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Intermittences
Des ténèbres
du jour
naît la lumière
comme le germe
d'une vie pure
à peine
commencée.
....
Laurent Fels est un poète luxembourgeois
Un autre texte de cet auteur est ici
_______________________________
René
Welter
et tout
à la fin
on enlève
l'alliance
et la montre
pour accompagner
le dernier éclat
de qui
s'en va
vers où
le temps
ne compte plus
René Welter est un
poète luxembourgeois
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Nic
Klecker
La mort sait bien
qu'elle va gagner le duel
en attendant
la vie
a des parades habiles
et l'amour
guide son fleuret
Nic Klecker est un poète
luxembourgeois
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Salvatore
Gucciardo
Le profond secret
Les lèvres parcourent
Les seins du monde
Dans la splendeur de la flamme
Une silhouette surgit
De la musique des sphères
Pour animer
La torpeur des corps
Un sphinx
Au regard profond
Embrasse
Le rêve de l'homme
Pour lui dévoiler
Les racines ambiguës
De l'âme humaine
La source du mystère
Le flux des passions
L'ardeur des sens
La genèse de la vie
Et les affres de la mort
Dessinateur et illustrateur autodidacte, S. Gucciardo est né en 1947, à Siculiana (Italie). Il vit en Belgique depuis 1955.
Son site est ici
_________________________________
Salvatore
Sanfilippo
Dites-lui
Quand elle viendra
Que je suis monté sur le cèdre
Au bout du champ
Que c'est là que je l'attends
Attendre ici
Attendre ailleurs
Puisqu'il faut attendre
Huitième branche
A gauche
Pas trop près du bord
De là-haut
La vue est dégagée
Impossible que l'on me confonde
Avec un quelconque volatile
Qui au moindre bruit
Prendrait la poudre d'escampette
Rien ne m'effraie
Je suis serein
Les yeux fixés au loin
Aucun mouvement
Ne trahit ma présence
Seul le souffle du vent
Dans le feuillage
Vient perturber le silence
Je suis insensible
A tout ce qui m'entoure
Même la pluie fine
Qui s'est mise à tomber
Ne m'affecte pas
Je l'attends
Je suis passé maître
Dans l'art d'attendre
Quand vous lui indiquerez mon refuge
Vous lui direz bien
Qu'elle crie bien fort mon nom
Je suis un peu sourd d'oreille
______________________________
Erich
von Neff
Dunsmuir, Californie, 1954
Rickey Tan frappa à la porte
Trois coups secs
Un homme un peu voûté vint ouvrir
"Pouvons-nous dormir sur votre pelouse?" demanda
Rickey
Il y avait une grande cicatrice concave sur
la tête de l'homme
"Un shrapnel Seconde guerre mondiale", dit-il
calmement
comme si nous avions été curieux
Ce qui était le cas
"Oui. Dormez sur la pelouse
Et mettez vos bicyclettes à la cave."
Il retourna dans sa maison
Tout était aussi simple
Que si nous avions été invités
Il avait été blessé au
cours de la seconde guerre mondiale
Il nous a laissé dormir sur sa pelouse
Il ne nous a jamais demandé nos noms
Nous n'avons jamais demandé le sien
Erich von Neff, docker à
San Francisco, a publié de nombreux textes en France. Ce poème
relate un événement réel
____________________________
Werner
Lambersy
Déjà le sacré n'est plus
possible
...
L'absent est demeuré muet
car le néant
n'a plus à naître mais bien
les écritures
qui prêtent
des mots aux bruits de l'âme
...
On cherche l'ersatz de soi
dans les produits
sur affiches
...
Les conseils d'administration
crachent
leurs bénéfices
à la face d'un peuple qui veut
du travail
et un sens au travail bien fait
...
L'eau devient rare mais pas
les inondations ni
les tornades
l'air tue autant que le mazout
les cormorans
Se nourrir n'est plus une fête
ni le plaisir
une façon de rire avec la mort
...
L'esthétique est toujours
la fin d'une époque
...
Et rien ne sera perdu tant
qu'on attend
ce quelque chose qu'on n'a
pas
Né à Anvers,
en 1941, Werner Lambersy, qui vit et écrit à Paris depuis
1982, est titulaire de plusieurs prix de poésie dont celui de l'Académie
française
_____________________________
Joseph
Ohmann-Krause
on ne veut pas te croire
mais de ta pêche
tu ne tires du filet
que l'homme oublié
en lui
un début de famine
une mère
sans circonstance
et sans prononciation
J. Ohmann-Krause, né
en 1955 à Paris, enseigne le français à Oregon State
University
Éditions Encres
Vives
Collection Lieu
N° 186
Le
Chant du Coucou
Je suis le coucou
La Danse des Arômes Ioniens Je crois en la nécessaire
|
Ruisseau
Toute la nuit tintinnabulait ta chanson. Dans un délire d'étoiles et transi de froid, grâce à ton murmure j'ai imaginé un foyer. Mon père, ma mère et mon maître souriaient près de moi. Je n'étais pas seul.
Maintenant l'orient commence à s'illuminer. Une splendeur embrase les montagnes qui apparaissent à travers la brume.
Et tu continues à carillonner, espiègle et impatient, image d'une éternité joyeuse.
Quel mystère ton rire ce matin résout-il?
Les corps consumés par le feu se transforment en air, en terre, en eau, et leur pensée vit ici, dans les doutes et les étincelles d'un moment unique.
Extrait de l'ouvrage "Subhuti (fragmentos de una vida)", Gijón, Llibros del pexe, 2006
D'autres extraits de cet ouvrage sont ici
Le site de Jesús
Aller est ici
__________________________________________
Ramón
Caride Ogando
La blancheur infinie de la neige t'aveuglera
Comme la trace d'un rêve ou la lumière
d'une autre enfance
rien ne sera pareil nous pas plus que les
autres
la vie renaîtra entre les épineux
calcinés.
