tout art exhume sa perfection.
L'ombre, la métaphore continue de soi-même.
Celui qui écrit rêve le temps de sa solitude.

D'autres textes de cet auteur sont  ici



Traces N° 166 (Eté 2007)

Alain Lebeau

Très tôt
Il a voulu mourir
D'un trop plein d'amour
Mais s'est raté au poignet
Plus tard
Il a voulu vivre à pleines dents
Mais s'est brûlé les ailes
Alors il a appelé au secours
Mais la mort était aux abonnés absents
Il achève dans une maison de retraite
Son train de vie à mourir d'ennui
_________________________________
Pierre Mironer

Je voudrais des racines moi aussi
dans le maïs roumain ou l'oliveraie sicilienne
avec un bâtard de chien mauvais pour l'étranger
et un autre habile à faire ployer les jolies mains
L'aïeule monterait avec effort son raidillon
et les pierres roulant derrière elle
réveilleraient les cousins fleuristes dans la vallée
Je voudrais des racines pour les quitter,
m'en aller à l'adolescence en pleines moissons
dans ces saisons creuses ou ni l'école ni l'église
n'empêchent plus les enfants de se déshabiller.
Dans les ports du nord, on dirait: voilà le Slave
et à travers la Sainte Russie,
je passerais inaperçu jusqu'à Tachkent.
J'aurais bien des histoires d'ombre et de fumée à raconter
des photos noires, des lettres jaunes à montrer
une mèche dorée enroulée comme une corne de mouflon...
L'épopée de mon pays tiendrait lieu de coursier
j'aurais des chants, des mots magiques, des formules
qui déclenchent les larmes et la mélancolie...
Au lieu de cela, mon coeur s'accroche n'importe où
ma patrie est sous la plante de mes pieds
lorsque le vert dans les champs est membré
quand sur la route patiente se parlent les animaux.
Oh - ces nuages bien formés filant
comme des ballons-sondes emportés par les flots,
pourquoi fuient-ils toujours le pays que j'ai choisi?
________________________________
Jacques Taurand

Un soir
                            A Simone

Ce soir
blonde dans le couchant
Notre-Dame déploie sa guipure de pierre
Papillon prisonnier de l'Hôtel-Dieu
je franchis la vitre de ma chambre
j'ouvre les ailes du regard
pour frôler le mystère de la Beauté
Puis je m'envole haut vers la lumière
dans le bleu nacré d'un soir
bleu d'après la pluie
bleu âme de Paris
Et je fais route à dos de nuage
serrant contre moi la solitude
de mon poème blessé
serrant très fort ma vie
qui voudrait m'échapper
ma vie ma pauvre vie
mon beau voyage.

Hôtel-Dieu - Le 29 août 2006
___________________________________
Christophe Rohu

Crachin breton
dit ses prières
entre ses dents
_______________________________
Danielle Drab

J'ai un grand ciel posé
Sur ma maison ancrée
Comme un navire à quai
Un ciel de haute mer
Plein d'oiseaux immobiles
De nuages étonnants
Qui dessinent ma terre
Et rendent très lointains
Les arbres du jardin
Je marche tête nue
A l'écoute des souffles
Je suis tout mon passé
Je pèse mon présent
Je suis au carrefour
De mes points cardinaux
Extrême plénitude
Extrême finitude.
_______________________________
Gilles Baudry cité par Claude Serreau

... être l'enfant de son écoute
... écoute, tu verras!

"Nulle autre lampe que la voix" - Rougerie
_______________________________
Louis Savary cité par Jean-Marc Couvé

... l'inconvénient
avec le grand amour
c'est qu'il peut toujours
en exister un plus grand
qu'on ne rencontre jamais.

"L'amour à nu" - Arcam



Les Hommes sans Epaules N° 22 - N° spécial Jean Breton

Jean Breton (1930-2006)

Ce soir

Ce soir, il fera plus noir que d'habitude
Avant minuit les pins déjà prennent une allure
de condamnés.

Pourquoi me refuser à ce cri qui me viole?

J'ai envie de vomir.
Roulent des pierres de toutes couleurs entassées
dans mon coeur
sous la bâche trouée de ma mémoire
et m'écrase ton merveilleux dédain
qui s'évanouit dès l'aurore.

