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Se baigner dans l'obscurité de soi-même.
Le monde possède une infinité
de dictées (ou de titres) et de dictateurs.
Les charlatans expliquent l'inexplicable.
Il existe une écriture sans méthode
à l'intérieur de tout texte.
La sentence du passé est le plaisir
de la pensée.
La vie est une infraction tragique de l'ironie.
Il n'est pas possible de mourir en toutes
circonstances.
L'impossibilité d'être nous conduit
à l'absurde.
La clé de l'homme est dans sa privation
de futur.
Tout est possible sauf l'argent propre.
Les anecdotes, comme les ombres, résistent
à l'effacement.
Tout art exhume sa perfection.
L'ombre, la métaphore continue de soi-même.
Celui qui écrit rêve le temps
de sa solitude.
D'autres textes de cet auteur sont ici
Très tôt
Il a voulu mourir
D'un trop plein d'amour
Mais s'est raté au poignet
Plus tard
Il a voulu vivre à pleines dents
Mais s'est brûlé les ailes
Alors il a appelé au secours
Mais la mort était aux abonnés
absents
Il achève dans une maison de retraite
Son train de vie à mourir d'ennui
_________________________________
Pierre
Mironer
Je voudrais des racines moi aussi
dans le maïs roumain ou l'oliveraie sicilienne
avec un bâtard de chien mauvais pour
l'étranger
et un autre habile à faire ployer les
jolies mains
L'aïeule monterait avec effort son raidillon
et les pierres roulant derrière elle
réveilleraient les cousins fleuristes
dans la vallée
Je voudrais des racines pour les quitter,
m'en aller à l'adolescence en pleines
moissons
dans ces saisons creuses ou ni l'école
ni l'église
n'empêchent plus les enfants de se déshabiller.
Dans les ports du nord, on dirait: voilà
le Slave
et à travers la Sainte Russie,
je passerais inaperçu jusqu'à
Tachkent.
J'aurais bien des histoires d'ombre et de
fumée à raconter
des photos noires, des lettres jaunes à
montrer
une mèche dorée enroulée
comme une corne de mouflon...
L'épopée de mon pays tiendrait
lieu de coursier
j'aurais des chants, des mots magiques, des
formules
qui déclenchent les larmes et la mélancolie...
Au lieu de cela, mon coeur s'accroche n'importe
où
ma patrie est sous la plante de mes pieds
lorsque le vert dans les champs est membré
quand sur la route patiente se parlent les
animaux.
Oh - ces nuages bien formés filant
comme des ballons-sondes emportés par
les flots,
pourquoi fuient-ils toujours le pays que j'ai
choisi?
________________________________
Jacques
Taurand
Un
soir
A Simone
Ce soir
blonde dans le couchant
Notre-Dame déploie sa guipure de pierre
Papillon prisonnier de l'Hôtel-Dieu
je franchis la vitre de ma chambre
j'ouvre les ailes du regard
pour frôler le mystère de la
Beauté
Puis je m'envole haut vers la lumière
dans le bleu nacré d'un soir
bleu d'après la pluie
bleu âme de Paris
Et je fais route à dos de nuage
serrant contre moi la solitude
de mon poème blessé
serrant très fort ma vie
qui voudrait m'échapper
ma vie ma pauvre vie
mon beau voyage.
Hôtel-Dieu - Le 29 août
2006
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Christophe
Rohu
Crachin breton
dit ses prières
entre ses dents
_______________________________
Danielle
Drab
J'ai un grand ciel posé
Sur ma maison ancrée
Comme un navire à quai
Un ciel de haute mer
Plein d'oiseaux immobiles
De nuages étonnants
Qui dessinent ma terre
Et rendent très lointains
Les arbres du jardin
Je marche tête nue
A l'écoute des souffles
Je suis tout mon passé
Je pèse mon présent
Je suis au carrefour
De mes points cardinaux
Extrême plénitude
Extrême finitude.
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Gilles
Baudry cité par Claude Serreau
... être l'enfant de son écoute
... écoute, tu verras!