Tu ouvriras les yeux pour la première
fois
avec peur avec étonnement tu regarderas
les choses
tu étendras les bras comme jamais tu
ne le ferais
tu connaîtras la mer l'amour le monde
entier
dans la récolte nouvelle de sève
et de cicatrices.
Séquence (Les)
De de tout quand j'aime
seulement la tristesse
de tout quand je rêve
seulement l'ombre
de tout autant que je sais
seulement l'incertitude
de tout seulement l'image
jamais le miroir.
De la rose non pas
l'odeur, ni le parfum,
la couleur, la forme
ni le nom, seulement
l'essence, l'intangible,
le néant,
la trace des doigts
sur la vitre.
Extrait de "As máscaras
de Cronos (Poemas 1994-2005)" avec un prologue de Xosé Lois García
et un épilogue de Andityas Soares de Moura- Vigo, éditions
Xerais de Galicia, 2006
________________________________________
José
Antonio Antón Pacheco
Épigraphie
Dans un lieu sacré
se croisent les chemins, s'unissent les rivières
et se séparent les espaces.
Dans un lieu sacré
les cippes indiquent les traverses
et dans les pâturages paissent les troupeaux
et les roues marquent les parcours des voitures
et les raies parallèles les sillons
des charrues.
Parmi une rumeur de lumières
abondent traces et foulées dans les
clairières.
Rends-toi aux carrefours.
Tu verras une pierre qui signale avec des
mots une halte:
"Arrête-toi, lit, souviens-toi.
Ici est un lieu sacré ".
Extrait de "El pozo y la estrella", avec un prologue de Félix Morales Prado, Cadix, EH Editores, 2006
Des études et des oeuvres
des poètes qui précèdent sont accessibles en
espagnol sur le site Portal
de poesia
A la
cantonade (extraits)
...
J'ai perdu la tête. Depuis, je la cherche.
Mais je n'ai plus que mes mains pour pouvoir la reconnaître et, souvent,
je me trompe, prenant une tête égarée pour la mienne.
Je ne désespère pas de la retrouver.
.
Ce matin, le ciel était si bas que,
dans la rue, tous les hommes marchaient à quatre pattes. Seuls les
chiens firent montre d'une certaine satisfaction.
...
______________________________________
Jehan
Despert
Voyageur
Il était de ces gens
qui, revenus de tout,
n'étaient jamais allés
ailleurs que nulle part.
______________________________________
Lucile
Négel
Haïkaï
Les poissons jouent
dans les branches
du reflet de l'arbre
Point d'interrogation
sur un piquet
l'écureuil s'enfuit
______________________________________
Franck
Cottet
Se souvenir des moments heureux
en faire la liste
pour soi
sur une feuille de papier
l'agrandir la changer
pour voir un peu la taille
que ça a une vie
pour ne pas la voir se recroqueviller
pour ne pas la plier dans une armoire
comme on fait pour les draps
Franck Cottet est aussi éditeur.
Le catalogue de sa maison, Les éditions
du chat qui tousse, est
ici
Encres Vives N°
341
...
Pomme de pin
solidifiée par la rugosité
dans la flagellation des vents,
silencieuse grenade sur l'herbe rase
qui explose de lenteur
ouvrant ses écailles
d'une unité paisible.
...
Où sont les lisières
qui me situent?
...
L'infini
qui ne finira jamais
de nous finir
...
La rouille, une amitié
entre le métal et l'eau
...
Le brouillard, une cataracte
ou un pansement
...
Éditions Llibros
del Pexe
San Bernardo, 22-3
d., 33201 Gijon
La maladie
J'étais jeune, presque encore un enfant, et je sentis son souffle sur moi. La peste se propageait sur la terre. Mes parents moururent. De mes mains ulcérées je frappai à la porte du monastère. Et la porte s'ouvrit.
Je fus malade pendant longtemps. Je me souviens des interminables jours de souffrance. Cet homme nous soignait. La mort semblait le respecter.
Il nous administrait des médicaments, et parlait avec nous.
Un soir, toute espérance perdue, je gisais sur mon grabat. Mon corps était un battement impitoyable, une respiration épuisée, un poids insupportable. Il était à mon chevet. Mon angoisse s'apaisait en contemplant son visage.
"Oh Subhuti, captif dans la chaîne de l'existence, dans la fantasmagorie du temps. Tu jouais et tu riais et voici que tu gis torturé sur ton lit de souffrance. Une terrible connaissance t'afflige.
Subhuti, il faut que tu saches.
Tu contemples ta nature. Tu mords seulement dans les fruits amers de l'attachement.
Ce battement qui te blesse est ton père et ta mère. Tu découvres qu'il n'y a pas de sol en dessous de tes pieds. Ne souffres pas, Subhuti, il n'est pas d'espérance pour l'homme.
Examine le vain criailleur et dis lui: "Je te reconnais, subtil mystificateur, ombre fugace, symbole odieux et éternel.
Prends mon corps, parce qu'aucun lendemain n'est plus nécessaire. J'ai vu le tréfonds des profondeurs.
Ne souffre pas, Subhuti, il n'est pas d'espérance pour l'homme."
Un jour, au réveil, la fièvre m'avait abandonné. Je sentais la force de la vie se renouveler en moi. J'ouvris les yeux. Il était devant moi, recueilli en posture de méditation. Les lèvres tremblantes, je me hasardai à dire: "Seigneur, je suis guéri." Son sourire fut le même que celui du soir d'avant.
"Voici le vieux cri, le puissant enchantement. Je suis. Sur la terre âpre. Debout et libre. Je suis. Nais de l'obscur et reviens. C'est le moment. De l'étoile, en la nuée et dans la mer ardente. Voix éternelle. Je suis.