Protégé par mon hiver taciturne
je cherche un chant propre à éblouir la neige.
J'ai beau avoir brisé les jarrets de la souffrance
et expédié dans un autre monde les délires de la foi,
cette faim d'amour me torture
si je laisse échapper peu à peu mon emprise sur le royaume souterrain.

Triste hiver, hiver lamentable, sans idéal,
un bourreau seul pourrait m'entendre, me comprendre
- ce confesseur nostalgique de la mort -
et si ma mémoire ne se sépare pas de tes mille crimes, Seigneur!
il me reste pourtant l'anathème,
et ma haine, et l'obscénité
et je lancerai ces mots en caravanes
à travers la pampa de l'absolu.

Non! Nous ne sommes pas promis aux anges
ni aux musiques dosées des nuages bleus,
nous sommes vivants et criminels,
simplement vivants, criminels irresponsables,
pour le court-métrage d'un bref tapis d'existence,
sans crainte et sans espoir,
l'oeil braqué sur la pendule de l'Histoire,
un verre à la main,
lucides et et fiers,
capables de tous les bilans,
prêts à nous faire couper la tête sans façons.

(Chair et soleil, 1960)
_______________________________________
Je ne renonce à rien
...
Ma chambre devient petite comme un poing serré
qui mate mes sursauts de rage.

En vain ai-je murmuré: "J'aime quelque chose!"
l'univers entier m'a montré les dents,
son drapeau rouge.
Je vais m'asseoir sur une colline serré de près par les ténèbres,
...

(Chair et soleil, 1960)
______________________________________
Cohue Rivoli
...
Un marin gonfle ses poches avec ses mains:
on dirait qu'il a trois poings sous la ceinture
tellement il brûle de convoitise pour
les lourdes courtisanes du crépuscule
...
Chaque rafale m'en frappe d'une horreur exaltante
comme ce lamento des mitraillettes
dont mon enfance a été saturée
au point que j'imagine souvent que j'en arrose la rue
...
O nuit atroce sur mon pays
depuis vingt ans en guerre,
qui ne connaît plus les vents de la justice
et donne plus de gloire à un parachutiste barbu
qu'à un prix Nobel écrasé dans le baiser d'un platane...
...
Mon fils Alain Miguel Art vient de naître sous ma latitude
avec ses yeux de houille interrogative,
...
Alain Miguel, j'ai haï mon père et j'espère que tu
me haïras à ton tour, si gronde en toi selon mon voeu
la pure révolte des ardents.
Alain Miguel, sur cette page j'écris mon regret
et ma honte de t'avoir jeté dans ce berceau
...
Pouvais-je te tuer dans le ventre de ta mère?
Nous n'avions pas les cent mille francs exigés pour que l'opération
se fît sans danger dans un palais de nickel souterrain.
Tu es là: tu souffriras trente, cinquante ans bonhomme,
sans peut-être connaître jamais la Communauté humaine,
par ma faute.
...
Né pour quelques-uns de mes sauts de carpe dans un lit
où je n'ai même pas pu faire durer le plaisir
plus que le lièvre dans un trou.

(L'été des corps, 1966)
_______________________________________
Images, notes sur la création, souvenirs (Extraits)

J'ai méprisé l'argent.
Il s'est vengé.
Je lui pardonne.

(Un bruit de fête, 1990)
_______________________________________
Beauté, bijou de passe (Extraits)

Il m'a suffi de te voir pour savoir parler du monde.

(La mémoire, le sable, 2000)
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L'émotion, la subjectivité (Extraits)

C'est quoi une sensualité?
Le rêve d'être violé par le soleil.

(Le péché immortel, 2002)
_______________________________________
Définir? (Extraits)
...
Trouer les maquettes du beau langage, le décor des conventions, rencontrer en nous l'individu (le bel inutile), père et fils de soi-même à la fois, encore que l'on ne soit - à défaut d'être son respectueux co-auteur - que le nègre de notre propre sédimentation.