"Nulle autre lampe que la
voix" - Rougerie
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Louis
Savary cité par Jean-Marc Couvé
... l'inconvénient
avec le grand amour
c'est qu'il peut toujours
en exister un plus grand
qu'on ne rencontre jamais.
"L'amour à nu" - Arcam
Ce soir
Ce soir, il fera plus noir que d'habitude
Avant minuit les pins déjà prennent
une allure
de condamnés.
Pourquoi me refuser à ce cri qui me viole?
J'ai envie de vomir.
Roulent des pierres de toutes couleurs entassées
dans mon coeur
sous la bâche trouée de ma mémoire
et m'écrase ton merveilleux dédain
qui s'évanouit dès l'aurore.
Protégé par mon hiver taciturne
je cherche un chant propre à éblouir
la neige.
J'ai beau avoir brisé les jarrets de
la souffrance
et expédié dans un autre monde
les délires de la foi,
cette faim d'amour me torture
si je laisse échapper peu à
peu mon emprise sur le royaume souterrain.
Triste hiver, hiver lamentable, sans idéal,
un bourreau seul pourrait m'entendre, me comprendre
- ce confesseur nostalgique de la mort -
et si ma mémoire ne se sépare
pas de tes mille crimes, Seigneur!
il me reste pourtant l'anathème,
et ma haine, et l'obscénité
et je lancerai ces mots en caravanes
à travers la pampa de l'absolu.
Non! Nous ne sommes pas promis aux anges
ni aux musiques dosées des nuages bleus,
nous sommes vivants et criminels,
simplement vivants, criminels irresponsables,
pour le court-métrage d'un bref tapis
d'existence,
sans crainte et sans espoir,
l'oeil braqué sur la pendule de l'Histoire,
un verre à la main,
lucides et et fiers,
capables de tous les bilans,
prêts à nous faire couper la
tête sans façons.
(Chair et soleil, 1960)
_______________________________________
Je
ne renonce à rien
...
Ma chambre devient petite comme un poing serré
qui mate mes sursauts de rage.
En vain ai-je murmuré: "J'aime quelque
chose!"
l'univers entier m'a montré les dents,
son drapeau rouge.
Je vais m'asseoir sur une colline serré
de près par les ténèbres,
...
(Chair et soleil, 1960)
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Cohue
Rivoli
...
Un marin gonfle ses poches avec ses mains:
on dirait qu'il a trois poings sous la ceinture
tellement il brûle de convoitise pour
les lourdes courtisanes du crépuscule
...
Chaque rafale m'en frappe d'une horreur exaltante
comme ce lamento des mitraillettes
dont mon enfance a été saturée
au point que j'imagine souvent que j'en arrose
la rue
...
O nuit atroce sur mon pays
depuis vingt ans en guerre,
qui ne connaît plus les vents de la
justice
et donne plus de gloire à un parachutiste
barbu
qu'à un prix Nobel écrasé
dans le baiser d'un platane...
...
Mon fils Alain Miguel Art vient de naître
sous ma latitude
avec ses yeux de houille interrogative,
...
Alain Miguel, j'ai haï mon père
et j'espère que tu
me haïras à ton tour, si gronde
en toi selon mon voeu
la pure révolte des ardents.
Alain Miguel, sur cette page j'écris
mon regret
et ma honte de t'avoir jeté dans ce
berceau
...
Pouvais-je te tuer dans le ventre de ta mère?
Nous n'avions pas les cent mille francs exigés
pour que l'opération
se fît sans danger dans un palais de
nickel souterrain.
Tu es là: tu souffriras trente, cinquante
ans bonhomme,
sans peut-être connaître jamais
la Communauté humaine,
par ma faute.
...
Né pour quelques-uns de mes sauts de
carpe dans un lit
où je n'ai même pas pu faire
durer le plaisir
plus que le lièvre dans un trou.
(L'été des corps, 1966)
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Images,
notes sur la création, souvenirs (Extraits)
J'ai méprisé l'argent.
Il s'est vengé.
Je lui pardonne.
(Un bruit de fête, 1990)
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Beauté,
bijou de passe (Extraits)
Il m'a suffi de te voir pour savoir parler du monde.