Oh Subhuti, toute la nuit à ton côté,
je demandais seulement que tu t'évades du brouillard de l'illusion."
La
mort
Celui que la mort avait respecté durant
la peste, au bout de huit années tomba gravement malade.
...
Il me dit: "Subhuti, n'oublie jamais quelle
est la racine de la souffrance." Il se fatiguait énormément
et fut contraint de se taire. Je me souvins de quelques paroles qu'il avait
prononcées peu de temps auparavant:
"Le coeur de la nuit brûle, sa lumière
noire crayonne les destins.
Les ombres fourmillent sur le mur,
des ombres sans maître, éternelles,
vagabondes.
Jusqu'à ce qu'une voix résonne:
jamais,
rien,
personne."
Lumière
Je veux seulement savoir
la douceur de ta peau livrée à
mes baisers,
l'éclat de tes yeux qui jouissent,
gloutons et sauvages,
le pli brisé de ton hurlement.
Tout au long des jours de ma vie
entraîné dans le bal des ombres
je n'oublierai pas cet instant,
la rose de tes lèvres
l'azur de tes veines.
Le
livre
...
Je me souvenais des dernières paroles
que l'Éveillé me destina: "Subhuti, n'oublie jamais quelle
est la racine de la souffrance." Sans aucun doute, l'attachement est une
tenaille pourvue de deux mâchoires puissantes: le plaisir et la douleur.
Sa morsure nous enferme dans le labyrinthe du temps, nous condamne à
revenir éternellement.
Il fut long le chemin pour découvrir qu'il n'existe de privilège ni dans la forme, ni dans la possession de la forme, et que la forme n'est que vide et que le vide est la forme, et qu'en cela seulement réside la vérité et en cela seulement la beauté.
Il fut long le chemin pour contempler enfin
l'unité, au delà de toute discrimination, au delà
de tout art et de toute chimère, de toute personnalité et
de toute prétention.
La
déesse intérieure
...
L'angoisse commence à se dissoudre
seulement lorsque se produit une découverte transcendante. Auparavant
nous ne voyions qu'un être au-dessus de tout ce qui est mortel, soudain
se révèle une déesse charnelle qui n'existe pas au
dessus de nous, mais qui, au contraire, se trouve à notre côté,
comme une manifestation de notre propre nature.
...
Les
paroles
...
Tu attends seulement que le vent apporte les
mots, les mots puissants.
Parce que les paroles soutiennent l'architecture
du monde, et elles seules dénuderont le motif qui gît obscur.
...
Révolution
...
Comment nous opposer à l'injustice,
à l'ignominie de la misère coexistant avec le gaspillage.
Les anciens grimoires nous enseignent que l'histoire se répète,
tournant comme une roue sinistre. Les révolutionnaires d'aujourd'hui
deviendront les despotes de demain, mais la révolte est un chemin
inévitable.
Au monastère, nous savons que l'erreur
fatale est dans le coeur de l'homme. C'est là qu'il faut la chercher
et la combattre. Cependant, pour renverser la tyrannie, la raison droite
nous assure que les armes peuvent aussi s'avérer nécessaires.
...
Naufrage
Ici glisse maintenant
le lourd courant d'une rivière millénaire.
Un ongle singulier
aussi vieux que le monde, griffe le papier.
De quelque lieu inconnu
arrivent les mots qui masquent la chimère.
Aube
Un oiseau qui va et vient dans l'air cristallin
tandis que les sommets lointains de l'orient
flambent,
l'obstination des arbres, l'éclat de
la gelée
célèbrent les mystères
du matin qui renaît.
Le miracle se consomme devant tes yeux aveugles
ignorant le poème de l'herbe et de
la neige.
De toi ils façonnèrent l'homme
qui s'évertue,
sans regard de côté poursuivant
son chemin.
Mais là tu as fait halte quand le monde
s'éveille
pour contempler sans hâte ses muets
engrenages.
Transi de froid, avec l'arbre et l'oiseau
tu joues parmi le givre.
Les textes dont ces extraits
sont tirés sont supposés avoir été écrits
voici plusieurs siècles par un moine birman sur des feuilles de
palmier. Leur modernité est surprenante. Subhuti, par ailleurs,
est le nom d'un des dix principaux disciples de Sakyamuni (Gautama), le
Bouddha du présent.
Encres Vives
Collection Encres
Blanches
Tharguith
À quoi rêvons-nous
À une voix qui ne serait plus la nôtre
Au murmure du roc, au souffle de Dieu
Aux signes après l'exil
À quoi rêvons-nous
Au ruisseau qui nous coulerait des veines
Au sang qui ne mentirait plus
Aux larmes qui nous aveuglant
Feraient de leur sel, la dureté de
nos cris
Une ou mille blessures
Pour joindre nu
Les tressaillements des coeurs
Saignés de poésie
À quoi rêvons-nous
À ne plus rêver, mais à
être, ô Dieu véritable
Corps absolu de tout rêve.
Fodhil Belloul est un jeune
poète algérien (né en 1985)
Éditions Difácil
Valladolid - España
Au creux de ton nom
...
Le monde se révèle à toi comme un savoir inconnu de terre et de feu, d'air et d'eau, où les nuits, les jours, s'ornent de lumière et de pensées, sillages de mers entre tes yeux d'homme et de solitude. L'homme se perd
Près de ta parole,
Maintenant je ne sais déjà plus
A l'aube du mutisme
|
de terre
de mer
et de mort /
où la mémoire
dissimule
sa musique tendue/
et la nature
entonne
son chant.
Je reviens à toi
au bois
de la tendresse, /
où les feuilles
des arbres
dansent au vent /
et le vert
couvre
la solitude; /
où le silence
estompe
la mort.