(Le péché immortel, 2002)



Portal de Poesia

Delfina  Acosta

Ennemi

Mon pire ennemi, c'est toi qui m'aimes
comme une pluie aveugle qui tombe,
s'éclaircit, redouble, s'arrête. Mon ennemi,
je te couronne amant, peuple et roi.
Avec du lierre tu attaches mes cheveux
toi qui connais les taches de rousseur de mon oeillet.
Quand le jasmin de sa rosée est suspendu
et qu'il sent la fleur foulée avant hier,
avec la ronde impatiente de tes pas
sous ton ombre je viens fleurir.
Si on ne t'aimait pas, jamais on ne te haïrait.
Ne t'en va pas, mon ennemi, je ne veux pas te perdre.
Qui pardonnerait? Par qui mes vers
tomberaient-ils de ma tristesse sur le papier?
Toi, mon ennemi. Moi, ton ennemie.
La mort ne saurait geler notre amour.

Delfina Acosta est une poète paraguayenne
______________________________________
Alberto Blanco

Mauvaise mémoire

                             L'histoire est une science fondée sur la mauvaise mémoire
                                                                                                            Miroslav Holub

Quand arrivèrent les premières pluies
         nous fîmes le nécessaire
         nous descendîmes de nos hautes pensées
         et commençâmes à labourer les champs
         nos mains nous servaient de pelles
         et les pieds étaient nos pieds
         nous arrosâmes la semence
         avec nos larmes

Vinrent ensuite les prêtres
       enveloppés de grandes plumes jaunes
       et avec des mots plus rutilants que la mer
       ils parlèrent un langage rempli d'images
       et pour eux nous fîmes
       ce qui était nécessaire

nous construisîmes une longue route
      très longue
      une route grandissime
      qui allait de la maison des morts
      jusqu'à celle des moribonds

alors apparurent les nuages
        sur la rivière ronde
        et nous entendîmes des voix
        qui dépeçaient nos vocables
        nous comprîmes que la fin était proche

et nous fîmes le nécessaire
        nous étalâmes le peu que nous possédions
        et feignîmes de tout savoir
        nous apprîmes à pleurer
        comme les femmes et les enfants
        apprirent à mentir comme les hommes

trois grands trous s'ouvrirent dans le ciel
       par le premier descendit la lune
       par le deuxièmement monta le serpent
       et par le troisième
       (ceci vous le savez déjà)
       tomba une étoile de fer blanc
       quand elle toucha la terre
       nous sûmes que le temps était accompli

nous fîmes le nécessaire
       nous déchirâmes le voile
       et battîmes le tambour
       jusqu'à ce que le vide
       fût installé dans nos coeurs

une face inconnue apparut
      dans les fils de la toile
      et quand ses lèvres bougèrent
      un nouvel espace devant nous surgit

nous  fîmes le nécessaire
     nous prîmes les montagnes
     et nous les retournâmes bouche en bas
     pour qu'elles récupérassent le souffle
     nous saisîmes les rivières
     et nous les mîmes debout
     pour qu'elles vissent à nouveau le ciel

nous prîmes ensuite nos corps
       avec beaucoup de précaution
       par la pointe des ailes
       et nous les lavâmes dans le miroir des noms

alors ils nous ordonnèrent de nous réveiller
       et nous fîmes le nécessaire
       en arrière restèrent les champs
       et les cloches souillées
       par le chant d'un oiseau de l'autre monde
       restèrent en arrière aussi les cartes
       préparées pour la fuite
      et nous n'eûmes d'autre choix
      que de poursuivre le chemin sans carte
      ce qui est la même chose
      que de rester là où nous sommes

nous entendîmes venir du fonds de la terre
      la sourde rumeur
      d'un tourbillon de rien
      poussé par un vent nouveau né
      entre les mains
      la créature nous dit
      ce que toujours nous avions voulu savoir
      et que toujours toujours nous avions oublié
      qu'il n'est pas d'autre rêve que celui-ci
      et que l'éveil est un autre rêve
      plus profond
      si nous nous réveillons en dedans
      ou plus superficiel
      si nous réveillons en dehors

comme nous ne comprenions pas quoi était quoi
     nous fîmes le nécessaire
     nous nous assîmes pour attendre
     l'éboulement

et nous continuons ici attendant
     comme si attendre
     n'était pas labeur suffisant.