(La mémoire, le sable, 2000)
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L'émotion,
la subjectivité (Extraits)
C'est quoi une sensualité?
Le rêve d'être violé par
le soleil.
(Le péché immortel, 2002)
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Définir?
(Extraits)
...
Trouer les maquettes du beau langage, le décor
des conventions, rencontrer en nous l'individu (le bel inutile), père
et fils de soi-même à la fois, encore que l'on ne soit - à
défaut d'être son respectueux co-auteur - que le nègre
de notre propre sédimentation.
(Le péché immortel, 2002)
Ennemi
Mon pire ennemi, c'est toi qui m'aimes
comme une pluie aveugle qui tombe,
s'éclaircit, redouble, s'arrête.
Mon ennemi,
je te couronne amant, peuple et roi.
Avec du lierre tu attaches mes cheveux
toi qui connais les taches de rousseur de
mon oeillet.
Quand le jasmin de sa rosée est suspendu
et qu'il sent la fleur foulée avant
hier,
avec la ronde impatiente de tes pas
sous ton ombre je viens fleurir.
Si on ne t'aimait pas, jamais on ne te haïrait.
Ne t'en va pas, mon ennemi, je ne veux pas
te perdre.
Qui pardonnerait? Par qui mes vers
tomberaient-ils de ma tristesse sur le papier?
Toi, mon ennemi. Moi, ton ennemie.
La mort ne saurait geler notre amour.
Delfina Acosta est une poète
paraguayenne
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Alberto
Blanco
Mauvaise mémoire
L'histoire est une science fondée
sur la mauvaise mémoire
Miroslav Holub
Quand arrivèrent les premières
pluies
nous fîmes le nécessaire
nous descendîmes de nos hautes pensées
et commençâmes à labourer les champs
nos mains nous servaient de pelles
et les pieds étaient nos pieds
nous arrosâmes la semence
avec nos larmes
Vinrent ensuite les prêtres
enveloppés
de grandes plumes jaunes
et avec
des mots plus rutilants que la mer
ils parlèrent
un langage rempli d'images
et pour
eux nous fîmes
ce qui
était nécessaire
nous construisîmes une longue route
très
longue
une route grandissime
qui allait
de la maison des morts
jusqu'à
celle des moribonds
alors apparurent les nuages
sur la rivière ronde
et nous entendîmes des voix
qui dépeçaient nos vocables
nous comprîmes que la fin était proche
et nous fîmes le nécessaire
nous étalâmes le peu que nous possédions
et feignîmes de tout savoir
nous apprîmes à pleurer
comme les femmes et les enfants
apprirent à mentir comme les hommes
trois grands trous s'ouvrirent dans le ciel
par le
premier descendit la lune
par le
deuxièmement monta le serpent
et par
le troisième
(ceci
vous le savez déjà)
tomba
une étoile de fer blanc
quand
elle toucha la terre
nous
sûmes que le temps était accompli
nous fîmes le nécessaire
nous
déchirâmes le voile
et battîmes
le tambour
jusqu'à
ce que le vide
fût
installé dans nos coeurs
une face inconnue apparut
dans les fils
de la toile
et quand ses
lèvres bougèrent
un nouvel espace
devant nous surgit
nous fîmes le nécessaire
nous prîmes
les montagnes
et nous les retournâmes
bouche en bas
pour qu'elles récupérassent
le souffle
nous saisîmes
les rivières
et nous les mîmes
debout
pour qu'elles vissent
à nouveau le ciel
nous prîmes ensuite nos corps
avec
beaucoup de précaution
par la
pointe des ailes
et nous
les lavâmes dans le miroir des noms
alors ils nous ordonnèrent de nous réveiller
et nous
fîmes le nécessaire
en arrière
restèrent les champs
et les
cloches souillées
par le
chant d'un oiseau de l'autre monde
restèrent
en arrière aussi les cartes
préparées
pour la fuite
et nous n'eûmes
d'autre choix
que de poursuivre
le chemin sans carte
ce qui est
la même chose
que de rester
là où nous sommes
nous entendîmes venir du fonds de la
terre
la sourde rumeur
d'un tourbillon
de rien
poussé
par un vent nouveau né
entre les mains
la créature
nous dit
ce que toujours
nous avions voulu savoir
et que toujours
toujours nous avions oublié
qu'il n'est
pas d'autre rêve que celui-ci
et que l'éveil
est un autre rêve
plus profond
si nous nous
réveillons en dedans
ou plus superficiel
si nous réveillons
en dehors
comme nous ne comprenions pas quoi était
quoi
nous fîmes
le nécessaire
nous nous assîmes
pour attendre
l'éboulement
et nous continuons ici attendant
comme si attendre
n'était pas
labeur suffisant.