...
______________________________
Avec
toi
...
Je ne sais pas pourquoi,
mais je m'éloigne
pour t'aimer encore plus.
...
Quand tu es loin de moi,
je me cherche
et je m'emplis de toi.
...
Tu es le tournesol
qui vire vers mon corps
illuminant les seuils
des bocages du cœur.
...
______________________________
Sans
fond
Ton nom
trois voyelles et cinq consonnes qui s'éteignent et s'allument au fond du songe Parce que tu es
Et si tu me donnes un baiser
Et si tu m'ouvres les bras
Pour te chercher
|
27
J'écris sur ce que je ne sais pas.
Sceptique comme les vagues,
je glisse ma musique
dans l'espace de la mémoire
de mon futur.
Je me laisse aller aux limites
de la pensée et de la mort
pour devenir le refuge
de la parole et de l'obscurité.
Un autre extrait de ce recueil est ici
Éditions Difácil
Valladolid - España
Le monde appartient au vent.
Il n'est rien de plus poétique qu'une
feuille qui tombe.
La souffrance est l'aveuglement de la félicité.
Je cherche à être le poète de la distance intérieure.
Le coeur n'échappe jamais à son ombre.
L'amour est une métaphore sur la métamorphose.
Nous allons vers l'espace en laissant derrière
nous l'espace.
L'espace est l'endroit strictement extérieur
à nous-mêmes.
Nous nous promenons dans les limites de notre
vide intime.
Nous ne sommes qu'un brin de songe sur le
néant.
Je veux m'immortaliser moi-même en moi-même.
Le coeur: un nid précaire.
L'oeuvre est une émigration intérieure.
Penser est comme se souvenir.
L'infini existe seulement dans l'instant.
Mon voyage va de la présence à l'absence.
Il est des poètes qui, plutôt que de s'adonner à écrire des poèmes, se vouent à l'élevage de coqs de combat.
L'ombre du soir est plus lourde que celle du matin.
Parler d'autrui est parler de soi-même.
Je suis une ombre de mon vide.
Au travers de l'écriture, la distance intérieure s'accroît.
La mort est la toile d'araignée de la vie.
J'écris un vers et je sens l'écho de l'éveil.
Le poète oeuvre comme une source de lumière dans le jardin de la vacuité.
Chaque arbre est une parole de silences.
Le chemin de la poésie peut être
long, il conduit toujours au silence du néant.
Avec cette pluie
les jours et les nuits
passent en pleurant.
Au long de l'écorce
les fourmis cheminent
en marche funèbre.
La vague repart
qui défait la trace
de ton existence.
En nuits de hiboux
le bois se recouvre
de magiques fables.
Arrive l'automne
les arbres répandent
leurs larmes sans eau.
Je me sens poisson
car voici l'été
je songe à la mer.
Voix d’encre Éditeur
Une fois ouverte la porte basse,
sous la visière rayée de sa
verrière,
l’ancienne cuisine de ferme
dévoile la longue table de bois
au tiroir profond
pour resserrer le pain.
L’hiver, un poèle
nourri de genêts et de fagots
tente de gravir quelques degrés.
Assis sur des bancs étroits,
nous partageons les cueillettes des prunelliers,
la gourmandise des confitures
et celle,
plus grande encore,
de nos mains.
À l’orée de décembre,
seuls les sapins arborent encore
le trapèze de leurs toges.
Dans le sol, fermentent
les feuilles des hêtres
et la patience des sources.
Nous avons hiberné
entre les livres et les cahiers
où le cristal des pages
appelle l’écriture.
Le cabaret des oiseaux
propose aux rouges-queues de passage
l’émail de ses vasques violettes.
À la saison des papillons,
les petits
bleus comme de brefs télégrammes,
les éventails
crèmes en soie calligraphiée,
des ailes en
franges de ciel,
quand le mois d’août
espère l’avénement des étoiles,
nos longues siestes
dans la lumière orangée des
rideaux,
nous conduisent jusqu’au tintement sensuel
de l’angélus.
Un autre texte de cet auteur est ici
Encres Vives N° 342
...l'amour
ne s'apprécie que par la distance qu'offre
l'humour.
...
La solitude en soi n'est rien;
c'est l'absence qui est tout,
la chute de ce qui, au fil du temps, s'est
tissé,
le lien, la certitude de vivre au-delà,
le goût (la manie!) de parler et de
s'immiscer
en des lieux, des perspectives, étrangers.
La solitude en soi n'est rien,
mais le lien qui tombe est tout,
tout le fracas d'une existence qui atteint
(enfin?) son inanité,
le décourageant essoufflement de sa
vanité.
...
...comme l'ombre parfois fleurit.
...
Et si le monde des poètes, au seuil
du silence,
était le vrai, celui de Dieu, que nous
créons
pour qu'il ne soit pas, je veux dire,
qu'il n'existe pas en dehors de nous, mais
à la racine,
là où germe en secret la petite
voix, subjective, unique,
authentique et rebelle, et puis s'enroule,
volubile,
trois petites volutes, art du retour, art
de la spirale,
et puis surgit le merveilleux, là,
ici présent,
de la parole.
Un autre texte de cet auteur est ici
Encres Vives N°
343
Je
parle par ma peau
... je n'ai pas eu le temps de vivre j'ai seulement dit quelques mots que je répète de plus en plus mal j'ai vendu ma vie à toujours qui m'a payé contre un jamais et pourtant derrière
rien
est-il possible que je sois aussi loin d'eux tant de mensonges dits en route
dîtes-moi que ce long couloir
et si je rêve
je refuse vos amours de coeur
je parle par ma peau qui est le vif éther
je ramène la pesanteur à une
claque sur la gueule
Les caves de Bruxelles
Une serveuse pâle est passée près
de nous
|
Encres Vives N°
344
Au
pays de la voix
Larmes de chênes rouges
Je fouille la route de l'herbe
Route de l'eau Intuition de l'instant qui vibre
Je traverse des terres dormantes
Courbes Je vis la vie de la vérité
Cors de chasse en alerte
|
Un autre poème de cet auteur est
ici
Éditions Le
Nouvel Athanor
Les Cahiers du Sens
Cristaux
...