Alberto Blanco est un poète mexicain

Un autre poème de cet auteur est  ici

Des études et des oeuvres des poètes qui précèdent  sont accessibles en espagnol sur le site  Portal de poesia



Théo Crassas:  Jasmin de Judée

Éditions Encres Vives
Collection Encres Blanches
 
A la Pastourelle Fécondée  
... 
Or, je serai la rosée 
sur la rouge rose de ton sang 
et la pluie sur le désert pierreux 
où seules quelques rares herbes poussent 
et où le destin a fait de toi 
une humble bergère 
qui garde les brebis de sa mère! 

Oui, je ferai de ton désert de pierre 
une terre qui désormais donnera 
deux récoltes par an 
qui seront enlevées 
avec la faucille du croissant; 
... 
Oui, ma suave et hardie Bien-Aimée, 
je suis le taureau qui s'offre 
pour le service du labourage 
...

Un autre poème de cet auteur est  ici
Et son site est  ici



Ces itinéraires toujours les mêmes, anthologie réalisée par Michel Cosem

Encres Vives N° 348

Rachid Mansoum
...
sois rose mon poème!
une rose aux lèvres du vent. Sinon,
sois pays mon poème!
un poème qui flotte dans l'air. Sinon,
sois pain mon poème!
pain pour les poissons volants. Sinon,
sois silence mon poème.
__________________________________
Michel Druez

Il a suffi d'un vol de grues
à l'aplomb de l'automne
pour que se dilate le temps
que renaissent d'écorces bleues
mille grappes de lumière
à la courbe des vignes rousses
où vibrionnent les éphémères.

Un vol de grues a suffi
pour côtoyer l'essentiel.
__________________________________
Mireille Le Liboux
...
Au jour
la blancheur du quartz
dans la faille du granit
irruption d'une autre force
dans ce monde à l'agonie
la Terre n'a peut-être pas dit
son dernier mot.



Claude Beausoleil:  Le tombeau d'Oscar Wilde

Encres Vives N° 349

Vous qui entendiez...
...
Dans ce décor sans fond
    Les lignes
                  S'ouvrent
                               Sur des lignes
Les voix
            Sont l'écho
                            D'autres voix
Qu'entendez-vous par vérité

Sous quels miroirs dormirent
 

Du plus cruel sujet
La fureur me sépare
Puisque le jour venu
Les mots sont inutiles
...

A Salomé

...
Savoir n'est rien
Oublier est tout
...

Wilde Oscar, en lecteur complexe
 

Apprendre de la vie
N'est pas un absolu
Les livres savent aussi
Ce qui doit être su
...

Symphony in yellow (1889)



Jean-Max Tixier:  Le Grenier à sel

Encres Vives N° 350

La lecture de la vie conduit à l'écriture. Elle ne cesse de la provoquer et de la nourrir. L'identification entre réalité extérieure et réalité intérieure s'établit dans le poème. Empruntant aux deux ordres, et en conjuguant les effets, il figure une zone frontière où tous les échanges sont possibles. Il aide à vivre. Il aide à rêver. Il est le territoire des choses vues et celui des choses inventées en perpétuelle interaction. Le contrôle de ce battement fonde la pertinence poétique.

... Tourner autour du vide pour n'exprimer que le vide, gratter sans fin son propre néant, que de réputations d'écrivains contemporains se fondent sur cette supercherie: produire une littérature qui nie la littérature. De cette succession de suicides blancs ne tombe pas une goutte de sang.

... Quand la fatalité vous fait naître avec au coeur un idéal de vérité, il faut le tuer ou c'est lui qui vous tue. Pas d'autre alternative que cette tragédie intime. Mais si on choisit de le tuer, on en portera le deuil jusqu'à l'ultime souffle, avec le sentiment de vivre à côté de soi tous les jours à venir.

Je n'écris pas pour abolir le silence. J'écris au contraire pour le souligner, le rendre tangible...

C'est une grave erreur de croire que le contenu émotionnel habite l'homme en train d'écrire. Il s'agit là d'une projection de lecteur propre à le rapprocher du poète qu'il aime. Le contenu émotionnel est dans le texte. Il est conservé dans l'agencement des mots, dans le système de relations qui leur permet de tenir ensemble. La mise en mots est une mise à mort qui réserve à chaque instant la chance d'une résurrection.