Alberto Blanco est un poète mexicain
Un autre poème de cet auteur est ici
Des études et des oeuvres
des poètes qui précèdent sont accessibles en
espagnol sur le site Portal
de poesia
Éditions Encres
Vives
Collection Encres
Blanches
A
la Pastourelle Fécondée
... Or, je serai la rosée sur la rouge rose de ton sang et la pluie sur le désert pierreux où seules quelques rares herbes poussent et où le destin a fait de toi une humble bergère qui garde les brebis de sa mère! Oui, je ferai de ton désert de pierre
|
Encres Vives N° 348
Rachid
Mansoum
...
sois rose mon poème!
une rose aux lèvres du vent. Sinon,
sois pays mon poème!
un poème qui flotte dans l'air. Sinon,
sois pain mon poème!
pain pour les poissons volants. Sinon,
sois silence mon poème.
__________________________________
Michel
Druez
Il a suffi d'un vol de grues
à l'aplomb de l'automne
pour que se dilate le temps
que renaissent d'écorces bleues
mille grappes de lumière
à la courbe des vignes rousses
où vibrionnent les éphémères.
Un vol de grues a suffi
pour côtoyer l'essentiel.
__________________________________
Mireille
Le Liboux
...
Au jour
la blancheur du quartz
dans la faille du granit
irruption d'une autre force
dans ce monde à l'agonie
la Terre n'a peut-être pas dit
son dernier mot.
Encres Vives N° 349
Vous
qui entendiez...
...
Dans ce décor sans fond
Les lignes
S'ouvrent
Sur des lignes
Les voix
Sont l'écho
D'autres voix
Qu'entendez-vous par vérité
Sous quels miroirs dormirent
Du plus cruel sujet
La fureur me sépare
Puisque le jour venu
Les mots sont inutiles
...
A Salomé
...
Savoir n'est rien
Oublier est tout
...
Wilde
Oscar, en lecteur complexe
Apprendre de la vie
N'est pas un absolu
Les livres savent aussi
Ce qui doit être su
...
Symphony
in yellow (1889)
Encres Vives N° 350
La lecture de la vie conduit à l'écriture. Elle ne cesse de la provoquer et de la nourrir. L'identification entre réalité extérieure et réalité intérieure s'établit dans le poème. Empruntant aux deux ordres, et en conjuguant les effets, il figure une zone frontière où tous les échanges sont possibles. Il aide à vivre. Il aide à rêver. Il est le territoire des choses vues et celui des choses inventées en perpétuelle interaction. Le contrôle de ce battement fonde la pertinence poétique.
... Tourner autour du vide pour n'exprimer que le vide, gratter sans fin son propre néant, que de réputations d'écrivains contemporains se fondent sur cette supercherie: produire une littérature qui nie la littérature. De cette succession de suicides blancs ne tombe pas une goutte de sang.
... Quand la fatalité vous fait naître avec au coeur un idéal de vérité, il faut le tuer ou c'est lui qui vous tue. Pas d'autre alternative que cette tragédie intime. Mais si on choisit de le tuer, on en portera le deuil jusqu'à l'ultime souffle, avec le sentiment de vivre à côté de soi tous les jours à venir.
Je n'écris pas pour abolir le silence. J'écris au contraire pour le souligner, le rendre tangible...
C'est une grave erreur de croire que le contenu
émotionnel habite l'homme en train d'écrire. Il s'agit là
d'une projection de lecteur propre à le rapprocher du poète
qu'il aime. Le contenu émotionnel est dans le texte. Il est conservé
dans l'agencement des mots, dans le système de relations qui leur
permet de tenir ensemble. La mise en mots est une mise à mort qui
réserve à chaque instant la chance d'une résurrection.