Comme les jours de neige dans leurs tourbillons,
les poèmes déposent l'histoire
de leurs flocons.
Un vers traduit le climat de l'instant cristallisé
dans la fraîcheur de l'image qu'il a
saisie.
La symphonie s'exprime dans la forme épousée
qu'il étoile en silence autour de lui.
S'alliant à la symétrie blanche
de ses partenaires
il va fondre au contact du monde avec ses
frères.
Le chant des pierres
Alignés dans le brouillard, les grands
menhirs de
l'indifférence m'écrasent
et me fascinent à la fois.
Ils ne veulent parler qu'à mon fantôme.
Confidences au mur de mon jardin
Je l'ai récemment découvert dans
une déchirure...
certains murs nous cachent qu'ils ont un coeur!
Comme nombre d'entre nous,
entre deux structures de pierres,
ils retiennent une matière tenace
mais friable qui refuse les clous.
C'est sans doute par la faiblesse de mon enceinte
que le champ voisin dialogue avec ma pelouse,...
Remboursant en liserons ce qu'elle emprunte,
cette mal élevée se prend pour
mon épouse
parce que je m'endors parfois sur sa poitrine.
...
L'âme des trottoirs
Je suis meublé par tous les cris de
mon enfance,
par le chant des métiers simples et
disparus
qui venaient réparer le cours des apparences,
la vitre et l'image qui les avaient reçues.
L'âme des trottoirs assourdis se paralyse.
Les bras en croix, rivée sur un carrefour,
torturée de bruits, voici qu'elle agonise
et meurt dans l'échappement libre des
amours.
La caresse ne connaît que les radotages
de la peau dans le va et vient des abandons.
Elle néglige le bonheur d'un subtil
partage
qui faisait vibrer l'au-delà de nos
plafonds.
Ma ville aura besoin de ceux qui se regardent
vivre, traduisant le langage des balcons
pour comprendre ce qui bouge dans les mansardes
ce qui circule à bord des murs et des
frissons.
...
Éditions La Tilv,
J'ai brûlé ma vie
sur le tranchant du ciel
glaives radieux d'un Amour
au bleu d'outre-chair
Je marche sur la Terre sans nom
dont la cendre efface
toutes traces
Mon chant déraciné
erre
vers la Pierre aux cent miroirs
où Dieu abîme son regard
dans ma Béance
...
Sur la dérive des jours
les griffes de la mémoire
déchirent notre chair
jusqu'au jaillissement
du Sens
toujours perdu
...
Je marche en aveugle derrière vos grandes
Voix
frères de la Parole Perdue
poètes au visage sans frontière
dont les lèvres transparentes
distillent la Paix dans nos blessures profondes
Frères qui mesurez le Temps
comme on soupèse l'Or
alchimistes des Grandes Heures de Lumière
sur l'océan de leur Soif illimitée
...
Ces bulles de savon
où l'on cherche en vain le sens
reflets irisés du monde
à peine un miroir
où croire que l'on existe
Est-ce ainsi que nos vies
montent au ciel?
Se laisser porter
par le vent
Sans y penser
...
L'ombre des roseaux rythme le rêve
- bercement aigu
comme l'arête phosphorescente
du Poisson
où scintille
le Temps
d'avant
les hommes
...
...
Le temps a dépouillé les mots
de leur écorce
jusqu'à l'amande amère et blanche
où
sommeille le Sens
dans sa virginité
Éditions Publicatuslibros - Ittakus
Lui (Cachets d'Encre)
Il répand toute sa douceur sur moi,
et toutes les graines de l'amour il les fait
fleurir
sur ceci, mon coeur,
qui s'épanouit lentement jusqu'à
devenir aussi grand
que la plus haute et la mieux établie
des montagnes.
Il tisse bien serrés ses fils
mais il garde tous ses liens lâches,
pour me laisser ma liberté.
Il ne m'attacherait jamais sur une croix de roses.
Il se tient loin, au loin de ma maison,
au-dessus d'un paysage aux sentiers de clairs
miroirs,
un peu triste mais au moins plein d'espoir
attendant la nuit pour nos réunions
réticulaires.
Et je l'aime à chaque coup d'oeil,
invisibles touches qu'il métamorphose
au-dessus de mes ombres,
en lumières les plus brillantes.
Lui, il est le rayonnement
la distance
et moi,
le cachet d'encre le plus beau jamais venu
sous ma plume,
magique et mystérieux,
comme le jour dans la nuit.
Comme le mirage dans le jour,
clair sous la liberté...
Rosana Veronica Cortez Noguera
est une poète argentine
... Le poète n'a pas d'oiseau sublime dans ses pièges...
... -Que domptes-tu? vieil homme, demande-t-on au scribe accroupi en lui-même - Je demande l'aumône et l'asile à chaque instant qui passe. J'enterre dans l'azur les mots que j'ai aimés.
... je préfère le spadassin de l'esprit. Le passager des mots en coupe-gorge. Ce gladiateur de la parole.
... -Parfois je côtoie des orties heureuses, des roses amoureuses, des nénuphars en extase au clair de lune.- ... Le poète se meut à la surface des mots, comme un cygne dans un bassin...
... Il y a des tendresses qui n'ont plus de bouches...
... Tout texte est un palais de glaces. Il faut savoir entrer dans le miroir déformant de la vie pour lui trouver un sens...