Flammes Vives - Anthologie poétique 2007 - Tome 3

Xavier Brudo

Rue

Un trottoir bancal et des pavés déchaussés,
une crotte de chien et des empreintes de pied,
et des dalles mouillées au reflet délavé.
Une cigarette éteinte et une autre allumée,
une autre agonisante et cent autres écrasées.
Une pièce de un franc sur un chewing-gum collé,
une page de journal qu'on aurait lue puis froissée,
un bonbon évadé, une sucette mal sucée,
un morceau de chaussure et un lacet délaissé.
Une bouteille de bière renversée et brisée,
d'une nuit d'amertume d'un clochard enivré.
Ici un pigeon mort, là une photo déchirée,
et des passants qui passent le regard oublié,
faisant claquer leurs fers sur la pierre trop usée.
Et des odeurs d'urine et d'égouts dégouttés,
et un parfum de terre et celui du quartier,
et celui d'une femme qu'on a manqué de croiser.
Et ça pue l'animal et ça sent le crevé,
et ça brille de crasse et c'est plein de beauté.
____________________________
Anne Nantet

Requiem pour un enfant

C'était l'automne,
tu es partie, aurais-tu donc suivi
la voie des hirondelles?
...
___________________________
Claude Prouvost

Seul

Dévisser la vie, étioler les étoiles
Marcher sur des pas perdus
Écorcher l'accroc des jours
Lancer des traits sur le silence
C'est le lot de celui qui s'enfuit
Sans armes et sans bagages
Comme un prisonnier évadé
Qui regrette déjà la cellule
Où il était seul.
...

Un autre extrait de cet auteur est ici
____________________________
Pierre Smee

Un mal, des mots
...
La poésie s'en  est allée
sans musique dans ses bagages
et les ailes repliées
faute du souffle des rebelles
...
Un autre extrait de cet auteur est ici

Le site de Flammes Vives est  ici



Flammes Vives - Anthologie poétique 2007 - Tome 4

Pierre Gable

Falaise

La falaise est un corps
Nous réveillons son âme
En y imposant nos mains.

A tâtons nous cherchons les failles
Qui permettent de s'élever.
Jamais elle ne résiste, elle offre
Son corps à nos membres engourdis.

En collant notre visage contre la paroi
Et en fermant les yeux on entend
Battre son coeur.
...
Les odeurs de garrigues
Nous chatouillent les narines
Et dans ce plaisir des sens,
Nous nous élevons
Vers les cieux.
____________________________
Suzy Maltret

Cinq Heures
...
La liberté d'un champ de jonquilles dévale la pente.

Joueurs de billes, semeurs de lunes, preneurs de nids,
A quoi servent les princes, les reines, Louis le onzième,
S'ils ne mènent pas au chuchotis éternel des fontaines,
A l'eau vive et aux loriots signant les livres d'images?
...
____________________________
Daniel Neveu
...
l'univers est bien en expansion
et les fameux trous noirs
sont l'extrémité de la paille dans laquelle Dieu
souffle

non Dieu ne joue pas aux dés
il fait des bulles
...
_____________________________
Jean-Baptiste Pedini

Transparence
...
je n'existe plus
dès que j'oublie de me chercher.
_____________________________
Corinne Sauffier

Orientales

Jadis la lune percée à mon oreille bruissait au chant des nomades.
Mon âme bivouaquait avec l'arôme des sables et les désert de perles sur l'ouate-rubis.
grain d'anis, noix de muscade, menthe poivrée, délicates senteurs rares, peuplaient la nuit ancestrales et mon herbier magique.
Les soleils de rouille soulèvent les mêmes mirages!
...
Un oiseau de faïence vole aux frêles splendeurs des soirs d'encens.
...
Près des eaux lustrales repose la glaise des légendes...
____________________________
Luc Triquell
...
tu ne fuiras pas les regards humiliés
que réfléchit le monde
tu regarderas en face l'eau qui coule dans tes veines
tu ne fuiras pas la rivière
qui inonde ton corps



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