Rue
Un trottoir bancal et des pavés déchaussés,
une crotte de chien et des empreintes de pied,
et des dalles mouillées au reflet délavé.
Une cigarette éteinte et une autre
allumée,
une autre agonisante et cent autres écrasées.
Une pièce de un franc sur un chewing-gum
collé,
une page de journal qu'on aurait lue puis
froissée,
un bonbon évadé, une sucette
mal sucée,
un morceau de chaussure et un lacet délaissé.
Une bouteille de bière renversée
et brisée,
d'une nuit d'amertume d'un clochard enivré.
Ici un pigeon mort, là une photo déchirée,
et des passants qui passent le regard oublié,
faisant claquer leurs fers sur la pierre trop
usée.
Et des odeurs d'urine et d'égouts dégouttés,
et un parfum de terre et celui du quartier,
et celui d'une femme qu'on a manqué
de croiser.
Et ça pue l'animal et ça sent
le crevé,
et ça brille de crasse et c'est plein
de beauté.
____________________________
Anne
Nantet
Requiem pour un enfant
C'était l'automne,
tu es partie, aurais-tu donc suivi
la voie des hirondelles?
...
___________________________
Claude
Prouvost
Seul
Dévisser la vie, étioler les
étoiles
Marcher sur des pas perdus
Écorcher l'accroc des jours
Lancer des traits sur le silence
C'est le lot de celui qui s'enfuit
Sans armes et sans bagages
Comme un prisonnier évadé
Qui regrette déjà la cellule
Où il était seul.
...
Un autre extrait de cet auteur est ici
____________________________
Pierre
Smee
Un
mal, des mots
...
La poésie s'en est allée
sans musique dans ses bagages
et les ailes repliées
faute du souffle des rebelles
...
Un autre extrait de cet auteur est ici
Le site de Flammes Vives est
ici
Falaise
La falaise est un corps
Nous réveillons son âme
En y imposant nos mains.
A tâtons nous cherchons les failles
Qui permettent de s'élever.
Jamais elle ne résiste, elle offre
Son corps à nos membres engourdis.
En collant notre visage contre la paroi
Et en fermant les yeux on entend
Battre son coeur.
...
Les odeurs de garrigues
Nous chatouillent les narines
Et dans ce plaisir des sens,
Nous nous élevons
Vers les cieux.
____________________________
Suzy
Maltret
Cinq
Heures
...
La liberté d'un champ de jonquilles
dévale la pente.
Joueurs de billes, semeurs de lunes, preneurs
de nids,
A quoi servent les princes, les reines, Louis
le onzième,
S'ils ne mènent pas au chuchotis éternel
des fontaines,
A l'eau vive et aux loriots signant les livres
d'images?
...
____________________________
Daniel
Neveu
...
l'univers est bien en expansion
et les fameux trous noirs
sont l'extrémité de la paille
dans laquelle Dieu
souffle
non Dieu ne joue pas aux dés
il fait des bulles
...
_____________________________
Jean-Baptiste
Pedini
Transparence
...
je n'existe plus
dès que j'oublie de me chercher.
_____________________________
Corinne
Sauffier
Orientales
Jadis la lune percée à mon oreille
bruissait au chant des nomades.
Mon âme bivouaquait avec l'arôme
des sables et les désert de perles sur l'ouate-rubis.
grain d'anis, noix de muscade, menthe poivrée,
délicates senteurs rares, peuplaient la nuit ancestrales et mon
herbier magique.
Les soleils de rouille soulèvent les
mêmes mirages!
...
Un oiseau de faïence vole aux frêles
splendeurs des soirs d'encens.
...
Près des eaux lustrales repose la glaise
des légendes...
____________________________
Luc
Triquell
...
tu ne fuiras pas les regards humiliés
que réfléchit le monde
tu regarderas en face l'eau qui coule dans
tes veines
tu ne fuiras pas la rivière
qui inonde ton corps