Un autre texte de cet auteur est ici
L'atelier d'écriture
Thot'M avec le blog de Pierre Colin sont
ici
Encres Vives N° 346
I
.
Un rien suffit, tel ce flocon de neige
oublié, cette lumière fragile.
Au plus
proche d'avril, une bêche céleste,
un
pourceau frappé d'amnésie.
Est-ce la réalité d'une rivière
en crue,
d'une cascade laiteuse, celle d'un
éternuement métaphysique? Ou
simplement l'ombre de l'abeille
première
XVI
.
Confidence d'un verger: dans le cri de
la graine telle fissure, tel édifice
deviné. Dans les mille et une nuits
de la
pomme des signes légers et un mince
ruisseau coulant vers le froid.
Picasso
et de voir
au pied d'un arbre en presque bout de rang
l'outil qu'elle a laissé me serre
le coeur moi qui encore à midi
lui dis quelques mots durs
à propos de je ne sais quoi quelle
contingence
menant nos vies au jour le jour
celle avec qui je porte
nos soleils sur les épaules.
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Marie-Josée
Christien
Affleurement
...
Les mots
entrouvrent une porte
sur l'autre monde
présent dans celui-ci
Ils rendent presque visible
l'invisible
à l'improviste.
...
Un autre texte de cet auteur est ici
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Bruneau
Geneste
Le
Chemin des sédiments
...
Surgit
les lignes
bleues d'un labrador
de l'esprit
rumeurs, souffles
chavirés des rochers
de criques et de baies.
Un autre texte de cet auteur est ici
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Erwann
Rougé
Iara
.
Ne crains pas le fleuve dans la bouche
Tout est rouge de l'autre côté
A cause de la lenteur de l'air
pense l'immobile
Te frémir dit-elle
De toute façon - Te tremble
Peut-être la nudité touche les
brumes
la rétine se brûle
Peut-être les langues affolent la poitrine
exactement là dans la gangue du corps
Te veux plus dit-elle
A force elle tend un arc
très dense très démuni
Mordre dans l'air Tends moi
Nous n'aurons pas si froid
...
_______________________________________
Robert
Nédélec
La
violence
.
Au matin, on n'a souvent qu'une tache étoilée
de suie blanche, dans les paumes ou sur les yeux, quand le feu couve encore
sous le papier peint, que la neige brouille les miroirs
Et que l'on s'efforce d'aller, en aveugle, croit-on d'abord, tant est avare la lumière du lever, vers ses châteaux inhabités de verre dépoli et de rouille; et c'est à chaque fois
La même avancée à tâtons, les mêmes faux égarements, et bientôt les mêmes écorchures, lorsque l'on a tenté de se raccrocher en tombant, à la fin de sa danse, aux morceaux
De ferraille qui éventrent les murs; et c'est chaque soir le même voile laiteux sur la photo ou dans le regard, chaque soir aussi les mêmes fragments à juxtaposer au hasard
Et la même évidence: puisque s'épaississent toujours au ciel les nuées d'oiseaux, que l'on doit y jeter avec force une pierre pour qu'il en meure quelques-uns et que, par bonheur,
Apparaisse alors une trouée plus claire,
il faut s'obstiner à dénoncer la douceur et à déposer,
quand un enfant vient au monde, une fronde plutôt qu'un hochet, près
de son berceau.
Philippe
Lefebvre: Le livre d'écorce
...
La haie d'hiver grince, agitée,
crissant d'un vieux secret de haie.
Depuis le temps que son échine
et ses os endurent les bises,
elle sait, la vieille aux fagots,
d'où vient qu'on persiste. Elle aborde
les passants rares et leur crie
ses oracles enchevêtrés.
...
Pourquoi le tilleul, retiré
fait-il du tertre un ermitage?
Pour épuiser par ce qu'il est,
la splendeur simple de son site.
Chaque jour, centré, dense, il tente
d'en ressaisir tout le mystère.
Jusqu'en ses feuilles, chaque nuit,
il infuse sa science acquise.
...
Le houx couvert de crocodiles
où s'accrochent des montgolfières,
sert d'abri à des hérissons
qui glissent, cirant les parquets.
Ses briques d'émail assyriennes
dessinent dans le jour d'hiver
un génie ogre assis, les ailes
engrêlées, pointant vers.. vers
où?
...
Les rois mages sont au jardin.
Chacun d'eux cueille une citrouille,
chaque citrouille se transforme
en turbans dont ils s'enrubannent.
Ils bourrent un coffre en lichen
de bourrasques gorgées d'odeurs,
de doublons. Puis, chargés, ils partent
cherchant dans les flaques un astre.
...
"Le livre d'écorce" a obtenu le prix du Goéland 2007.
Un autre extrait de cet ouvrage est ici
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Amédée
Guillemot
Petits frères
Comme des époux qu'on méprise
sur le sable blond de Bréhat
les guillemots au lieu de bagues
portent des bracelets d'or noir
Leur duvet couvert de bitume
étouffe leurs cris sans espoir
la mer ne peut plus que les plaindre
le ciel ne les reconnaît pas
...
Pour quelques dollars dans leurs soutes
les marins d'un univers fou
n'ont jamais vu couler les larmes
des derniers guillemots bretons
Un autre texte de cet auteur est ici
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Danièle
Auray
Les bêtes
Les cascades muettes étranglent les
rires.
C'est un matin de neige
les bêtes silencieuses marchent vers
la mort.
...
Vous n'avez pas écouté leurs
plaintes
vous n'avez pas vu leur peur
face au bourreau qui les attend.
Dites-moi
emportent-elles dans leur voyage
l'odeur des bois au printemps,
le rêve d'une terre généreuse
où elles n'ont pas vécu,
la lumière d'un soleil
qu'elles n'ont jamais vu
le souvenir d'une implacable solitude?
Extrait de "Le Sang du Silence" (Subervie). Danièle Auray a reçu le Prix d'Honneur de la Ville de la Baule en 2006 pour son recueil "La Source de Sable"
Un autre texte de cet auteur est ici
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Roselyne
Frogé
A dos d'ange
Je partage le coeur du feu
Avec un oiseau immortel
Qui se nourrit de rêve humain
De rires d'enfants et de soleil
...
Un autre texte de cet auteur est ici
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Georges
Georget
Mon chien
...
Mon chien s'en va, s'en vient
Tourne, s'arrête et regarde
Fixe un soleil oublié
Regarde le vide avec inquiétude
Et moi qui ne le voit pas...
Je ne sais que faire l'idiot
Avec mes sondes effroyables
Avec mes sondes immenses
Mon chien s'en va toujours...
Extrait de "Instants d'éternité"
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Béatrix
Balteg
...
TU SAIS
la géométrie rêveuse des
ailes de la libellule
le battement du coeur étale l'algèbre
de son secret
vibrante pivoine
il soulève la peau de la terre.
Le souffle de la souris
rejoint celui de la mer
UN SEUL BATTEMENT
AU CENTRE DE L'OEIL
Extrait de "Frontières abolies" (Guy Chambelland)
Un autre texte de cet auteur est ici
Dans le silence de la nuit,
La musique du temps qui passe
Martèle son refrain tenace
En contrepoint de mon ennui.
...
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Pierre
Gable
.
Falaise
La falaise est un corps
Nous réveillons son âme
En y imposant nos mains.
A tâtons nous cherchons les failles
Qui permettent de s'élever.
Jamais elle ne résiste, elle offre
Son corps à nos membres engourdis.
En collant notre visage contre la paroi
Et en fermant les yeux on entend
Battre son coeur.
...
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Théodore
Mann (menuisier)
.
La
roue qui roule
Chaque chose doit correspondre et c'est pourquoi
nous refusons le satin aux laines, par exemple. Dans l'exubérant
désordre d'un salon, rien n'est à sa place, et l'on passe
un temps anormal pour comprendre l'utilité d'une ouïe, par
exemple.
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Olivier
Tomazyk
.
Nuits
...
Le marcheur, inconnu à ses propres
pas, s'est traversé lui-même.
Combien sommes-nous vagabonds, et qui avons
tous le même visage, sur ces ports interminables avec tous nos bateaux
depuis longtemps partis sans nous?
...
Murielle
Compère-Demarcy
.
A
Michel
Tu es mon plus beau poème
Celui que je n'ai jamais écrit
Et que chaque jour je lis
Sur la page affolée de mon coeur qui
s'écrie
-Qui s'écrit dans l'attente de ton retour.
A chacun de tes départs je me heurte
Contre moi-même....
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Kelaÿ
.
A
nouveau
...
Il n'y a pas de soleil pour éclairer
mon âme
Si bien qu'à l'intérieur il
fait si noir
Que même un aveugle pourrait y voir.
...
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Christian
Moriat
.
A
la fleur de vos mains
...
J'aurais tant voulu voir fleurir vos baisers
Au printemps de mes mains
Comme autant de pétales dérobés
aux étoiles...!
Alors,
Dans l'univers entier,
J'aurais fait pousser des champs de flammes,
avec des bouquets d'oiseaux,
Allumés tout autour.
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Bernard
Poullain
.
La
douleur
...
La douleur est un maître
Qui chasse nos envies
Et fait renaître en nous
L'obsédante question,
L'obsédante évidence
Qu'une partie de nous
Ne nous appartient pas,
Qu'une partie de nous
Ne nous aimera plus.
...
Le site de Flammes Vives
est ici
Renacimiento éditeur
La gare
Le pont celui de San Bernardo,
passe encore le train
de mon enfance en dessous.
Je n'oublie pas que je dois prendre,
à la gare de san Bernardo,
un jour mon dernier train.
A la gare de San Bernardo,
mieux vaudrait que mon dernier train
arrive très en retard.
Le poème
Ombre du vécu
et du songé. Peau
de celui que je serai, de celui
que je suis, de celui que je fus.
Et joie et peine. Nid
de blancheur, nuit de miel,
ou de douleur et de fiel
quand l'oubli redouble
un après-midi de plomb
sans trouver le repos.
Un après-midi sans après-midi
sans même la cendre.
Rien ne reste du feu
de cette vie qui brûle.
Mars
Quand l'oiseau sombre
et lent du dégoût
voile ton libre arbitre
et la splendeur du jour;
quand règne l'ombre,
et que l'hiver est si froid
éternel comme le fleuve
de ta mélancolie;
quand tu regardes les choses
sans trouver la fleur désirée
anxieusement du printemps,
ne serait-ce pas que les roses
sont seulement à l'endroit
dont ton coeur n'attend rien?
Tango pour tromper la tristesse
A l'absence, à l'oubli, à la
nostalgie
mon coeur mit les paroles et la musique
du tango certaines nuits, tu le sais:
vingt ans ce n'est rien. Quoique, bien
sûr,
on sache bien qui le mensonge
prétendait tromper, comme un benêt,
la tristesse.
Un autre poème de ce recueil est
ici
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Taverne anglaise
Casa de Galicia éditeur
Taverne anglaise
Dans la vie il y a des lieux qui t'attendent
avec la même patience que les ports.
Lieux dans le brouillard, lieux ignorés,
tout juste à la distance de l'étonnement,
et tu ne soupçonnais pas qu'ils t'attendaient
jusqu'à ce qu'un jour tu y reviennes
de manière inespérée.
Lieux impossibles à trouver
si tu ne t'es jamais perdu,
si tu ne t'es jamais brûlé
pour ne pas jouer avec le feu.
Ce sont des lieux où est
réservé le droit d'admission
interdite l'entrée à l'oubli
personnel.
Des lieux vespéraux, noctambules
comme ce bar
où s'incarna ton absence pour me recevoir
et m'inviter à prendre un rhum cola
dans le coin si intime de toujours,
tandis qu'en musique de fond s'entendait Yesterday
et que la nostalgie apportait, comme s'il
était dans l'air,
ton parfum au jasmin de je ne sais où.
Des lieux - tu le sais - qui sont complices
des ardentes oeillades
qui disent, en silence, tant de choses...
des lieux comme cela
cette taverne anglaise
où habite la mémoire
et, parfois, le temps y fait une halte en
son chemin.
Un lieu au monde
où tout est différent, où
tout t'appartient tellement
que le rhum à minuit prend
la saveur clandestine du baiser de ta bouche.
Voyageur
Comme un voyageur fugace
qui dans la tristesse quitte,
son court séjour terminé,
la cité mystérieuse
qui captiva son regard,
et se retourne pour voir
les maisons dans le lointain,
s'effacer tout doucement,
tandis qu'en son for il sent
avoir perdu sa journée
à l'achat de souvenirs
quand il eût pu s'égarer
au hasard des rues obscures
dans la lumière de ses ombres;
comme l'homme solitaire
le voyageur qui se rêve
chaque nuit et imagine
tout ce qu'il aurait pu être
en se gardant pour toujours
de la vie et de l'amour
triste aujourd'hui tu t'éloignes
sans faire le moindre pas,
en pensant à un retour
que tu augures impossible,
tout en sachant qu'il te reste
tant de chose encore à faire...
Paroles
ultimes
Là sont les mots que tu abandonnas à
l'oubli
dans ma poitrine et sur mes lèvres,
voici déjà beaucoup de rêves;
les mots ignorés que je ne sais pas
si quelque jour
tu les liras dans un livre quand je serai
si loin
qu'elle viendra d'un étranger cette
voix qui aujourd'hui t'arrive,
cette voix d'un autre temps quand tu étais
la plage
pour la mer de mes ombres. Les mots nus
que j'ai trouvés en ces heures sempiternellement
lentes
d'abandon et d'insomnie, de pénombres
transies
comme une aube de solitude et de froid,
quand le silence dans la nuit se métamorphose
en chanson triste
et que la mémoire se rend à
la rencontre de l'absence.
Je te restitue les dernières paroles.
Les vers
que, sans le vouloir, tu me dictas voici tant
de naufrages;
objets personnels qui ne m'appartiennent pas,
qui ont toujours été à
toi même si tu ne le savais pas.
Prends-les et fais d'eux la flamme, la lumière
ou la cendre.
Je ne te dois déjà plus rien.
Et toi non plus tu ne me dois rien.
Un autre poème de ce recueil est
ici
Jean
Michel Guillaumond
...
un jour j'ai pris le temps
et je l'ai mis en cage
il ne s'envole plus
il reste près de moi
son nom est: le présent
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Patrice
Angibaud
Les fleurs
Ferment leurs corolles
Les maisons
Leurs volets
Et les hommes
Leurs yeux
C'est l'heure
De l'épanouissement du silence
De la méditation
Qui germe dans la nuit
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Bernadette
Throo
On le sait - car on a vécu -
il n'y a pas de couleurs franches
mais un dégradé de nuances
toujours près de virer.
Toute lumière est frangée d'ombre
toute vérité peut mentir
en cette vie où le oui et le non
déteignent l'un sur l'autre.
Et l'on feint d'écouter la voix
qui vient de nulle part
qui n'est voix de personne.
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Robert
Momeux cité par Claude Serreau
... un enfant... même si on ne le connaît pas... est nous-même un peu par toutes les fibres de la mémoire.
... il y a des femmes
qui prennent des enfants dans leurs bras
les soirs d'orage
ou quand le bateau coule.
Et l'on s'immobilise soudain
le mauvais goût du malheur dans la bouche
hésitant à poursuivre son rêve
dans le jour tremblant.
Extrait de "Terre à terre" - Sac à Mots éditeur
Un autre poème de cet auteur est
ici
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Michel-François
Lavaur
La peira al codier
los pès dins los esclops e lo dalh al punh la terra èra mai qu'al rei son reiaume per lo paubre sejaire quand l'erba èra nauta et la pradela seuna. |
La pierre au fourreau
les pieds dans les sabots et la faux au poing la terre était plus qu'au roi son royaume pour le pauvre faucheur quand l'herbe était haute et la prairie sienne. |
Disparates
...
Patience, petit homme, tu grandiras. Et si
tu restes un enfant, le ciel descendra jusqu'à toi, par déférence,
curiosité ou distraction.
...
La cuiller à pot est inexplicable.
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Roselyne
Ligné
de source et d'airelle
Laissons pour le moment l'enfance
courir sur les sommets,
se refaire une santé de source
et d'airelle
Libre
et si recueillie par instants...
On dirait parfois
une langue
prophète
tissant la lumière
dans le silence des nuages
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Christian
Bulting cité par Jean-Claude Martin
Est-ce que l'arbre sait autre chose de la sève
Que ce besoin qu'il en a pour tenir debout
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Robert
Momeux
Leçon de choses
Un enfant rit dans la maison
Un enfant pleure
Du vent on ne saurait rien dire
Une femme chante au loin
Une caille courcaille
Un homme suivra le chemin
Et les jardins d'ombre se couvrent
Est-ce un regard qui s'est posé
Ou une colombe qui passe
Une seule branche de cerisier
Tire un trait pur au flanc de la colline
Est-ce le soir qui fait trembler
Le vent dont on ne peut rien dire
Oeil de velours duvet d'oiseau
Tout ça c'est du pareil au même